Pauvretés, les voies étroites d une issue équitable en Amérique latine - article ; n°142 ; vol.36, pg 341-363
24 pages
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Pauvretés, les voies étroites d'une issue équitable en Amérique latine - article ; n°142 ; vol.36, pg 341-363

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Description

Tiers-Monde - Année 1995 - Volume 36 - Numéro 142 - Pages 341-363
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Salama
Pauvretés, les voies étroites d'une issue équitable en Amérique
latine
In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142. pp. 341-363.
Citer ce document / Cite this document :
Salama Pierre. Pauvretés, les voies étroites d'une issue équitable en Amérique latine. In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142.
pp. 341-363.
doi : 10.3406/tiers.1995.5766
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_142_5766LES VOIES ÉTROITES PAUVRETÉS,
D'UNE ISSUE ÉQUITABLE
EN AMÉRIQUE LATINE1
par Pierre Salama*
Le pourcentage des pauvres par rapport à l'ensemble de la populat
ion dans les pays du Tiers Monde baisse depuis une dizaine d'années.
Cette évolution concerne quelques rares pays — dont un, fort peuplé :
la Chine — et s'explique fondamentalement par la conjonction de deux
facteurs : une croissance très élevée et soutenue, une distribution des
revenus provenant du travail moins inégale que celle qu'on observe dans
la plupart des pays sous développés. La réduction relative, mais aussi
absolue de la pauvreté s'accompagne cependant d'une accentuation des
inégalités des revenus. Les inégalités au sein des revenus provenant du
capital et ceux rémunérant le travail se creusent au bénéfice des pre
miers ; les inégalités entre les revenus du travail augmentent également,
en même temps que diminue fortement la pauvreté.
L'évolution est différente dans la plupart des pays latino-américains
et africains. Certes, les inégalités de revenus s'accroissent, à l'égal de ce
qu'on peut observer dans le premier groupe, mais la pauvreté ne
diminue pas. Elle s'accroît, tant en termes relatifs qu'en termes absolus.
Deux caractéristiques apparaissent : les inégalités s'accroissent ces dix
dernières années alors même qu'elles étaient déjà plus élevées que dans
la plupart des pays d'Asie, et ce qui semble le plus remarquable est que
les inégalités parmi les pauvres s'accentuent fortement (P. Salama et
J. Valier, 1995, dans ce numéro).
L'objet de cet article est de montrer d'abord la responsabilité de
l'accélération de l'inflation et de la récession dans l'augmentation de la
pauvreté et dans l'aggravation des inégalités parmi les pauvres, et à
l'inverse les effets contrastés d'une décélération de la hausse des prix et
1. * Université Texte remis de en Paris octobre XIII, 1994. GREITD-CEDI.
Revue Tiers Monde, t. XXXVI, n° 142, avril-juin 1995 342 Pierre Salama
d'une reprise de la croissance sur la pauvreté dans les principales éco
nomies latino-américaines. Ensuite, de montrer que les politiques
d'inspiration libérale, lorsqu'elle parviennent à assainir la situation
économique, agissent davantage sur l'appauvrissement que sur la pauv
reté. La voie libérale de sortie de crise, suivie par quelques pays
latino-américains récemment, montre une tendance à la concentration
autour de la ligne de pauvreté et un maintien, voire une accentuation,
des inégalités de revenus. Les pauvres situés aux environs de la ligne
de pauvreté se rapprochent de celle-ci, ceux qui ont des revenus
modestes, mais qui ne sont pas définis comme pauvres, se rapprochent
également de cette ligne. Les deux extrêmes se maintiennent dans
l'échelle des revenus. La pauvreté extrême demeure malgré les pr
ogrammes ciblés que conseille la Banque mondiale à leur égard et les
dix pour cent les plus riches conservent, voire accroissent leur part
dans le revenu national. Enfin, l'assainissement et la sortie de crise
peuvent être obtenus par des voies différentes de celles que préconise le
courant libéral. L'allégement de la pauvreté ne résulte alors pas seul
ement d'un retour nécessaire à une croissance peu inflationniste, mais
est également une condition préalable à une sortie de crise différente
dans ses modalités de celle prônée par le courant libéral.
DE QUELQUES CAUSES IMPORTANTES DE L'ÉVOLUTION DE LA PAUVRETÉ
1. L'appauvrissement absolu et relatif
Les facteurs explicatifs de l'accentuation de la pauvreté sont nomb
reux. Nous avons choisi d'en sélectionner deux qui nous semblent
avoir joué un rôle particulièrement important ces dix dernières années :
l'inflation et son accélération d'une part, la crise d'autre part.
a) Le passage d'un palier d'inflation très élevé à un autre plus
élevé, l'hyperinflation ouverte provoquent une diminution sensible du
pouvoir d'achat des revenus non indexés à l'évolution des prix et dans
une moindre mesure du pouvoir d'achat des revenus indexés à ces
prix. A l'inverse, il peut y avoir gain en pouvoir d'achat lorsque l'i
ndexation est faite sur des indicateurs censés anticiper l'accélération de
l'inflation (comme par exemple le taux de change parallèle, l'écart
entre ce dernier et le taux de change officiel) et que ces indicateurs
indiquent une hausse des prix supérieure à celle réalisée. Cette indexa
tion n'est possible que pour les revenus du capital et expliquent pour
quoi l'accélération inflationniste poussent toujours plus à la spécula- Pauvretés 343
tion et conduisent à la financiarisation des entreprises (P. Salama,
1989, P. Salama et J. Valier, 1990 et 1991).
Les graphiques suivants peuvent aider à montrer ces relations.
Situons-nous dans le meilleur des cas possibles pour ceux qui perçoi
vent un revenu provenant du travail, à savoir l'indexation sur l'évolu
tion passée des prix. Soit en ordonnée le salaire réel et en abscisse le
temps. Wi est le salaire réel en début de période. En raison de l'infla
tion, le salaire réel baisse et atteint le niveau W3. Les travailleurs réa
gissent et obtiennent que leur salaire retrouve le niveau Wi. Si l'opéra
tion se répète et qu'au bout du même temps « / » le salaire baisse puis
retrouve son niveau antérieur, le salaire réel moyen sera situé entre le
pic et le creux, au niveau W2. Les travailleurs auront perdu Wi — W2.
Ainsi, même en cas d'indexation intégrale, il y a baisse du revenu
moyen.
Salaires
réels
\ \ N w2
\ \ \ \ w3
t/2 t/2 // /f t t t
étant travailleurs inertiel Cette égales de situation l'inflation acceptent par ailleurs). peut (à cette conduire l'inverse Soit réduction deux à cet cas une aspect de réaction pouvoir figure. inertiel Les modifiant d'achat, prédominera travailleurs toutes t le caractère réagischoses Temps si les
sent plus vite (ť < t), le salaire moyen Wi, plus faible que Wi, est néan
moins supérieur à W2 ainsi qu'on peut le voir. La chute du pouvoir
d'achat est plus faible, sauf si les entrepreneurs, face à cet accroissement
de l'incertitude, réagissent en haussant davantage les prix. 344 Pierre Salama
Les travailleurs peuvent aussi demander à retrouver le salaire du pic
de manière durable. Le pic ancien devient alors le salaire moyen, mais
ceci implique que le nouveau pic soit au-dessus de l'ancien (Wí > Wi) et
la hausse des prix s'accélère de ce fait.
L'inflation a des effets négatifs sur le pouvoir d'achat tant que le
conflit distributif perdure et/ou s'aiguise. Si la perte de pouvoir d'achat
est acceptée par les travailleurs, alors une stabilisation de leurs revenus
peut être effective. Dans une certaine mesure, on peut dire que les pactes
de solidarité au Mexique dans la seconde moitié des années quatre- vingt
ont une responsabilité importante dans la décélération de la hausse des
prix. De même, on peut considérer que le contrôle des péronistes sur le
mouvement syndical en Argentine avec l'arrivée au pouvoir de
C. Menem a facilité l'assainissement économique et qu'à l'inverse la
haute combativité durant le gouvernement radical d'Alfonsin a consti
tué un facteur d'accélération de l'inflation. Il faut donc distinguer l'i
ntensité des luttes avec leur résultat. Une baisse du pouvoir d'achat peut
relancer l'inflation si elle aiguise le conflit distributif, elle peut ne pas
aboutir à ce résultat si elle ne relance pas ce conflit. On aura compris
également que si le conflit redistributif n'est pas relancé par les entrepre
neurs, vi

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