Mesure de la production agricole sous l Ancien Régime - article ; n°4 ; vol.19, pg 625-642
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Mesure de la production agricole sous l'Ancien Régime - article ; n°4 ; vol.19, pg 625-642

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 625-642
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Ruwet
Mesure de la production agricole sous l'Ancien Régime
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 4, 1964. pp. 625-642.
Citer ce document / Cite this document :
Ruwet Joseph. Mesure de la production agricole sous l'Ancien Régime. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e
année, N. 4, 1964. pp. 625-642.
doi : 10.3406/ahess.1964.421193
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421193ENQUÊTES A OUVRIR
de la production agricole
sous l'Ancien Régime
Le blé en pays mosan.
Le sujet n'est pas neuf. Et cependant il n'a, jusqu'à présent, fait
l'objet d'aucune enquête systématique, même dans des cadres géogra
phiques limités à la région ou au village. Inutile de chercher un guide
méthodologique pour l'utilisation des données chiffrées dispersées dans
les archives : il n'en existe pas. Voilà des lacunes bien dommageables !
Et il est urgent d'en prendre conscience et de les combler. S 'inspirant de
l'exemple donné dans le domaine des prix et salaires, les historiens
devraient se mettre à rassembler tous les matériaux, au lieu de brûler
les étapes et de se contenter de raccourcis souvent approximatifs et
superficiels. Car il s'agit là d'un des aspects fondamentaux, d'un des
problèmes-clés de la vie dans les campagnes sous l'Ancien Régime.
Est-il besoin de rappeler que dans cette économie antérieure à la révolu
tion industrielle plus de la moitié de la population vit de l'agriculture ?
Que le volume de la production ne peut être indifférent dans la formation
des prix ? Que, dans la plupart des pays d'Europe occidentale, enfin,
l'élément primaire de cette production demeure le blé ? S'il faut sérier
les problèmes à résoudre par ordre d'urgence, et tel est bien le cas puisque
tout pratiquement reste à faire, c'est celui du volume des récoltes de blé
qui viendra forcément en tête.
Pour expliquer cette carence, on ne peut ni invoquer la nature de la
documentation, ni incriminer les sources. Les documents sur les céréales
récoltées et leurs quantités se révèlent variés et, relativement riches.
Mais voilà, ils ne s'imposent pas d'emblée à l'attention du chercheur qui
parcourt les inventaires d'archives.
Notre intention n'est ni de dresser une liste exhaustive de ces sources^
ni de proposer une méthode passe-partout pour l'élaboration des matériaux
réunis. Ceux-ci sont trop nombreux pour être déballés. Ils ne le sont
625
Annales (19* année, juillet-août, n° 4) 1 A NNALES
pas assez et ne couvrent pas encore Taire géographique souhaitée et la
période envisagée pour donner lieu à un travail définitif. En attendant,
on se contentera de quelques réflexions sur les sources, la méthode et les
résultats entrevus.
Les sources.
Il convient de distinguer deux grandes catégories de sources.
Dans la première seront rangées les sources directes, c'est-à-dire
tous les documents dressés par et pour les intéressés, qu'Us soient pro
priétaires-paysans ou simples exploitants. Ce sont les comptabilités
d'exploitations. Dans le cas d'exploitations affermées, elles semblent
exceptionnelles, plus rares en tout cas que les livres de raison conservés.
Car la plupart de ces livres de raison sont dus à des propriétaires et non
à des paysans locataires. Pour les fermes exploitées directement par le
propriétaire, on retrouve plus fréquemment des documents comptables.
Quelle est la basse-cour d'abbaye ou de château qui n'a pas fait l'objet
d'une comptabilité ? D'autre part, des biens tels que ceux de tutelle et
parfois aussi les douaires sont soumis à une surveillance spéciale. Les
garanties dont la gestion de la tutelle était entourée et qui visaient princ
ipalement à la conservation de l'avoir des mineurs, se traduisaient notam
ment par la tenue des comptes d'administration de ces biens. Non pas
un compte unique, général et définitif remis au moment où les tuteurs
déposaient leur charge. Dans le cours même de leur gestion ils devaient
en présenter le compte chaque année, ou tous les deux ans ou au moins
après chaque période triennale. Nulle part on ne dépassait ce dernier
terme \
D'utilisation plus délicate en raison des problèmes de critique autr
ement difficiles qu'elles posent, les sources indirectes ne sont pas, pour
autant, à négliger. Ces documents de nature fort diverse sont tous dressés
par des personnes qui ne sont pas les exploitants ou par des administrat
ions. Ils reposent sur la déclaration des intéressés ou sur des constats
dressés par des personnes privées ou assermentées.
On rangera sous cette rubrique tous les titres qui obligent le possesseur
d'un champ à partager avec un tiers les produits de sa culture. Les titres
les plus communs à l'époque moderne, qui ont abouti à la rédaction de
comptes de récoltes, sont les contrats de métayage. Ce terme recouvre
toutefois des réalités très différentes. Par souci de simplification, et au
risque de schématiser à outrance, on retiendra deux formes principales de
métayage. La première englobe tous les cas de risques et avantages
1. E. Defacqz, Ancien droit belgique, t. I, Bruxelles, 1846, pp. 458-526 ; J. Britz,
Code de Vancien droit belgique, t. II, Bruxelles, 1847, pp. 623-625, 846-857, 866-873.
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partagés par moitié 1. La seconde, plus diversifiée, groupe tous les contrats
qui ont en commun un point essentiel : est perçue comme montant du
loyer une quantité toujours plus petite que la moitié de la récolte *.
A côté du métayage, il faut faire une place au champart ou terrage 3.
Il donne au bénéficiaire le droit de prélever sur la récolte une part de
celle-ci invariable par région, et qui oscille aux environs de 10 % (en
Hainaut 13 %, en Artois 8 %) et est toujours libellée en nature. A la
même famille appartient l'épier. Il se rencontre en Flandre, dans le
Cambrésis, en Artois et en Flandre gallicante 4. Comme il a, en fait,
complètement disparu au XVIIIe siècle, il n'a pas été retenu dans cette
enquête, pas plus d'ailleurs que le champart, ignoré dans les régions
mosanes sur lesquelles portent nos investigations.
On passe momentanément sous silence la dîme, le droit qui vient en
premier lieu à l'esprit. Il en sera question plus à loisir dans un instant.
Les titres qui obligent le possesseur d'une terre à partager les produits
de la culture avec un tiers ne sont pas, tant s'en faut, les seuls à avoir
suscité des comptes de récoltes. Les domaines ecclésiastiques et princiers
exploités en régie ont laissé des traces chiffrées aussi précieuses. Le plus
bel exemple est fourni par la Prusse orientale. Les biens de l'Ordre
Teutonique, qui sécularisés deviennent domaine ducal, sont dans ce cas 5.
Leur intérêt vient précisément d'une aire géographique relativement
vaste : toute la Prusse orientale est virtuellement couverte. Les seuls cas
comparables découverts en Belgique sont ceux des bois domaniaux de
l'Hertogenwald e. Ils appartenaient, sous l'Ancien Régime, au souverain
en tant que Duc de Limbourg. La forêt de l'abbaye de Saint-Hubert,
une abbaye de Bénédictins instaUés dans l'Ardenne luxembourgeoise,
semble également avoir connu l'exploitation en régie 7.
Troisième sorte de sources indirectes : les documents fiscaux et les
déclarations des propriétaires ou possesseurs de terres destinées à la
confection de cadastres. Inutile de souligner le caractère épisodique de
ces données à l'époque moderne. Reflets d'une situation momentanée,
elles n'ont aucune périodicité et ne peuvent servir de base à l'étude d'une
1. Halbpacht, half pacht, halfwinne.
2. Garfpacht, Teilpacht.
3. Schoofrechl.
4. Gavenne, gaule, spyker, gave.
5. Ils ont été étudiés dans une thèse de doctorat présentée à la Faculté d'Agronomie
de l'Université Georges-Auguste de Gôttingen par M. Hans-Helmut WáCHTER (Ostpreus-
sische Domanenvorwerke im 16. und 17. Jahrhundert, dans Beihefte zum Jahrbuch der
Albertus-Universitàt Kônigsberg, Pr. XIX, Wiirzburg,

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