Modèles monétaristes de l hyperinflation - article ; n°129 ; vol.33, pg 113-136
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Description

Tiers-Monde - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 129 - Pages 113-136
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Kremer
Ali Bouhaili
Modèles monétaristes de l'hyperinflation
In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°129. La fin des hyperinflations en Amérique latine. pp. 113-136.
Citer ce document / Cite this document :
Kremer Gérard, Bouhaili Ali. Modèles monétaristes de l'hyperinflation. In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°129. La fin des
hyperinflations en Amérique latine. pp. 113-136.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1992_num_33_129_4676MONÉTARISTES MODÈLES
DE L'HYPERINFLATION
par Gérard Kremer* et Ali Bouhaili**
On peut dire des périodes hyperinflationnistes ce que R. J. Barro
(1984) écrit à propos de l'Allemagne des années vingt : elles ressem
blent étrangement à des expériences de laboratoire qui permettent
d'étudier les effets des variations du taux de croissance de la masse
monétaire et de l'inflation à des niveaux très élevés. Ces situations ont
fasciné les économistes monétaristes en raison de la prégnance appa
rente du lien entre l'élargissement du déficit budgétaire, son finance
ment par création monétaire et la hausse vertigineuse des prix. Les
hyperinflations de l'entre-deux-guerres ont ainsi constitué un terrain
privilégié de tentatives théoriques de validation des thèses monétaristes
et de leurs recommandations en matière de politique de lutte contre
l'inflation. Le contraste est pourtant frappant entre l'apparente simpli
cité du diagnostic monétariste sur l'origine du phénomène hyperinfla-
tionniste et la difficulté à rendre compte des conditions de sa dispari
tion, certains auteurs (Dornbusch et Fischer, 1986) n'hésitant pas à
qualifier la fin de certaines hyperinflations de mystérieuse.
L'échec des politiques d'ajustement dans les pays semi-industrialisés
fortement endettés depuis le début des années quatre-vingt sous l'égide
du FMI et la mise en œuvre de politiques hétérodoxes en Israël, en Argent
ine et au Brésil en 1985 et 1986 ont, pour un temps, et malgré l'épisode
de la stabilisation bolivienne (cf. Sachs, 1986), mis en doute la capacité
du monétarisme à rendre compte de la crise de ces économies. Toute-
• Economiste, membre du greitd.
** Enseignant, Université de Paris XIII, membre du greitd.
Revue Tiers Monde, t. XXXIII, n° 129, janvier-mars 1992 114 Gérard Kremer et Ali Bouhaili
fois, les théorisations récentes des politiques hétérodoxes se sont pour
l'essentiel effectuées dans le cadre des thèses monétaristes, et invitent à
une réévaluation de la nature des analyses qui ont fondé les politiques
dites hétérodoxes. L'échec de ces dernières rend plus urgent encore un
examen de leur véritable fondement.
Cet article s'inscrit dans cette démarche en tentant de caractériser
les diverses versions du modèle monétariste appliqué aux situations
hyperinflationnistes. Notre analyse distingue trois générations de
modèles en fonction des politiques de stabilisation sur lesquelles ils
débouchent. Nous nous intéresserons d'abord à l'analyse de Cagan,
pour deux raisons :
1 / elle constitue la référence « obligée » de toutes les versions suivantes
du modèle quantitativiste qui intègrent la fonction de demande de
monnaie utilisée par cet auteur ;
2 / l'article de Cagan (1956) s'inscrit dans le mouvement de
tion, conduit par Friedman (1956), de la tradition monétariste de
l'école de Chicago ; dans ces conditions, la thèse de Cagan constitue
davantage une illustration de la pertinence de cette nouvelle version
— dont nous montrerons qu'il s'agit, sous certains aspects, d'une
régression par rapport aux économistes quantitativistes de l'école de
Chicago des années trente et quarante — qu'une tentative de saisir la
dynamique hyperinflationniste1.
La seconde génération de modèles monétaristes, caractérisée par
l'introduction des anticipations rationnelles (Sargent et Wallace, 1973 ;
Sargent, 1977), se développe dans un environnement théorique diffé
rent, marqué par le débat sur les politiques de lutte contre l'inflation
dans les pays capitalistes développés au cours des années soixante-dix ;
l'objectif est alors de montrer, en s'appuyant sur les expériences hyper-
inflationnistes, qu'une politique d'équilibre budgétaire et de limitation
de l'émission monétaire est la plus apte à ramener la stabilité à un
coût substantiellement inférieur au sacrifice ratio évoqué à propos de
l'économie américaine et défini par la perte de production résultant de
la réduction d'un point du taux d'inflation. Les hyperinflations de l'en-
tre-deux-guerres sont censées prouver l'absence de trade-off entre pro
duction et réduction de l'inflation et conforter ainsi la thèse de l'ind
épendance entre les sphères réelle et monétaire. Bien que l'hypothèse
1. Cagan (1956) observe que l'hyperinflation offre l'opportunité unique d'étudier les phénomènes
monétaires : « Relations between monetary factors can be studied (therefore), in what almost amount
to isolation from the real sector of the economy. » Modèles monétaristes de l'hyperinflation 115
des anticipations rationnelles se traduise par des recommandations de
politique économique sensiblement différentes de celles qu'impliquaient
les modèles de la première génération, elles restent fondamentalement
orthodoxes.
Il en va différemment des modèles monétaristes récents qui s'effor
cent de fournir une justification a posteriori des plans de stabilisation
dits hétérodoxes appliqués depuis 1985 successivement en Israël, en
Argentine et au Brésil. La principale caractéristique de ces modèles est
de démontrer à travers l'existence d'équilibres inflationnistes
multiples :
1 / l'insuffisance des politiques orthodoxes, voire même leurs effets
néfastes ;
2 / la pertinence des hétérodoxes — contrôle des prix, gel du
taux de change, notamment — couplées à des mesures d'inspiration
plus libérales — réduction du déficit budgétaire, contrôle de l'émis
sion monétaire.
Si ces tentatives théoriques constituent incontestablement une
avancée par rapport aux modèles de Cagan et de Sargent et Wallace,
elles ne fournissent pas plus que ceux-là une explication de l'hyperin
flation en ce qu'elles ne parviennent pas à saisir la nouvelle dynamique
née de l'irruption au début des années quatre-vingt de la crise de
l'endettement dans les économies semi-industrialisées. La fréquentation
du monétarisme, dans sa version « hyperinflationniste », laisse d'abord
un sentiment de perplexité quant à l'objet traité dans les divers
modèles, c'est-à-dire l'hyperinflation elle-même : lorsqu'une définition
en est donnée, elle est purement quantitative, ce qui ne saurait sur
prendre a priori — cf. la célèbre définition fournie par Cagan selon
laquelle l'hyperinflation commence lorsque le taux de croissance mens
uel des prix dépasse 50 % et s'achève très précisément le mois précé
dant celui à partir duquel la hausse tombe sous la barre des 50 %
pour au moins une année ! Chez les autres auteurs le problème est
considéré comme résolu, à l'exception notable des tenants des équili
bres multiples dont les modèles définissent implicitement l'hyperinfla
tion comme une... indétermination du niveau des prix — nous revien
drons sur ce paradoxe plus loin ; dans ces modèles seuls sont analysés
les équilibres d'inflation élevée opposés aux équilibres de faible infla
tion (cf. Bruno, 1989). 116 Gérard Kremer et Ali Bouhaili
I - LE MODÈLE DE CAGAN
L'objet de l'article « fondateur » de Cagan (1956) est de montrer qu'en
période d'hyperinflation, c'est-à-dire dans des situations apparemment
très instables, il est possible de modéliser les comportements de demande
d'encaisses réelles à l'aide d'une fonction de demande de monnaie stable.
Les agents privés ne maîtrisent pas, par hypothèse, le montant nomi
nal de monnaie en circulation dans l'économie déterminé de manière <

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