Les « voies bulgare et est-allemande » en agriculture sont-elles purement soviétiques ? - article ; n°1 ; vol.16, pg 67-84
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1985 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 67-84
Durant les années 70, en Bulgarie et en R.D.A., comme en Union Soviétique, la restructuration « industrialiste » du secteur agricole-alimentaire visait à instaurer un dirigisme de type nouveau, à base de rationalisation technocratique et de délégation de responsabilités économiques à de grands ensembles productifs intégrés.
En Bulgarie et en R.D.A., cette véritable mutation des rapports socio-économiques s'est déployée à grande échelle et sous une forme particulièrement radicale et spectaculaire, non pas seulement du fait de « conditions objectives » favorables (climat, disponibilité en moyens industriels, infrastructures), mais aussi parce qu'elle y était imposée par un pouvoir central d'État fort, en face d'une sorte de vide social. Dans le cas allemand, il faut ajouter le rôle facilitant d'un héritage sociologique pré-socialiste particulier.
Au contraire, en U.R.S.S., cette mutation est restée très minoritaire et spécialement peu performante, car elle s'y est heurtée, d'emblée, à l'autonomie et à l'épaisseur relatives des rapports sociaux périphériques traditionnels, profondément enracinés dans les anciennes formes d'organisation.
Il en résulte une divergence accrue des mécanismes économiques et sociaux à l'œuvre, souvent sous-estimés à l'Ouest.
La manœuvre de réajustement structurel, d'esprit pragmatique et « économiste » qui a suivi depuis 1977-78, n'a pas réduit cette divergence. En effet, en R.D.A. et en Bulgarie elle était essentiellement imposée par les contradictions agronomiques, économiques et écologiques inhérentes au radicalisme et à l'ampleur mêmes de « l'industrialisation » opérée. Elle est un réaménagement de celle-ci et non pas un simple retour au mécanisme antérieur, et y est conduite, pour les raisons « sociales » déjà mentionnées, avec plus de détermination, de cohérence et de succès qu'en U.R.S.S. même... sans pour autant être assimilable à une convergence avec la « voie hongroise ».
Alain Pouliquen. — Agriculture in Bulgaria and East Germany. A purely Soviet line ?
During the 1970's, in Bulgaria and the GDR, as in the Soviet Union, the food and agricultural sectors of the economy were restructured along « industrialist » lines, the object being to introduce a new type of administration based on rational technocracy and the delegation of economic responsibilities to large integrated units of production.
In Bulgaria and the GDR this veritable transformation of socio-economic relations took place on a large scale and in a particulary radical and spectacular fashion, not only by reason of favourable « objective conditions » (e.g. climate, availability of the appropriate industrial means, infrastructures) but also because it was imposed by a strong, central State authority on a sort of social vacuum. In the case of the GDR, the change was also facilitated by the existence of a particular pre-socialist sociological heritage.
In the Soviet Union, on the other hand, the transformation has had only a very limited scope and success, for it straightway came up against a relatively dense network of peripheral social relationships and traditional attitudes, which were deeply rooted in older organisational structures. The result has been an increasing divergence between existing economic and social mechanisms, which is often underestimated in the West. The move towards a pragmatic and « economist » — orientated modification of the economic structure, which followed in 1977-78, has not lessened this divergence. In fact, in both Bulgaria and the GDR, this strategy was essentially dictated by the agronomic, economic and ecological contradictions arising from the radical nature, and the extent, of the « industrialization » which was carried out.
It is a modified version of the latter, not simply a return to the earlier model, and it is being implemented, for the afore — mentioned « social » reasons, with more determination, coherence and success than in the USSR itself, though it does not, for all that, approach convergence with the « Hungarian road ».
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Alain Pouliquen
Les « voies bulgare et est-allemande » en agriculture sont-elles
purement soviétiques ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 16, 1985, N°1. pp. 67-84.
Citer ce document / Cite this document :
Pouliquen Alain. Les « voies bulgare et est-allemande » en agriculture sont-elles purement soviétiques ?. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 16, 1985, N°1. pp. 67-84.
doi : 10.3406/receo.1985.2540
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1985_num_16_1_2540Résumé
Durant les années 70, en Bulgarie et en R.D.A., comme en Union Soviétique, la restructuration «
industrialiste » du secteur agricole-alimentaire visait à instaurer un dirigisme de type nouveau, à base
de rationalisation technocratique et de délégation de responsabilités économiques à de grands
ensembles productifs intégrés.
En Bulgarie et en R.D.A., cette véritable mutation des rapports socio-économiques s'est déployée à
grande échelle et sous une forme particulièrement radicale et spectaculaire, non pas seulement du fait
de « conditions objectives » favorables (climat, disponibilité en moyens industriels, infrastructures), mais
aussi parce qu'elle y était imposée par un pouvoir central d'État fort, en face d'une sorte de vide social.
Dans le cas allemand, il faut ajouter le rôle facilitant d'un héritage sociologique pré-socialiste particulier.
Au contraire, en U.R.S.S., cette mutation est restée très minoritaire et spécialement peu performante,
car elle s'y est heurtée, d'emblée, à l'autonomie et à l'épaisseur relatives des rapports sociaux
périphériques traditionnels, profondément enracinés dans les anciennes formes d'organisation.
Il en résulte une divergence accrue des mécanismes économiques et sociaux à l'œuvre, souvent sous-
estimés à l'Ouest.
La manœuvre de réajustement structurel, d'esprit pragmatique et « économiste » qui a suivi depuis
1977-78, n'a pas réduit cette divergence. En effet, en R.D.A. et en Bulgarie elle était essentiellement
imposée par les contradictions agronomiques, économiques et écologiques inhérentes au radicalisme
et à l'ampleur mêmes de « l'industrialisation » opérée. Elle est un réaménagement de celle-ci et non pas
un simple retour au mécanisme antérieur, et y est conduite, pour les raisons « sociales » déjà
mentionnées, avec plus de détermination, de cohérence et de succès qu'en U.R.S.S. même... sans
pour autant être assimilable à une convergence avec la « voie hongroise ».
Abstract
Alain Pouliquen. — Agriculture in Bulgaria and East Germany. A purely Soviet line ?
During the 1970's, in Bulgaria and the GDR, as in the Soviet Union, the food and agricultural sectors of
the economy were restructured along « industrialist » lines, the object being to introduce a new type of
administration based on rational technocracy and the delegation of economic responsibilities to large
integrated units of production.
In Bulgaria and the GDR this veritable transformation of socio-economic relations took place on a large
scale and in a particulary radical and spectacular fashion, not only by reason of favourable « objective
conditions » (e.g. climate, availability of the appropriate industrial means, infrastructures) but also
because it was imposed by a strong, central State authority on a sort of social vacuum. In the case of
the GDR, the change was also facilitated by the existence of a particular pre-socialist sociological
heritage.
In the Soviet Union, on the other hand, the transformation has had only a very limited scope and
success, for it straightway came up against a relatively dense network of peripheral social relationships
and traditional attitudes, which were deeply rooted in older organisational structures. The result has
been an increasing divergence between existing economic and social mechanisms, which is often
underestimated in the West. The move towards a pragmatic and « economist » — orientated
modification of the economic structure, which followed in 1977-78, has not lessened this divergence. In
fact, in both Bulgaria and the GDR, this strategy was essentially dictated by the agronomic, economic
and ecological contradictions arising from the radical nature, and the extent, of the « industrialization »
which was carried out.
It is a modified version of the latter, not simply a return to the earlier model, and it is being implemented,
for the afore — mentioned « social » reasons, with more determination, coherence and success than in
the USSR itself, though it does not, for all that, approach convergence with the « Hungarian road ».« voies bulgare et est-allemande » Les
en agriculture
sont-elles purement soviétiques ?
Alain POULIQUEN*
En matière de transformation des structures et mécanismes économiques
du secteur agricole et alimentaire en Europe de l'Est, il est généralement
convenu, chez les spécialistes occidentaux de la question, que l'inspiration
et les incitations, sinon même les ordres et les interdits, viennent d'U.R.S.S.,
du moins pour les directions essentielles : l'application et la consécration
préalables en U.R.S.S. d'un mécanisme et de structures nouveaux, au moins
à l'échelle d'une expérimentation limitée, semble avoir joué (sauf dans le
cas hongrois ; cf. infra) le rôle de norme, implicite ou explicite, pour ses
partenaires européens du CAEM. On sait à quel point il est facile de
trouver de nombreuses confirmations de cette règle dans l'histoire agricole
de ces pays, depuis la seconde guerre mondiale. Mais nous nous limiterons
ici à la période récente et actuelle.
Il est bien connu également que la Hongrie était, jusqu'à présent, la seule
exception notable à cette règle : d'une part la « déviance » hongroise s'est
approfondie et consolidée depuis les années 60. Mais surtout, fait sans
précédent, les difficultés agricoles de l'U.R.S.S. et le succès agricole relatif
du « mécanisme » hongrois ont conduit la première, depuis quelques
années, à vanter très officiellement les mérites du second pour l'agriculture,
et à tenter explicitement de s'en inspirer, soit à une échelle globale sur des
points particuliers (politique de relance du secteur individuel), soit à
l'échelle « d'expériences » locales d'une manière plus complète (expé
rience d'Abasha par exemple).
* Institut National de la Recherche Agronomique, Station d'Économie et de Sociolo
gie Rurales, Montpellier. Ce texte a été rédigé initialement à la demande du groupe « ad
hoc » de l'OCDE (évolution et perspectives de la production et des échanges agricoles
en U.R.S.S. et en Europe de î'Est) et présenté à ce groupe. L'OCDE a réalisé sa
traduction ronéotypée en anglais.
67 Alain Pouliquen
Pour cette raison, l'attention des spécialistes occidentaux semble s'être
focalisée sur la discussion des possibilités et probabilités d'une importation
soviétique de tel ou tel élément du « modèle » hongrois, ou de l'ensemble
de celui-ci. Au moins sur ce dernier point, c'est un scepticisme raisonné qui
domine généralement, et qui semble justifié.
Plus encore qu'un certain nombre de facteurs « objectifs »', il me semble
que c'est la notable différence des rapports sociaux essentiels fonctionnant
dans les économies soviétique et hongroise, en dépit de certaines apparenc
es, qui constitue l'obstacle fondamental.
Les implications, sur ce plan, d'une importation systématique de la voie
hongroise heurteraient trop, profondément l'ordre social soviétique, tel
qu'il est et tend actuellement à se cristalliser, en Russie spécialement.
Ce qui est en cause, ce sont les rapports sociaux qui sont reproduits en
U.R.S.S. par l'état actuel de son organisation et de son mécanisme écono
miques, et notamment par :
— le mécanisme de « commande-distribution », sous sa forme soviéti
que, qui entretient des rapports de dépendance très particuliers de type
« horizontal » (inter-entreprises) et « vertical » (tutelles administratives), à
tous les niveaux du système ;
— le faible rôle de la monnaie, également à tous les niveaux2, par
rapport aux formes multiples de répartition physique de la pénurie, qui
sont une base essentielle de l'or

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