Politique en matière de drogue: une analyse relationnelle - article ; n°2 ; vol.23, pg 149-164
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Déviance et société - Année 1999 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 149-164
The article compares drug policies adopted by six European regions at the end of the 1990s: Frankfurt (Germany), Gôteborg (Sweden), Lyons (France), Modena (Italy), Rotterdam (Holland) and the Swiss canton of Valais. Apart from the ideological debate of crimi- nalisation versus liberalisation, it is possible to see in practice some original combinations of preventive initiatives, penal measures, care measures, risk reduction measures and agency co-ordination. This comparative perspective allows us to suggest three ideal-types of policies on drugs : the health model, the control model and the risk reduction model.
Dieser Artikel schlagt eine Analyse der Drogenpolitik in sechs europäischen Städten am Ende der neunziger Jahre vor: Frankfurt in Deutschland, Göteborg in Schweden, Lyon in Frankreich, Modena in Italien, Rotterdam in den Niederlanden, und den Schweizer Kanton Valais. Über die ideologische Debatte «Repression» vs. «Liberalisierung» hinaus beobachtet man in der Praxis eine jeweils spezifische Kombination präventiver, gesundheitspolitischer, niedrigschwelliger Aktivitäten und eine Koordination der Akteure. Diese vergleichende Perspektive erlaubt die Entwicklung von drei Idealtypen der Drogenpolitik: das «Gesundheitsmodell», das « Kontrollmodell » und das Modell der «harm-reduction».
Dit artikel maakt een vergelijking van het drugsbeleid gevoerd in zes Europese entitei- ten op het einde van de jaren '90: Frankfurt in Duitsland, Gôteborg in Zweden, Lyon in Frankrijk, Modena in Italie, Rotterdam in Nederland en het Zwitserse kanton Valais. Boven- op het ideologische debat aangaande «repressie versus liberalisering », konden op het ter- rein originele combinaties van preventieve, repressieve, zorgverstrekkende, risicovermin- derende en coôrdinerende activiteiten tussen de actoren worden vastgesteld. Dit vergelijkend perspectief laat toe de drie ideaal-typische modellen inzake drugbeleid te opti- maliseren: het « gezondheidsmodel », het « controlemodel » en het «risicoverminderende (risk reduction) model».
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

B. Lucas
Sandro Cattacin
Politique en matière de drogue: une analyse relationnelle
In: Déviance et société. 1999 - Vol. 23 - N°2. pp. 149-164.
Abstract
The article compares drug policies adopted by six European regions at the end of the 1990s: Frankfurt (Germany), Gôteborg
(Sweden), Lyons (France), Modena (Italy), Rotterdam (Holland) and the Swiss canton of Valais. Apart from the ideological debate
of crimi- nalisation versus liberalisation, it is possible to see in practice some original combinations of preventive initiatives, penal
measures, care measures, risk reduction measures and agency co-ordination. This comparative perspective allows us to suggest
three ideal-types of policies on drugs : the health model, the control model and the risk reduction model.
Zusammenfassung
Dieser Artikel schlagt eine Analyse der Drogenpolitik in sechs europäischen Städten am Ende der neunziger Jahre vor: Frankfurt
in Deutschland, Göteborg in Schweden, Lyon in Frankreich, Modena in Italien, Rotterdam in den Niederlanden, und den
Schweizer Kanton Valais. Über die ideologische Debatte «Repression» vs. «Liberalisierung» hinaus beobachtet man in der
Praxis eine jeweils spezifische Kombination präventiver, gesundheitspolitischer, niedrigschwelliger Aktivitäten und eine
Koordination der Akteure. Diese vergleichende Perspektive erlaubt die Entwicklung von drei Idealtypen der Drogenpolitik: das
«Gesundheitsmodell», das « Kontrollmodell » und das Modell der «harm-reduction».
Dit artikel maakt een vergelijking van het drugsbeleid gevoerd in zes Europese entitei- ten op het einde van de jaren '90:
Frankfurt in Duitsland, Gôteborg in Zweden, Lyon in Frankrijk, Modena in Italie, Rotterdam in Nederland en het Zwitserse kanton
Valais. Boven- op het ideologische debat aangaande «repressie versus liberalisering », konden op het ter- rein originele
combinaties van preventieve, repressieve, zorgverstrekkende, risicovermin- derende en coôrdinerende activiteiten tussen de
actoren worden vastgesteld. Dit vergelijkend perspectief laat toe de drie ideaal-typische modellen inzake drugbeleid te opti-
maliseren: het « gezondheidsmodel », het « controlemodel » en het «risicoverminderende (risk reduction) model».
Citer ce document / Cite this document :
Lucas B., Cattacin Sandro. Politique en matière de drogue: une analyse relationnelle. In: Déviance et société. 1999 - Vol. 23 -
N°2. pp. 149-164.
doi : 10.3406/ds.1999.1689
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1999_num_23_2_1689Déviance et Société, 1999, Vol. 23, No 2, pp. 149-164
POLITIQUE EN MATIERE DE DROGUE:
UNE ANALYSE RELATIONNELLE*
B. LUCAS, S. CATTACIN**
Cet article propose une comparaison des politiques en matière de drogues menées dans
six réalités européennes à la fin des années 1990: Francfort en Allemagne, Gôteborg en
Suède, Lyon en France, Modène en Italie, Rotterdam aux Pays-Bas et le canton suisse du
Valais. Au-delà du débat idéologique «répression» vs «libéralisation», on observe sur le
terrain des combinaisons originales d'activités préventives, de répression, de soin, de
réduction des risques et de coordination des acteurs. Cette perspective comparative permet
de mettre à jour trois types-idéaux de politique en matière de drogue: le «modèle sani
taire», le «modèle de contrôle» et le «modèle de réduction des risques».
Mots-clés: Drogue - Politique des drogues - Politique comparée - Europe occiden
tale
Les débats publics sur la politique en matière de drogue1 ont longtemps été caractérisés
par leur caractère passionnel et dual. Typiquement, deux conceptions sont opposées. D'un
côté, on peut chercher prioritairement à éliminer les possibilités de se droguer. Dans une
perspective technocratique, l'intervention s'appuiera alors sur les forces policière et judi
ciaire. La politique visera à extraire du corps social sa partie malade, à la manière dont un
chirurgien procède à l'ablation d'une tumeur maligne. C'est l'attitude répressive. D'un
autre côté, on peut considérer que ce qui pose problème, ce n'est pas la drogue mais le
manque de flexibilité du corps social, voire, dans une version plus élaborée, les effets per
vers de la réponse répressive. L'intervention visera alors la suppression des contraintes,
tablant sur une auto-organisation de la société. La drogue sera normalisée et l'ancien
désordre fera figure de nouvel ordre. C'est la perspective de la libéralisation totale.
Ces deux points de vue, aussi familiers et heuristiques qu'ils soient, représentent des
constructions idéologiques qui ne correspondent ni à la réalité des politiques menées dans
les pays démocratiques depuis environ trente ans, ni à la complexité sociale de la question
des drogues. Pour saisir les enjeux des politiques actuelles, il nous faut donc reconnaître
une troisième approche. Au delà de la répression et de la libéralisation, on peut encore part
ir du principe qu'il n'existe pas de solution définitive. En conséquence, l'intervention se
traduira par la mise en place de programmes sociaux répondant aux divers aspects du
Cet article présente les résultats d'une recherche réalisée dans le cadre d'un mandat de la Confédération hel
vétique, plus précisément de l'Office fédéral de la santé publique. Pour une version détaillée, on se reportera
à Cattacin Sandro, Lucas Barbara, Vetter Sandra, 1996, Modèles de politique en matière de drogue. Une com
paraison de six réalités européennes, Paris, L'Harmattan.
Nous remercions Hanspeter Kriesi pour ses lectures précises et ses critiques toujours constructives.
Université de Genève, Département de science politique.
Nous entendons par le terme «drogue» les produits susceptibles d'agir sur le système nerveux central du
consommateur et ayant un caractère illégal dans les réalités étudiées. Déviance et Société 150
problème. Cette position sous-tend des modes de gestion flexibles, des politiques adaptées
aux changements (diffusion de nouveaux produits par exemple). Elle peut être qualifiée de
pragmatique.
Or, les réalités européennes de gestion du problème de la drogue s'inscrivent toutes
dans cette philosophie ; ce qui ne signifie pas qu'elles soient semblables. Analyser ces poli
tiques pragmatiques, c'est au contraire tenter d'organiser la diversité qui les caractérise.
Dans cette perspective, nous avons cherché à élaborer des modèles de politique en matière
de drogue, à partir d'études de cas, cas représentés par des expériences locales ou régio
nales. L'étude qui va suivre se situe de ce fait à un niveau de discussion intermédiaire: elle
trouve sa place entre les considérations éthiques - qu'elle permet de nourrir de résultats
empiriques - et les confrontations de solutions à des problèmes concrets - dont elle cherche
à dessiner les orientations générales.
Six réalités européennes ont été retenues pour constituer la base empirique de la
recherche2. Il s'agit de Gôteborg (Suède), Francfort (Allemagne), Lyon (France), Modène
(Italie), Rotterdam (Pays-Bas), et du canton du Valais (Suisse). Leur population s'établit
entre 270 000 habitants (le Valais) et 670 000 (Francfort). Dans la mesure où elle peut être
quantifiée, la consommation de drogues «dures»3 (héroïne en l'occurrence) oscille entre 4
et 6 pour mille, bornée par le faible taux valaisan (1.5 pour mille) et l'important bilan de
Francfort (12 pour mille). Appartenant tous à l'Europe occidentale, ces six cas sont suff
isamment similaires pour nous permettre de paramétriser un grand nombre de variables et
d'accéder directement aux différents modes de gestion de la problématique drogue (straté
gie comparative du most similar system design ; Prezworsky, Teune, 1970). Par ailleurs, ces
villes et régions possèdent les caractéristiques nécessaires à l'élaboration de modèles : elles
ont maintenu depuis plusieurs années une politique cohérente ; elles représentent un panel
de réponses extrêmement différencié; enfin, elles figurent toutes à titre d'exemple dans les
discussions nationales et internationales.
Comment, dès lors, appréhender ces différentes politiques en matière de drogue ? Nous
proposons ici une application de l'approche «relationnel

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