Poésie et prose d un zaumnik : Il´ja Zdanevi?. Quelques caractéristiques communes - article ; n°4 ; vol.67, pg 563-575
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Poésie et prose d'un zaumnik : Il´ja Zdanevi?. Quelques caractéristiques communes - article ; n°4 ; vol.67, pg 563-575

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Description

Revue des études slaves - Année 1995 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 563-575
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Régis Gayraud
Poésie et prose d'un zaumnik : Il´ja Zdanevič. Quelques
caractéristiques communes
In: Revue des études slaves, Tome 67, fascicule 4, 1995. pp. 563-575.
Citer ce document / Cite this document :
Gayraud Régis. Poésie et prose d'un zaumnik : Il´ja Zdanevič. Quelques caractéristiques communes. In: Revue des études
slaves, Tome 67, fascicule 4, 1995. pp. 563-575.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1995_num_67_4_6282POESIE ET PROSE D'UN ZAUMNIK : IĽJA ZDANEVIČ
Quelques caractéristiques communes
PAR
RÉGIS GAYRAUD
En 1923, Iľja Zdanevič, dit Il'jazd, jusque-là connu pour ses œuvres en
zaum', parues à Tiflis (jankO krUľ albAnskaj, asEl naprakAt, ostrAfpAsxi, ZgA
jakabY) puis à Paris (lidantJU fAram), entame une nouvelle étape de sa création
artistique, comme prosateur. Cette nouvelle période va durer jusqu'au début des
années 1930. Pendant ce temps, il va écrire un livre de souvenirs sous forme de
lettres : Pis 'ma Morganu Filipsu Prajsu, terminer trois romans : Parižač'ji,
Vosxiščenie, Filosofija, dont un seul — Vosxiščenie — sera publié, et en com
mencer un autre qui restera inachevé : Posmertnye trudy. À partir de 1935, il va
se mettre à écrire uniquement en vers, des sonnets : Afat, RaèV, Pis 'то, Bri-
gadnyj, Prigovor bezmolvnyj. Cette troisième période durera jusqu'en 1950.
Ensuite il se consacrera presque exclusivement à l'édition de livres d'artistes.
Ses recueils de sonnets seront publiés de 1939 à 1961.
Dans la présente étude, nous nous bornerons à étudier quelques caractéris
tiques de l'œuvre zaoumienne d'Il'jazd et de Parižač'ji, son premier roman. Les
conclusions nées de la confrontation de ces deux aspects de l'œuvre d'Il'jazd
peuvent être également rapportées à ce qu'écrit Milivoje Jovanović dans son
analyse de Vosxiščenie1.
C'est à dessein que, parlant de la première période, nous n'avons pas
employé le terme de « poésie zaum'». On a déjà évoqué la difficulté à classer la
zaum ' en prose ou poésie. Chez Il'jazd, le problème est en partie résolu dans la
mesure où, du moins théoriquement, il s'agit ď œuvres dramatiques, écrites pour
être jouées et représentées sur scène.
Contrairement à Xlebnikov, Il'jazd accordait une grande importance aux
termes utilisés pour caractériser les genres de ses œuvres. Caractérisant ses
œuvres, il les appelait des drames, chacun de ces drames, à l'intérieur du cycle,
est appelé dejstva, mot forgé à partir de dejstvie (acte, action) et réminiscence de
dejstvo, employé pour désigner les anciennes représentations théâtrales, le plus
souvent à caractère religieux, mais aussi à caractère bouffon. Le cycle lui-même
1. Cf. M. Jovanović, « Восхищение Зданевича-Ильязда и поэтика 41° », in Заум
ный футуризм и дадаизм в русской культуре, éd. L. Magarotto, M. Marzaduri et
D. Rizzi, Bern- Berlin, Peter Lang, 1991, p. 165-208.
Rev. Étud. slaves, Paris, LXVII/4, 1995, p. 563-576. 564 REGIS GAYRAUD
est appelé virtep, graphie plus ou moins « phonétique » du russe vertep, c'est-à-
dire à la fois repère de brigands et théâtre ambulant de marionnettes. Comme on
le sait, dans le vertep, la scène est divisée en deux parties : une partie basse dans
laquelle est montrée une histoire se passant sur terre, une partie haute, le ciel, où
se développe, au travers d'exploits surnaturels, une interprétation philosophico-
religieuse de ce qui est représenté dans la partie basse. Cette binarité, que le
terme même de vertep semble signaler de façon saisissante du fait de ses deux
acceptions, se retrouve dans la composition de ses drames zaum '.
Les deux niveaux — bas et élevé — ne sont clairement exprimés que dans
le type de langue poétique employé. Plus précisément, coexistent grosso modo
deux espèces de langues poétiques que l'on pourrait différencier par leur plus ou
moins grande ressemblance avec le russe traditionnel. Le niveau « bas » est
représenté par un russe déformé, souvent dans le sens d'une plus grande adé
quation à la phonétique (consonnes sonores notées par les équivalentes sourdes
en fin de mots ou avant une consonne sourde) mais aussi selon des règles
somme toute fort peu rigoureuses (hors accent, е noté /, о noté a quelle que soit
leur place) qui donnent à penser qu'il s'agit là de restituer une prononciation
fautive, et plus précisément « l'accent géorgien » (ainsi ekzempljarov transcrit
ygzgmpljarad), avec des mots estropiés (gražani au lieu de grazdané) et une
syntaxe fruste. Ce premier type de langage est employé par le « patron »
(xazJAin) de la baraque de foire, sorte de Monsieur Loyal qui présente l'action
ainsi que les personnages, se permet d'intervenir dans le cours du drame et
conclut la pièce (cf. illustration n° 1).
Donnant la morale de la pièce par quelques mots sybillins, il semble détenir
les clefs de son message, même si, comme tout démiurge qui se respecte, il est
quelquefois dépassé par les personnages. Il a donc un statut de première
importance, empiétant sur celui du « deuxième étage » (du domaine des dieux)
dans le vertep. Mais là où l'on pourrait attendre une véritable zaum' pour resti
tuer le langage élevé, « céleste » du démiurge, on ne trouve que le russe « estro
pié » du bonimenteur, inversion des rôles dont les racines nous mèneraient loin
dans la tradition folklorique. Ce type de langage est également utilisé dans la
pièce pour les indications d'auteur, c'est-à-dire les indications scéniques, jeux
de scènes, noms des personnages, et plus généralement, tout ce qui, dans un
ouvrage imprimé, n'appartient pas au texte littéraire : justification de tirage, « du
même auteur », « à paraître » et jusqu'au prix. Ce type de langage a donc un rôle
essentiel de communication avec le lecteur du livre et le spectateur du drame. Il
sert à remettre celui-ci sur les rails de la raison en le guidant à travers le flot de
sons d'outre-entendement (zaum') qui pourrait bien le submerger. D'ailleurs, de
façon exceptionnelle, des personnages de l'action peuvent s'exprimer aussi dans
ce sabir (JU but'rUlem que l'on peut gloser en buď korolem dans Janko)
ce même but d'explication.
Les personnages, eux, s'expriment dans un langage franchement « zaou-
mien », formé de toutes pièces et allant, comme l'écrivait Iľjazd à VI. Markov
« des sons purs vers les analogies » — c'est-à-dire vers les analogies avec le
russe, mais sans jamais atteindre cette limite inférieure (matérialisée par une
ligne dans notre échelle de bas à élevé, voir plus loin). Ainsi, parfois, la multi
plication de sons homonymes à des morphèmes (désinences) ou lexèmes
(suffixes, préfixes) russes dans un environnement zaoumien tend à restaurer des POESIE ET PROSE D'UN ZAUMNIK: IĽJAZD 565
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ОФК,
1. UdantJU f Агат
Présentation de la pièce par le « patron » en russe estropié.
relations grammaticales à l'intérieur de ce système foncièrement a-linguistique.
Mais certains personnages n'utilisent que des monosyllabes, semblent ne parler
que par borborygmes. Dans chaque pièce, chacun des personnages a des carac
téristiques langagières propres, les composantes sonores, l'agencement des con
sonnes et des voyelles permettant cette variété. Dans Janko, le médecin Yrentaľ
s'exprime dans une sorte de fausse langue allemande (rnimesis, ce qui serait un
peu comme le B.A.-Ba zaoumien). Dans Vidant JU f Aram, un personnage (Kara-
lëk) ut

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