Pierre-Charles Levesque, humaniste, historien et moraliste - article ; n°1 ; vol.42, pg 7-66
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Description

Revue des études slaves - Année 1963 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 7-66
60 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

ANDRÉ MAZON
Pierre-Charles Levesque, humaniste, historien et moraliste
In: Revue des études slaves, Tome 42, fascicule 1-4, 1963. pp. 7-66.
Citer ce document / Cite this document :
MAZON ANDRÉ. Pierre-Charles Levesque, humaniste, historien et moraliste. In: Revue des études slaves, Tome 42, fascicule
1-4, 1963. pp. 7-66.
doi : 10.3406/slave.1963.1807
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1963_num_42_1_1807PIERRE-CHARLES LEVESQUE
HUMANISTE, HISTORIEN ET MORALISTE
PAR
ANDRÉ MAZON
II est des livres, vieillis aujourd'hui, qui n'ont plus leur place au rang des
« usuels », mais que la loyauté de l'auteur et son sens critique ont sauvés de
l'oubli. Ils marquent une étape dont l'éloignement nous permet de mesurer
mieux l'importance. Telles sont YHistoire de Russie, de Pierre-Charles
Levesque, et son Histoire des différents peuples soumis à la domination des
Russes, suite à l'histoire de Russie, parues en 1782 et par trois fois rééditées
(en 1783, 1800 et 1812). Tel aussi ce Mémoire, conservé en manuscrit,
sur la « Justice russe » (Russkaja Pravda), dont, à la suite de l'excellente ana
lyse de S. N. Valk, les historiens du droit comparé utiliseront la publication.
Je ne voudrais ici que mettre en lumière les aspects si divers de Levesque :
son étonnante vocation de savant aux curiosités multiples, graveur, huma*
niste, philosophe et moraliste, historien, — sa carrière d'homme de science
partagée entre la Russie de Catherine, la Révolution française, le Directoire
et l'Empire de Napoléon. En même temps professeur au Collège de France
et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, représentant
d'une époque riche de rudes enseignements, l'homme n'est pas moins atta
chant que son œuvre, sinon même un peu davantage, à ce qu'il nous semble
aujourd'hui.
Il était né à Paris le 28 mars 1736 dans une famille bourgeoise. Des revers
de fortune avaient obligé ses parents à quitter Paris pour s'installer dans le
Midi, mais il avait appris le métier de graveur et s'était assuré ainsi des moyens
d'existence suffisants pour rester dans la capitale et poursuivre ses études
classiques commencées au collège des Quatre-Nations et continuées au col
lège Louis-le-Grand. Il s'était voué alors à la connaissance des langues
anciennes №.
Ш Pierre-Charles Levesque figure à la fin de la « liste chronologique des anciens élèves de
Louis-le-Grand élus aux anciennes Académies et à l'Institut national de France » publiée par
Dupont-Ferrier (Du Collège de Clermont au Lycée Louis-le-Grand, III, Paris, 1925, p. 324).
Son nom est accompagné de la référence : « Archives des Affaires étrangères, Jeunes de langues,
carton 37, Palmarès Louis-le-Grand, 1er août 1753 ». Mais il ne semble pas que Levesque ait
jamais été « Jeune de langues », non plus que le comte d'Affry et Rigaud de Vaudreuil, l'un
et l'autre peintres, qui ont trouvé place dans le même dossier des Affaires étrangères (car
tons 37 et 38, op. cit., p. 324 et p. 325). Il est vrai, comme l'observe Dupont-Ferrier, que « les ANDRÉ MAZO N 8
C'est l'art de la gravure et ce sont aussi ses premiers écrits dans l'esprit de
l'Encyclopédie qui devaient le rapprocher de Diderot et lui valoir bientôt
son estime et son amitié ^.
L'œuvre du jeune artisan en gravure est celle d'un « graveur d'interpréta
tion », artiste consciencieux et délicat, mais sans originalité. Elle lui vaut,
dans le Lexikon de Thieme et Becker, d'être qualifié Radiererdilettant;
E. Bénézit constate simplement : « II a gravé avec talent des sujets d'histoire
et des sujets de genre, d'après les maîtres anciens et ceux de son époque;
on lui doit aussi des portraits ». L'inventaire essentiel en est connu : d'une
part, « Le Sommeil et le Réveil » (1765), d'après Boucher; « La Gaîté »,
d'après Van Loo ; « Vénus et l'Amour », Pierre (1770) ; « l'Amour
aiguisant une flèche », d'après Cazes (1770) ; « Jupiter et Danaé », d'après
de Troy; «Énigme vaincue», d'après Deshayes; «La toilette hollandaise»,
d'après Metzu ; « Loth et ses mies », d'après Diepenbecke ; des planches pour
un Abrégé de l'histoire romaine d'après G. de Saint- Aubin; des
le Cabinet de Choiseul; et, d'autre part, les portraits de Gilbert de Voysins,
d'après Duplessis (1771); de Balland d'Augustebourg, d'après Colson; de
Sedaine, d'après David ; du maréchal de Lowendal (1772) ; du duc de la Vril-
lière, Van Loo; de Lekain dans le rôle de Gengis-Khan (1765); et,
le plus curieux de tous, de Jean Causeur, boucher de profession, âgé de
130 ans, d'après Caffieri (1772) (2).
Mais ce jeune graveur était en même temps homme de lettres. Il semble
bien que ses années de jeunesse ne nous aient légué que son poème de La
gloire №> et un Choix de poésies de Pétrarque traduites de l'italien (Paris,
1774, et nouvelle édition, en 1786, chez Hardouin, 2 volumes in-18),
et surtout la spirituelle plaquette éditée en 1761 à Amsterdam : Les rêves
d'Aristobule, philosophe grec, suivis d'un Abrégé de la Vie de Formose phi
losophe français, par M. L*** (120 p., à Paris, chez de Poilly, quai de Gêvres,
au Soleil d'Or). L'épigraphe inscrite au-dessous du titre exprime le verdict
Jésuites étaient naturellement enclins à consacrer la prépondérance latine et à reléguer les langues
orientales dans une position inférieure » (p. 368). Mais le fait est qu'on ne trouve dans l'œuvre
de Levesque aucun indice d'une initiation, même élémentaire, à la connaissance des langues
orientales.
M Notice biographique par Maurice Prou, dans la Grande Encyclopédie, t. 22, p. 138.
<2> Voir Les graveurs du xviii* siècle par MM. le Baron Roger Portalis et Henri Béraldi,
t. II, Paris, 1881, p. 711-713; — M. Ch. Le Blanc, Manuel de l'amateur d'estampes, Paris,
1856-1888, lettre L, p. 548-549; — Allgemeines Lexikon der bildenden Kiinstler von der Antike
bis zur Gegenwart, begriindet von Ulrich Thieme und Felix Becker, t. XXIII, Leipzig, 1929,
p. 155 ; — £. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessina
teurs et graveurs, nouvelle édition, t. V, Paris, 1952, p. 553.
(3) La Gloire, poëme (suivi de Théosinode, ou le Conseil des dieux, divertissement en un
acte et en vers), Amsterdam et Paris, Mérigot, 1756, in-12, 31 p. Plaquette signalée par
J. M. Quérard (La France littéraire, 10 vol., 1827-1829), mais, à notre connaissance, introu
vable aujourd'hui en et aux Pays-Bas. PIERRE-CHARLES LEVESQUE 9
d'une âme fougueuse sur la condition des hommes : О varias hominum
mentes, ô pectora cœca! Cet auteur anonyme, qui était alors dans sa vingt-
cinquième année, se présentait plaisamment comme un philosophe grec
entouré de disciples :
La vie entière, mes chers Disciples, n'est qu'un mélange de rêves peu suivis,
presque toujours bisares (1), et pour l'ordinaire malheureux. Le plus fortuné des
hommes est celui dont le sommeil de la vie a été agité par un moindre nombre de
rêves tristes. Accoutumé dès la plus tendre jeunesse à réprimer mes passions, mes
jours ont dû être tranquilles : mais les Dieux n'ont pas voulu que mon Destin différât
entièrement de celui du reste des hommes. Ds m'envoyent toutes les nuits des rêves
tellement suivis qu'ils ressemblent à la réalité même. Ainsi, du moins pendant mon
sommeil, j'ai plus qu'aucun homme éprouvé toutes les vicissitudes de l'humanité.
C'est ce début dans la vie qu'évoquait M. Quatremère de Quincy avec une
délicatesse toute académique dans la brève oraison funèbre du 14 mars 1812 :
M. Levesque effectivement avait parcouru des carrières diverses. La littérature
ne reçut point ses premiers hommages. L'exercice du dessin et de la gravure occupa
ses plus jeunes années. Il dut à cette direction première de ses facultés ce goût
juste et éclairé pour le beau, ce sentiment délicat des finesses théoriques de l'art;
dont il a donné des preuves multiples dans la partie de Y Encyclopédie Méthodique
o

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