Politique salariale et taux d intérêt en France dans les années 1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la lancée ? - article ; n°3 ; vol.43, pg 459-486
29 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Politique salariale et taux d'intérêt en France dans les années 1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la lancée ? - article ; n°3 ; vol.43, pg 459-486

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
29 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1992 - Volume 43 - Numéro 3 - Pages 459-486
Politique salariale et taux d'intérêt en France dans les années 1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la lancée ?
Après avoir rappelé les grands traits des évolutions macro-économiques et des politiques salariales et de taux menées en France durant les années 1980 et analysé les évolutions les plus récentes, on construit un modèle théorique stylisé pour représenter ces évolutions. La question de base posée est celle de la possibilité de poursuivre durablement les politiques mises en place depuis maintenant huit ans.
Wage and interest rate policies in france est the ws : is it sensible to keep the same in the future ?
We summarize the economie evolution and the wage and interest rate policies pursued in France in the 80's, we examine the recent developments and we build a stylized theoretical model to represent the mechanisms at work. The basic issue is the possibility of maintaining in the future the policies chosen eight years ago.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrick Artus
Politique salariale et taux d'intérêt en France dans les années
1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la lancée ?
In: Revue économique. Volume 43, n°3, 1992. pp. 459-486.
Résumé
Politique salariale et taux d'intérêt en France dans les années 1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la lancée ?
Après avoir rappelé les grands traits des évolutions macro-économiques et des politiques salariales et de taux menées en
France durant les années 1980 et analysé les évolutions les plus récentes, on construit un modèle théorique stylisé pour
représenter ces évolutions. La question de base posée est celle de la possibilité de poursuivre durablement les politiques mises
en place depuis maintenant huit ans.
Abstract
Wage and interest rate policies in france est the ws : is it sensible to keep the same in the future ?
We summarize the economie evolution and the wage and interest rate policies pursued in France in the 80's, we examine the
recent developments and we build a stylized theoretical model to represent the mechanisms at work. The basic issue is the
possibility of maintaining in the future the policies chosen eight years ago.
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick. Politique salariale et taux d'intérêt en France dans les années 1980 : peut-on envisager de poursuivre sur la
lancée ?. In: Revue économique. Volume 43, n°3, 1992. pp. 459-486.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1992_num_43_3_409362Politique salariale
et taux d'intérêt en France
dans les années 1980 :
peut-on envisager
de poursuivre sur la lancée ?
Patrick Artus
Après avoir rappelé les grands traits des évolutions macro-économiques et
des politiques salariales et de taux menées en France durant les années 1980 et
analysé les évolutions les plus récentes, on construit un modèle théorique stylisé
pour représenter ces évolutions. La question de base posée est celle de la
possibilité de poursuivre durablement les politiques mises en place depuis
maintenant huit ans.
LES GRANDS TRAITS DES ÉVOLUTIONS
La décennie a été marquée par la volonté d'équilibrer les échanges extérieurs.
A l'exception des toutes premières années, il est à noter que la balance courante
a continûment fluctué autour de l'équilibre et que la balance de base a pu être
financée sans appel important aux flux de capitaux à court terme (tableau 1).
Parallèlement, l'évolution des salaires a été maîtrisée (tableau 2). Les prix de
production et de consommation reviennent de 12 à 3 ou 4 % grâce, d'une part, à
la baisse des prix de matières premières (de 1984 à 1988, les prix d'importation
reculent et ceux des consommations intermédiaires sont à peu près stables :
après une hausse en 1989, le recul des prix d'importation reprend en 1990),
d'autre part, grâce à la modération salariale. La croissance du salaire réel est
inférieure à 1 % par an à partir de 1983 ; il s'ensuit que la masse salariale nette
réelle par salarié baisse sur cette période, en raison des évolutions de la durée du
travail et de la fiscalité.
Si cette stagnation salariale casse la croissance de 1983 à 1985, revenu
disponible, consommation et achats de logements faiblissant, il n'en est pas de
même dans la seconde moitié des années 1980 (tableau 3).
459
Revue économique — N° 3, mai 1992, p. 459^86 Revue économique
Tableau 1 . Balance des paiements
1984 Ratios au PIB (%) 1982 1986 1988 1989 1989
- 0,2 - 0,7 Solde courant -2,2 + 0,4 0,4 -0,5
Mouvements de capitaux à LT * - 1,2 + 0,3 + 1,2 0 + 0,9 + 1,0
Autres* (capitaux à CT, réserves de
- i.o - 0,4 - 0,3 + 2,3 + 0,7 + 0,4 change)
* + : entrées de capitaux.
Tableau 2. Prix et coûts
(Taux de croissance annuel moyen)
1982 1984-82 1986-84 1988-86 1989-88 1989-90
Prix du PIB marchand ... 11.7 8,6 5,5 3,0 2,9 2,8
Prix de consommation
11,6 8,6 4,3 3,1 3,4 3.1 des ménages
Salaire horaire brut no
9,4 minal 15,5 5,5 3,3 4,0 5,0
0,8 0,8 0,4 0,4 réel (% prix consom.) 3,2 1.9
Tableau 3. Revenus et croissance
(Taux de croissance annuels)
1982 1984 1986 1988 1989 1990
PIB 2,5 1,3 2.5 4,2 2,8 3.9
Consommation des ménages 4,0 3,5 1.1 3,4 3,2 3,2
Revenu disponible (pouvoir achat % prix
- 0,6 2,6 2,6 4,0 3,4 3,6 cons.)
- 2,1 EBE des El réel 3,4 5,7 0,6 8,0 nd
Taux d'épargne des ménages (%) 17,3 14,5 12,9 11,4 11,6 12,0
Part des ménages dans la valeur ajoutée (%) . 73,0 70,8 69,0 67,7 67,5 68,2
On voit en particulier que la consommation est soutenue sur cette période,
puisqu'elle progresse régulièrement de 3 à 4 % par an. Comment cela a-t-il été
rendu possible ?
— les revenus non salariaux (revenus des entrepreneurs individuels, revenus
de la propriété) croissent rapidement La part des ménages dans la valeur ajoutée
passe de 73 % en 1982 à 69 % en 1986 et 67 % en 1989 avant de remonter à
68 % en 1990. Enfin, la part des prestations sociales a aussi beaucoup
progressé ;
— le taux d'épargne des ménages a baissé de 5 points (presque 4 points
pour l'épargne financière) de 1982 à 1990, soutenant ainsi la demande.
460 Patrick Artus
La période a aussi été marquée par le niveau élevé des taux d'intérêt réels
(tableau 4). Une part de ce phénomène est mondiale, une part est spécifique si
elle résulte de la volonté de stabiliser la parité du franc vis-à-vis du mark.
Depuis 1987, le taux de change est stable, mais les taux d'intérêt réels à court
terme sont en France supérieurs de près de 2 points à leur niveau en Allemagne
(à long terme à peu près semblables). Les taux réels sont systématiquement
supérieurs au taux de croissance, ce qui ne peut que déformer les comptes des
agents économiques. Qu'observe- t-on ? (tableau 5).
Les intérêts versés (mesurés en pourcentage du PIB) sont pratiquement
stables en ce qui concerne les entreprises et l'État malgré la légère poussée de
1990. La déformation majeure consiste en un transfert entre les ménages (qui
recevaient plus d'intérêts qu'ils n'en versaient en 1982, sont dans la situation
inverse à partir de 1986), et les institutions financières.
Tableau 4. Taux d'intérêt réels
1984 1986 1982 1988 1989 1990
Court terme
France 3,1 4,3 5 0 4 8 6 8 5 5
RFA 2,8 3,0 4,6 2,7 3 8 5 3
Long terme
France 2.2 5 2 5 6 4 8 7 0 3 9
RFA 3,1 5 4 6,2 5 2 4 3 6 2
Taux de change F/DM 2,71 3,07 3,19 3,37 3,39 3,39
Tableau 5. Transferts d'intérêts
1984 1986 1988 1982 1989 1990
Intérêts nets versés/PIB (%) 1
5,1 Sociétés 5,5 5,7 4,7 5 1 5 3
- 4,7 - 7,8 Institutions financières -5,6 6,5 - 8,0 -7,1
État 1,8 1,8 2,0 1.1 1,9 2,2
- 1.4 Ménages et El -0,9 0,2 0,8 1.1 1,3
- 1.0 - 0,7 - 0,2 - 0,4 - 0,6 Autres -0,5
1. + versés ;- reçus.
Les taux d'intérêt réels élevés n'ont donc pas gravement affecté, pendant les
années 1980, les comptes des entreprises. Un autre de leurs effets est, en
théorie, de déformer le choix de la technique de production, en faveur du travail
(qui a de plus bénéficié d'un salaire réel stagnant) au détriment du capital.
461 Revue économique
Durant les années 1980, la productivité du travail par tête a crû d'un peu
plus de 2 % par an, la productivité apparente du capital a baissé d'environ
0,5 % par an, et en conséquence la globale des facteurs a progressé
d'un peu moins de 1,5 % par an. Il y a donc un progrès technique assez ralenti,
et recours à des techniques plutôt capitalistiques que grosses consommatrices de
travail, ce qui paraît en contradiction avec l'évolution des prix des facteurs de
production.
SYNTHESE : LES EVOLUTIONS DES ANNEES 1980
PEUVENT-ELLES ÊTRE POURSUIVIES ?
Ce qui précède montre que la désinflation a été rendue possible depuis 1982-
1983:
— par la stabilisation du franc ;
— par une croissance du salaire réelle inférieure (de près de 2 points par an)
à celle de la productivité du travail ;
— par la chute des prix des matières premières.
La modération salariale a entraîné des transferts de revenus entre agents :
— en faveur des entreprises, ce qui a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents