Notice sur la vie et les travaux de M. Maurice Gaudefroy-Demombynes, membre de l Académie - article ; n°1 ; vol.103, pg 46-60
16 pages
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Notice sur la vie et les travaux de M. Maurice Gaudefroy-Demombynes, membre de l'Académie - article ; n°1 ; vol.103, pg 46-60

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1959 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 46-60
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Georges Cœdès
Notice sur la vie et les travaux de M. Maurice Gaudefroy-
Demombynes, membre de l'Académie
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 1, 1959. pp. 46-
60.
Citer ce document / Cite this document :
Cœdès Georges. Notice sur la vie et les travaux de M. Maurice Gaudefroy-Demombynes, membre de l'Académie. In: Comptes-
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 1, 1959. pp. 46-60.
doi : 10.3406/crai.1959.10985
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1959_num_103_1_10985MAURICE GAUDEFROY-DEMOMBYNES
1862-1957 NOTICE
SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
DE
M. MAURICE GAOEFROY-DEMOMBYNES
MEMBRE DE L' ACADÉMIE
PAR
M. GEORGE CŒDÈS
MEMBRE DE L' ACADÉMIE
En me faisant, il y a tout près d'un an, le grand honneur de
m'admettre à siéger parmi vous, vous m'avez implicitement confié
la charge de retracer la vie et l'œuvre de mon prédécesseur. Ce n'est
pas sans une certaine appréhension que je viens m'en acquitter
aujourd'hui. Je me sens en effet beaucoup moins qualifié que tel de
mes confrères orientalistes pour analyser et apprécier l'œuvre
scientifique d'un arabisant. En outre, faute d'avoir connu person
nellement Maurice Gaudefroy-Demombynes, je ne puis faire appel
à mes souvenirs pour évoquer la figure du maître disparu. Pour
pallier cette insuffisance, je m'efforcerai de tirer de ses écrits les
traits qui illustrent le mieux les divers aspects de son éminente
personnalité.
Laurent -Joseph -Maurice Gaudefroy-Demombynes est né le
15 décembre 1862 à Renancourt-lès-Amiens dans la filature de son
grand-père paternel Gaudefroy. Il fut élevé par sa mère chez son maternel Demombynes, avoué près le tribunal civil
d'Amiens. Il fit ses études primaires au lycée de cette ville, après
quoi, à partir de 1875, il fréquenta à Paris le Lycée Louis-le-Grand.
Ses études secondaires terminées, il suivit de 1881 à 1883 les cours
de la Faculté de Droit, en même temps que l'enseignement d'Alfred
Croiset et d'Ernest Lavisse à la Sorbonne. Après un séjour en All
emagne pendant les vacances scolaires, il accomplit sa troisième
année de droit, tout en fréquentant l'École des Sciences politiques COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 48
en vue de se préparer au concours du Conseil d'État. En juillet 1884
il passa avec succès son examen de licence en droit, et sa formation
juridique devait lui être plus tard d'une grande utilité pour l'étude
du droit coranique et des institutions musulmanes.
Toute son enfance, toute son adolescence, toute sa jeunesse jusque
vers sa vingt-huitième année ont été littéralement empoisonnées
par de douloureuses crises intestinales dont les médecins n'arrivaient
pas à diagnostiquer la cause et qu'ils ne savaient comment soigner.
De 1884 à 1890, il mène, écrit-il dans une autobiographie manuscrite
que l'Académie conserve dans ses archives, « six ans de vie miséra
ble ». Un des plus grands médecins de l'époque avait déclaré qu'il
n'atteindrait pas la trentaine. Si j'évoque ici ces misères physiques,
c'est qu'elles expliquent la lenteur avec laquelle sa vocation s'est
dessinée. Il n'avait pas encore, à vingt-cinq ans, décidé du choix
d'une carrière. Fort heureusement pour lui, l'aisance de sa famille
ne l'obligeait pas à chercher coûte que coûte une situation rémunérée.
En 1887, après trois années d'inaction, il reprit ses études de droit
international et d'histoire moderne à l'École des Sciences politiques.
Parallèlement, il devint au Collège de France, en même temps que
Paul Boyer, l'élève de Louis Léger à qui il garda toujours un souve
nir reconnaissant, « car il m'a rendu, écrit-il, le goût d'une étude
suivie, et le travail que j'ai fait sous sa direction m'a préparé à
d'autres disciplines ».
Mais deux autres hommes vont, vers sa trentième année, exercer
sur sa vocation une influence décisive : René Basset l'attire à l'orie
ntalisme et Barbier de Meynard ne va pas tarder à le faire entrer
à l'École des langues orientales.
En octobre 1890, Gaudefroy-Demombynes, toujours égrotant,
s'apprêtait à partir en Russie pour y poursuivre ses études slaves,
lorsque son médecin lui déconseilla le rude hiver moscovite et lui
suggéra d'essayer le climat ensoleillé de l'Algérie. En janvier 1891
il partit donc pour Alger où il retrouva René Basset à qui l'att
achaient des liens familiaux. René Basset était, paraît-il, « convaincu
qu'un homme digne de ce nom ne peut faire que de l'orientalisme »,
et ce fut lui qui détermina la carrière de Gaudefroy-Demombynes.
De 1891 à 1895 il vécut entre Alger et Paris. A l'École supérieure
des Lettres d'Alger il étudiait avec René Basset l'arabe et le berbère ;
à Paris, il suivait l'enseignement de Houdas, de Schefer et de Bar
bier de Meynard. En 1894 il obtint son diplôme d'arabe à l'École
des langues orientales, et l'année suivante, à Alger, le diplôme
d'arabe et de berbère. Il avait trente-deux ans au moment où allait
commencer pour lui une carrière d'orientaliste due en grande partie
au hasard ; une longévité inespérée allait compenser le retard pris
au départ. VIE ET TRAVAUX DE M. MAURICE GAUDEFROY-DEMOMBYNES 49
Son premier poste fut celui de directeur de la médersah, c'est-à-
dire de l'école supérieure musulmane, à Tlemcen. Cette école devait
être transformée suivant une orientation nouvelle, et ce fut pour
Gaudefroy-Demombynes l'occasion de batailler pendant trois ans.
Cinquante ans plus tard, dans son autobiographie, il confesse :
« Absorbé par mon métier, je ne gagne point l'aisance à parler tlem-
cénien que j'aurais dû acquérir ; mon successeur William Marçais
sera d'une autre qualité ».
L'année 1895 qui marque ses débuts dans l'administration est
aussi la date de son premier article intitulé Promenades en Algérie
et publié dans la Revue géographique de l'Est ; il donne sur les régions
de Cherchel, Tipasa et Tlemcen un certain nombre de renseignements
historiques et archéologiques destinés à faire connaître le passé de
l'Algérie « devenue, écrit-il, comme l'entrée d'un grand empire
colonial qui n'est point fait seulement de rêveries ».
Au xiie Congrès international des Orientalistes qui se tint à Paris
en 1897, il .ne présenta pas de communication, mais il croit, dit-il
dans son autobiographie, « avoir été utile en aidant Schefer à empêc
her Goldziher de saboter l'édition française de l'Encyclopédie de
l'Islam ». L'année suivante, sur la recommandation de son maître
Houdas, il se vit confier le poste de Secrétaire-bibliothécaire à
l'École des langues orientales, dont Barbier de Meynard venait
d'être nommé administrateur.
Désormais fixé à Paris, il eut l'occasion de fréquenter les réunions
de la Société asiatique et de la Société de linguistique. En cette
année 1898 il donna au Journal Asiatique un article qu'il avait
composé à Tlemcen et qui s'intitule Ibn Khaldoun, Histoire des
Benou'l Ahmar, rois de Grenade. C'est la traduction des chapitres
consacrés à l'histoire de la dynastie des rois musulmans de Grenade
dans les Prolégomènes d'Ibn Khaldoun, le grand historien du
xive siècle. Elle complète à la fois la traduction donnée par de Slane
des chapitres relatifs au Maghreb, et celle que Dozy avait publiée
de la partie concernant les rois chrétiens de Grenade. Elle manif
este les qualités d'exactitude et d'élégance qui caractériseront plus
tard ses nombreuses autres traductions.
Le petit volume publié en 1901 par Gaudefroy-Demombynes sur
les Cérémonies du mariage chez les indigènes de l'Algérie est le résultat
d'enquêtes menées à Tlemcen, dans la région de Constantine et
en Kabylie. Cette étude sociologique

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