Méthodes expérimentales d évaluation des théories du risque.  - article ; n°3 ; vol.46, pg 939-949
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Méthodes expérimentales d'évaluation des théories du risque. - article ; n°3 ; vol.46, pg 939-949

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Description

Revue économique - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 3 - Pages 939-949
Experimental methods, economics and game theory : nunc est bibendum
This paper aims at answering a question about the development of experimental economics : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando ?. It offers a brief historical account of the emergence of an experimental tradition in economics and our own tentative explanation of this interesting episode in the history and sociology of science. It argues cogently for the effectiveness of laboratory experiments in game-theoretic situations.
La remise en cause des axiomes de von Neumann et Morgenstern justifie-t-elle que soient proposées de nouvelles théories du risque ? Une partie de la réponse dépend de la capacité des modèles nouveaux à décrire les comportements des individus comparativement à l'utilité espérée. Pour évaluer cette capa­cité, on distingue, dans cet article, trois méthodes expérimentales très différentes, que l'on analyse de façon critique.
On est conduit à substituer une vision locale de la rationalité dans le risque à la considération de performances globales des divers modèles de cette rationalité. On généralise ainsi le « paradoxe d'Allais », souvent interprété de façon incor­recte comme un « effet de conséquence commune ».
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bertrand Munier
Méthodes expérimentales d'évaluation des théories du risque.
In: Revue économique. Volume 46, n°3, 1995. pp. 939-949.
Abstract
Experimental methods, economics and game theory : "nunc est bibendum "
This paper aims at answering a question about the development of experimental economics : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur,
quomodo, quando ?. It offers a brief historical account of the emergence of an experimental tradition in economics and our own
tentative explanation of this interesting episode in the history and sociology of science. It argues cogently for the effectiveness of
laboratory experiments in game-theoretic situations.
Résumé
La remise en cause des axiomes de von Neumann et Morgenstern justifie-t-elle que soient proposées de nouvelles théories du
risque ? Une partie de la réponse dépend de la capacité des modèles nouveaux à décrire les comportements des individus
comparativement à l'utilité espérée. Pour évaluer cette capa-cité, on distingue, dans cet article, trois méthodes expérimentales
très différentes, que l'on analyse de façon critique.
On est conduit à substituer une vision locale de la rationalité dans le risque à la considération de performances globales des
divers modèles de cette rationalité. On généralise ainsi le « paradoxe d'Allais », souvent interprété de façon incor-recte comme
un « effet de conséquence commune ».
Citer ce document / Cite this document :
Munier Bertrand. Méthodes expérimentales d'évaluation des théories du risque. In: Revue économique. Volume 46, n°3, 1995.
pp. 939-949.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1995_num_46_3_409709Méthodes expérimentales
d'évaluation des théories du risque
Bertrand Munier*
La remise en cause des axiomes de von Neumann et Morgenstern justifie-
t-elle que soient proposées de nouvelles théories du risque ? Une partie de la
réponse dépend de la capacité des modèles nouveaux à décrire les comporte
ments des individus comparativement à l'utilité espérée. Pour évaluer cette capac
ité, on distingue, dans cet article, trois méthodes expérimentales très différentes,
que l'on analyse de façon critique.
On est conduit à substituer une vision locale de la rationalité dans le risque à
la considération de performances globales des divers modèles de cette rationalité.
On généralise ainsi le « paradoxe d 'Allais », souvent interprété de façon incor
recte comme un « effet de conséquence commune ».
Classification JEL : C91 , D81
INTRODUCTION
L'opinion selon laquelle l'expérimentation en matière de décision ne conduit
qu'à développer des « paradoxes », certes intéressants mais discutables et peu
utiles à l'acquisition de connaissances de portée générale, est largement répan
due. On se propose dans ce qui suit de montrer au contraire que l'outil expéri
mental est devenu un outil fondamental des sciences de la décision, dont les
sciences économiques comme les sciences de gestion peuvent se servir avec
profit. Dans le domaine précis abordé ici, on cherche à évaluer la portée descrip
tive des modèles de décision individuelle en avenir risqué de plusieurs façons,
que nous discuterons du point de vue méthodologique. On argumentera en
faveur de la méthode du « resserrement progressif », qui nous paraît la mieux
adaptée au programme de recherche appelé de ses vœux en diverses occasions
par Herbert Simon [1986, p. ex.]. On soutiendra la thèse que les nouveaux
modèles normatifs de décision face au risque correspondent davantage à la
nécessité de tenir compte de la diversité des situations de risque possibles aux
quelles chaque décideur peut avoir à faire face que de la diversité des décideurs
eux-mêmes.
* École normale supérieure de Cachan, GRID, URA CNRS n° 1419.
Je remercie Philippe Mongin et les participants à la séance du colloque de l' AFSE
pour leurs remarques constructives. Je reste seul responsable d'éventuelles erreurs.
939
Revue économique — vol. 46, n° 3, mai 1995, p. 939-949. Revue économique
INTERET ET LIMITES DES PARADOXES
EXPÉRIMENTAUX
Pendant près de trois siècles - de 1720 à 1985 environ -, les expériences sur
la décision dans le risque ont été essentiellement des « paradoxes », le mot dési
gnant ici, contrairement à la signification habituelle qu'il a en philosophie, une
simple mise en défaut d'une théorie acceptée jusque-là [D. Bernoulli [1738],
Allais [1953], [1979], Kahneman etTversky [1979]]. Ces expériences montrent
en général qu'une (ou plusieurs) paire(s) de points situés sur des bords opposés
du triangle de Marschak-Machina1 ne peuvent ni appartenir à une même courbe
d'indifférence ni être séparés par des courbes d'indifférence compatibles avec le
modèle d'utilité espérée, seul modèle testé par ces « paradoxes ».
Graphique 1 . L'effet de proportionnalité :
plus de 65 % des sujets préfèrent aàbet
b'àa'. Ni ab ni a'b'ne sauraient être des
lieux d'indifférence, lesquels sont vra
isemblablement du type de (I-,) et Sens de
préférence
croissante
Sur le graphique 1, on a pris l'exemple du « paradoxe de Bergen » ou « effet
de proportionnalité ». Le résultat expérimental constant est qu'environ les deux
tiers des personnes interrogées préfèrent a à b mais b' à a'. On peut en conclure
que les courbes d'indifférence passant respectivement par les points a, b, a',b',
tous sur les bords du triangle, ne sauraient être des droites qui soient toutes les
quatre parallèles, ce qui est en contradiction avec une fonctionnelle de préfé
rence de type utilité espérée. Mais il s'agit d'un résultat négatif, qui ne nous
apprend hélas ! rien sur la fonctionnelle qui décrirait mieux les choix observés
des sujets que celle de von Neumann-Morgenstem. On ne peut que lancer quel-
1. Le triangle utilisé par Marschak en 1950 puis par Machina dans les années quatre-
vingt représente toutes les loteries possibles à trois paiements fixes jcl5 x2, x3 ordonnés :
Xi<x2< x-$. L'axe des abscisses porte la probabilité pi du paiement xh l'axe des ordon
nées la probabilité p3 du paiement x3. Les côtés du triangle étant choisis égaux à l'unité,
tout point dans le triangle donne p2 comme la longueur du segment horizontal qui le
sépare de l'hypoténuse. En décrivant le triangle, on décrit ainsi visuellement toutes les
distributions possibles à supports fixes jq, x2, x$. Pour plus de détails sur l'usage de cette
représentation graphique pour expliciter les « paradoxes », voir Munier [1989].
940 Bertrand Munier
ques conjectures, invérifiables à partir de l'expérience en question, sur la forme
des courbes d'indifférence, qui pourraient ressembler aux courbes Ij et I2 du
graphique 1. Il est clair qu'un tel état de l'art ne pouvait satisfaire les cher
cheurs, avides de résultats plus positifs.
PORTÉE ET LIMITES DES TESTS COMPARATIFS DE MODÈLES
La remarque de Machina [1982] selon laquelle la plupart des violations
connues de l'axiome d'indépendance n'étaient pas de type quelconque, mais
semblaient suivre un processus systématique a peut-être été, du point de vue de
notre connaissance des choix en avenir risqué, aussi importante que le méta-
modèle lui-même qu'il a présenté alors. On assistera en effet, à compter de
1985, à un nouvel essor de la recherche expérimentale, qui va d'abord chercher
à tester, dans la globalité du tiangle, les modèles existants de choix face au ris
que.
Plusieurs modèles de traitement généralisé de l'utilité ont ainsi été comparés
à l'aide de protocoles expérimentaux, avec la conviction que ces comparaisons
produiraient indirectement aussi des connaissances positives sur les comporte
ments individuels face au risque. La voie fut ouverte par S.H. Chew et
W. Waller [1986], I.S. Currim et R.K. Sarin [1989], et J. Conlisk [1989]. Ils
furent suivis par R.C. Battalio, J.H. Kagel et J.K. Jiranyakul [1990], D.W. Har-
less [Harless, 1992], B. Sophe

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