Localisation et concurrence dans la banque - article ; n°4 ; vol.44, pg 779-790

Michel Dietsch

Description

Revue économique - Année 1993 - Volume 44 - Numéro 4 - Pages 779-790
Localisation et concurrence dans la banque
Cet article a pour objet de recenser les apports récents de la théorie bancaire concernant les relations entre concurrence et localisation dans la banque. La pre­mière partie est consacrée à l'analyse des facteurs du pouvoir de marché des banques sur les marchés bancaires locaux - coûts de changement de banque, parts de marché, relations de clientèle, effets de réputation —, la seconde partie à la dynamique de la concurrence sur ces marchés. Elle tente, en particulier, d'évaluer la capacité des facteurs précédents à bloquer la structure des marchés locaux de façon durable.
Localization and competition in banking
The object of this paper is to survey recent developments of the banking theory focusing on the relations between competition and localization in banking. First, we consider the main determinants of the market power of banks in local banking markets : switching costs, market shares, customer relationships, reputation. Then, we treat of the issue of the dynamics of competition in local banking markets and we show how the previous factors act as barriers to entry in local banking markets.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 24
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Dietsch
Localisation et concurrence dans la banque
In: Revue économique. Volume 44, n°4, 1993. pp. 779-790.
Résumé
Cet article a pour objet de recenser les apports récents de la théorie bancaire concernant les relations entre concurrence et
localisation dans la banque. La pre-mière partie est consacrée à l'analyse des facteurs du pouvoir de marché des banques sur
les marchés bancaires locaux - coûts de changement de banque, parts de marché, relations de clientèle, effets de réputation —,
la seconde partie à la dynamique de la concurrence sur ces marchés. Elle tente, en particulier, d'évaluer la capacité des facteurs
précédents à bloquer la structure des marchés locaux de façon durable.
Abstract
Localization and competition in banking
The object of this paper is to survey recent developments of the banking theory focusing on the relations between competition
and localization in banking. First, we consider the main determinants of the market power of banks in local banking markets :
switching costs, market shares, customer relationships, reputation. Then, we treat of the issue of the dynamics of competition in
local banking markets and we show how the previous factors act as barriers to entry in local banking markets.
Citer ce document / Cite this document :
Dietsch Michel. Localisation et concurrence dans la banque. In: Revue économique. Volume 44, n°4, 1993. pp. 779-790.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1993_num_44_4_409478Localisation et concurrence
dans la banque
Michel Dietsch
Cet article a pour objet de recenser les apports récents de la théorie bancaire
concernant les relations entre concurrence et localisation dans la banque. La pre
mière partie est consacrée à l'analyse des facteurs du pouvoir de marché des
banques sur les marchés bancaires locaux - coûts de changement de banque,
parts de marché, relations de clientèle, effets de réputation —, la seconde partie à
la dynamique de la concurrence sur ces marchés. Elle tente, en particulier, d'éva
luer la capacité des facteurs précédents à bloquer la structure des marchés
locaux de façon durable.
L'intégration européenne devrait provoquer une intensification de la concur
rence à l'intérieur du système bancaire, notamment dans la banque de détail.
Des gains sociaux additionnels devraient en résulter, sous la forme d'une dimi
nution des coûts de production, d'une baisse des prix et d'une augmentation des
quantités offertes. De telles propositions, souvent formulées ces dernières années,
sont-elles exagérément optimistes ? Tiennent-elles suffisamment compte des
structures des marchés des produits bancaires, et notamment de la segmentation
géographique de ces marchés ? Tiennent-elles suffisamment compte de la nature
des relations entre les banques et leurs clients ?
Les marchés des produits bancaires classiques sont par nature des marchés de
proximité ou marchés « locaux ». En théorie, la forme de la concurrence ne
dépend pas de ce caractère. Le caractère local des marchés est, en effet, tout
autant compatible avec une structure concurrentielle qu'avec une structure
d'oligopole. Mais qu'en est-il réellement dans la pratique ? En raison de la
nature particulière des produits bancaires, le caractère local des marchés bancai
res ne confère-t-il pas aux banques déjà en place sur ces marchés des avantages
concurrentiels ? Les marchés locaux sont-ils des marchés segmentés ou sont-ils
suffisamment perméables pour qu'on puisse considérer les marchés bancaires
comme des marchés intégrés ? L'ouverture des marchés peut-elle entraîner une
augmentation des gains de l'échange ?
Aujourd'hui, le principal critère d'efficience d'un marché est son degré de
« contestabilité ». La concurrence « potentielle » suffit à assurer la discipline du
marché. Elle garantit que, quel que soit le nombre d'offreurs en place, ceux-ci
appliqueront une tarification efficiente, en raison de la menace d'entrée de nou
veaux concurrents. Cette structure de marché présente beaucoup d'attraits : elle
conduit à la minimisation des coûts de production et permet d'éliminer les sub
ventions croisées, en particulier. Mais son caractère soutenable est largement
conditionné par l'absence de barrières à l'entrée et à la sortie du marché. Or de
telles barrières existent sur les marchés bancaires. Si les barrières exogènes, en
particulier celles qui proviennent de la réglementation, tendent aujourd'hui à
disparaître, des barrières endogènes, tenant à la nature du processus de product
ion des banques, subsistent. La production des crédits bancaires suppose, en
779
Revue économique — N° 4, juillet 1993, p. 779-790. Revue économique
particulier, des investissements irréversibles qui engendrent des coûts non récu
pérables élevés en cas de sortie de l'industrie (Dietsch [1992a]). Ces coûts pro
viennent tout d'abord des investissements dans les relations de clientèle. La
constitution au cours du temps de relations de clientèle entre une banque et ses
clients donne à cette banque une information de meilleure qualité sur la solvabil
ité des emprunteurs, ce qui lui permet de mieux évaluer les risques et de s'en
gager plus durablement envers ses clients. Les investissements dans les
relations de clientèle peuvent être à la source d'avantages concurrentiels pour
les banques déjà présentes sur une place bancaire. D'autres facteurs donnent
également aux banques présentes sur une place des avantages sur leurs concur
rents potentiels : il s'agit des coûts du changement de banque {switching costs),
des effets de réputation ou simplement des avantages que confère l'importance
de leurs parts de marché.
Cet article a pour objet de recenser les apports récents de la théorie bancaire
permettant de mieux comprendre les relations entre concurrence et localisation
dans la banque. La première partie est consacrée à l'analyse des facteurs du
pouvoir de marché des banques sur les marchés bancaires locaux, la seconde
partie à la dynamique de la concurrence sur ces marchés. Elle tente en particul
ier d'évaluer la capacité des facteurs mentionnés précédemment à bloquer la
structure des marchés locaux de façon durable.
LES FACTEURS DU POUVOIR DE MARCHE DES BANQUES
SUR LES MARCHÉS LOCAUX
Les relations de clientèle
Les entre les banques et leurs clients sont souvent des relations de
long terme . Ce caractère joue un rôle central dans les démonstrations récentes
1. Ceci semble être particulièrement le cas dans certains pays, comme l'Allemagne et
le Japon. Dans ces pays, les relations entre les banques et les entreprises industrielles
sont assez étroites. Ainsi, on estime que les banques allemandes détiennent environ 10 %
du capital des entreprises allemandes. De plus, par un système de ramassage des droits
de vote, elles contrôlent assez largement les assemblées générales. Les banques alleman
des sont fréquemment présentes dans les conseils de surveillance des grandes entrepri
ses. Leur poids dans les décisions stratégiques des entreprises est réel. Au Japon, les
banques détiennent plus de 20 % du capital des entreprises, selon le Tokyo Stock
Exchange. Dans ce pays, les relations entre les banques et leurs clients sont également
assez étroites, mais les banques japonaises n'exercent pas un contrôle des décisions des
groupes auxquelles elles participent aussi direct que celui qu'exercent leurs homologues
allemandes. Les banquiers japonais ne sont pas membres des conseils de direction des
groupes. Toutefois, l'existence des participations croisées entre banques et entreprises
non financières fait que les banquiers sont en réalité associés aux décisions.
Des relations étroites peuvent aussi exister dans ces pays entre les banques et les peti
tes et moyennes entreprises, qui sont leurs principaux clients sur les marchés locaux. Si
les banques allemandes ne participent que rarement au capital des PME, le système de la
« Hausbank » leur permet de consolider leurs relations de clientèle et de bénéficier des
avantages que celles-ci confèrent en matière d'information.
780 Michel Dietsch
de l'optimalité des contrats offerts par les banques aux emprunteurs. Dans la litt
érature