Observation féminine et idéologie masculine : le corps de la femme d après les médecins grecs - article ; n°5 ; vol.35, pg 1089-1115
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 5 - Pages 1089-1115
The women of Greece whose learning is related in the Cnidian treatises that form part of the Hippocratic Collection had observed the principal symptoms of infections of the female genital tracts Fear of these infections and of sterility seem to have been stronger than the desire for contraception They examined themselves looked for symptoms and had some effective means of treatment They supposed that in orgasm they emitted sperm which played vital part in procreation Aristotle disagreed denying both the necessity of female orgasm and the role of the sperm in conception Soranos in 1st century AD Rome adapted this knowledge of the female body to the requirements of an aristocratic Malthusian society which the Augustan laws constrained to marriage and procreation Progress in gynaecology better maternal and neo-natal care were the fruit of these legal and social conditions In world in which the question of the superiority of virginity was held to be of vital importance medicine offered form of sexual hygiene Galen in the 2nd century AD drew attention to the relation between troubles affecting single women and the absence of sexual relations thereby acknowledging the strength of female desire
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Aline Rousselle
Observation féminine et idéologie masculine : le corps de la
femme d'après les médecins grecs
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 5, 1980. pp. 1089-1115.
Abstract
The women of Greece whose learning is related in the Cnidian treatises that form part of the Hippocratic Collection had observed
the principal symptoms of infections of the female genital tracts Fear of these infections and of sterility seem to have been
stronger than the desire for contraception They examined themselves looked for symptoms and had some effective means of
treatment They supposed that in orgasm they emitted sperm which played vital part in procreation Aristotle disagreed denying
both the necessity of female orgasm and the role of the sperm in conception Soranos in 1st century AD Rome adapted this
knowledge of the female body to the requirements of an aristocratic Malthusian society which the Augustan laws constrained to
marriage and procreation Progress in gynaecology better maternal and neo-natal care were the fruit of these legal and social
conditions In world in which the question of the superiority of virginity was held to be of vital importance medicine offered form of
sexual hygiene Galen in the 2nd century AD drew attention to the relation between troubles affecting single women and the
absence of sexual relations thereby acknowledging the strength of female desire
Citer ce document / Cite this document :
Rousselle Aline. Observation féminine et idéologie masculine : le corps de la femme d'après les médecins grecs. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 5, 1980. pp. 1089-1115.
doi : 10.3406/ahess.1980.282687
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1980_num_35_5_282687IMAGES MEDICALES DU CORPS
OBSERVATION FEMININE ET ID OLOGIE MASCULINE
LE CORPS DE LA FEM/VIE APR LES DECINS GRECS
La distance objet étude étant de règle dans le travail historique autant que
implication les hommes ne devraient pas être disqualifiés pour étudier les
femmes et même la génitalité féminine non plus que les femmes pour les
hommes Ce sont des hommes qui en fait ont conduit les éditions traductions et
études des textes anciens concernant la vie génitale de la femme ou la
reproduction en général ai lu le livre de Joly Le niveau de la science
hippocratique bien avant de lire les traités cnidiens sur les femmes Pour
Joly un des critères de non-scientifîcité des traités est explication animiste de
toutes les maladies féminines par les mouvements une matrice personnifiée Je
suis entrée avec confiance dans cette vue et ai cru avec Joly que les hommes-
médecins de Antiquité écrivaient sur le corps féminin des absurdités déduites de
leurs théories Ma première lecture des livres De la nature de la femme Des
maladies des femmes Des femmes stériles dans la traduction Littré est
faite dans cette perspective
Somme toute ce était pas étonnant que des hommes élaborent une etiologie
et une thérapeutique pour le corps féminin sur la base de leurs théories physiques
variables selon les écoles Mais je voyais dans les textes que les femmes elles-
mêmes constataient les déplacements de leur utérus Je pensai donc que les
médecins hommes avaient suffisamment convaincu les femmes pour elles
avouent elles-mêmes un déplacement utérus chaque symptôme un mal
quelconque ce point du travail aurais montré des médecins ignorants et
des femmes soumises la science prêtes rendre leur matrice responsable
de tous leurs maux ai alors classé les symptômes dans leurs relations amé
norrhée déplacement de matrice x) et soumis ce classement une
femme médecin généraliste3 Le tableau correspondait peu près des
symptômes connus et des maladies possibles Ainsi là où Joly voit un défaut
de raisonnement Aph. 39 Si une femme du lait sans être enceinte et sans
avoir un bébé les règles ne viennent plus il faut voir finement observée une
aménorrhée origine hypophysaire qui manifeste une stérilité définitive et
accompagne parfois de galactorrhée Certes explication générale celle qui se
fonde sur une hypothétique circulation des liquides dans le corps masculin ou
1089 DICALES DU CORPS IMAGES
féminin est sinon totalement fausse du moins très partielle Mais elle ne doit pas
nous obscurcir tout fait exactitude du relevé des symptômes Il en est de même
pour les observations de symptômes qui apparaissent parfois avec aménorrhée
Les points douloureux qui sont indiqués au cou aux avant-bras aux reins sont
ceux qui ont été nommés au xxe siècle signe de Laffont5 Ils accompagnent
interruption spontanée une grossesse tubaire extra-utérine Labsence de
règles bien été le premier signe Je revenais donc de Joly Littré qui
écrivait du médecin cnidien en préface Ses connaissances sur utérus et les
affections utérines sont étendues. Au reste ce tableau des affections utérines qui
affligeaient les femmes grecques il plus de deux mille ans est tout fait
semblable celui que nous avons présentement sous les yeux et il est évident que
rien dans leur existence ne les mettait plus que nos femmes abri de ces
maladies si fréquentes et si pénibles Ces traductions de Littré ont paru entre
1851 et 1854 dix ans après les observations de Semmelweis sur les fièvres
puerpérales Pasteur avait trente ans
Il faudrait étudier les résumés placés par Littré en tête de chaque paragraphe
des traités cnidiens et les mettre en relation avec les théories médicales de
hystérie dans la première moitié du xixe siècle Ces brèves notes entachent
ensemble du volume de suspicion deux niveaux une part elles rendent peu
crédibles les autres maladies dont on se demande si elles sont organiques autre
part si on récuse interprétation hystérique avec ambiguïté hystérique est-il le
médecin qui rend la matrice responsable ou interprétation de la maladie
comme maladie hystérique) il ne reste plus tenter de poser un diagnostic
alors que le texte antique donne une symptomatologie Or mon propos est pas
une nosologie mais étude un rapport de la femme son corps et un peu aussi
le rapport de homme au corps féminin
Les travaux qui avaient paru les plus fructueux dans cette recherche sur le
corps étaient ceux de Michel Spanneut Le stoïcisme des Pères de glise de
Clément de Rome Clément Alexandrie Paris 1957 chap et de
Noonan Contraception et mariage trad frse Paris 1969 Mais ce sont
essentiellement des histoires des idées même si Noonan examine les pratiques
auxquelles répondait la doctrine Du chapitre de Spanneut reste
impression que la femme sans semence est une femme méprisée Si du moins
elle transmet enfant un pneuma sans semence cette solution du problème de
hérédité est une des conquêtes du stoïcisme 178 Certes il est intéressant de
montrer que dans esprit des théologiens des premiers siècles chrétiens la femme
est inférieure homme Mais quels en sont les effets sur les comportements
sexuels insatisfaction ou la frigidité féminines ne sont pas évoquées puisque la
femme peut engendrer même dans ces cas Le court chapitre de Noonan sur La
contraception dans Empire romain examine les raisons employer des
contraceptifs en ce temps Nous ne savons par ce chapitre si est homme ou la
femme qui en décide et le désire La question du désir de contraception est posée
que pour les esclaves et avec des arguments de bon sens non avec des documents
sur la pratique Il existe pourtant un texte explicite pour le monde grec Une
femme que je connais avait une chanteuse renommée présupposé esclave)
ayant commerce avec des hommes présupposé louée pour des soirées il ne
fallait pas elle devînt enceinte pour ne pas perdre de sa valeur Cette chanteuse
avait entendu ce que les femmes se disent entre elles que si une femme doit
devenir enceinte le sperme ne sort pas mais reste dans la matrice Elle comprit
1090 ROUSSELLE EN GR CE
ces dires et veillait toujours Dès elle aper ut que le sperme ne sortait pas
elle le dit sa maîtresse et le propos vint moi médecin Et moi je invitai
sauter en faisant aller ses talons aux fesses Corpus hippocratique De la
nature de enfant XIII)6 Selon Galien .Des chairs XIX) avortement est aussi
pratiqué par les prostituées Voici donc deux cas dans lesquels les motifs de
avortement ou les motifs de contraception sont clairs Mais on est interrogé
sur la contraception dans les couples légitimes de Antiquité comme il allait de
soi ils voulussent planifier

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