Mécénat et vie artistique en Pologne au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.15, pg 45-59
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 45-59
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S. Lorentz
Mécénat et vie artistique en Pologne au XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 1, 1960. pp. 45-59.
Citer ce document / Cite this document :
Lorentz S. Mécénat et vie artistique en Pologne au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N.
1, 1960. pp. 45-59.
doi : 10.3406/ahess.1960.421744
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_1_421744et vie artistique : Mécénat
EN POLOGNE, AU XV///e SIÈCLE
Différentes circonstances ont contribué à ce que l'histoire de
l'art polonais n'ait pas trouvé d'écho suffisant dans les ouvrages
qui traitent dans son ensemble de l'art européen. A aucune époque,
certes, l'art polonais n'a occupé une place prépondérante en Europe ;
il n'a pas donné naissance à des valeurs nouvelles ayant exercé une action
générale sur le développement de l'art européen. Néanmoins, dès l'époque
pré-romane, il a témoigné d'une vitalité constante ; il a atteint au
xne siècle un niveau élevé ; il a occupé une place importante dans le
développement artistique de l'Europe Centrale au xve et au xvie siècles ;
il n'a pas été privé d'originalité nationale dans les siècles suivants : son
apport n'est donc pas dépourvu de signification.
Les rapports artistiques entre la France et la Pologne ont été, à
maintes reprises, assez étroits. A Louis Réau et à son ouvrage L'Expans
ion de l'art français moderne, nous devons une étude très importante
qui a permis de poser le problème des relations directes entre les deux
pays. Pierre Francastel, eminent connaisseur des monuments et de la
culture artistique polonaise, a consacré de nombreuses recherches à
l'art de notre pays. Je me référerai aujourd'hui à son étude sur les Rela
tions artistiques entre la France et la Pologne aux XVIIe et XVIIIe siècles
qui a paru en 1938-1939 dans l'annuaire de la Bibliothèque Polonaise
de Paris. Je dois rendre également hommage à l'importante contribution
apportée par d'autres savants français aux recherches relatives à la
culture polonaise du xvine siècle, notamment à Ambroise Jobert pour
sa Commission d'Education Nationale en Pologne et, en particulier, à
l'imposant ouvrage de Jean Fabre Stanislas-Auguste Poniatowski et le
siècle des Lumières, paru en 1952.
En ce qui concerne l'architecture polonaise de la première moitié
du xvine siècle, la base de l'information est constituée depuis quarante
ans par un ouvrage de Cornélius Gurlitt sur les édifices de Varsovie au
temps de la dynastie saxonne sous les rois Auguste II et Auguste III. Ce
livre, dont le contenu dépasse sensiblement le cadre défini par le titre,
45 ANNALES
suggère que s'est développé en Pologne, auxvine siècle, un style rococo
polono-saxon fortement influencé par le principal centre artistique de
Dresde. Il convient, cependant, de s'interroger sur ce centre de Dresde
et de rappeler le rôle prépondérant qu'y jouaient des Français comme
de Bodt, Longuelune, Silvestře, Vinache, Coudray, à côté d'Italiens
comme Chiaveri, Placidi, Belloto-Canaletto, Bacciarelli — les uns et les
autres accompagnés d'ailleurs de nombreux autres artistes de moindre
qualité ainsi que d'artisans venus de leur pays. Cette équipe artistique
cosmopolite est active également à Varsovie où elle travaille pour la
cour au Palais de Saxe et au château. Toutefois, l'art de la cour royale
ne représente qu'un seul courant artistique. En dehors de la cour, et ind
épendamment d'elle, il existait des mécènes, grands seigneurs et princes
de l'Eglise, et ce sont eux qui ont décidé réellement du caractère de l'art
rococo en Pologne.
1. MÉCÈNES DES ANNÉES 1730-1750.
Je voudrais étudier d'abord deux de ces mécènes. Le premier, Jan
Klemens Branicki, grand hetman de la Couronne, (autrement dit com
mandant en chef des armées), avait parachevé son éducation en France
dans les premières années du xviue siècle. Il a compté parmi les se
igneurs les plus puissants du royaume et il fut le chef du parti français
en Pologne. Sa résidence principale, Bialystok, située à 150 km à l'est
de Varsovie, était appelée dans cette Pologne du xvuie siècle — et avec
une exagération particulière au Baroque — le Versailles de la Podlasie,
(c'est le nom de la province). Bialystok était incontestablement l'un des
innombrables satellites de Versailles. L'architecture du château et le
parc étaient inspirés par l'architecture française et, comme l'a supposé
Pierre Francastel, les modèles avaient pu être cherchés dans des livres
français d'architecture et dans des documents graphiques venus de
France.
Grâce aux études du Dr Glinka, on a pu reconstituer dernièrement
l'histoire du château aux xvne et xvine siècles. L'ancien château de
Bialystok avait été agrandi en 1691 et dans les années suivantes par
l'architecte Tylman. Avant 1730, le comte Branicki entreprit une recons
truction complète du château dans le style Rococo. L'architecte qui
établit les plans de la reconstruction et qui dirigea, depuis 1728, les tra
vaux, était Jan Zygmunt Deybel, l'un des principaux architectes de
l'époque à Varsovie. C'est à lui que l'on doit les deux hôtels Branicki :
rue Miodowa à Varsovie (1738-1743) et place du marché à Cracovie. Il
a travaillé pour les princes Radziwill, Sapieha et Czartoryski. A sa mort,
survenue en 1752, l'architecte Jacques Fontána qui avait travaillé avec
lui prit la direction des travaux de Bialystok. C'est lui, notamment, qui
46 VIE ARTISTIQUE EN POLOGNE
avait réalisé le boudoir de l'hôtel Branicki à Varsovie, en 1745. Les
sculptures y étaient l'œuvre de Redler de Varsovie. Nous avons cru,
parfois, que la gravure, souvent reproduite, du Jardin du Château de
Bialystok présentait un aspect quelque peu fantastique et que le jardin
ne contenait point autant de sculptures. Cependant, il ressort de la cor
respondance échangée entre Redler et Branicki que le sculpteur a exécuté
à Varsovie pour le parc de Bialystok plusieurs dizaines de statues au
cours des années 1750-1754. Ce sont des œuvres de lui qui décorent encore
le château des Potocki à Radzyn, à mi-chemin entre Varsovie et Bia
lystok, château construit vers 1755 par Jacques Fontána.
Nous savons que le hetman Branicki a fait jusqu'en 1750 de fréquents
séjours à Paris ; on a retrouvé dans ses archives l'inventaire de sa bibli
othèque qui contenait de nombreux traités français d'architecture du
xvne et xvine siècles. Il y avait, entre autres, quelques éditions des
« Cours d'Architecture » et « l'Architecture Française » de M. Blond el,
ainsi que les décorations d'intérieur et les décorations de jardins de
D. Marot. Nous savons aussi qu'en 1738 on prenait comme modèles
les gravures représentant la galerie de Girardon à Paris. Dans l'inven
taire de la Bibliothèque, dressé après la mort du hetman en 1772, on a
inscrit « le premier volume de l'architecture du goût contemporain de
Blondel )> ; mais sans aucun doute, ce volume se trouvait dans la Biblio
thèque bien avant cette date. Ces ouvrages français occupent la première
place, la seconde revenant à des publications italiennes, dont l'ouvrage
de Scamozzi sur l'architecture de Palladio. Ainsi se confirme l'hypothèse
relative à l'importante diffusion des grands recueils gravés. Les idées
étaient puisées en France ; mais un architecte varsovien, un sculpteur
varsovien et des artisans locaux leur ont conféré leur forme définitive.
Un autre mécène qui mérite l'attention, c'est le prince Auguste
Czartoryski. Son château de Pulawy est situé sur la Vistule à 100 km de
Varsovie. Le château fut construit, à partir de 1676, pour le prince Sta-
nislas-Héraclius Lubomirski par le même architecte, Tylman, qui a
transformé le château de Bialystok. La reconstruction en a été entreprise
dès 1720 par la veuve de Lubomirski et par sa fille, mariée en premières
noces au hetman Sieniawski.

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