« Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et Les Philosophes - article ; n°1 ; vol.23, pg 109-125
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« Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et Les Philosophes - article ; n°1 ; vol.23, pg 109-125

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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1997 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 109-125
English Showalter : « Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et Les Philosophes.
Cet article fournit des renseignements nouveaux, tirés de la correspondance de Mme de Graffigny, relatifs au début de la carrière de Palissot, entre 1750 et 1755. On y voit sa présence régulière dans le salon de Mme de Graffigny, son emploi des conseils et de la protection de son hôtesse, et enfin son exclusion de chez elle parce qu'elle le considérait comme une compagnie dangereuse. L'article montre ensuite que Mme de Graffigny pourrait bien être le modèle de Cydalise, hôtesse de salon ridicule dans la pièce satirique de Palissot, Les Philosophes. L'âge de Mme de Graffigny, ses activités antérieures et sa situation conviennent mieux que ceux d'aucun autre modèle à Cydalise. Beaucoup de remarques précises sur Mme de Graffigny, faites par Palissot dans d'autres contextes, se trouvent répétées dans la pièce à propos de Cydalise.
English Showalter : « Madame has written a book » : Madame de Graffigny, Palissot and Les Philosophes.
This article provides new information, drawn from Mme de Graffigny's correspondent, about Palissot's early career, from 1750 to 1755, showing his frequent presence at Mme de Graffigny's salon, his use of her patronage and advice, and finally his exclusion from her salon because she considered him dangerous company. The case is then made that Mme de Graffigny may be the model for Cydalise, the ridiculous hostess in Palissot's satirical play Les Philosophes. Her age, accomplishments and situation fit Cydalise better than those of any other proposed model. Many specific comments about Mme de Graffigny made by Palissot in other contexts are repeated in the play about Cydalise.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

English Showalter
« Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et
Les Philosophes
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 23, 1997. pp. 109-125.
Résumé
English Showalter : « Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et Les Philosophes.
Cet article fournit des renseignements nouveaux, tirés de la correspondance de Mme de Graffigny, relatifs au début de la carrière
de Palissot, entre 1750 et 1755. On y voit sa présence régulière dans le salon de Mme de son emploi des conseils et
de la protection de son hôtesse, et enfin son exclusion de chez elle parce qu'elle le considérait comme une compagnie
dangereuse. L'article montre ensuite que Mme de Graffigny pourrait bien être le modèle de Cydalise, hôtesse de salon ridicule
dans la pièce satirique de Palissot, Les Philosophes. L'âge de Mme de Graffigny, ses activités antérieures et sa situation
conviennent mieux que ceux d'aucun autre modèle à Cydalise. Beaucoup de remarques précises sur Mme de Graffigny, faites
par Palissot dans d'autres contextes, se trouvent répétées dans la pièce à propos de Cydalise.
Abstract
English Showalter : « Madame has written a book » : Madame de Graffigny, Palissot and Les Philosophes.
This article provides new information, drawn from Mme de Graffigny's correspondent, about Palissot's early career, from 1750 to
1755, showing his frequent presence at Mme de Graffigny's salon, his use of her patronage and advice, and finally his exclusion
from her salon because she considered him dangerous company. The case is then made that Mme de Graffigny may be the
model for Cydalise, the ridiculous hostess in Palissot's satirical play Les Philosophes. Her age, accomplishments and situation fit
Cydalise better than those of any other proposed model. Many specific comments about Mme de Graffigny made by Palissot in
other contexts are repeated in the play about Cydalise.
Citer ce document / Cite this document :
Showalter English. « Madame a fait un livre » : Madame de Graffigny, Palissot et Les Philosophes. In: Recherches sur Diderot
et sur l'Encyclopédie, numéro 23, 1997. pp. 109-125.
doi : 10.3406/rde.1997.1392
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1997_num_23_1_1392English SHOWALTER
« Madame a fait un livre »! de Graffîgny,
Palissot et Les Philosophes
ennemi dans Le Charles les de Neveu Confessions Y Encyclopédie Palissot de Rameau. de Rousseau, Montenoy et Son des œuvre philosophes, et est cible la connu plus du célèbre de initiateur mépris nos est jours satirique d'un une surtout pièce petit de incident Diderot en comme trois
actes, Les Philosophes, qui a connu un succès considérable en mai 1760. Elle
a été reprise avec un succès bien moindre dans les années 1780 et n'a plus
qu'un intérêt historique. L'intrigue est simple et adaptée des Femmes
savantes : Cydalise, hôtesse de salon, est tombée sous l'influence d'un
groupe de philosophes, dont l'un projette d'épouser sa fille et de s'emparer
ainsi de sa fortune. Ses domestiques Marton et Crispin, sa fille Rosalie, et
l'amant de celle-ci, Damis, tous reconnaissent les philosophes pour des
charlatans, qui se moquent de Cydalise derrière son dos tout en flattant devant
elle ses sottes prétentions. Au dénouement, bien entendu, leur hypocrisie est
exposée au jour et Cydalise bénit l'union de Damis et de Rosalie.
Dès la première représentation de la pièce, tout le monde identifiait les
trois philosophes avec de vrais modèles. Dortidius est clairement Diderot,
Théophraste ressemble bien à Duclos, les idées de Valère parodient celles
d'Helvétius, et le livre récent d'un autre philosophe, Cratès, rappelle De
l'esprit (1758). De brèves références visent certainement Grimm et la
comédienne Clairon, qui avait essayé en vain d'empêcher ses collègues de
mettre Les Philosophes à l'affiche. Le valet Crispin aide à démasquer les
méchants en se faisant passer lui-même pour un philosophe, mettant à
1. Charles Palissot, Les Philosophes, acte I, scène 1. Les citations dans cet article sont
tirées du Théâtre du xvme siècle, éd. Jacques Truchet, Bibliothèque de la Pléiade, Paris :
Gallimard, 1974, vol. 2, pp. 143-204 ; celle-ci se trouve p. 145. D'autres citations seront
données dans le texte entre parenthèses. Le texte de la pièce est disponible dans plusieurs
éditions modernes, notamment l'édition critique due à T.J. Barling, Exeter, University of
Exeter, 1975.
Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 23, octobre 1997 110 ENGLISH SHOWALTER
profit des leçons apprises chez un maître précédent, lequel n'est autre que
Jean- Jacques Rousseau. Dans la scène la plus mémorable, Crispin entre à
quatre pattes en mangeant une laitue, rappel sans équivoque de la
plaisanterie notoire de Voltaire aux dépens de Rousseau. Dans une autre
scène bien connue, le valet de Valère, Frontin, feint d'être un certain
Carondas, penseur lui aussi, qui met en application l'argument de Valère
contre un code moral d'origine divine en volant son maître au milieu de sa
péroration. Mais personne ne proposait d'original réel pour Carondas ; il
illustre plutôt les conséquences dangereuses des nouvelles idées2.
Plusieurs témoignages attestent qu'on prenait Cydalise pour Mme
Geoffrin, hôtesse d'un des plus célèbres salons de l'époque et partisan des
encyclopédistes. Le chevalier de Chastellux, écrivant juste après la
première représentation, mande à Helvétius que « Me Geofrin [...] y joiïe le
principal rôle. [...] pour qu'on ne s'y méprît pas, on y mis ses clefs que vous
savés qu'elle a en grand nombre, le portrait de feu Mr Geofrin et le diner
des artistes »3. D'après Jean-Michel Hennin, Mlle Dumesnil, qui
créait le rôle de Cydalise, insistait sur la similitude de ce personnage avec
jyjme Geoffrin : « La vieille Dumesnil a trouvé le secret de s'habiller et
coëffer comme Made Geofrin, ce qui a fait beaucoup rire ceux qui connoissent
cette dame »4. L'abbé Trublet, dans une lettre à Samuel Formey, affirme
que l'auteur avait ôté certains vers de la version originale de la pièce,
« entr' autres un qui designoit trop clairement Made Geoffrin »5. Enfin, dix-
sept ans plus tard, Palissot lui-même avoue que « tout Paris, sans exception,
avait affecté de reconnaître Madame Geoffrin dans le Personnage de
Cydalise »6.
Palissot continue, pourtant, en niant que Mme Geoffrin soit le modèle :
« Et tout Paris s'était trompé. Je pourrais le prouver par des vers de la pièce,
qui n'ont jamais paru, parce qu'ils auraient désigné trop clairement le
modèle que je m'étais proposé de peindre ». On a pu démontrer dans trop
de cas que Palissot mentait, ou se trompait, pour le croire sur sa parole ici,
2. D'Alembert, Chastellux, Jaucourt, Lauraguais et Marmontel ont aussi été
mentionnés comme des modèles partiels ou des cibles de la satire.
3. François-Jean, chevalier de Chastellux à Helvétius, Paris, le 3 mai 1760, lettre citée
d'après Helvétius, Correspondance générale, éd. P. Allan, A. Dainard, M. -T. Inguenaud,
J. Orsoni et D.W. Smith, Toronto et Oxford, University of Toronto Press et The Voltaire
Foundation, 1981 - (en cours de publication), lettre 452.
4. Jean-Michel Hennin, lettre à son fils, 17 mai 1760, dont le manuscrit est à l'Institut,
ms. 1262, fol. 119, recto et verso, citée d'après Helvétius, Correspondance générale, lettre
452, note 4.
5. Correspondance passive de Formey, Briasson et Trublet (1739-1770), éd. Martin
Fontius, Rolf Geissler et Jens Hâsler, Berlin, 1995, lettre 38, 28 mai au 2 juin 1760 ;
Helvétius, générale, lettre 453bis.
6. « Lettre aux auteurs des Anecdotes Dramatiques », dans Œuvres, Liège, Clément
Plomteux, 1777, vol. 7, p. 294. Les citations des œuvres de Palissot autres que Les
Philosophes seront prises dans cette édition, sauf indication contraire. MADAME DE GRAFFIGNY, PALISSOT ET LES PHILOSOPHES 111
mais son désaveu mérite quelque discussion. En 1777 le scandale des
Philosophes avait diminué, aussi bien que la force des motifs qui avaient
amené l'auteur à éliminer en 1760 les allusions trop personnelles. Il n'avait
plus besoin de se défendre contre les protestations et les attaques des
philosophes ; il ne faisait que fournir des réminisce

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