Milieu économique et nouvelle industrialisation - article ; n°118 ; vol.30, pg 423-432
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Milieu économique et nouvelle industrialisation - article ; n°118 ; vol.30, pg 423-432

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Description

Tiers-Monde - Année 1989 - Volume 30 - Numéro 118 - Pages 423-432
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Bernard Pecqueur
Milieu économique et nouvelle industrialisation
In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 423-432.
Citer ce document / Cite this document :
Pecqueur Bernard. Milieu économique et nouvelle industrialisation. In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 423-432.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1989_num_30_118_3847MILIEU ÉCONOMIQUE
ET NOUVELLE INDUSTRIALISATION
par Bernard Pecqueur*
Les structures économiques mondiales subissent aujourd'hui de profonds
bouleversements qui se traduisent par une nouvelle géographie de l'espace
économique. Les hiérarchies établies entre régions riches et régions pauvres
sont remises en question et font apparaître des dynamiques industrielles originales
et inattendues tandis que les politiques économiques chargées de maîtriser ces
évolutions font aujourd'hui le constat de leur inefficacité relative.
Face à cette accélération des mutations aggravée par l'internationalisation
croissante des échanges, on cherchera ici à faire quelques hypothèses sur les
enjeux du passage qu'annonce la crise généralisée des régulations mises en
place ou constatées depuis près de quarante ans. Ce passage met en cause non
seulement l'organisation des systèmes productifs mais aussi leur inscription dans
l'espace économique. La vision hétéronome dominante postule une passivité de
l'espace. Nous montrerons qu'il existe une dynamique territoriale qui porte en elle
des bouleversements dans les modalités du développement économique.
Le discours sur l'espace économique est en crise (B. Pecqueur, 1986). La
théorie économique a produit successivement des discours sur l'espace négateur
de l'autonomie des territoires : le discours libéral qui homogénéise l'espace
modelé par les seuls prix de marché, la géographie volontaire de l'espace polarisé,
la vision marxiste de l'espace-monde lieu d'exercice de la loi de la valeur,
renvoient en fait au même paradigme de l'espace lieu indifférencié de l'accumul
ation capitaliste. Aucune de ces approches n'apporte d'explications satisfaisantes
aux mutations spatiales en cours.
CENTRALITÉ DES PÉRIPHÉRIES : L'ESPACE DES TERRITOIRES
Ainsi, les conceptions théoriques de l'espace économique vont évoluer. La
domination de lois de fonctionnement extérieures aux territoires (l'hétéronomie)
ne peut être le seul principe explicatif des modalités de développement. La
* iREP-Développement, Université des Sciences sociales de Grenoble.
Revue Tiers Monde, t. XXX, n» 118, Avril-Juin 1989 424 BERNARD PECQUEUR
théorie du développement « par en bas » (J. Friedman et C. Weaver, 1979;
W. Stohr et D. F. Taylor, 1981) abandonne le schéma centre-périphérie en
montrant que le économique est multiforme et adapté à chaque
territoire; c'est-à-dire que l'impulsion permettant le développement vient de
l'ensemble du tissu social et non de certains acteurs ou certaines fonctions
particulières.
Les effets d'entraînement ne sont pas niés mais ils n'ont pas principalement
d'origine exogène (relations input-output, stratégies mondiales des firmes multi
nationales). Ils résultent de l'affirmation des besoins locaux et se développent grâce
à la spécialisation et à la diversification régionales.
Le développement économique s'appuie sur une intensification des facteurs
rares locaux par les pme/pmi et non pas sur une du capital qui
permet une accumulation à l'échelle suprarégionale supportée par la grande
entreprise.
Cette problématique constitue une rupture importante par rapport aux concept
ions jusque-là admises de l'espace économique. La rupture consiste à changer
de regard sur l'espace en abandonnant l'idée d'une définition des mouvements de
localisation/délocalisation par la seule mécanique de l'hétéronomie qui s'impose
aux sites et aux acteurs. La notion de territoire prend forme à la condition
d'examiner le jeu des acteurs, de raisonner en termes de milieu économique et de
lier espace et développement.
Examiner le jeu des acteurs impose d'intégrer à l'analyse l'ensemble des
relations qui les lient sous forme de réseaux sans se limiter aux flux des biens
de service ou de monnaie. On peut en particulier distinguer les relations inst
itutionnelles formelles ayant pour but explicite de réguler les rapports entre
acteurs et les relations informelles qui n'ont pas d'objectif explicite de régulation
mais dont l'intensité joue un rôle important dans les stratégies des acteurs.
Ainsi, par exemple, les relations familiales sont importantes dans le processus de
création initial qui mobilise souvent les patrimoines familiaux.
Les composantes de la dynamique d'un territoire dépassent les variables
strictement économiques et intègrent donc les rapports sociaux et culturels au
sein d'un milieu économique complexe. La prise en considération globale d'un
milieu permet de mettre en valeur la capacité collective d'organisation et d'adapta
tion des acteurs aux contraintes externes. Lorsque les conditions d'organisation
du milieu sont favorables, on pourra parler d'externalités positives. La situation
inverse peut se produire lorsque les stratégies d'acteurs génèrent des tensions et
rendent impossible l'exercice d'une solidarité active, même si les dotations en
capital et en hommes paraissent favorables.
L'intervention du milieu économique dans l'analyse du développement permet,
au plan théorique, de lier l'espace et le développement et de faire intervenir les
caractéristiques spatiales d'un territoire comme variable explicative du déve
loppement.
Tout se passe comme si l'impulsion de développement ne provient plus
exclusivement d'une croissance donnée de l'extérieur mais d'un mode de synergie
qui puise ses racines au sein même des territoires. La vie d'un espace local résulte MILIEU ÉCONOMIQUE ET NOUVELLE INDUSTRIALISATION 425
ainsi d'une histoire, d'une culture et d'un jeu de confrontations de pouvoirs.
Le renversement théorique opéré par la prise en compte de la variable terri
toriale en obligeant à une relecture des dynamiques spatiales se prolonge concrè
tement par l'observation de phénomènes concrets. M. Brutti (1982) parle de
« nouvelle centralité » des économies locales. C'est donc à la périphérie des zones
traditionnellement industrialisées que se sont développés spontanément des espaces
d'industrialisation diffuse sur un modèle original où dominent les petites et
moyennes entreprises. Ces zones dont le développement n'est pas tiré par une
entreprise leader ont relativement bien résisté à la crise et l'on trouve même des
espaces d'industrialisation diffuse qui se créent depuis 1975, en réaction à la crise
(J.-P. Houssel, 1984). Ce mode d'industrialisation s'oppose au processus géné
ralement constaté depuis la révolution industrielle; c'est-à-dire qu'il se fonde
sur une déconcentration de l'activité productive en de multiples unités indépen
dantes et de faible dimension. Cet émiettement s'accompagne d'un relâchement
des normes de contrôle social du processus de travail. Alors que l'accumulation
s'accompagne dans les zones traditionnellement fortement industrialisées d'une
discipline du travail qui tend à codifier le rapport salarial dans des normes rigides,
l'industrialisation diffuse se développe dans les marges de relâchement de la en utilisant une gamme de moyens qui va de l'atelier taylorisé au
travail à domicile et même au travail clandestin.
L'industrialisation diffuse n'est pas seulement un état de fait, c'est surtout
un processus. Ce phénomène consiste en un passage, une mutation. Ce mode de
diffusion industrielle est apparu dans des zones à prépondérance agricole qui
avaient conservé une forte densité de population active jeune. L'Italie « du
milieu » située entre le Mezzogiorno et l'Italie du Nord, va bénéficier dès les
années 1950 de conditions favorables au développement d'initiatives individuelles
(C. Muscara, 1967). L'ouverture internationale des échanges et une grande
disponibilité en main-d'œuvre seront des facteurs stimulants qui vont se comb

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