Nomades « sauvages » et paysans « civilisés» : WoDaaBe et Kanuri au Borno - article ; n°1 ; vol.55, pg 53-74
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Nomades « sauvages » et paysans « civilisés» : WoDaaBe et Kanuri au Borno - article ; n°1 ; vol.55, pg 53-74

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Description

Journal des africanistes - Année 1985 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 53-74
Abstract How is the nomadic Peul, WoDaaBe, «ethnic personality», as M. Dupire called it in 1962, manifested ? What are the key elements or «representations» within the system of communication, in the multiethnic society of Borno (eastern Niger and northeaster Nigeria) ? This paper describes ethnic relations between «wild» nomads and «civilized» farmers and townspeople. WoDaaBe and Kanuri ethnic elements are described, from facial tatoos to hair styles, costumes, jewelry, tools and habitat. The dichotomy between these two ethnic groups is enlarged into a trilogy including WoDaaBe (true nomads), Fulani (Muslim sedentary people) and Kanuri (farmers). The article tries to explain the relationship between what the author calls the «cultural archaism» of the WoDaaBe, their identity and their fight for the economic and political rights, to continue ngaynaako, nomadic life.
Résumé Comment se manifeste la véritable «personnalité ethnique» (selon les terme de M. Dupire) des vrais Peuls nomades WoDaaBe ? Quels éléments ou représentations en sont la clef dans le système de communications, dans le cadre de la société pluri-ethnique du Borno, au Niger et en Nigeria ? L'article décrit les relations interethniques entre les nomades soi-disant «sauvages» et les agriculteurs et citadins «civilisés». Les éléments ethniques woDaaBe et kanuri sont décrits, depuis les cicatrices et tatouages faciaux, les costumes et les bijoux, jusqu'aux outils et au mode de vie. La dichotomie entre ces deux groupes est ensuite élargie à une trilogie comprenant les WoDaaBe (vrais nomades), les Fulani (Peuls musulmans sédentarisés) et les Kanuri (paysans). L'auteur essaie d'expliquer le rapport existant entre ce qu'elle appelle «archaïsme culturel» des WoDaaBe et leur identié, leur combat pour leurs droits économiques et politiques aujourd'hui, et pous continuer ngaynaako, la vie nomade.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Bovin
Nomades « sauvages » et paysans « civilisés» : WoDaaBe et
Kanuri au Borno
In: Journal des africanistes. 1985, tome 55 fascicule 1-2. pp. 53-74.
Abstract How is the nomadic Peul, WoDaaBe, «ethnic personality», as M. Dupire called it in 1962, manifested ? What are the key
elements or «representations» within the system of communication, in the multiethnic society of Borno (eastern Niger and
northeaster Nigeria) ? This paper describes ethnic relations between «wild» nomads and «civilized» farmers and townspeople.
WoDaaBe and Kanuri ethnic elements are described, from facial tatoos to hair styles, costumes, jewelry, tools and habitat. The
dichotomy between these two ethnic groups is enlarged into a trilogy including WoDaaBe (true nomads), Fulani (Muslim
sedentary people) and Kanuri (farmers). The article tries to explain the relationship between what the author calls the «cultural
archaism» of the WoDaaBe, their identity and their fight for the economic and political rights, to continue ngaynaako, nomadic life.
Résumé Comment se manifeste la véritable «personnalité ethnique» (selon les terme de M. Dupire) des vrais Peuls nomades
WoDaaBe ? Quels éléments ou représentations en sont la clef dans le système de communications, dans le cadre de la société
pluri-ethnique du Borno, au Niger et en Nigeria ? L'article décrit les relations interethniques entre les nomades soi-disant
«sauvages» et les agriculteurs et citadins «civilisés». Les éléments ethniques woDaaBe et kanuri sont décrits, depuis les
cicatrices et tatouages faciaux, les costumes et les bijoux, jusqu'aux outils et au mode de vie. La dichotomie entre ces deux
groupes est ensuite élargie à une trilogie comprenant les WoDaaBe (vrais nomades), les Fulani (Peuls musulmans sédentarisés)
et les Kanuri (paysans). L'auteur essaie d'expliquer le rapport existant entre ce qu'elle appelle «archaïsme culturel» des
WoDaaBe et leur identié, leur combat pour leurs droits économiques et politiques aujourd'hui, et pous continuer ngaynaako, la
vie nomade.
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Bovin M. Nomades « sauvages » et paysans « civilisés» : WoDaaBe et Kanuri au Borno. In: Journal des africanistes. 1985,
tome 55 fascicule 1-2. pp. 53-74.
doi : 10.3406/jafr.1985.2086
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1985_num_55_1_2086METTE BOVIN
NOMADES «SAUVAGES» ET PAYSANS «CIVILISÉS»
VVODAABE ET KANURI AU BORNO *
Ethnicité et représentations ethniques
Les Peuls WoDaaBe d'Afrique de l'Ouest ont véritablement une «personn
alité ethnique» particulière, définie par M. Dupire en 1962, quand elle écrit
à leur sujet :
La conscience qu'ils ont de leur personnalité ethnique s'exprime en effet par des
attitudes individuelles sans doute, mais aussi par un comportement collectif
élevé au rang d'une institution (Dupire 1962 : 2).
Dans cet article nous allons tenter de définir cette personnalité ethnique
spécifique des WoDaaBe et de préciser quels éléments ou quelles représenta
tions en sont les clefs, dans leur culture et leur système de communication.
L'analyse sera centrée sur les relations interethniques entre les WoDaaBe et
les autres ethnies dans un même espace social.
L'étude est basée sur une recherche anthropologique de terrain menée
en République du Niger (1968, 1978, 1985), en République fédérale de Nigeria
(Borno 1973-1975), au Burkina Faso (1982, 1983) et dans le Nord-Cameroun
(1984)1.
En Afrique de l'Ouest, on trouve des. quantités de «peuples» ou de grou
pes ethniques établis sur le même territoire, constituant des sociétés pluri-
ethniques, et qui vivent en symbiose et en compétition les uns avec les autres,
économiquement, socialement, politiquement et culturellement.
Une ethnie se définit comme un groupe qui : 1° se reproduit lui-même
biologiquement (à travers l'endogamie de groupe) ; 2° partage des valeurs
culturelles fondamentales ; 3° établit un champ d'interaction et de communic
ation ; 4° possède un statut d'appartenance qui l'identifie lui-même et est
identifié par les autres comme constituant une catégorie distincte des autres
catégories de même type (voir Barth 1969 : 10-11).
* J« remercie Suzanne Bernus qui a traduit cet article d'anglais en français.
1. Mes remerciements vont au Statens Humanistiske Forskingsrad (Conseil national pour la recher
che en sciences humaines) du Danemark, pour les crédits de recherche accordés pendant des années ; au
Nordiska Afrikainstitutet, Suède ; à Danida, Danemark ; et à tous mes amis et informateurs au Niger,
en Nigeria, au Burkina Faso, pour leur aide dans tous les domaines.
Journal des africanistes, 55 (1-2) 1985 : 53-73 METTE В О VIN 54
J'utilise la définition de Barth; mais j'y ajouterai qu'un groupe ethnique
utilise un ethnonyme pour se définir lui-même et d'autres termes dereference
pour définir les autres groupes (Bovin 1972).
Par «symbole ethnique» ou «représentation ethnique», j'entends la
mise en évidence d'une différenciation de type ethnique. Les lignes de démarc
ation entre deux (ou plus) ethnies peuvent être bien nettes et tranchées,
et facilement perçues par tout le monde. Mais un trait ethnique peut parfois
être très léger, sembler à première vue minime et sans importance, bien qu'il ne
le soit pas en réalité. La démarcation ethnique au royaume ouest-africain du
Borno peut être marquée par des différences dans les costumes les armes, les
outils. Mais elle peut aussi se percevoir à travers la démarche ou les odeurs.
Bien entendu, les membres des diverses ethnies communiquent verbalement
entre eux. Ils parlent chacun leur propre langue., et souvent une ou deux
autres langues ; supplémentaires. Toutefois, nous traiterons dans cet article
essentiellement du système ethnique non verbal au royaume du Borno.
Le concept de «représentation ethnique» est utilisé ici dans un sens
plus proche de celui de «signe» que de celui de «symbole», tel que l'utilise
E. Leach : «A crown is a sign of royal office» ou «sign A stands for В as part
for the whole (metanomy)», tandis que «symbol A stands for В by arbitrary
connection» (Leach 1976 : 12). Ainsi, un chapeau de paille conique orné de
plumes d'autruche, appelé malafaare en langue fui fui de, représente les WoDaaBe
en termes ethniques.
A : chapeau à plumes d'autruches - В : identité WoDaaBe
Mais le à n'a aucune signification en lui-
même. C'est seulement en tant qu'éléments d'un système complet de codes et
d'identité que les critères 3 et 4 de la définition du groupe ethnique deviennent
pertinents. Le chapeau à plumes d'autruches ne prend son sens que mis en
opposition avec au moins l'une des représentations significatives d'une autre
ethnie.
Ar : chapeau à plumes d'autruches
A2 : bonnet brodé
Au Borno les gens de toutes les catégories ethniques interprètent le code
culturel commun, qui donne un sens à cette équation, à travers le langage non
verbal construit de signes et de représentations. Le contraste entre deux pièces
de vêtement différentes est aussi entendu comme le contraste entre deux
groupes ethniques :
chapeau à plumes d'autruches # élément nomade . WoDaaBe
bonnet brodésédentaire Kanun
Les représentations ethniques sont encore opérationnelles et servent
d'éléments, distinctifs perçus, appris et reconnus par les membres du groupe
aussi bien que par les étrangers dans les sociétés pluri-ethniques d'Afrique de
l'Ouest. Cela signifie que nous devons rejeter les anciennes interprétations NOMADES «SAUVAGES» ET PAYSANS «CIVIUSÉS» 55
sur l'acculturation2 . Il est évident, à partir de l'exemple bornoan comme de
celui d'autres études sur les relations interethniques (Barth, Desprès, Bernus,
van den Berghe, etc.), que les gens ne suppriment pas leurs différences cultur
elles simplement parce qu'ils vivent dans la même aire géographique que
d'autres groupes et qu'ils ont avec eux des transactions à différents niveaux.
On observe, au contraire, des exemples d'ethnies qui se distinguent, elles-
mêmes pour devenir de plus en plus singulières, en ce sens qu'elles produisent
de nouvelles marques de différenciation, choisissant même d'utiliser des signes
archaï

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