Mode et dispersion de la durée de vie - article ; n°1 ; vol.56, pg 183-197

V. Kannisto

Description

Population - Année 2001 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 183-197
Kannisto Vaino - Mode et dispersion de la durée de vie Le mode est à la fois une mesure naturelle de la longévité et une bonne base pour mesurer sa dispersion Les données empiriques montrent que lorsque l'on construit le symétrique à gauche de la distribution des décès observée à droite du mode, le résultat approche de pres une courbe normale déjà postulée par Lexis Quand le mode se déplace vers des âges plus élevés, la dispersion au-delà du mode se réduit régulièrement Les indicateurs donnant l'intervalle d'âge dans lequel survient une proportion donnée de l'ensemble des décès prouvent que la transition d'un haut à un bas niveau de mortalité s'accompagne d'une compression massive qui finit par ralentir
Kannisto Vaino - Moda y dispersion de la esperanza de vida La moda es a la vez una medida natural de la longevidad y una buena base para medir su dispersion Los datos empincos muestran que cuando la distnbucion de defunciones obser- vada a la derecha de la moda se reproduce simetncamente a la îzquierda, la distnbución se aproxima a la curva normal postulada por Lexis Cuando la moda se desplaza hacia edades mas elevadas, la dispersion alrededor de la moda se reduce de forma regular Los indicadores que dan el mtervalo de edad hasta el cual sobrevive una proporción determinada de individuos muestran que la disminución de la mortahdad va acompaôada de una compresión masiva, pero progresivamente menos acentuada, de la edad al monr
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 2001
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Vaïno Kannisto
Mode et dispersion de la durée de vie
In: Population, 56e année, n°1-2, 2001 pp. 183-197.
Résumé
Kannisto Vaino - Mode et dispersion de la durée de vie Le mode est à la fois une mesure naturelle de la longévité et une bonne
base pour mesurer sa Les données empiriques montrent que lorsque l'on construit le symétrique à gauche de la
distribution des décès observée à droite du mode, le résultat approche de pres une courbe normale déjà postulée par Lexis
Quand le mode se déplace vers des âges plus élevés, la dispersion au-delà du mode se réduit régulièrement Les indicateurs
donnant l'intervalle d'âge dans lequel survient une proportion donnée de l'ensemble des décès prouvent que la transition d'un
haut à un bas niveau de mortalité s'accompagne d'une compression massive qui finit par ralentir
Resumen
Kannisto Vaino - Moda y dispersion de la esperanza de vida La moda es a la vez una medida natural de la longevidad y una
buena base para medir su Los datos empincos muestran que cuando la distnbucion de defunciones obser- vada a la
derecha de la moda se reproduce simetncamente a la îzquierda, la distnbución se aproxima a la curva normal postulada por
Lexis Cuando la moda se desplaza hacia edades mas elevadas, la dispersion alrededor de la moda se reduce de forma regular
Los indicadores que dan el mtervalo de edad hasta el cual sobrevive una proporción determinada de individuos muestran que la
disminución de la mortahdad va acompaôada de una compresión masiva, pero progresivamente menos acentuada, de la edad al
monr
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Kannisto Vaïno. Mode et dispersion de la durée de vie. In: Population, 56e année, n°1-2, 2001 pp. 183-197.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_2001_num_56_1_7253Mode et dispersion
de la durée de vie
Vainô KANNISTO*
Les changements qui caractérisent la phase actuelle de l'évolution de
la mortalité - qu'on appelle l'ère du vieillissement différé - se mesurent
généralement au moyen de variables telles que les taux de mortalité par
âge, l'espérance de vie à la naissance ou à tout autre âge, et la probabilité
de décès ou de survie, pour n'en citer que quelques-unes. Cependant, on
n'a encore trouvé aucune mesure synthétique qui fasse l'unanimité. L'in
convénient des mesures actuellement utilisées est que, pour être spéci
fiques au vieillissement, elles exigent d'imposer de manière arbitraire des
limites d'âge.
L'espérance de vie à la naissance, qui joue un rôle fondamental dans
la description de la mortalité, convient très mal à l'objet de notre étude
parce qu'elle est largement tributaire d'événements survenus pendant l'en
fance et la jeunesse. Un jeune de plus qui échappe à la mort peut ajouter
60 à 80 ans au numérateur de la fraction, alors qu'une vie sauvée chez une
personne âgée n'en ajoute que quelques-unes. Même un observateur attent
if d'une série chronologique sur l'espérance de vie à la naissance aura du
mal à discerner les différentes phases de transition et ne va très probable
ment pas remarquer le passage au stade actuel.
En revanche, la durée modale de la vie constitue une bonne base pour
l'observation de la survie jusqu'à la vieillesse et de la longévité. Son util
isation se justifie, au niveau conceptuel, dans la mesure où elle traduit la
durée de vie la plus courante, ou la plus caractéristique, sous un régime de
mortalité donné, et n'est affectée par aucune limite d'âge arbitraire. Bien
qu'elle ne soit que peu utilisée dans la démographie contemporaine, elle
était beaucoup plus prisée par le passé.
Lexis divisait la distribution des durées de vie (d(x) dans une table
de mortalité) en trois parties : (1) une courbe en J suivant immédiatement
* Institut Max Planck de recherche démographique, Rostock (Allemagne) L'auteur
exprime sa gratitude à A R Thatcher, J W Vaupel et S Horiuchi pour leurs précieux comment
aires et suggestions
Traduit par Charles Schelhngs.
Population Biodémographie de la longévité, 56 (1 -2), 2001 , 1 83-1 98 184 V. Kannisto
la naissance, révélatrice de défauts de constitution chez l'individu; (2) une
courbe normale autour du mode en fin de vie et (3) la zone intermédiaire
représentant les décès prématurés imputables à des circonstances excep
tionnelles ou à des influences externes. Dans la zone de recouvrement
entre (2) et (3), il attribuait une fraction des décès - déclinante avec
l'âge - à des circonstances anormales responsables de décès prématurés.
Le reste de la distribution (2) représentait donc la durée de vie typique ou
naturelle, suivant la «loi des erreurs» (Lexis, 1877). La courbe de la
hgure 1 pour la période 1881-1890 donne une représentation approximat
ive de la conception que Lexis avait des choses, tandis que la courbe pour
1991-1995 reproduit la situation telle qu'elle se présente généralement
dans les populations à faible mortalité. Le mode en hn de vie est beaucoup
plus prononcé maintenant - il correspond à beaucoup plus de personnes -
et se situe à un âge un peu plus élevé. L'espérance de vie à la naissance
s'est déplacée vers la droite, et s'est rapprochée du mode.
Lexis avait remarqué qu'au-delà de l'âge de 60 ans, les courbes de
mortalité observées correspondaient asse/ bien aux estimations théoriques
basées sur une durée de vie normale allant de 67 ans pour les hommes
belges à 75 ans pour les femmes norvégiennes et suédoises et une erreur
probable de six ou sept années. Or, il n'y avait qu'en Norvège que le
groupe suivant la loi normale englobait plus de la moitié de la population
totale (Lexis, 1877, p. 41-64).
Ultérieurement, Lexis calcula à partir de données du début des an
nées 1880 que la durée naturelle de la vie se situait entre 70 et 72,5 ans
dans les pays d'Europe centrale, à 75 ans en Suède et à 78 ans en Norvège
(Lexis, 1903, p. 112-116).
L'exemple fut suivi par Ballod qui constata qu'en Allemagne, la du
rée normale de vie était de 68 ans dans les villes, 73 ans en zone rurale et
77-78 ans dans les regions les plus agricoles. Il estimait que la « durée de
vie idéale » ne pouvait guère dépasser 80 ans (Ballod, 1899, p. 57-58). On
notera que ces auteurs ne considéraient pas la durée de vie normale au
sens strictement biologique du terme, mais qu'ils tenaient compte des dif
férences résultant de l'environnement.
Dans la même ligne, Dublin imagina une « table de mortalité
hypothétique » d'après les conditions « sur le point d'être atteintes » dans
les années 1920 et situa le mode de fin de vie entre 75 et 80 ans (Dublin,
1923, p. 191).
Une autre démarche visant à déterminer la durée de vie normale ou
accessible consiste à séparer les causes de décès en causes évitables et
causes inévitables. Les travaux incontestablement les plus connus et les
meilleurs sont ceux de Bourgeois-Pichat (1952) sur la division des causes
de la mort en causes endogènes et causes exogènes. Si ses travaux ont jeté
un nouvel éclairage sur la question, la distinction proposée posait pro
blème dans la mesure où un décès peut être le résultat de l'interaction de
causes à la fois endogènes et exogènes (Gavnlov et Gavnlova, 1991, '
Mode et dispersion de la durée de vie 185
5000
4000 1881-1890
Mode
3000
2000 —
1000 —
40 80 100
Âge en années
5000
4000 —
— 3000
— 2000
— 1000
Figure 1 .- Répartition des durées de vie féminines avant et après
un siècle de transition en Finlande
p. 107-110). Pour ajouter un exemple à ceux donnés par ces auteurs, les
accidents sont généralement considérés comme des causes parmi les plus
exogènes qui soient; pourtant, les chutes accidentelles des personnes 186 V. Kannisto
âgées sont généralement dues à leur âge. Par ailleurs, on peut difficilement
étendre la méthode de Bourgeois-Pichat aux âges les plus élevés en raison
d'un manque de données. Suivant une recommandation de l'Organisation