Pratiques de maternage chez les Kotokoli du Togo et les Mossi de Haute-Volta - article ; n°1 ; vol.51, pg 43-70
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Description

Journal des africanistes - Année 1981 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 43-70
Abstract Child-rearing is a compromise between, on the one hand, adults' activities (economic, sexual) and values (religious, moral), and, on the other, children's needs. Two systems of child-rearing are compared with respect to : breastfeeding (when and how long), learning to eat various foods ; weaning ; the use of decoctions ; baby-sitting by a third person ; and toilet training. The observed similarities and dissimilarities have to do both with choices between productive and reproductive roles and with mythical as well as ethical symbols and images. They reveal these two rural societies' specific objectives with regard to infancy.
Résumé Le maternage est conçu comme un compromis entre les activités (économiques, sexuelles); les valeurs (religieuses, morales) des adultes d'une part, et les besoins de l'enfant d'autre part. Deux systèmes de maternage de populations rurales sont comparés sous l'angle : de la durée et du mode d'allaitement ; de l'introduction de l'alimentation diversifiée ; des procédés du sevrage ; de la surveillance par un tiers du bébé ; du rôle des décoctions ; de l'apprentissage à la maîtrise sphinctérienne et vésicale. Les points de convergence et les différences constatées dans les pratiques renvoient aux choix effectués entre travaux de production et de reproduction, ainsi qu'aux représentations éthiques et mythiques ; il permettent d'esquisser les objectifs spécifiques de ces deux sociétés concernant la petite enfance.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Suzanne Lallemand
Pratiques de maternage chez les Kotokoli du Togo et les Mossi
de Haute-Volta
In: Journal des africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2. pp. 43-70.
Abstract Child-rearing is a compromise between, on the one hand, adults' activities (economic, sexual) and values (religious,
moral), and, on the other, children's needs. Two systems of child-rearing are compared with respect to : breastfeeding (when and
how long), learning to eat various foods ; weaning ; the use of decoctions ; baby-sitting by a third person ; and toilet training. The
observed similarities and dissimilarities have to do both with choices between productive and reproductive roles and with mythical
as well as ethical symbols and images. They reveal these two rural societies' specific objectives with regard to infancy.
Résumé Le maternage est conçu comme un compromis entre les activités (économiques, sexuelles); les valeurs (religieuses,
morales) des adultes d'une part, et les besoins de l'enfant d'autre part. Deux systèmes de maternage de populations rurales sont
comparés sous l'angle : de la durée et du mode d'allaitement ; de l'introduction de l'alimentation diversifiée ; des procédés du
sevrage ; de la surveillance par un tiers du bébé ; du rôle des décoctions ; de l'apprentissage à la maîtrise sphinctérienne et
vésicale. Les points de convergence et les différences constatées dans les pratiques renvoient aux choix effectués entre travaux
de production et de reproduction, ainsi qu'aux représentations éthiques et mythiques ; il permettent d'esquisser les objectifs
spécifiques de ces deux sociétés concernant la petite enfance.
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Lallemand Suzanne. Pratiques de maternage chez les Kotokoli du Togo et les Mossi de Haute-Volta. In: Journal des
africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2. pp. 43-70.
doi : 10.3406/jafr.1981.2018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1981_num_51_1_2018SUZANNE LALLEMAND
PRATIQUES DE MATERNAGE CHEZ LES KOTOKOLI DU TOGO
ET LES MOSSI DE HAUTE-VOLTA
Toute société comporte vis-à-vis des membres de sa plus jeune génération
une visée intégratrice assortie de procédés pédagogiques spécifiques. Ils appar
aissent clairement durant la période qui suit le sevrage jusqu'à la fin de
l'adolescence : la participation progressive aux activités domestiques et pro
ductives, les apprentissages artisanaux manifestent, dans les zones rurales
africaines, le souci d'insérer souvent précocement les jeunes individus à la
communauté adulte ; de même, les marquages corporels, les rites de passages
scandent les étapes du développement physiologique et les associent à la
connaissance d'un savoir religieux. Mais en deçà de cette phase que l'on peut
situer vers la cinquième année de l'enfant, le processus acculturatif a déjà com
mencé, et, dans les techniques de soins du nourrisson, dans la manière de l'al
imenter, ou l'art de le mener à la maîtrise sphinctérienne tout un projet éducatif
s'esquisse déjà, aussi précis, aussi directif que celui qui régentera les moments
ultérieurs de sa croissance.
Nous ne rechercherons pas, à travers ces pratiques de maternage, quelque
douteuse personnalité de base ; et quoiqu'il soit habituel de décrire les Mossi
comme des gens sévères, acharnés au travail, disciplinés, et de reconnaître
aux Kotokoli plus de gaîté et moins de vertus laborieuses nous n'utiliserons
point cette typologie aux relents colonialistes. Il ne nous appartient pas non
plus de décider si les «institutions primaires» de la prime éducation en mod
èleraient des «secondaires» qui en seraient l'écho. En revanche, nous pensons
que toute société implique un ensemble de procédés matériels et de préceptes
relatifs à la période néoténique infantile qui se situe de manière métonymique
par rapport à l'ensemble des autres institutions. Ce microcosme peu étanche.
s'articule aux représentations symboliques et religieuses relatives aux liens des
ancêtres et des esprits avec les personnes vivantes d'une part, et aux conceptions
éthiques locales d'autre part. Ce qui nous intéresse n'est donc point l'aboutis
sement, sur le plan psychologique, de dressages particuliers, mais le projet
inscrit dans leur trame ; non ce qu'ils nous induisent à penser de l'individu
qui y est soumis (et dont les réactions sont infiniment variées) mais ce qu'ils
nous disent du code culturel dont ils émanent.
A première vue, ces pratiques qui semblent simplement liées à la survie
du bébé sont d'une grande uniformité en Afrique ; chacun en connaît les
caractéristiques, que les pédiatres occidentaux valorisent actuellement : S. LALLEMAND 44
contact étroit de la génitrice et de son rejeton, allaitement à la demande,
sevrage tardif par rapport aux normes européennes, dressage vésico-sphync-
térien moins précoce ; d'autres sont peu prisées en sociétés industrielles, telles
les ingestions de décoctions et la faible diversification du régime alimentaire
du nourrisson. Cependant ces traits communs de la puériculture africaine
dissimulent bon nombre de nuances ou de divergences importantes, indicatrices
de la variabilité des systèmes de valeurs relatifs à l'enfant dans les sociétés
considérées, et du niveau d'exigence auquel elles soumettent les personnes
chargées de son entretien.
En effet, cet ensemble de soins destinés au petit enfant se présente comme
un compromis : entre les besoins du jeune être et les activités ordinaires des
personnes qui le prennent en charge ; entre la satisfaction du bébé et les frus
trations que lui impose l'adulte soit par nécessité soit de manière normative.
Or, l'opposition entre travaux de production et de reproduction, le problème
que pose aux sociétés traditionnelles à faible surplus la conciliation du mater
nage et la maintenance d'un labeur utile à la subsistance, modèlent étroitement
la prime éducation dans sa durée globale et son découpage quotidien. Mention
nons quelques-uns des choix auxquels les parents se trouvent confrontés, qui
font l'objet d'ajustements différents selon les communautés et aussi, comme on'
le verra, selon les générations successives d'ascendants face à ces alternatives :
Concentration ou dispersion du maternage
La venue d'un enfant implique une réorganisation interne des tâches
des membres de la famille : ou bien on délègue à un individu l'ensemble des
responsabilités concernant le bébé, ou bien l'on associe plusieurs consanguins
à sa prise en charge, soit conjointement soit en alternance. En société rurale,
le regroupement d'individus apparentés dans la grande demeure et sa disponib
ilité en main-d'œuvre juvénile et vieillissante permet certains partages, cer
taines rotations notamment pour la surveillance du nourrisson.
N'oublions pas cependant l'ambiguïté du rôle imparti à l'entourage :
il peut soit relayer la mère voire se substituer à elle, soit au contraire veiller à
ce qu'elle accomplisse intégralement la fonction d'éducatrice dont elle est
investie.
En outre, cette participation de la famille étendue peut évoluer selon l'âge
du bébé ; par exemple, insignifiante lors des premiers mois, elle peut devenir
prépondérante vers le sevrage.
Activités économiques, activités de maternage de la femme
Si la société attribue à la génitrice la responsabilité des soins dispensés
au bébé, elle peut soit la décharger de toute autre tâche, soit exiger la conci
liation de ses travaux antérieurs avec cette besogne nouvelle. Dans les zones
rurales africaines, on sait que la seconde solution prédomine (ainsi, en saison
des pluies le «congé maternité» de l'agricultrice mossi est de trois jours si elle
a accouché d'un garçon, de quatre pour une fille). Conciliation tantôt harmon
ieuse, tantôt problématique selon l'importance accordée aux activités de
production et la rigueur des normes du maternage. PRATIQUES DE MATERNAGE CHEZ LES KOTOKOLI ET LES MOSSI 45
Dans cette perspective, on conçoit l'enjeu que peut représenter la durée
de Pallaitement ; il peut être ressenti par les intéressées comme un plaisir, ou
bien comme un obstacle à l'accomplissement de labeu

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