Pirogues et porte-avions : les relations internationales dans le Pacifique Sud - article ; n°149 ; vol.38, pg 35-55
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Description

Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 149 - Pages 35-55
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Élise Huffer
Pirogues et porte-avions : les relations internationales dans le
Pacifique Sud
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°149. Le Pacifique insulaire. Nations, aides, espaces ( sous la direction de Joël
Bonnemaison et Jean Freyss ). pp. 35-55.
Citer ce document / Cite this document :
Huffer Élise. Pirogues et porte-avions : les relations internationales dans le Pacifique Sud. In: Tiers-Monde. 1997, tome 38
n°149. Le Pacifique insulaire. Nations, aides, espaces ( sous la direction de Joël Bonnemaison et Jean Freyss ). pp. 35-55.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_149_5124ET PORTE- AVIONS : PIROGUES
LES RELATIONS INTERNATIONALES
DANS LE PACIFIQUE SUD
par Élise Huffer*
Les relations internationales dans le Pacifique Sud peuvent être
appréhendées à partir de deux perspectives opposées : celle des grandes
puissances impliquées dans la zone, acteurs frontaliers mais influents, et
celle des États insulaires océaniens, centraux de moindre
envergure. La première perspective est celle qui domine la pensée acadé
mique et diplomatique. Il suffit de comptabiliser les ouvrages et d'inter
roger les diplomates, les médias et l'homme de la rue pour le confirmer.
Quant à la deuxième perspective, si elle n'est éclairée que par quelques
chercheurs et universitaires océaniens s'intéressant aux relations exté
rieures des micro-États de la région1, elle prend vie à travers l'action des
dirigeants insulaires. La première conception tend à prendre en considé
ration la vision globale et les intérêts géostratégiques des grandes puis
sances, à illustrer leurs objectifs et les moyens dont ils disposent et usent.
La deuxième conception s'attache au même exercice mais en prenant le
point de vue des acteurs insulaires. Ces deux optiques prises ensemble
permettent d'apporter une image sinon complète du moins complément
aire des relations internationales dans le Pacifique Sud. Mais elles peu
vent également paraître contradictoires dans de multiples domaines, la
première ayant tendance à nier la légitimité et même l'existence de la
deuxième. Pourtant, ne pas prendre en considération les intérêts et la
logique des États insulaires dans la poursuite de leurs objectifs serait une
erreur scientifique et politique.
La réflexion qui suit s'engage à mettre en relief les deux visions du Paci
fique Sud et le rôle de ses acteurs, en accentuant la deuxième, moins
connue des milieux diplomatiques et universitaires. Elle démontrera que
* Politologue, рас Conseil. Nouméa.
1. Le nombre d'ouvrages (en anglais et français) traitant directement de la politique extérieure des
États insulaires océaniens ne dépasse pas les doigts des deux mains.
Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, n° 1 49, janvier-mars 1997 36 Élise Huffer
loin d'être de simples spectateurs passifs dans un monde qui se bouscule
autour d'eux, les Etats insulaires agissent sur leur environnement et sur la
communauté internationale. Cette démonstration s'appuiera sur une
illustration concrète que sont les domaines du droit de la mer et de la
pêche hauturière. En conclusion nous examinerons l'action des pays océa
niens face aux évolutions politiques et économiques de la fin du siècle.
I - LE PACIFIQUE SUD DES GRANDS '. MAINTENIR LA STABILITÉ
Les principaux acteurs « frontaliers », « limitrophes » ou encore exo
gènes1 du Pacifique insulaire sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le
Japon, la France, les États-Unis et jusqu'à récemment la Grande-Bret
agne. Les autres États qui ont une présence discrète dans la région,
essentiellement par leur action économique directe ou indirecte, sont le
Canada, la Chine, Taiwan et, progressivement, la Corée.
La première catégorie d'États a en Océanie un certain nombre d'in
térêts communs d'ordre stratégique que l'on pourrait décliner ainsi:
préservation de leur accès à la région ; exclusion de la région d'ennemis
déclarés ou non (par le passé l'Union soviétique, aujourd'hui encore
tous les États considérés comme hostiles ou potentiellement dange
reux) ; maintien de bases et/ou de coopération militaires avec les pays
insulaires ; facilité d'accès aux ressources et richesses naturelles de ces
derniers ; préservation de la stabilité politique, sociale et économique de
la région. Il est évident que ces intérêts globaux n'ont pas le même degré
d'importance pour tous les acteurs. Les États-Unis sont en premier lieu
concernés par le domaine militaire : maintien de bases en Micronésie (en
particulier Kwajalein aux îles Marshall où amerrissent les missiles
envoyés de Californie) et à Hawaï ; libre circulation de leurs sous-marins
et porte-avions (nucléaires et autres) à travers le Pacifique ; conservation
de l'installation de destruction d'armements chimiques à Johnston qui
dépend d'Hawaï mais est revendiqué par les îles Marshall. Ils ont cepen
dant des intérêts économiques non négligeables à Hawaï qui, malgré son
statut de 50e État américain, est sujet à un mouvement d'autodéterminat
ion du peuple autochtone qui ne cesse de croître et dont les revendica
tions devront être prises en compte par Washington. Parallèlement, les
1 . La France peut être considérée comme exogène en dépit de sa présence dans les territoires de Nouv
elle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna puisqu'elle est géographiquement située à 20 000 km
de POcéanie. La Grande-Bretagne est dans le même cas. Les États frontaliers sont l'Australie et la Nouvelle-
Zélande, puisqu'ils font partie de l'ensemble Pacifique mais sont situés à sa périphérie, géographiquement
comme culturellement. Les États-Unis et le Japon peuvent être considérés limitrophes puisqu'ils « donnent »
sur l'Océanie, mais n'en font pas vraiment partie. Pirogues et porte-avions 37
États-Unis exigent d'avoir un accès étendu aux ressources naturelles et
aux marchés océaniens, phénomène illustré par leur attitude vis-à-vis de
la pêche aux thonidés, et leur lobbying pour vendre du poulet américain
à Fidji1. Cependant après s'être investis sur le terrain pendant une
période d'une vingtaine d'années (1970-1990) par le biais de leur
agence usaid et le service du Peace Corps, les États-Unis se défont pro
gressivement de leurs « responsabilités » vis-à-vis des populations océa
niennes et confient ce rôle à l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Washington conseille vigoureusement aux États insulaires de dévelop
per le commerce et l'investissement privé pour assurer leur bien-être.
Cependant, les États insulaires ont des difficultés à vendre aux Améric
ains leurs produits qui sont strictement réglementés aux États-Unis
(sucre, textiles, maroquinerie, etc.).
Le deuxième acteur «limitrophe», le Japon, cherche depuis le
milieu des années 70 à se réintégrer progressivement mais sans faire de
vagues dans une région qu'il colonisa rapidement et brutalement dans
les années 30 et dont il fut chassé durant la deuxième guerre mondiale.
Le Japon se sert par conséquent de l'Océanie pour étoffer sa diplomat
ie renaissante et améliorer son image internationale. Mais Tokyo a
également des intérêts économiques dans la région notamment en
matière de pêche, puisque l'essentiel de l'apport protéique de sa popul
ation provient du poisson. Le thon dont dépend le Japon se trouve en
large quantité dans la région océanienne, à laquelle il lui faut un accès.
Les réserves de nickel et de bois dans le Pacifique Sud intéressent éga
lement le pays mal loti en ressources naturelles. L'assistance que
Tokyo apporte à la région lui permet, en grande partie, de garantir
son accès à ces ressources. Sur le plan stratégique, le Japon préconise
le maintien de la stabilité dans la région océanienne, dont il est un
voisin proche et à laquelle il se sent lié par sa présence ancienne. Il
contribue à cet objectif par le biais d'une assistance qui est en crois
sance constante et fait de lui le deuxième bailleur d'aide bilat&#

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