Organisation de l'ethnologie en France - article ; n°3 ; vol.10, pg 106-124

Véronique Campion-Vincent

Description

L'Homme - Année 1970 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 106-124
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L-HOMME0
• Publié le: 01 janvier 1970
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
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Extrait

Véronique Campion-Vincent
Organisation de l'ethnologie en France
In: L'Homme, 1970, tome 10 n°3. pp. 106-124.
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Campion-Vincent Véronique. Organisation de l'ethnologie en France. In: L'Homme, 1970, tome 10 n°3. pp. 106-124.
doi : 10.3406/hom.1970.367141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1970_num_10_3_367141Ao(>
INFORMATIONS
ORGANISATION DE L'ETHNOLOGIE EN FRANCE
EN 1969
par
VÉRONIQUE CAMPION -VINCENT
Bien que la plupart des institutions d'enseignement supérieur connaissent
aujourd'hui d'importantes mutations, il a paru opportun et utile de décrire l'organi
sation actuelle de la recherche ethnologique en France à partir des résultats d'une
enquête conduite en jç68. La rédaction de L'Homme remercie la Section 23 du
CNRS d'avoir mis ces résultats à sa disposition et le Centre de Documentation
Sciences humaines du CNRS d'en avoir assuré l'analyse et la présentation.
* * *
Le texte qui suit ne constitue pas une synthèse critique, il vise plus modeste
ment à dresser le tableau du fonctionnement de la recherche et de l'enseignement
de l'ethnologie en France1.
1. A la suite de l'introduction des procédures de prévision et de conjoncture dans la société
française, les organismes scientifiques ont été amenés à s'interroger sur leur avenir. Confo
rmément aux dispositions du décret du 9. 12. 1959 qui a confié au Centre national de la Recher
che scientifique (CNRS) la mission d'analyser la conjoncture dans le domaine scientifique,
les sections du Comité national de la recherche scientifique ont collaboré à l'élaboration
des Rapports de conjoncture nécessaires à la préparation des Ve et VIe plans d'équipement.
La Section 23 du CNRS (Anthropologie physique, Préhistoire et Ethnologie) s'est appuyée,
pour la rédaction du dernier rapport, sur une enquête conduite au début de l'année 1968
et qui a suscité 143 réponses. Laissant de côté l'anthropologie physique et la préhistoire,
on tâchera sur la base des documents ainsi rassemblés de décrire l'état actuel de l'ethnologie
en France.
Dans le cours de cet article, on se référera à ces documents en employant l'expression
abrégée : Enquête 1968.
Il va de soi que l'on ne s'est pas interdit de recourir à des éléments complémentaires
d'information : rapports scientifiques inédits des organismes de recherche liés au CNRS
indiquant leurs activités en 1968-69 ; enquêtes « Conditions de travail 1968 » et « Thèmes de
recherche 1969 » de la Section Anthropologie, Préhistoire, Ethnologie du Syndicat national
des Chercheurs scientifiques dont les résultats ont été diffusés dans des bulletins ronéotés ;
annuaires des grands établissements scientifiques : Collège de France, École Pratique des ORGANISATION DE L ETHNOLOGIE 107
II suffit d'évoquer la situation de l'ethnologie dans d'autres pays d'Europe
de dimensions comparables pour constater que la France continue d'occuper
dans ce domaine une position sans rapport avec la dimension de son territoire
et de sa population. La colonisation a certes favorisé ce développement, mais il
faut également rappeler ici l'importance de l'école sociologique française à la
fin du siècle dernier (Emile Durkheim et l'équipe de L'Année sociologique fondée
en 1896).
Les activités ethnologiques se déroulent pour la plupart dans le cadre d'orga
nismes publics relevant de différents départements ministériels :
— Du ministère de V Éducation nationale dépendent la quasi-totalité des orga
nismes actifs dans le domaine de l'ethnologie. On trouve, en effet, sous sa
juridiction :
1) les universités : chaires ou départements d'enseignement des Facultés des
Lettres et Sciences humaines ainsi que des Facultés de Droit et des Sciences
économiques où est enseignée l'ethnologie juridique, laboratoires et centres de
recherche, instituts d'universités ;
2) les grands établissements dont l'organisation est actuellement plus fixée
que celle des universités, en complète restructuration.. L'ethnologie française
a connu un développement beaucoup plus important au sein de ces struc
tures, plus souples, que dans celles des universités. On trouve enseignements et
centres de recherches dans la plupart d'entre eux : Collège de France, École du
Louvre, École Pratique des Hautes Études (IVe Section : Sciences historiques
et philologiques, Ve Section : Sciences religieuses, VIe Section : Sciences écono
miques et sociales), Centre universitaire des Langues orientales vivantes (ancie
nnement École nationale des Langues orientales vivantes), Museum national
d'Histoire naturelle dont dépend le Musée de l'Homme ;
3) le CNRS, qui rémunère un peu plus d'une centaine de chercheurs en ethnol
ogie, et qui soutient financièrement la plupart des organismes de recherche1
qui se sont développés dans les grands établissements, universités et musées.
— Du ministère des Affaires étrangères dépendent :
1) par l'intermédiaire du Secrétariat d'État à la Coopération, l'Office de la
Recherche scientifique et technique Outre-Mer (ORSTOM)2 qui emploie plus de
soixante chercheurs scientifiques et organise actuellement des recherches en
Afrique francophone, à Madagascar, en Polynésie. Cet organisme multidiscipli-
naire fait une place importante aux recherches ethnologiques et sociologiques dont
il tente d'intégrer l'apport pour traiter les problèmes du développement écono
mique et social et de la modernisation des sociétés « traditionnelles » ;
2) par l'intermédiaire de la Direction générale des Relations culturelles,
scientifiques et techniques, la Commission des Fouilles et Missions archéologiques
Hautes Études, Ve et VIe Sections ; publications du Service d'Échanges d'Informations
scientifiques de la Maison des Sciences de l'Homme ; Répertoire national des laboratoires et
centres de recherche en Science humaines, Paris, 1968 ; et des chercheurs
en Sciences sociales, Paris, 1969.
1. Ces organismes, plus ou moins structurés, sont intitulés « formations de recherche »
par le CNRS.
2. Créé sous le nom d'Office de la Recherche coloniale. VÉRONIQUE CAMPION-VINCENT 108
qui est surtout orientée vers l'archéologie, bien que les missions et instituts qu'elle
finance en Amérique1, en Europe et en Asie2 pratiquent fréquemment les deux
disciplines. Celles-ci, dans le cas des civilisations « non classiques », sont d'ailleurs
étroitement liées.
— Du ministère des Affaires culturelles dépendent :
les musées, nationaux ou régionaux, à collections ethnographiques, qui possè
dent souvent des fonds documentaires importants et peuvent parfois être assi
milés à des centres de recherche.
Outre les organismes publics, il faut mentionner les sociétés savantes. Bien
qu'elles ne jouent plus le rôle pilote qui les caractérisait au xixe siècle, lors des
débuts de l'ethnologie, elles continuent à susciter un important courant d'échanges
et de publications. Leur spécialisation est le plus souvent géographique. Il convient
de distinguer les sociétés à vocation extra-européenne3 (leurs publications sont
pour la plupart subventionnées par le CNRS) des sociétés à vocation régionale
métropolitaine4 où des non-professionnels — membres de l'enseignement le plus
souvent — peuvent plus aisément collaborer à l'étude des traditions de la région
où ils demeurent.
Sous les vocables d'ethnologie, ethnographie, anthropologie sociale, se regrou
pent des activités de recherche, d'enseignement, de conservation et de diffusion.
Dans la pratique ces quatre types d'activités ne sont pas nettement distingués,
mais pour les besoins de l'exposé il semble utile de les passer successivement
en revue5.
Recherche
La recherche peut être définie comme l'activité de production des données
scientifiques ; elle fonde et justifie les trois autres aspects des activités ethnolo
giques que nous avons distingués. La recherche ethnologique suppose une organi-
1. Institut français d'Études andines, Lima (Pérou), Mission archéologique et ethnolo
gique française, Mexico (M