Note sur l action de Karl Radek jusqu en 1923 - article ; n°3 ; vol.21, pg 681-690
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Note sur l'action de Karl Radek jusqu'en 1923 - article ; n°3 ; vol.21, pg 681-690

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1966 - Volume 21 - Numéro 3 - Pages 681-690
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Pierre Broué
Note sur l'action de Karl Radek jusqu'en 1923
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 21e année, N. 3, 1966. pp. 681-690.
Citer ce document / Cite this document :
Broué Pierre. Note sur l'action de Karl Radek jusqu'en 1923. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 21e année, N. 3,
1966. pp. 681-690.
doi : 10.3406/ahess.1966.421407
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1966_num_21_3_421407NOTE SUR L'ACTION DE KARL RADEK
JUSQU'EN 1923
H. Schurer, bibliothécaire à l'Université de Londres (School of Sla
vonic Studies) vient de consacrer à Karl Radek un très intéressant article *.
La matière, certes, est loin d'être épuisée, mais cette étude fournira ce
rtainement un point de départ commode pour l'étude de ce personnage
hors-série, un des hommes-clés de l'histoire des premières années de l'Inter
nationale communiste, auteur prolixe et pourtant pratiquement inconnu
aujourd'hui. Radek, pendant les années qui suivirent la Révolution russe,
fut en effet non seulement un des premiers personnages de l'Internatio
nale — et même son secrétaire pendant quelques mois — mais encore le
mentor du P.C. allemand jusqu'au fiasco de 1923. Il faut souhaiter que
cette première tentative en inspire d'autres et que les archives soviétiques
et est-allemandes — où les dossiers « Radek » doivent être particulièrement
nombreux et fournis — s'ouvrent suffisamment à son sujet 2 pour que la
lumière puisse enfin se faire sur le rôle politique de celui qui devait dispa
raître de la scène publique après un extraordinaire numéro d'accusé accu
sateur devant le tribunal, lors du deuxième Procès de Moscou 3. Proclamé
« ennemi du peuple » au temps de Staline, considéré par Trotsky comme
un « pitre cynique » et par certains trotskystes comme un indicateur,
Radek n'a guère été moins sévèrement traité par des auteurs aussi éloignés
dans leurs perspectives que Ruth Fischer ou Alfred Rosmer *. Par l'agres-
1. « Radek and the German Revolution », par H. Schurer, Survey n° 53, pp. 58-69
et n° 55, pp. 126-140. Le n° 53, intitulé Memoirs and Portraits, comporte différentes
études sur des figures de Г1.С. : Raskolnikov, Gramsci, Togliatti, Paul Levi, Korsch
et des souvenirs d'Esther Corey, В. Reichenbach et Manuel Gomez, dont certains se
terminent dans le n° 55.
2. Récemment, l'historiographie est-allemande qui, depuis des années, passait
totalement Radek sous silence, a soulevé le voile. Arnold Reisberg, dans son livre
Lenin und die Aktionseinheit in Deutschland, cite, pp. 114-116, des extraits d'une
lettre de Radek sur le mot d'ordre du gouvernement ouvrier datée du 10 novembre
1921.
3. J'ai, à deux reprises, exprimé l'opinion que j'ai retirée d'une analyse attentive
du comportement de Radek sur le banc des accusés : compère de l'accusation, il a en
même temps joué avec le procureur une extraordinaire et sinistre partie de poker, en
rappelant à chaque instant le prix du service rendu et le salaire qu'il en attendait :
la vie.
4. Ruth Fischek, dans Stalin and German communism, où elle a véritablement
« réglé ses comptes » avec Radek comme avec bien d'autres, apparemment sans beau
coup de scrupules, et Alfred Rosmer, sur un tout autre ton, dans Moscou sous Lénine.
681 ANNALES
sivité de son comportement de militant comme par ses palinodies ultérieures,
l'homme s'est fait tellement d'ennemis qu'il est aujourd'hui presque aussi
difficile qu'il l'était hier, du vivant de Staline, de dégager sa personnalité
véritable, de reconstituer son rôle, de lui restituer ses véritables dimensions.
En cette matière moins qu'en toute autre, en effet, la vérité n'est pas dans
le juste milieu entre deux légendes. Et c'est sans doute le principal mérite
de l'étude de Schurer que d'avoir commencé à extraire l'homme Radek de
ses légendes.
Radek est un nom de plume, adopté et conservé par défi, allusion aux
accusations de vol lancées contre lui 1. Karl Sobelsohn était né en Galicie,
dans l'empire austro-hongrois, en 1885, d'une famille de petite bourgeoisie
juive. Il se lance très jeune dans l'activité socialiste, milite dans le P.P. S.
puis dans le parti social-démocrate, poursuit en même temps ses études
secondaires à Lvov, puis Tarnow, des études supérieures d'économie poli
tique et d'histoire à Vienne, puis à Berne. C'est dans cette dernière ville
qu'il entre en contact, en 1904, avec le groupe de marxistes polonais, Rosa
Luxemburg, Léo Jogiches (Tyszka) et Julian Marchlewski (Karski), dont
l'influence — positive et négative — devait être déterminante dans sa
pensée et dans son action politique.
Schurer souligne à juste titre — ce que Ruth Fischer avait passé sous
silence — que le jeune militant fit son apprentissage sur le tas, pendant la
révolution de 1905 à Varsovie où il était revenu avec ses camarades dès le
début de l'agitation. Il n'a qu'à peine dépassé vingt ans, quand, après
l'arrestation de Jogiches, il dirige le journal de leur parti, Czerwony Sztandar
(Le Drapeau Rouge). Arrêté à son tour en 1906, il parvient à rejoindre
Jogiches en Finlande, puis, à partir de 1908, se fixe en Allemagne où son
activité s'inscrit désormais dans le cadre du parti social-démocrate all
emand. Il commence à Leipzig, où il collabore au Leipziger Volkszeitung,
puis, en 1911, s'installe à Brème. Schurer, qui le note, aurait pu sans doute
insister sur la signification de ce dernier choix, le rôle du Bremer Biirger-
zeitung auquel il collabore assez régulièrement, et surtout les liens qu'il
noue avec les éléments « radicaux de gauche » qui dirigent l'organisation
locale et avec leur maître à penser, le marxiste hollandais Anton Pan-
nekoek. En revanche, Schurer souligne bien que, malgré sa jeunesse, mal
gré son origine étrangère, Radek se fait rapidement une solide réputation
de polémiste, rompant des lances avec Kautsky sur le thème de l'impéria
lisme, s'attachant notamment à démontrer l'inéluctabilité d'une guerre
mondiale comme conséquence des contradictions interimpérialistes, et
fondant sur cette perspective celle de la révolution mondiale — un thème
cher aux bolcheviks, mais peu en vogue dans les rangs de la social-démoc
ratie allemande à cette date *.
1. K. Radek est tiré du polonais kradziez, qui signifie « vol ». Parmi les autres
pseudonymes utilisés par ce journaliste débordant d'activité, citons Parabellum,
Arnold Struthahn (ou Struthan), Viator, Paul Bremer, dans le parti « Max », etc..
2. Au cours de la deuxième partie de son séjour en prison à Berlin en 1919, Radek
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KARL RADEK
On aurait tort d'ailleurs — et Schurer ne commet pas cette erreur —
de voir en lui un chef de file d'une tendance de gauche, « révolutionnaire »,
au sein du parti allemand. Non seulemend les amis de Radek — pour les
cadres moyens du parti, ce sont des étrangers, les Ostleute — sont relat
ivement isolés dans le parti allemand, mais encore Radek lui-même est-il
essentiellement un homme seul. A partir de 1910, en effet, dans le conflit
qui oppose dans la social-démocratie polonaise le comité de Varsovie aux
dirigeants en émigration, Radek est avec les Varsoviens contre Jogiches,
Rosa Luxemburg et Marchlewski x : divorce significatif et lourd de consé
quences lointaines, car Lénine et les bolcheviks soutiennent également le
le comité de Varsovie contre Rosa Luxemburg.
Les conséquences immédiates ne sont pas moindres dans le parti all
emand pour la position de Radek : accusé dans Г « affaire de Gôppingen » 2
d'avoir délibérément cherché à provoquer un scandale afin de l'exploiter
dans sa lutte contre l'appareil et la droite du parti, il est sur la sellette au
congrès de Chemnitz en août 1912, fait l'objet d'une terrible attaque de
Bebel lui-même : son honnêteté est mise en question, puis son appartenance
au parti allemand contestée, et l'on apprend finalement qu'il vient d'être
exclu du parti social-démocrate polonais. Le coup de grâce viendra l'an
née suivante, au congrès d

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