Lien social et conformation des individus. Examen critique. - article ; n°3 ; vol.13, pg 199-208
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Description

Déviance et société - Année 1989 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 199-208
Les théoriciens du contrôle social, à la suite surtout des travaux de T. Hirschi (1969), ont postulé que des liens sociaux solides établis avec des autruis signi- fiants représentaient une base essentielle au développement d'une vie et d'une carrière inscrites dans la conformité et caractérisées par des conduites de respect des normes sociales.
Dans cet article, cette conception du lien social est développée en en traçant le cadre de référence et en en décrivant les nombreux réaménagements. L'auteur en précise toutefois les limites, de même qu'il en souligne le glissement ou la dérive vers des théories sociales hyper-rationalistes et des applications très mécanistes.
The control theorists, essentially following T. Hirschi's work (1969), postulae that strong social bonds represent a fundamental basis for developing a life and career dedicated to conformity and respect for social norms.
This bond theory, its frame of variables and recurrent remodelling are analyzed, while the limits and drift of the model towards hyper-rationalist social theories and their mechanistic application are underlined.
Die Theoretiker der Sozialkontrolle, vor allem in der Forsetzung von T. Hirschi's Werk (1969), postulieren dass starke soziale Beziehungen eine wesentliche Grundlage zur Entwicklung eines Lebens und einer konformen und sich an Sozialnormen orientierenden Karriere darstellen. Diese Auffassung von sozialen Beziehungen, ihre Ausgangpunkte und Begriffe, sowie ihre regelmassige Wiederformulierung, werden analysiert. Die Einschränkungen, ebenso wie die Hinwendung des Modelles zu hyperrationalistischen Anwendungen, werden ebenfalls herausgestellt.
In navolging van vooral T. Hirschi's werken (1969) stellen de aanhangers van de sociale kontrole-theorie dat sterke sociale banden met betekenisvolle derden een fundamentele basis vormen voor de ontwikkeling van een leven en een loop- baan in het teken van konformiteit en respect voor sociale normen.
In dit artikel wordt zulke konceptie van sociale banden verder ontwikkeld door het uittekenen van een referentiekader en het beschrijven van menige bijschaving. De auteur laat het niet na om telkens de grenzen aan te geven, noch om de afglijking naar al te rationalistische sociale theorieën en hun mechanische toepassing te onderlijnen.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Nicolas Queloz
Lien social et conformation des individus. Examen critique.
In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°3. pp. 199-208.
Citer ce document / Cite this document :
Queloz Nicolas. Lien social et conformation des individus. Examen critique. In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°3. pp.
199-208.
doi : 10.3406/ds.1989.1797
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1989_num_13_3_1797Résumé
Les théoriciens du contrôle social, à la suite surtout des travaux de T. Hirschi (1969), ont postulé que
des liens sociaux solides établis avec des autruis signi- fiants représentaient une base essentielle au
développement d'une vie et d'une carrière inscrites dans la conformité et caractérisées par des
conduites de respect des normes sociales.
Dans cet article, cette conception du lien social est développée en en traçant le cadre de référence et
en en décrivant les nombreux réaménagements. L'auteur en précise toutefois les limites, de même qu'il
en souligne le glissement ou la dérive vers des théories sociales hyper-rationalistes et des applications
très mécanistes.
Abstract
The control theorists, essentially following T. Hirschi's work (1969), postulae that strong social bonds
represent a fundamental basis for developing a life and career dedicated to conformity and respect for
social norms.
This bond theory, its frame of variables and recurrent remodelling are analyzed, while the limits and drift
of the model towards hyper-rationalist social theories and their mechanistic application are underlined.
Zusammenfassung
Die Theoretiker der Sozialkontrolle, vor allem in der Forsetzung von T. Hirschi's Werk (1969),
postulieren dass starke soziale Beziehungen eine wesentliche Grundlage zur Entwicklung eines Lebens
und einer konformen und sich an Sozialnormen orientierenden Karriere darstellen. Diese Auffassung
von sozialen Beziehungen, ihre Ausgangpunkte und Begriffe, sowie ihre regelmassige
Wiederformulierung, werden analysiert. Die Einschränkungen, ebenso wie die Hinwendung des
Modelles zu hyperrationalistischen Anwendungen, werden ebenfalls herausgestellt.
In navolging van vooral T. Hirschi's werken (1969) stellen de aanhangers van de sociale kontrole-
theorie dat sterke sociale banden met betekenisvolle derden een fundamentele basis vormen voor de
ontwikkeling van een leven en een loop- baan in het teken van konformiteit en respect voor sociale
normen.
In dit artikel wordt zulke konceptie van sociale banden verder ontwikkeld door het uittekenen van een
referentiekader en het beschrijven van menige bijschaving. De auteur laat het niet na om telkens de
grenzen aan te geven, noch om de afglijking naar al te rationalistische sociale theorieën en hun
mechanische toepassing te onderlijnen.Déviance et Société , 1989, Vol. 13, No 3, pp. 199-208
LIEN SOCIAL
ET CONFORMATION DES INDIVIDUS
EXAMEN CRITIQUE
N. QUELOZ*
1. Présentation
Nous avons volontairement placé le présent exposé1 en orbite autour de la
théorie du contrôle social de Hirschi (1969) parce qu'elle est fondée, et donc pri
vilégie, la notion de «lien social», à tel point qu'elle a donné naissance à une
véritable théorie du lien social essentiellement composée de reformulations et
de vérifications empiriques du modèle initial de Hirschi.
Comme les diverses théories du contrôle social qui ont commencé à prolifér
er, aux Etats-Unis surtout, à partir des premières réflexions de Ross (1901), la
théorie de Hirschi repose sur les postulats suivants:
• II existe un ordre social fondé sur un ensemble de règles communément
acceptées, et donc issues d'un consensus à leur sujet.
• Dans les relations entre individus (l'individuel) et société (le social), la ques
tion fondamentale que se posent les théoriciens du contrôle est: «Pourquoi
les hommes respectent-ils les normes sociales?» Pour eux, c'est donc le
caractère déviant et anti-conformiste de l'homme qui est la règle et la
conformité qui pose problème et doit être expliquée, car ils considèrent la
violation des normes sociales comme attrayante, profitable et source de plais
ir. L'important est donc de s'interroger sur les motivations à la conformité
et sur les contrôles, les liens et les freins qui aident à former et à maintenir
le comportement pro-social.
Université de Fribourg (Suisse).
Ce texte est la version élargie d'une contribution orale aux travaux du comité de recherche en
sociologie de l'action sociale réuni dans le cadre du XIIIe Congrès de l'Association internatio
nale des sociologues de langue française (AISLF, Genève, 29 août-2 sept. 1988, «Le lien
social»).
199 • A cet égard, les liens sociaux2 conventionnels sont considérés, dans ces théor
ies, comme jouant un rôle essentiel de contrôle et d'inhibition de l'expres
sion des motivations déviantes (inhérentes à la nature humaine) en comport
ements anti-sociaux.
Enfin deux autres éléments méritent d'être relevés ici:
• Les théoriciens du contrôle social privilégiant l'étude des liens sociaux, de
même que ceux qui focalisent leur attention sur les contraintes ou retenues
vers la déviance, se situent essentiellement au niveau d'analyse des formes
de sociabilité micro-sociologiques et du palier psychosocial de la réalité
sociale.
• Dans leur étude des conditions, des étapes et des éléments-clés de la sociali
sation, les théoriciens du contrôle social ont régulièrement posé le processus
de socialisation en termes d'intégration/assimilation et de pression à la
confirmité, influencés en ce sens par la conception durkheimienne très uni
latérale de la socialisation, n'envisageant que des relations d'enfants à adult
es, et donc d'inférieurs à supérieurs ou de dominés à dominants. Or,
comme le relève justement Debuyst (1985, p. 165), à partir du moment où
l'on envisage le processus de socialisation «comme ne constituant qu'une
simple transmission par l'environnement social de valeurs et de normes, et
qui se ferait à la suite d'une pression exercée par une 'instance' supérieure,
la Société et ses représentants, de sorte que la seule morale serait finalement,
pour reprendre l'expression de Piaget, une morale hétéronome»3, on ne peut
concevoir alors la déviance que comme une transgression, ou uniquement
comme écart par rapport à la règle conventionnelle, avec toutes les consé
quences moralisatrices qui peuvent s'ensuivre, en occultant ainsi le fait que
la déviance puisse découler aussi d'une situation conflictuelle, et donc pro
blématique, qu'il importerait de reconnaître et de comprendre, puisque sa
signification peut être positive, avant de la juger et de la sanctionner.
2. La conception du lien social chez T. Hirschi comme élément central
d'une théorie de la socialisation
Pour les auteurs dont l 'élément-clé de compréhension du contrôle social est
l'analyse du lien social, la déviance et la délinquance résultent de la fragilité,
Pour «liens sociaux», la terminologie anglaise est variée: «social ties», «links», «attach
ments», «binds», et, de façon plus prédominante, «social bonds», ce qui a conduit a qualifier
de «bond theorists» un grand nombre de théoriciens du contrôle social.
Par opposition à une morale autonome, dans laquelle la règle est désacralisée parce que repré
sentant une création commune liée aux exigences particulières des relations entre égaux, et
impliquant donc la prise en considération du point de vue des différents participants.
200 de l'affaiblissement ou de la rupture des liens avec la société conventionn
elle.
Hirschi (1969) est le premier à s'être adonné à une réflexion théorique et à
un examen empirique systématique du lien social, dont il a distingué les quatre
éléments constitutifs suivants:
1. L'attachement à des autruis signifiants (attachment to significant others),
mesuré essentiellement par la tendance à s'identifier à ces personnes de réfé
rence (pour Hirschi: parents, enseignants et pairs) et à l'importance accor
dée à leurs opinions et attentes à son propre égard. Pour Hirschi, plus un
individu est sensible aux jugements, au respect et au statut que ces personnes

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