Masques, initiation et fêtes des femmes chez les Bedik du Sénégal oriental - article ; n°1 ; vol.73, pg 111-126
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Journal des africanistes - Année 2003 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 111-126
Les Bedik, petite population du Sénégal oriental, présentent lors de certains rituels une série de masques végétaux qui sont proches de ceux des populations avoisinantes. Le secret des masques, farouchement gardé par les hommes et transmis à l'initiation, n'est pas impénétrable aux femmes ; lors d'un rituel de fécondité, Gamond, elles les voient tous apparaître et dansent abondamment avec certains, alors que lors de leur rituel quadriennal il n'y en a aucun. L'auteur s'efforce de comprendre la signification de ce rapport masques / femmes dans cette culture.
Bedik people, not numerous in East Senegal, are showing during some festivals leaved masks which are very close to those of neighburing populations. The secret of the masks closely kept by men and transmitted during the initiation, is not completely unknown by the women : during a festival dedicated to the fertility they see them all coming and dance with abandon with some of them, but during their own ritual no masks appear. The author tries to understand the significance of the relation masks/women in that culture.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Paule Ferry
Masques, initiation et fêtes des femmes chez les Bedik du
Sénégal oriental
In: Journal des africanistes. 2003, tome 73 fascicule 1. pp. 111-126.
Résumé
Les Bedik, petite population du Sénégal oriental, présentent lors de certains rituels une série de masques végétaux qui sont
proches de ceux des populations avoisinantes. Le secret des masques, farouchement gardé par les hommes et transmis à
l'initiation, n'est pas impénétrable aux femmes ; lors d'un rituel de fécondité, Gamond, elles les voient tous apparaître et dansent
abondamment avec certains, alors que lors de leur rituel quadriennal il n'y en a aucun. L'auteur s'efforce de comprendre la
signification de ce rapport masques / femmes dans cette culture.
Abstract
Bedik people, not numerous in East Senegal, are showing during some festivals leaved masks which are very close to those of
neighburing populations. The secret of the masks closely kept by men and transmitted during the initiation, is not completely
unknown by the women : during a festival dedicated to the fertility they see them all coming and dance with abandon with some
of them, but during their own ritual no masks appear. The author tries to understand the significance of the relation masks/women
in that culture.
Citer ce document / Cite this document :
Ferry Marie-Paule. Masques, initiation et fêtes des femmes chez les Bedik du Sénégal oriental. In: Journal des africanistes.
2003, tome 73 fascicule 1. pp. 111-126.
doi : 10.3406/jafr.2003.1330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_2003_num_73_1_1330Ferry*
Marie-Paule
initiation et fêtes des femmes Masques,
chez les Bedik du Sénégal oriental
Résumé
Les Bedik, petite population du Sénégal oriental, présentent lors de certains rituels une
série de masques végétaux qui sont proches de ceux des populations avoisinantes. Le secret
des masques, farouchement gardé par les hommes et transmis à l'initiation, n'est pas
impénétrable aux femmes ; lors d'un rituel de fécondité, Gamond, elles les voient tous
apparaître et dansent abondamment avec certains, alors que lors de leur rituel quadriennal il
n'y en a aucun. L'auteur s'efforce de comprendre la signification de ce rapport masques /
femmes dans cette culture.
Mots clefs
Bedik, masque, initiation, fêtes rituelles de femmes, Sénégal oriental.
Abstract
Bedik people, not numerous in East Senegal, are showing during some festivals leaved
masks which are very close to those of neighburing populations. The secret of the masks
closely kept by men and transmitted during the initiation, is not completely unknown by the
women : during a festival dedicated to the fertility they see them all coming and dance with
abandon with some of them, but during their own ritual no masks appear. The author tries to
understand the significance of the relation masks/women in that culture.
Keywords
Bedik, mask, initiation, women festivals, East Senegal.
CNRS-Paris, Musée de l'Homme.
Journal des Africanistes 73-1, 2003 : 110-126 1 1 2 Marie-Paule FERRY
En 1960, quand ils cessèrent d'être confondus avec les Bassari ou
Beliyan voisins, les Bedik n'étaient, d'après les recensements, que mille
quatre cents. Ils étaient alors appelés Tendankés, puis à partir de 1962, on
en parla en utilisant leur vrai nom : блспк, qui peut se traduire « gens de la
dolérite ». Cette roche forme de grands éboulis dans les collines où ils ont
bâti leurs villages. Ils se divisent en deux groupes : les Biwol, « ceux du
karité », et les Banapas, « ceux du Ficus abutilifolia ». Le premier groupe
était en relation avec Timbo, ville de Guinée, et son parler est aujourd'hui
plus proche de la langue oniyan des Beliyan-Bassari, le second était en
relation avec Labé et leur parler présente des archaïsmes, mais il y a
intercompréhension entre les deux. Ces prétentions historiques, Timbo et
Labé étant des villes peules au passé chargé situées en Guinée Conakry,
n'ont pu être infirmées par deux enquêtes, l'une à Labé en 1987, l'autre à
Timbo en 1992. L'histoire qu'ils me narraient en 1963 est plausible : en
prenant Kédougou au Sénégal oriental pour centre, leur territoire était limité
au Nord par le Badon, pays malinké, à l'Est par la Tamba Ura, au Sud par la
région de Mali, ville guinéenne, à l'ouest par le Termesse et la montagne de
Gotomeli ; Nangar était leur frontière avec les Beliyan, ou plus exactement
la rivière du Diara. De ce territoire il ne subsiste que quelques collines où
habite une population de près de trois milles personnes au Sénégal, en
bonne entente avec leurs voisins peuls et malinké.
On peut voir apparaître dans les villages des êtres bizarres, que nous
appelons masques mais qui sont pour eux habités par l'esprit initiatique des
hommes. En étudiant ces masques, leurs différents aspects et les rites où ils
apparaissent, on devrait pouvoir mieux comprendre leur rapport aux
femmes et leur raison profonde de se produire en public.
LES DIFFERENTS MASQUES
Les Bedik, patrilinéaires, vivent généralement par familles dans des
hameaux de culture dispersés. Ils se regroupent seulement pour les fêtes
dans six villages qui ne suivent pas tous le même cycle : les villages du
groupe Banapas ont un cycle en saison sèche qui dépend des lunes de
novembre à juin. Le deux ou troisième mercredi de chaque lune a lieu une
fête rituelle qui donne son nom à la lune. Ils ont aussi une fête quadriennale
des femmes en février / mars. Les villages du groupe Biwol suivent le même
cycle avec un peu d'avance et en juin a lieu une fête, deux ans de suite tous
les deux ans, pendant laquelle les jeunes filles dansent avec les masques.
Pour que les masques sortent, il faut que le chef religieux, responsable
du 'mystère', réveille l'esprit initiatique par une libation dans le bosquet
sacré, une fois par année solaire, à la lune de Gamond, mai ou juin. Les
années où doit avoir lieu une initiation des hommes, le réveil a lieu pendant
Journal des Africanistes 73-1, 2003 : 110-126 i
initiation et fetes des femmes 113 Masques,
la lune précédente. A partir de ce moment, les masques peuvent s'exhiber
au village, ou dans les cultures pendant la saison des pluies.
Ils sont fébriles, leurs gestes saccadés doivent différer de ceux des
humains, ils vibrent comme leur voix transformée dans le grave ou dans
l'aigu. Ils ne peuvent ni se gratter, ni tousser. Ils sont généralement revêtus
de feuilles et de fibres, de tissu d'écorce, mais ils peuvent aussi être
auditifs" invisibles, que seulement décrivit sonores, Pierre Smith n'être en plus 1984 qu'un dans son. son article Ce sont : Le les mystère "masques et
ses masques chez les Bedik1.
On peut comparer les masques d'écorce et de feuilles à d'autres
masques de la région : leurs kangxrarj font partie des « ganguran » familiers
de nombreuses ethnies mandingues, leurs lokota ont un nom qui rappelle les
« lukuta » que l'on peut voir à l'initiation des Beliyan-Bassari, mais ils n'en
ont pas l'aspect ; par leur costume, comme on le verra plus loin, ils
ressemblent à des Sika malinkés, mais ce sont des masques féminins ; enfin
leur syambumbu est proche du lener beliyan.
On pourrait croire que pour les Bedik, ces masques sont une famille :
les hommes s'adressent aux kangxrarj en les appelant « grand-père ». Ils ont
kangáray 6andyel à Bandata kangArarj à l'initiation du village d'Etyès en 1968.
lors d'une fete de Gamond.
une cagoule et une chasuble de tissus d'écorce blanc ou rouge, et un épais rouleau
de feuilles de karité autour de leur taille. Leurs membres sont noircis ou rougis, ils
portent aux chevilles des bouquets de feuilles qu'ils font bruisser en se dandinant.
A l'époque l'étymologie de usyil, le mystère, était inconnue, aujourd'hui on peut
rapprocher syil de sil en peul et donc de Sile, le premier initié de Koumen.
Journal des Africanistes 73-1. 2003 : 110-126 '
14 Marie-Paule Ferry 1
Des feuilles blanches de bourgeon de rônier sont enroulées, jamais nouées, autour
de leurs jambes, ils tiennent un sabre à la main droite et des fouets de la main
gauche ; ils chantent d'une voix profonde et éraillée.
Le masque lokota est « grand-mère », elle aurait autrefois apporté aux
hommes les grains de mil en dansant avec une tige encore munie de

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