Pour une histoire de la population - article ; n°2 ; vol.1, pg 245-256
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Description

Population - Année 1946 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 245-256
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Louis Chevalier
Pour une histoire de la population
In: Population, 1e année, n°2, 1946 pp. 245-256.
Citer ce document / Cite this document :
Chevalier Louis. Pour une histoire de la population. In: Population, 1e année, n°2, 1946 pp. 245-256.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1946_num_1_2_1746POUR UNE HISTOIRE
DE LA POPULATION
au L'Histoire et de service la démographique démographie.de l'histoire j Les l'histoire tes travaux recherches politiques, une économiques démographiques, sorte ieraient ». de préambule ou volontiers les comme enquê- ade -,
imable et quelque peu suranné à des considérations plus sérieu
ses et matériellement plus rentables. Plus que tout autre pays,
la France tient à cette évocation préalable du passé comme
à un rite accoutumé, mais plus ou moins dépourvu de sens.
Rares sont les programmes techniques, les textes administrat
ifs qui ne débutent par quelques considérations historiques
et n'appellent à leur aide les grands ancêtres. Pas de con
grès politique ou économique qui n'invite à la séance inaugurale,
mais à elle seulement, l'historien ou le sociologue. Les ombres
lointaines de Sully, de Richelieu, de Colbert effleurent ainsi,
de leurs contours souvent incertains, les approches de nos chant
iers modernes, pour disparaître d'ailleurs aussi vite avec l'éru-
dit qui les évoqua. Dans les préoccupations contemporaines, sou
cieuses de solutions rapides et précises, l'histoire fait en somme
partie de ces politesses obligées qu'un vieux pays doit à son
passé et se doit à lui-même, et l'historien, comme disait Riche
lieu, est surtout destiné à « parer le dessus du panier ».
Reconnaissons d'ailleurs que généralement il se résigne à ce
rôle prestigieux et inutile, quand il n'est pas le premier à reconn
aître, sinon ce caractère prestigieux, du moins cette inutilité.
11 a le sens aigu des différences entre les époques, beaucoup plus
que des ressemblances. Ce n'est jamais sans un certain malaise
qu'il assiste à ces rapprochements périlleux, à ces parallèles entre
politiques auxquels n'hésitent pas à se livrer ceux qui ont l'habi- 246 POUR UNE HISTOIRE DE LA POPULATION
tude de mettre l'histoire au service de leur action. L'historien
des immigrations étrangères en France ne croit pas que la poli
tique d'immigration de l'Ancien Régime puisse éclairer en quoi
que ce soit une politique actuelle de l'immigration; il ne pense
même pas qu'on puisse parler d'une politique d'immigration
de l'Ancien Régime. Le spécialiste d'histoire économique se
refuse à citer, à propos de plans actuels d'équipement, les plans
des intendants du xviii6 siècle ou le programme de M. Thiers.
Il répugne d'autre part à ces conclusions chronologiquement
et techniquement assurées que des administrateurs trop pressés
lui demandent. La recherche historique est vaste et lente, alors
que la décision est immédiate. Il ne croit pas non plus que sa
documentation soit suffisamment précise et suffisamment con
tinue pour autoriser de valables conclusions et permettre de
définir des programmes. Chez lui, enfin, persiste souvent cette
idée que l'histoire ne peut servir à orienter l'histoire.
Et pourtant, si ces rencontres trop occasionnelles et solen
nelles entre l'histoire et les politiques contemporaines ne font
généralement qu'accuser des différences et souligner de mut
uelles incompréhensions, il est de vastes domaines communs
que des recherches durables et continues peuvent exploiter, pour
le plus grand bénéfice de ces deux sortes d'activités.
Albert Sorel, qui était homme d'histoire et homme d'ac
tion, a déjà souligné l'intérêt qu'il y avait pour l'historien à
participer aux responsabilités de son pays et l'intérêt qu'il y avait
pour l 'homme politique à côtoyer dans une création quotidienne
et commune le spécialiste du passé. С 'est vrai des domaines poli
tiques et économiques. C'est encore plus vrai du domaine démo
graphique. Discipline historique et discipline démographique
ne peuvent que gagner à cette recherche mutuelle. Par delà le
simple récit politique, économique et social auquel elle est habi
tuée et auquel généralement elle se limite, l'histoire profitera
de la technique démographique pour atteindre ces phénomènes
humains de base dont la connaissance qualitative, mais aussi
quantitative, lui est nécessaire.
L'histoire a longtemps été uniquement politique et administ
rative. Elle est devenue de plus en plus économique et sociale.
Elle ne comprendra finalement le pourquoi et le comment du
passé qu'en s 'annexant la démographie. Après s'être préoccu
pée de savoir comment, aux différentes époques, les hommes POUR UNE HISTOIRE DE LA POPULATION 247
avaient pensé et agi, après s'être préoccupée de savoir comment
ils avaient matériellement vécu, elle ne peut pas ne pas cher
cher à atteindre l'explication ultime que seules peuvent donner
la naissance et la mort. L'histoire trouve là le programme néces
saire de ses futures recherches, en même temps que la vérifica
tion et, pourrait-on dire, l'épreuve de ses recherches passées.
L'exploitation des archives politiques et administratives est main
tenant très poussée; elle ne peut plus donner lieu, pour bien des
époques, qu'à des interprétations nouvelles, des corrections de
détail et des prouesses individuelles de chercheurs subtils et ins
pirés. L'histoire économique, bien que disposant encore d'une
documentation moins explorée et particulièrement d'une docu
mentation régionale assez neuve, achèvera semble-t-il assez vite
cette exploration complète des sources, à laquelle l'histoire poli
tique est à peu près parvenue. Il faut tenir compte aussi des des
tructions presque totales d'archives par les administrations
publiques parisiennes et départementales depuis le tournant du
siècle; il sera impossible de faire une histoire exacte de l'agri
culture, de l'industrie et du commerce de la France depuis 1900
parce que, en dehors de quelques « dossiers du miracle », des
secteurs entiers de documents ont été détruits. Grâce aux recen
sements et aux registres locaux d'état-civil, l'histoire démogra
phique offre au contraire de vastes domaines inexplorés et rel
ativement bien protégée, ainsi que les possibilités de recherches
entièrement nouvelles.
Le bénéfice pour la démographie ne sera pas moindre. Par
l'histoire elle pourra sortir des jeux parfois excessivement
abstraits de la statistique et de cette précision souvent fort impréc
ise. Livrée à elle-même, la statistique n'est valable que lors
qu'elle dispose de totalisations suffisamment importantes, portant
sur de larges espaces de temps et sur des secteurs géogra
phiques et administratifs étendus; l'histoire exacte d'un dépar
tement, d'un canton et même d'une commune, de leur vie poli
tique, de leur structure économique et sociale aux différentes
époques peuvent lui permettre de limiter et d'approfondir son
enquête, de grignoter en somme le hasard. La pyramide des
âges d'un canton, comparée à la pyramide des âges d'un autre
canton, peut s'expliquer dans ses creux et ses bosses par des
structures locales et des évolutions locales que l'histoire peut
préciser. L'histoire donne en somme à l'instrument statistique
une acuité et une efficacité nouvelles. POUR UNE HISTOIRE DE LA POPULATION 248
L'histoire du XIXe siècle et Si l'on cherche à préciser le rôle de
l'explication des phénomènes I'histoire dans i'étude des problè-
démographiques contemporains. , , . . , , r
mes démographiques, 1 on constate
pourtant qu'il faut distinguer l'his
toire démographique des xix" et xxe siècles et l'histoire des épo
ques antérieures. Les buts et les méthodes diffèrent dans l'un et
l'autre cas, ainsi que les services que l'histoire peut rendre pour
l'explication des questions démographiques contemporaines.
Le rôle de l'histoire dans l'étude des problèmes démogra
phiques actuels vient d'

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