Orientations actuelles du protestantisme français - article ; n°4 ; vol.19, pg 717-730
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 717-730
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Boisset
Orientations actuelles du protestantisme français
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 4, 1964. pp. 717-730.
Citer ce document / Cite this document :
Boisset Jean. Orientations actuelles du protestantisme français. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N.
4, 1964. pp. 717-730.
doi : 10.3406/ahess.1964.421201
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421201HISTOIRE ET TEMPS PRÉSENT
Orientations actuelles du Protestantisme français
écrivait II va une y avoir étude trente dont le ans, titre le était Professeur : L'Église, Emil Problème Brunner, et devoir de Zurich, d'au
jourd'hui 1. En 1947, paraissait aux Presses Universitaires de France,
un volume collectif intitulé : Le Problème de l'Église 2. Ces deux publi
cations éveillent la même idée de réflexion nécessaire sur la notion
d'Église, pour la pensée et pour la vie. On compterait par dizaine, d'ail
leurs, les publications sur le sujet de l'Église, tant en France qu'à l'étran
ger 3.
De fait, le théologien allemand Dibelius a déclaré que le xxe siècle
était celui de l'Église. Ne soyons pas trop portés à accepter cette formule
sans examen et à la lettre : Alexandre Vinet avait déjà fait la même
remarque pour son siècle ; et le xvie siècle, n'a-t-il pas été, aussi, celui de
l'Église dans sa réformation ?
Ce qui est vrai, c'est que depuis la fin de la première guerre mondiale,
le protestantisme prend une plus vive conscience de la réalité de l'Église
qu'il ne l'avait fait auparavant, depuis la Réforme. En France, le pro
testantisme paraît pousser assez curieusement sa recherche dans une
orientation à laquelle son histoire et son ecclésiologie traditionnelle ne
paraissaient pas devoir l'encourager.
Historiquement, en effet, la notion d'Église avait été, dans le protes
tantisme, mise en valeur par les textes des Réformateurs.
Luther avait écrit, dans un Sermon sur l'excommunication en 1518 :
« L'excommunication peut nous priver de la communion extérieure de
1. Ed. Labor et Fides (Genève) et Je Sers (Paris), 1934.
2. Dans la collection « Problèmes de la Pensée Chrétienne », et avec la collaboration
de Maurice Goguel, Jean Beeton, Marc Boegner, Gabriel Botjttier, André Jundt,
Georges Marchal, Maurice Lkenhardt, Robert Will.
3. Par exemple : Tommy Fallot, Qu'est-ce qu'une Église (1890) ; M. Boegner,
Qu'est-ce que l'Église ? (1931) ; R. de Pury, « Qu'est-ce qu'nn membre d'Église? » (Foi
et Vie, avril-août, 1935J ; M. Boegner et autres, Le Problème de VÉglise (1947) ;
W. Monod, A.-N. Bertrand, R. Will, L'Église (1931) ; Jean Boisset, Le membre
d'Église (1937) ; W.-A. Visser T'Hooft, Misère et Grandeur de l'Église (1943) ;
J. Konn, Die Idee der Kirche. Bibellesungen uber den Epheserbrief (1964) ; J.-G. van
BtJREN, « The Conception of the Church reflected in the New Testament » (Shane
Quarterly, VII, 1946; ; S. Bxjllough, The Church in the New (1946).
717 ANNALES
l'Église, mais personne ne peut nous enlever la communion intérieure
dans laquelle nous nous trouvons avec les vrais croyants » 1.
Le Réformateur n'a jamais cessé de considérer l'Église comme une
réalité d'ordre spirituel, invisible, intérieure à l'âme du croyant. C'est ce
qu'il affirme avec grande netteté dans son Traité De la Papauté (1520) :
« Retenez donc bien ceci que la chrétienté est une communion spiri
tuelle des âmes par la foi, et que nul ne peut être considéré comme chré
tien en vertu de signes extérieurs... Un non-chrétien peut les posséder,
mais jamais ils ne feront de lui un chrétien. Seule une vraie foi fait un
chrétien. C'est pourquoi nous chantons à la Pentecôte : « Nous prions le
Saint-Esprit de nous donner avant tout une vraie foi . » C'est de cette
façon que l'Écriture parle de la chrétienté et de la sainte Église, et jamais
autrement. » a
Enfin, dans sa réponse à Prierias, le dominicain thomiste que le
Saint-Siège avait consulté au sujet des idées du moine augustin : « L'es
sence de l'Église consiste dans les rapports immédiats des fidèles avec
son invisible chef, le Christ, sa force et sa vie. »
« Formule décisive, écrit E. G. Léonard, où s'exprimait ce qui allait
être Pecclésiologie de Luther et de la Réforme : le mot capital en est
« immédiat », dans le sens de « sans intermédiaire ». L'Église-organisation
n'est plus qu'une réalité secondaire, n'étant qu'une « représentation » de
l'Église virtuelle (essentielle). » 3
La position de Calvin est substantiellement la même. Il écrit :
« L'Église est l'assemblée de tous les saints, laquelle, étendue par tout
le monde, et dispersée en tout temps, liée toutefois ensemble par une
seule doctrine de Christ, et par son seul esprit, garde et observe l'union
de la foi, ensemble une concorde et charité fraternelle » 4.
On connaît mieux, par ailleurs, la définition classique de V Institution
de la Religion Chrétienne, qui exprime la même idée :
« Partout où nous voyons la Parole de Dieu être purement prêchée
et écoutée, les sacrements être administrés selon l'institution du Christ,
là il ne faut douter nullement qu'il n'y ait Église (Ephés., 2, 20), d'autant
que la promesse qu'il nous a baillée ne nous peut faillir : partout où deux
ou trois seront assemblés en mon nom, je serai au milieu d'eux (Mt. 18,
20) 6. »
La réalité de l'Église est invisible, si sa forme est visible. Mais la
1. Ed. de Weimar, VI, pp. 277 sq., traduction française de H. Strohl : La Substance
de l'Évangile selon Luther (Paris, 1934), p. 169.
2. E.-G. Léonard, Histoire Générale du Protestantisme, I, p. 55.
S. Ibid.
4. Épître à Sadolet (in : Trois Traités, p. 52).
5. Inst. Chrét., IV, 1, 9. — La Confession d'Augsbourg (art. VII : De Г Église) : «Elle
(l'Église) est l'assemblée de tous les croyants parmi lesquels l'Évangile est prêché
fidèlement et les saints sacrements administrés conformément à » (Texte de
la Confession d'Augsbourg, 1530, aux Éditions Luthériennes, Paris-Strasbourg, 1948).
718 PROTESTANTISME FRANÇAIS
forme de l'Église ne la constitue pas ; elle est d'une importance second
aire. Ce qui constitue l'Église, c'est Dieu, et, de la part des hommes, la
réponse donnée à Dieu par la fidélité à sa Parole. Dieu fait aux hommes
la grâce de les régénérer et de les unir dans et par la foi, pour réaliser
l'invisible unité de son peuple élu. L'Église est la réunion des élus, de ceux
qui, par Dieu, sont appelés hors du « monde ».
Parce qu'ils sont hommes, les élus s'unissent, à leur tour, d'une façon
visible ; cette réunion est matérielle. Il se peut que, dans cette réunion
matérielle, il s'en trouve qui n'aient pas répondu à l'appel de Dieu, et qui
se soient humainement incorporés à l'assemblée des élus ; inversement
il peut se faire que, dans le monde des non-élus, il y ait des appelés, que
Dieu seul connaît. Luther le dit ouvertement, aussi bien que Calvin x.
Si, dans l'organisation humaine de l'Église, il doit y avoir, pour des
raisons d'ordre et de discipline, des fonctions, ces fonctions ne confèrent
aucun privilège de sainteté, aucune autorité en soi, aucune prérogative
fondamentale ; car tous les appelés sont, au même titre, enfants et témoins
de Dieu, au même titre prophètes et prédicateurs de la parole. Seule, une
question d'ordre, de bienséance, de discipline, fait que les uns parlent et
que les autres écoutent. Mais tous sont également dirigés par Dieu 2.
D'autre part, les Églises sont locales. Elles sont, par exemple, les
Églises réformées de France, l'Église de Genève, les Églises de la Confes
sion d'Augsbourg, comme, dans le Nouveau Testament, on parle de
l'Église de Jésus-Christ qui est à Rome, à Ephèse ou à C

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