Les vagues d immigration en Grande-Bretagne - article ; n°4 ; vol.20, pg 633-650
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Description

Population - Année 1965 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 633-650
Depuis un demi-siècle et particulièrement depuis la guerre, les migrations internationales ont pris une orientation très différente de la traditionnelle émigration de l'Europe vers le Nouveau Monde. Il s'agit même, à bien des égards, d'un renversement des courants antérieurs. La France avait précédé les autres pays dans cette voie, particulièrement dans ses rapports avec l'Algérie. Ce mouvement s'est élargi. Contrairement à une opinion très répandue sur la diminution du nombre des emplois, du fait de la machine et particulièrement de I 'automation, la population active occupée a fortement augmenté, depuis quinze ans, en Europe occidentale, comme aux États-Unis. La Suisse a eu recours, depuis quelques années, à une immigration si intense que des problèmes socio-politiques se sont posés. L'Allemagne, la Belgique, la Suède, sont devenus des pays d'immigration. La Grande-Bretagne n'est pas restée étrangère à ce courant. M. Claude Moindrot, professeur de géographie au lycée de Londres, qui a déjà donné dans Population diverses études sur la population britannique et particulièrement sur les migrations qui l'affectent, présente ici un tableau de l'immigration, au moyen des plus récentes données.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 219
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Moindrot
Les vagues d'immigration en Grande-Bretagne
In: Population, 20e année, n°4, 1965 pp. 633-650.
Résumé
Depuis un demi-siècle et particulièrement depuis la guerre, les migrations internationales ont pris une orientation très différente
de la traditionnelle émigration de l'Europe vers le Nouveau Monde. Il s'agit même, à bien des égards, d'un renversement des
courants antérieurs. La France avait précédé les autres pays dans cette voie, particulièrement dans ses rapports avec l'Algérie.
Ce mouvement s'est élargi. Contrairement à une opinion très répandue sur la diminution du nombre des emplois, du fait de la
machine et particulièrement de I 'automation, la population active occupée a fortement augmenté, depuis quinze ans, en Europe
occidentale, comme aux États-Unis. La Suisse a eu recours, depuis quelques années, à une immigration si intense que des
problèmes socio-politiques se sont posés. L'Allemagne, la Belgique, la Suède, sont devenus des pays d'immigration. La Grande-
Bretagne n'est pas restée étrangère à ce courant. M. Claude Moindrot, professeur de géographie au lycée de Londres, qui a déjà
donné dans Population diverses études sur la population britannique et particulièrement sur les migrations qui l'affectent,
présente ici un tableau de l'immigration, au moyen des plus récentes données.
Citer ce document / Cite this document :
Moindrot Claude. Les vagues d'immigration en Grande-Bretagne. In: Population, 20e année, n°4, 1965 pp. 633-650.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1965_num_20_4_12853VAGUES D'IMMIGRATION LES
EN GRANDE-BRETAGNE
les Depuis migrations un demi-siècle internationales et particulièrement ont pris une depuis orientation la guerre, très
différente de la traditionnelle émigration de l'Europe vers le
Nouveau Monde. Il s'agit même, à bien des égards, d'un renver
sement des courants antérieurs.
La France avait précédé les autres pays dans cette voie, parti
culièrement dans ses rapports avec l'Algérie. Ce mouvement s'est
élargi (1). Contrairement à une opinion très répandue sur la
diminution du nombre des emplois, du fait de la machine et
particulièrement de I 'automation, la population active occupée
a fortement augmenté, depuis quinze ans, en Europe occidentale,
comme aux États-Unis. La Suisse a eu recours, depuis quelques
années, à une immigration si intense que des problèmes socio-
politiques se sont posés. L'Allemagne, la Belgique, la Suède,
sont devenus des pays d'immigration.
La Grande-Bretagne n'est pas restée étrangère à ce courant.
M. Claude Moindrot, professeur de géographie au lycée de
Londres, qui a déjà donné dans Population diverses études sur
la population britannique et particulièrement sur les migrations
qui l'affectent, présente ici un tableau de l'immigration, au
moyen des plus récentes données.
La Grande-Bretagne a participé, comme les pays continentaux d'Europe
et avant eux, au peuplement des nouveaux mondes. Sa contribution fut part
iculièrement forte pendant les périodes de difficultés économiques (1881-
1891) ou d'agitation politique et sociale (1901-1911). Pourtant, elle n'eut rien
de comparable, proportionnellement à sa population, à celle de sa voisine
l'Irlande (graphique n° 1). Même en chiffres absolus, les pertes nettes de la
petite Irlande par migration furent bien supérieures à celles de la Grande-
Bretagne : pour le siècle 1861-1961, respectivement 4.756.000, c'est-à-dire
(x) Voir notamment Alfred Sauvy et Claude Moindrot. « Le renversement du courant
d'immigration séculaire. I. Considérations générales et perspectives pour l'ensemble Europe-
Méditerranée. II. Application à l'Angleterre ». Population, janvier-mars 1962.
Claude Moindrot. « Réduction de l'immigration de couleur en Grande-Bretagne ». Popul
ation, janvier-mars 1964, p. 64 à 66.
«Le problème de la main-d'œuvre étrangère en Suisse». Population, janvier-février 1965,
p. 123 à 136.
Jacques Verrière. « L'évolution récente de l'émigration irlandaise ». Population, mars-
avril 1965. LES VAGUES D'IMMIGRATION EN GRANDE-BRETAGNE 634
GAINS | ANGLETERRE-GALLES 600.000
ECOSSE
400.000 ENSEMBLE DE L'IRLANDE
IRLANDE DU NORD
200.000 DU SUD
o-
200.000
400.000
1.600.000 1871 1881 1891 191 I 1921 1926 1931 1936 1939 1946 1951
Graphique n° 1. — Bilan migratoire des îles britanniques (1841-1861).
plus que la population actuelle de l'île, et 3.101.000 (1). Si l'on y ajoute les
pertes des années 1841-1861, la période la plus noire de l'histoire irlandaise,
période de famine et de sauve-qui-peut, les pertes irlandaises dépassent
probablement les 6 millions et demi, celles de la Grande-Bretagne seulement
un peu plus de 3 et demi. Nul autre pays n'a donné ses hommes avec
autant de générosité que l'Irlande; sans son aide involontaire, l'influence
britannique n'aurait pu s'étendre aussi fortement sur une si large étendue
du globe.
La faiblesse relative du chiffre des pertes nettes de la Grande-Bretagne
s'explique sans doute en partie par le fait que l'émigration, dans ce pays où
le nombre des emplois augmentait régulièrement au xixe et au début du
XXe siècles, n'a jamais dû dépasser le tiers du croît naturel, alors qu'en Irlande,
où l'immigration était à peu près nulle, le nombre des départs dépassait
largement et constamment le croît naturel; de là, le déclin régulier de la popul
ation irlandaise, malgré le très faible relèvement de 1926-1951 (graphique
n° 2A). Mais elle a une autre cause : les arrivées d'immigrants dont bénéficia
la Grande-Bretagne, depuis plus d'un siècle, atténuèrent les pertes dues à
M R. H. Osborne : Population, in J. Wretford Watson et J. B. Sissons : The British
Isles, a systematic geography, Londres 1964. LES VAGUES D'IMMIGRATION EN GRANDE-BRETAGNE 635
10.000.000
5.000.000
4.000.000
3.000.000
2.000.000
1.000.000
1841 1851 1861 187! 1881 1891 1901 1911 1921 1931 1941 1951 1961
Graphique n° 2.
A. —«Population de l'Irlande 1841-1961.
B. — Natifs de l'Irlande recensés en Grande-Bretagne.
C. — Mouvement net des passagers entre l'Irlande (après 1920, l'Irlande du Sud
seulement) et la Grande-Bretagne; les valeurs positives indiquent une immigration
nette en Grande-Bretagne.
l'émigration; certaines années (1846-1848), les premières dépassèrent larg
ement les secondes. Surtout, depuis 1930, les vagues d'immigration sont si
hautes et si rapprochées qu'on a pu parler d'un renversement du courant
migratoire séculaire ^; celui-ci d'ailleurs n'exclut pas la persistance d'un
(*' A Sauvy et C. Moindrot : «Le renversement du courant d'immigration séculaire»
Population, 1962, p. 51.
65 2499 0 55 004 3 LES VAGUES D'IMMIGRATION EN GRANDE-BRETAGNE 636
300.000
200.000
100. Q00
100.000
200.000
EMIGRATION |
300.000
1957 I960 1961 19621962 1963 1964
Graphique n° 3. — Immigration brute et immigration nette en Grande-Bretagne.
courant de départ outre-mer (graphique n° 3), qu'on ne trouve plus dans les
autres pays européens.
S'il y eut de bonne heure une petite immigration à motivation économique
en Grande-Bretagne, celle des tisserands flamands, attirés en 1337 par
Edouard III par exemple, ce furent surtout des faits d'ordre religieux qui
poussèrent des réfugiés outre-Manche, jusqu'à la fin du xvine siècle : tous les
Huguenots de Dieppe, après la Saint-Barthélémy et 80.000 protestants à la
suite de la révocation de l'Édit de Nantes (1) ; et plus tard, des proscrits poli
tiques, temporaires (le comte d'Artois, Chateaubriand, Herzen, Marx, Mazzini,
Quinet, Hugo) ou définitifs, attirés par le libéralisme des institutions britan
niques, arrivèrent à leur tour.
Mais, depuis 1815, l'immigration des travailleurs l'emporte sur celle des
réfugiés; certains, il est vrai, ne faisaient que passer, en route pour une destina
tion lointaine.
(*) Elspeth Huxley : Back street new Worlds, a look at immigrants in Britain, Londres
1964, 168 pages. LES VAGUES D'IMMIGRATION EN GRANDE-BRETAGNE 637
I. LES VAGUES IRLANDAISES
L'i

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