Nouveaux regards sur l apocalyptique iranienne - article ; n°2 ; vol.130, pg 334-346
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 2 - Pages 334-346
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Gignoux
Nouveaux regards sur l'apocalyptique iranienne
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 2, 1986. pp. 334-
346.
Citer ce document / Cite this document :
Gignoux Philippe. Nouveaux regards sur l'apocalyptique iranienne. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 2, 1986. pp. 334-346.
doi : 10.3406/crai.1986.14383
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_2_14383COMMUNICATION
NOUVEAUX REGARDS SUR L'APOCALYPTIQUE IRANIENNE,
PAR M. PHILIPPE GIGNOUX
C'est une opinion assez répandue, quoique diversement nuancée,
que celle qui attribue à l'Iran une influence marquante dans le
domaine des idées sur le monde grec et méditerranéen, et basée sur
l'antiquité qu'on s'accorde à reconnaître à Zoroastre, dont on situe
l'existence autour du Ier millénaire avant notre ère.
Cette opinion a été largement propagée par la Religionsgeschichte
Schule (Reitzenstein, Bousset, Otto), à laquelle ont adhéré les Scan
dinaves, et notamment des historiens comme Widengren et Hultgard.
Leurs thèses sont toutefois aujourd'hui rejetées par des hellé
nistes comme I. P. Culianu, entre autres, qui préfèrent voir dans les
idées platoniciennes l'origine de certaines doctrines en Iran1. Certes,
les contacts ont été déjà très étroits à l'époque achéménide, et il est
difficile de déterminer ce qui appartient en propre à l'Iran, situé au
carrefour de cultures très anciennes, la Grèce mais aussi la Mésopot
amie, l'Egypte et l'Inde, sans oublier Israël.
Dans le domaine de l'apocalyptique, il me semble que la tradition
iranienne est redevable à la culture judéo-chrétienne, plutôt que
l'inverse comme il a été affirmé. Je voudrais présenter mes arguments
en faveur de cette interprétation, en partie nouvelle. Puis-je me pré
valoir, devant cette éminente assemblée, de l'encouragement d'un
grand maître en histoire comparée des religions, Georges Dumézil,
qui m'exprimait il y a quelques mois, dans une correspondance, « son
soulagement à voir le nettoyage [que je fais] autour de l'apocalyp
tique iranienne » ?
Il y a sans doute un malentendu à dissiper sur le sens même que
l'on donne au mot d'apocalytique, selon que l'on adhère à une défi
nition élargie ou restreinte du terme. Nombreux sont en effet ceux
qui ne distinguent pas l'eschatologie de l'apocalyptique.
Un important colloque qui s'est tenu à Uppsala en 1979 et a été
publié en 19832, fournit un grand nombre de définitions, souvent
divergentes. Pour G. von Rad, par exemple,
1. Ioan P. Culiani', Psychanodia I, A survey of the évidence concerning the
ascension of the soûl and its relevance, Leiden, Brill 1983 ; ibid., Expériences de
l'extase et symboles de l'ascension, de l'Hellénisme à l'Islam, Paris, Payot, 1984.
2. Apocalypticism in the Mediterranean World and the Near East, Proceedings
of the International Colloquium on Apocalypticism, Uppsal, August 12-17, REGARD SUR L* APOCALYPTIQUE IRANIENNE 335 NOUVEAU
« Ni l'ésotérisme, ni la conception périodique de l'histoire, ni
l'idée de la transcendance des réalités du salut, ni l'explication
des textes canoniques, ni la pseudonymie, ni l'interprétation
des songes, ni les récits de voyages célestes, ni les récits histo
riques dans le style des prédictions ne sont des traits spécifiques
de l'apocalyptique3. »
J. Carmignac est aussi pour une définition restreinte, car il fustige
ceux qui font entrer dans l'apocalyptique des ingrédients tels que
« prophétie réelle, fausse prophétie, prophétie ex eventu, messia
nisme, promesse de prospérité, ou de châtiment, promesse de salut
politique ou spirituel, parousie, résurrection partielle ou générale,
jugement dernier, fin du monde, rénovation du monde, création d'un
nouveau monde, vie éternelle pour l'individu ou pour la collectivité,
révélation sur Dieu, les anges, les hommes et, of course, eschatolog
ie »4. Au contraire, Philonenko étend l'apocalyptique à toute révé
lation quelle qu'elle soit5.
Je ne puis citer ici toutes les définitions proposées, mais je pense
que l'on peut affirmer que l'apocalyptique est une révélation faite
à propos d'événements qui se sont déjà produits, en une période de
crise, et présentée à travers des symboles, pouvant s'exprimer aussi
sous la forme d'un voyage dans l'au-delà. Mais les doctrines sur la
création et l'eschatologie doivent à mon avis en être exclues.
En effet, les mythes d'origine sont étroitement liés en Iran aux
1979, éd. by David Hellholm, Tubingen 1983. Outre ce gros volume de près de
900 pages, de nombreuses études sur l'apocalyptique ont été publiées ces der
nières années, parmi lesquelles je citerai seulement : D. Flusser, « The Four
Empires in the Fourth Sibyl and in the Book of Daniel », dans Israël Oriental
Studies II, Tel Aviv University 1972, p. 148-175 ; Hans G. Kippenberg, « Die
Geschichte der mittelpersischen Apokalyptischen Traditionen », dans Studia
Iranica 7, 1978, p. 49-80 ; J. Duchesne-Guillemin, « Apocalypse juive et apoca
lypse iranienne », dans La soteriologia dei culti orientali nell' Impero Romano,
Atti del Colloquio Internazionale su La soteriologia..., Roma 24-28 Set-
tembre 1979, pubbl. a cura di Ugo Bianchi e Maarten J. Vermaseren, Leiden
1982, p. 753-761 ; M. Boyce, « On the antiquity of Zoroastrian apocalyptic »,
dans BSOAS XLVII, Part I, 1984, p. 57-75, qui est un bon exemple du mélange
de tous les genres, et qui expose dans un tableau final, p. 75, non pas « the
history of Zoroastrian apocalyptic », mais une mythologie de cette apocalypt
ique. Je signale enfin l'ouvrage sous presse aux éditions du Cerf sur les « Apo
calypses et voyages dans l'au-delà », recueil d'études réunies par Claude Kappler,
et auquel j'ai contribué.
3. Cité d'après A. Lacocque, Daniel et son temps, Recherches sur le mouvement
apocalyptique juif au ne siècle av. J.-C, Genève, Labor et Fides, 1983. Cette
définition par la négation est évidemment un peu outrée.
4. Apocalypticism, op. cit., p. 163. Il y a un très grand nombre d'autres défi
nitions dans ce même volume, et dont j'ai rendu compte dans une communicat
ion au Colloque de Budapest (nov. 1985), à paraître dans les AAASH.
5.op. cit., p. 212 : pour l'auteur, apocalyptique et eschatol
ogie se recoupent mais ne se confondent pas. Je ne comprends pas qu'il puisse
ajouter cette étonnante affirmation : « II n'y a pas d'eschatologie des commenc
ements », s'il connaît le sens de é 336 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
spéculations sur la fin des temps, la destinée individuelle ou générale,
la résurrection et l'avènement d'un monde nouveau, constituant une
histoire mythique qu'il ne faut pas confondre avec l'apocalyptique,
et dont le noyau est très ancien.
Ainsi circonscrite, l'apocalyptique iranienne ne nous est connue
que par des textes tardifs, dont le principal est le Bahman Yasht ou
du moins la traduction en pehlevi qui en aurait été conservée6.
Il y a déjà près d'un siècle J. Darmesteter qualifiait cet ouvrage
« d'apocalypse pehlevie du temps des croisades »7, et avant lui,
Martin Haug avait écrit que le Bahman Yasht « must hâve been
written a considérable time after the Mohammedan conquest »8.
Nous verrons qu'ils avaient raison tous Jes deux.
Les textes
Dans sa communication au congrès d'Uppsala, A. Hultgârd
reconnaissait lui-même que la littérature apocalyptique iranienne du
ixe siècle est constituée de compilations d'un caractère secondaire.
Il n'existe pas en effet de textes pouvant être désignés comme Apo
calypses à l'image de celles de Jean, d'Ezra ou de Baruch. L'ouvrage
principal, le Bahman Yasht est lui-même une sorte de compilation,
et le titre qu'on lui assigne aujourd'hui, de Zand ï Vohuman Yasn a
été tiré du texte par les commentateurs modernes et n'a aucune tradi
tion ancienne en sa faveur9. L'original avestique, dont ce Zand serait

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