Pauvreté et misère dans le discours des parlementaires au début de la période révolutionnaire - article ; n°4 ; vol.10, pg 323-339
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Déviance et société - Année 1986 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 323-339
La misère est un danger pour l'ordre social. Confronté à cette réalité, le législateur révolutionnaire est conduit à élaborer une économie politique de la bienfaisance dans le cadre plus général d'une philosophie libérale fondée sur le contrat. La stratégie politique qui en résulte apparaît à la lecture des discours tenus aux Assemblées entre 1789 et 1791 et à l'examen des travaux du Comité de mendicité. On y voit naître une véritable sociologie de la pauvreté et s'ordonner rationnellement, autour du concept de travail, la réponse libérale.
Extreme poverty is a peril for the social order. In front of such a reality, the French Revolution's lawgiver build up a political economy of charity included in a liberal democratic theory which base is the contract. Reading the addresses delivered in front of the «Assemblées» between 1789 et 1791, and the brain-works produced by the « Comité de mendicité », we can notice the growth of a political strategy and also the beginnings of a sociological study of poverty. We discover the rationality of the liberal reply though the concept of labour.
Das Elend ist eine Gefahr fur die soziale Ordnung. Wenn der revolutionäre Gesetzgeber dieser Realität gegenubergestellt ist, soll er eine politische Wirtschaft der Wohltätigkeit in dem allgemeinen Rahmen einer liberalen Philosophie aufbereiten, die auf einem Vertrag beruht. Die politische Strategie, die sich daraus ergibt, geht hell hervor, wenn die Reden der Rate zwischen 1789 und 1791 gelesen werden, auch wenn die Arbeit des « Comité de Mendicité » gelesen wird. Darauf entsteht eine echte Sociologie des Elends und zugleich bemerkt man, wie die liberale Antwort sich rational urn den Begriff der Arbeit ordnet.
De armoede betekent een gevaar voor de sociale orde. De wetgever wordt met deze werkelijkheid geconfronteerd en er toe gebracht een eco- nomische politiek van weldadigheid uit te werken en dit in het algemeen kader van een libérale filosofie die gevestigd is op het contract. De politiéke stratégie die daar uit voortvloeit komt tot uiting bij de lezing van de toe- spraken gehouden in de «Assemblée» tussen 1789 en 1791, oôk bij het onderzoek van de werkzaamheden van het «Comité van de bedelarij». Men ziet er een werkelijke sociologie van de armoede ontwikkelen en een liberaal antwoord dat zich op rationele wijze ordent rond het begrip arbeid.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P.Y. Verkindt
Pauvreté et misère dans le discours des parlementaires au
début de la période révolutionnaire
In: Déviance et société. 1986 - Vol. 10 - N°4. pp. 323-339.
Citer ce document / Cite this document :
Verkindt P.Y. Pauvreté et misère dans le discours des parlementaires au début de la période révolutionnaire. In: Déviance et
société. 1986 - Vol. 10 - N°4. pp. 323-339.
doi : 10.3406/ds.1986.1491
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1986_num_10_4_1491Résumé
La misère est un danger pour l'ordre social. Confronté à cette réalité, le législateur révolutionnaire est
conduit à élaborer une économie politique de la bienfaisance dans le cadre plus général d'une
philosophie libérale fondée sur le contrat. La stratégie politique qui en résulte apparaît à la lecture des
discours tenus aux Assemblées entre 1789 et 1791 et à l'examen des travaux du Comité de mendicité.
On y voit naître une véritable sociologie de la pauvreté et s'ordonner rationnellement, autour du concept
de travail, la réponse libérale.
Abstract
Extreme poverty is a peril for the social order. In front of such a reality, the French Revolution's lawgiver
build up a political economy of charity included in a liberal democratic theory which base is the contract.
Reading the addresses delivered in front of the «Assemblées» between 1789 et 1791, and the brain-
works produced by the « Comité de mendicité », we can notice the growth of a political strategy and
also the beginnings of a sociological study of poverty. We discover the rationality of the liberal reply
though the concept of labour.
Zusammenfassung
Das Elend ist eine Gefahr fur die soziale Ordnung. Wenn der revolutionäre Gesetzgeber dieser Realität
gegenubergestellt ist, soll er eine politische Wirtschaft der Wohltätigkeit in dem allgemeinen Rahmen
einer liberalen Philosophie aufbereiten, die auf einem Vertrag beruht. Die politische Strategie, die sich
daraus ergibt, geht hell hervor, wenn die Reden der Rate zwischen 1789 und 1791 gelesen werden,
auch wenn die Arbeit des « Comité de Mendicité » gelesen wird. Darauf entsteht eine echte Sociologie
des Elends und zugleich bemerkt man, wie die liberale Antwort sich rational urn den Begriff der Arbeit
ordnet.
De armoede betekent een gevaar voor de sociale orde. De wetgever wordt met deze werkelijkheid
geconfronteerd en er toe gebracht een eco- nomische politiek van weldadigheid uit te werken en dit in
het algemeen kader van een libérale filosofie die gevestigd is op het contract. De politiéke stratégie die
daar uit voortvloeit komt tot uiting bij de lezing van de toe- spraken gehouden in de «Assemblée»
tussen 1789 en 1791, oôk bij het onderzoek van de werkzaamheden van het «Comité van de bedelarij».
Men ziet er een werkelijke sociologie van de armoede ontwikkelen en een liberaal antwoord dat zich op
rationele wijze ordent rond het begrip arbeid.Déviance et Société, 1986, Vol. 10, No 4, pp. 323-339
PAUVRETE ET MISERE
DANS LE DISCOURS DES PARLEMENTAIRES
AU DÉBUT DE LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE
RY. VERKINDT*
« L'analyse de la pensée est toujours allégorique par rapport au dis
cours qu'elle utilise. Sa question est infailliblement : qu'est-ce qui se disait
donc dans ce qui était dit ? L'analyse du champ discursif est orientée tout
autrement : il s'agit de saisir l'énoncé dans l'étroitesse et la singularité de
son événement, de déterminer les conditions de son existence, d'en fixer au
plus juste les limites, d'établir ses corrélations aux autres énoncés qui peu
vent lui être liés, de montrer quelles autres formes d'énonciations il exclut».
Cette méthode d'analyse développée par Michel Foucault dans Y Archéolog
ie du savoir (\)> nous la ferons notre dans ce qui suit.
Il nous faut cependant immédiatement rappeler qu'il ne s'agit pas
pour Michel Foucault de déterminer une organisation lexicale des textes (2)
ni même de procéder à une analyse structurale du discours. L'objet de
l'investigation est ici d'isoler les « conditions de possibilité du discours ».
Il convient aussi de nous démarquer d'une démarche purement thé
matique (3) qui ne permet pas de mettre suffisamment en valeur les modifi
cations ou les continuités de la pratique discursive. Cette recherche thémati
que a pu amener des auteurs tels que J.P. Gutton (4) à constater une remar
quable continuité sociologique de la pauvreté au-delà de la discontinuité
politique marquée par la Révolution Française.
L'option théorique qui guide le présent travail se réfère à une voie
médiane entre l'analyse purement lexicologique et l'analyse thématique.
L'ampleur du discours nous a cependant amené à restreindre le
champ d'investigation et à ne considérer que la parole révolutionnaire de/
devant l'Assemblée Nationale Constituante. Les nécessités matérielles vont
d'ailleurs rejoindre les nécessités méthodologiques pour argumenter dans le
sens d'une limitation du champ d'analyse. C'est en effet entre le 9 juillet
1789 et le 30 septembre 1791, date de la séparation de la Constituante que
va se structurer, se rationaliser le discours révolutionnaire sur la pauvreté et
la bienfaisance publique (5).
Deux temps sont nécessaires pour appréhender et décrire le champ
discursif.
Matériellement, il s'agit de le soumettre d'abord à un travail de dél
imitation et de décomposition, puis, utilisant le plan de travail choisi par
* Université de Lille - IL
323 Foucault lui-même décrire l'objet du discours, les modalités énon- Michel
ciatives et la naissance des concepts. Tel sera le but de la première partie.
La formation d'une stratégie (au sens où l'emploie Michel Foucault,
c'est-à-dire d'une théorie ou d'un thème) sera ensuite décrite. Cette straté
gie s'élabore autour de deux axes complémentaires.
1 . Émerge progressivement une véritable économie politique de la bien
faisance, qui assignera au pauvre une place dans le système de circulation
des richesses.
2. Cette économie politique se donnera des instruments dont, de façon
toute primordiale, une sociologie de la pauvreté.
I. Le discours
Le discours, la lecture du texte qui le constitue, suppose préalable
ment sa délimitation matérielle et la formation du corpus (A). Ce n'est
qu'ensuite qu'interviendra le traitement du texte (B).
A. Délimitation matérielle du discours : Le corpus
Un premier travail de « repérage » a été fait à partir des tables de la
première série des Archives Parlementaires (6) autour des concepts considér
és à priori comme concepts clés (7). Peut-être verra-t-on là quelque arbi
traire sujet à critique dans la mesure où d'autres signifiants peuvent ren
voyer au phénomène de la pauvreté. Ainsi le mot «colonie» renvoie lui-
même pour une part à celui de «transportation», qui partiellement
concerne certaines catégories de mendiants. Les limites de ce travail nous
ont cependant permis de penser que le choix opéré, ne portait pas préjudice
au caractère scientifique de ce qui n'est qu'un premier stade de la
recherche. Une même préoccupation nous a conduit à isoler dans le lexique
ainsi composé deux concepts centraux, en ce que l'ensemble des autres él
éments y renvoyait constamment : ces concepts centraux sont ceux de « mend
icité» et de «mendiants». Qu'il soit bien clair cependant qu'un travail
totalement exhaustif devrait reprendre l'analyse qui suit pour chacun des
mots de la liste définie.
A partir de la lecture systématique que tout ce qui s'est dit à leur pro
pos, d'abord dans les Cahiers des États Généraux, ensuite par et devant les
différentes Assemblées, il nous a semblé que la période déterminante dans
la structuration du discours était celle couverte par l'Assemblée Consti
tuante soit du 9 juillet 1789 au 30 septembre 1791.
C'est en effet la Constituante qui «produira» le plus grand nombre
d'interventions sur ce phénomène de la pauvreté. C'est son Comité de mend
icité qui articulera le discours étudié suivant un plan de travail pré-éta-
bli(8,9).
Le corpus ainsi constitué se compose

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