Perception de contrastes phoniques d une langue étrangère - article ; n°1 ; vol.91, pg 121-138
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Perception de contrastes phoniques d'une langue étrangère - article ; n°1 ; vol.91, pg 121-138

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Description

L'année psychologique - Année 1991 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 121-138
Résumé
L'étude de la perception par des francophones de syllabes dérivées du portugais a permis de préciser les limites de l'assimilation entre allophones, supportée par la référence aux représentations phonémiques. L'identification de stimuli situés sur un continuum allant de /da/ à /ta/ et différant par leur délai d'établissement du voisement (DEV) est fonction des catégories phonémiques (Expérience 1). Toutefois, les différences entre stimuli de même dénomination sont mieux discriminées (Expérience 2) quand les DEV sont fréquemment attestés en français que lorsqu'ils ne le sont pas. Par ailleurs, les patterns de discrimination sont fonction du temps de traitement. Ces résultats suggèrent que le poids respectif des indices acoustiques et des représentations phonémiques dépend de la possibilité de faire ou non correspondre directement aux sons des formes prototypiques.
Mots clés : perception phonétiquejphonémique, perception d'une langue étrangère, identification de la parole, discrimination de la parole.
Summary : Perception of non-native phonemic contrasts by French listeners
This study on the perception of Portuguese syllable by French mono-linguals examines the extent to which a non-native contrast is assimilated as variant of a native contrast insofar as they both oppose a prevoiced stop to a voiced one. A VOT 12-step /da/-/ta/ continuum, ranging from — 96 ms (the Portuguese /da/ value) to 0 ms, was first presented to French mono-linguals in an identification test. Identification function, clearly by categories, showed the effects of phonemic representations. However, responses in an AXB discrimination test were better than predicted for intra-category stimulus pairs, when VOT values on the continuum were characteristics of French language. Moreover, discrimination patterns varied, depending on response times (RT). Discrimination function for fastest RT showed the effect of stimulus variations, whereas responses were at random for the slowest RT, except for the stimulus pair with the longest prevoicing, which could not be produced by French speakers in initial position. We suggest that perception of a non-native, even if allophonic, contrast depends on the weighting of phonemic representations and acoustic cues, according to the correspondance between speech signal and prototypical forms.
Key words : phonetic/phonemic perception, foreign language perception, speech identification, speech discrimination.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

N. Bacri
Luis Coixao
Perception de contrastes phoniques d'une langue étrangère
In: L'année psychologique. 1991 vol. 91, n°1. pp. 121-138.
Citer ce document / Cite this document :
Bacri N., Coixao Luis. Perception de contrastes phoniques d'une langue étrangère. In: L'année psychologique. 1991 vol. 91,
n°1. pp. 121-138.
doi : 10.3406/psy.1991.29449
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1991_num_91_1_29449Résumé
Résumé
L'étude de la perception par des francophones de syllabes dérivées du portugais a permis de préciser
les limites de l'assimilation entre allophones, supportée par la référence aux représentations
phonémiques. L'identification de stimuli situés sur un continuum allant de /da/ à /ta/ et différant par leur
délai d'établissement du voisement (DEV) est fonction des catégories phonémiques (Expérience 1).
Toutefois, les différences entre stimuli de même dénomination sont mieux discriminées 2)
quand les DEV sont fréquemment attestés en français que lorsqu'ils ne le sont pas. Par ailleurs, les
patterns de discrimination sont fonction du temps de traitement. Ces résultats suggèrent que le poids
respectif des indices acoustiques et des représentations phonémiques dépend de la possibilité de faire
ou non correspondre directement aux sons des formes prototypiques.
Mots clés : perception phonétiquejphonémique, perception d'une langue étrangère, identification de la
parole, discrimination de la parole.
Abstract
Summary : Perception of non-native phonemic contrasts by French listeners
This study on the perception of Portuguese syllable by French mono-linguals examines the extent to
which a non-native contrast is assimilated as variant of a native contrast insofar as they both oppose a
prevoiced stop to a voiced one. A VOT 12-step /da/-/ta/ continuum, ranging from — 96 ms (the
Portuguese /da/ value) to 0 ms, was first presented to French mono-linguals in an identification test.
Identification function, clearly by categories, showed the effects of phonemic representations. However,
responses in an AXB discrimination test were better than predicted for intra-category stimulus pairs,
when VOT values on the continuum were characteristics of French language. Moreover, discrimination
patterns varied, depending on response times (RT). Discrimination function for fastest RT showed the
effect of stimulus variations, whereas responses were at random for the slowest RT, except for the
stimulus pair with the longest prevoicing, which could not be produced by French speakers in initial
position. We suggest that perception of a non-native, even if allophonic, contrast depends on the
weighting of phonemic representations and acoustic cues, according to the correspondance between
speech signal and prototypical forms.
Key words : phonetic/phonemic perception, foreign language perception, speech identification, speech
discrimination.L'Annie Psychologique, 1991, 91, 121-138
MÉMOIRES ORIGINAUX
Laboratoire de Psychologie expérimentale
EHESS, EPHE, CNRS URA 316
Université René-Descaries1
PERCEPTION DE CONTRASTES PHONIQUES
D'UNE LANGUE ÉTRANGÈRE
par Nicole Bacri et Luis Coixao
SUMMARY : Perception of non-native phonemic contrasts by French
listeners
This study on the perception of Portuguese syllable by French mono-
linguals examines the extent to which a non-native contrast is assimilated
as variant of a native contrast insofar as they both oppose a prevoiced stop
to a voiced one. A VOT 12-step \da\-\tal continuum, ranging from — 96 ms
(the Portuguese jdaj value) to 0 ms, was first presented to French mono-
linguals in an identification test. Identification function, clearly by cate
gories, showed the effects of phonemic representations. However, responses
in an AXB discrimination test were better than predicted for intra- category
stimulus pairs, when VOT values on the continuum were characteristics of
French language. Moreover, discrimination patterns varied, depending on
response times (RT). Discrimination function for fastest RT showed the
effect of stimulus variations, whereas responses were at random for the
slowest RT, except for the stimulus pair with the longest prevoicing, which
could not be produced by French speakers in initial position. We suggest
that perception of a non-native, even if allophonic, contrast depends on the
weighting of phonemic representations and acoustic cues, according to the
correspondance between speech signal and prototypical forms.
Key words : phoneticl phonemic perception, foreign language percept
ion, speech identification, speech discrimination.
1. 54, boulevard Raspail, 75006 Paris. 122 Nicole Bacri ei Luis Coixao
La perception des sons de parole s'appuie-t-elle sur le même
type de traitement selon que l'auditeur connaît ou non la langue
d'appartenance de ces sons ? Les travaux effectués depuis une
dizaine d'années sur la perception de syllabes d'une langue
étrangère ont montré que deux cas devaient être distingués : la
langue étrangère présente des contrastes phonétiques et des
catégories phonémiques qui sont absents de la langue maternelle
de l'auditeur ou bien les deux langues considérées occupent un
même espace phonétique et phonémique ou des espaces proxi-
maux qui, pour certains sons tout au moins, se recouvrent.
Dans le premier cas, lorsque les deux langues appartiennent
à des familles linguistiques distinctes, les auditeurs adultes ou
ne peuvent pas plus discriminer qu'identifier les phonèmes en
opposition (Miyawaki, Strange, Verbrugge, Liberman, Jenkins
et Fujimura, 1975), ou peuvent différencier les caractéristiques
acoustiques extraites des sons de parole et isolées, mais non
identifier ni même discriminer les syllabes entières (Werker et
Tees, 1984), ou encore ils ne différencient les sons de parole
qu'à la condition de les traiter comme des bruits sans signif
ication linguistique (Best, McRoberts et Sithole, 1988).
L'impossibilité d'intégrer les sons à leur système phonologique
interdirait aux auditeurs de construire des catégories phoné
miques et par suite de stabiliser leur jugement d'identification.
En ce cas, ou bien les valeurs des paramètres acoustiques sont
suffisamment contrastées pour servir de base à une discrimi
nation auditive, ou bien l'absence d'une représentation linguis
tique suffit à rendre la discrimination aléatoire.
Par contre, dans le second cas, les auditeurs, à l'écoute de
sons d'une langue étrangère proche de leur langue maternelle,
ont tendance à identifier les sons de cette langue à ceux de leur
propre langue chaque fois que la proximité des structures tant
phonémique qu'acoustique et phonétique rend ce type de trait
ement possible. Selon les termes de Best et al. (1988), si les sons
sont transcrits de même façon selon les normes de l'Alphabet
phonétique international, les auditeurs les traiteront comme des
allophones et les assimileront les uns aux autres. Par suite, que
leur tâche soit d'identifier ou de discriminer les syllabes en
opposition, leurs performances seront analogues pour les deux
langues. Ils établiront des distinctions entre les stimuli qu'ils
attribueront à des catégories différentes, mais non pas entre
ceux qu'ils situeront dans la même catégorie. Spécifiquement, Perception d'une langue étrangère 123
les stimuli situés sur la frontière entre deux catégories, ou aux
alentours immédiats de cette frontière, donneront lieu à des
réponses d'identification aléatoires et à un maximum de discr
imination (Liberman, Harris, Hoffman et Griffith, 1957).
Cette prédiction, maintes fois validée expérimentalement, a
conduit à proposer un modèle de perception de la parole en termes
d'états discrets sous-tendus par des mécanismes spécifiques
(Liberman, Cooper, Shankweiler et Studdert- Kennedy, 1967 ;
Liberman et Mattingly, 1985). La notion de frontière entre
catégories a ici un rôle central (Repp et Liberman, 1984, pour
une revue). Le codage de la parole s'effectuera différemment
selon que la frontière sera ou non repérable.
Les recherches sur l'apprentissage d'une langue étrangère
ont, récemment, conduit de même à dissocier les mécanismes de
traitement effectués seulement sur une base acoustique et pho
nétique et ceux qui ont de plus un fondement phonémique.
Lorsque les deux langues sont proches, l'apprenant, au début de
son apprentissage, tend à assimiler les représentations percept
ives des deux langues (Flege et Eefting, 1988), 

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