Nicaragua 1979-1989 : un programme socialiste utopique ? - article ; n°2 ; vol.22, pg 129-157
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1991 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 129-157
Analyser l'organisation économique du Nicaragua dans le cadre d'une réflexion sur les petits pays socialistes peut paraître contradictoire à deux égards : d'abord parce que le FSLN (Front sandiniste de libération nationale) a subi une défaite électorale et ensuite parce que le régime instauré par le FSLN (1989-1990) n'était pas assimilable aux systèmes socio-économiques de l'U.R.S.S., de l'Europe de l'Est et même de Cuba.
Cependant, du fait que le projet sandiniste voulait s'ériger en contre-modèle viable du système de dépendance capitaliste en vigueur dans la région et que son orientation était implicitement (voire explicitement dans certains discours) socialiste, il est justifié d'insérer l'expérience économique nicaraguayenne dans une étude sur le socialisme, compris en son sens le plus large comme la recherche et l'application de nouveaux systèmes d'organisation sociale.
L'analyse comporte deux parties. La première explore les projets de transformation socio-économique, en s'efforçant d'évaluer ce qu'ils ont d'original, leur aptitude à induire des changements et leurs analogies avec les autres projets socialistes. La seconde est consacrée aux résultats obtenus et à leurs divergences par rapport aux projets initiaux. Nous identifions les causes externes et internes des divergences observées qui sont sans doute, en dernière analyse, responsables de la défaite électorale.
Nicaragua 1979-1989 : an Utopian programme for socialism ?
An analysis of Nicaragua's economic organization, within the framework of a study of small socialist countries may seem like a contradiction in terms from two points of view : firstly, because the S.N.L.F. (the Sandinista National Liberation Front) was defeated at the elections, and secondly, because the system introduced by the S.N.L.F. (1989-1990) was not compatible with the socio-economic systems of the USSR, Eastern Europe, or even Cuba.
However, the fact that the Sandinista experiment was aimed at acting as a viable counter-model to two systems of capitalist dependence operating in the region, and that it was implicitly (and indeed explicitly, according to some statements) socialist in orientation, justifies the inclusion of the Nicaraguan economic experiment in a study on socialism, including in its broadest sense of research and implementation of new systems of social organization.
The study is in two parts. The first examines projects for socio-economic change, and tries to evaluate whatever elements of originality they may contain for example, how fitted they are to engendering change, and in what way they resemble other socialist projects. The second part is concerned with the results that have been obtained, and how far these diverge from the initial projects. We are able to identify external and internal causes of these divergences and which are doubtless, in the final analysis, responsible for the electoral defeat.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Benjamin Bastida
Maria Teresa Virgili
Nicaragua 1979-1989 : un programme socialiste utopique ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 22, 1991, N°2. pp. 129-157.
Citer ce document / Cite this document :
Bastida Benjamin, Virgili Maria Teresa. Nicaragua 1979-1989 : un programme socialiste utopique ?. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 22, 1991, N°2. pp. 129-157.
doi : 10.3406/receo.1991.1505
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1991_num_22_2_1505Résumé
Analyser l'organisation économique du Nicaragua dans le cadre d'une réflexion sur les petits pays
socialistes peut paraître contradictoire à deux égards : d'abord parce que le FSLN (Front sandiniste de
libération nationale) a subi une défaite électorale et ensuite parce que le régime instauré par le FSLN
(1989-1990) n'était pas assimilable aux systèmes socio-économiques de l'U.R.S.S., de l'Europe de l'Est
et même de Cuba.
Cependant, du fait que le projet sandiniste voulait s'ériger en contre-modèle viable du système de
dépendance capitaliste en vigueur dans la région et que son orientation était implicitement (voire
explicitement dans certains discours) socialiste, il est justifié d'insérer l'expérience économique
nicaraguayenne dans une étude sur le socialisme, compris en son sens le plus large comme la
recherche et l'application de nouveaux systèmes d'organisation sociale.
L'analyse comporte deux parties. La première explore les projets de transformation socio-économique,
en s'efforçant d'évaluer ce qu'ils ont d'original, leur aptitude à induire des changements et leurs
analogies avec les autres projets socialistes. La seconde est consacrée aux résultats obtenus et à leurs
divergences par rapport aux projets initiaux. Nous identifions les causes externes et internes des observées qui sont sans doute, en dernière analyse, responsables de la défaite électorale.
Abstract
Nicaragua 1979-1989 : an Utopian programme for socialism ?
An analysis of Nicaragua's economic organization, within the framework of a study of small socialist
countries may seem like a contradiction in terms from two points of view : firstly, because the S.N.L.F.
(the Sandinista National Liberation Front) was defeated at the elections, and secondly, because the
system introduced by the S.N.L.F. (1989-1990) was not compatible with the socio-economic systems of
the USSR, Eastern Europe, or even Cuba.
However, the fact that the Sandinista experiment was aimed at acting as a viable counter-model to two
systems of capitalist dependence operating in the region, and that it was implicitly (and indeed explicitly,
according to some statements) socialist in orientation, justifies the inclusion of the Nicaraguan economic
experiment in a study on socialism, including in its broadest sense of research and implementation of
new systems of social organization.
The study is in two parts. The first examines projects for socio-economic change, and tries to evaluate
whatever elements of originality they may contain for example, how fitted they are to engendering
change, and in what way they resemble other socialist projects. The second part is concerned with the
results that have been obtained, and how far these diverge from the initial projects. We are able to
identify external and internal causes of these divergences and which are doubtless, in the final analysis,
responsible for the electoral defeat.Nicaragua 1979-1989 :
un programme socialiste utopique ?
Benjamin BASTIDA
et Maria Teresa VIRGILI*
Analyser l'organisation économique du Nicaragua dans le cadre d'une
réflexion sur les petits pays socialistes peut paraître contradictoire à deux
égards : d'abord parce que le FSLN (Front Sandiniste de Libération
Nationale) a subi une défaite électorale et ensuite parce que le régime
instauré par le FSLN (1989-1990) n'était pas assimilable aux systèmes
socio-économiques de l'U.R.S.S., de l'Europe de l'Est et même de Cuba.
Cependant, du fait que le projet sandiniste voulait s'ériger en contre-
modèle viable du système de dépendance capitaliste en vigueur dans la
région et que son orientation était implicitement (voire explicitement dans
certains discours) socialiste, il est justifié d'insérer l'expérience économi
que nicaraguayenne dans une étude sur le socialisme, compris en son sens
le plus large comme la recherche et l'application de nouveaux systèmes
d'organisation sociale.
L'analyse comporte deux parties. La première explore les projets de
transformation socio-économique, en s'efforçant d'évaluer ce qu'ils ont
d'original, leur aptitude à induire des changements et leurs analogies avec
les autres projets socialistes. La seconde est consacrée aux résultats obtenus
et à leurs divergences par rapport aux projets initiaux. Nous identifions les
causes externes et internes des divergences observées qui sont sans doute,
en dernière analyse, responsables de la défaite électorale.
I. LES PROJETS DE TRANSFORMATION SOCIO-ÉCONOMIQUE
Le programme de transformation socio-économique et politique du
Nicaragua contient quatre volets qui forment un tout cohérent : économie
* Université de Barcelone. Cet article s'inspire d'une communication au IVe Congrès
mondial d'études soviétiques et est-européennes, Harrogate (Grande-Bretagne),
21-26 juillet 1990, dans le cadre du panel intitulé : « What about economic reforms in
small socialist countries ? », sous la direction de Vladimir Andreff.
129 Bastida et Maria Teresa Virgili Benjamin
mixte, pluralisme politique, non-alignement (diversification de la dépen
dance) et démocratie de participation1. Parmi eux, ce sont l'économie
mixte et le non-alignement (ou diversification de la dépendance) qui
méritent un examen plus approfondi.
1.1. Économie mixte
Durant les dix années qu'a duré la révolution, trois grands secteurs
économiques ont coexisté, à savoir : 1) le secteur de la propriété publique
(Area propiedad del pueblo, A.P.P.) qui fondamentalement était géré par
l'État ; 2) les grandes firmes privées (essentiellement des exportateurs de
produits agricoles) et 3) le groupe des petites et moyennes entreprises.
Chacun de ces secteurs contribuait dans des proportions assez proches au
PIB : 40 % pour l'A.P.P., 30 % pour les grandes entreprises privées et 30 %
pour les P.M.E. En termes de PIB public et privé, la proportion était de
40-60%. Ajoutons que le secteur incluait le Système financier
national (nationalisé) et le commerce extérieur (monopole d'État), ces deux
institutions faisant à la fois la force et la faiblesse du modèle comme on le
verra plus loin (Tableau I ; voir Annexe).
Notons également qu'après la prise du pouvoir par les Sandinistes, il n'y
a pas eu d'expropriations forcées pour constituer l'A.P.P, même dans le
cadre du Système financier national ou du monopole du commerce
extérieur. Dans la majorité des cas, il ne s'est agi que d'une simple
appropriation de la terre, des industries et des entreprises de services
appartenant à Somoza et à ses partisans et qu'ils ont abandonnées lors
qu'ils se sont enfuis. Ces biens ont été versés au secteur de la propriété
publique.
1.2. Diversification des relations économiques (et politiques) internationales
A l'instar des autres pays d'Amérique centrale, depuis qu'ils se sont
libérés de la domination espagnole, les relations économiques international
es du Nicaragua se caractérisaient par leur dépendance à l'égard des
États-Unis2. Il est inutile de décrire ce modèle de qui s'est
encore renforcé tout au long du règne de Somoza.
1. Xabier Gorostiaga, « Economia mixta y Revolucion sandinista », Polèmica, n° 21,
1986 (Costa Rica).
2. Dans le cas du Nicaragua, il faut également mentionner l'influence britannique sur
la côte atlantique durant les premières années du xxe siècle.
130 Nicaragua 1979-1989
Après leur victoire, les Sandinistes ont tenté de diversifier leurs relations
économiques avec Poutre-mer. Il était prévu de maintenir les forts courants
d'échanges avec les États-Unis (20 %) — il n'était nullement question de les
interrompre comme on en a parfois accusé le nouveau régime (ce dernier
voulait simplement réduire l'excessive dépendance du pays, estimée à
60%) — et d'amorcer des relations avec d'autres régions du monde,
notamment la CEE, le Canada

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