Prééminences sociales et système politico-religieux dans la société traditionnelle Bulu et Fang - article ; n°2 ; vol.30, pg 151-171
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1960 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 151-171
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

H.-M. Bot Ba Njogk
Prééminences sociales et système politico-religieux dans la
société traditionnelle Bulu et Fang
In: Journal de la Société des Africanistes. 1960, tome 30 fascicule 2. pp. 151-171.
Citer ce document / Cite this document :
Bot Ba Njogk H.-M. Prééminences sociales et système politico-religieux dans la société traditionnelle Bulu et Fang. In: Journal
de la Société des Africanistes. 1960, tome 30 fascicule 2. pp. 151-171.
doi : 10.3406/jafr.1960.1922
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1960_num_30_2_1922PRÉÉMINENCES SOCIALES
ET SYSTÈME POLITICO-RELIGIEUX
DANS LA SOCIÉTÉ TRADITIONNELLE BULU
ET FANG1
PAR
Henri-Marcel BÔT BA NJOCK
Le groupe pahouin ou fav) habite le Sud-Cameroun (respectivement
les départements : Nyong et Sanaga, Dja et Lobô, Ntem et Kribi), la
Guinée espagnole et le Gabon. Ce groupe, que nous considérons comme
une ethnie comporte trois grandes divisions (sous-ethnies) : Bati, Bulu
et Fa>]. Chacune des sous-ethnies fav) groupe un certain nombre de
tribus. Comme le souligne déjà le titre de cette étude, nous ne nous
occuperons que des Fa-q et des Bulu.
Les principales tribus bulu sont les suivantes : Bulu (100 000),
Zaman (1 500), Yangono, Yambama et Yalinda (13 000), Yazum,
Yabakolo et Mvale (69 000). La sous-ethnie far) comprend les tribus
suivantes : Favj (153 000), Ntumu (52 000), Mvae (7 000), Okak (4 000),
Assimilés divers (8 000). L'ensemble de ces deux sous-ethnies repré
sente donc en gros 400 000 personnes. Les Bati à eux seuls (tribus assi
milées comprises) atteignent également 400 000 personnes 2. Mais
ces chiffres sont actuellement dépassés puisque le groupe fa>] avec
les assimilés dépasse 1 500 000 âmes. Indiquons également que les
tribus sont divisées á leur tour en clans ; ces derniers respectivement
en lignages majeurs et lignages mineurs ou lignées.
Les ethnologues qui ont étudié les sociétés de l'Afrique au sud du
Sahara ont tenté de dégager une certaine classification qui a abouti
à une typologie résumée de la manière suivante :
Type A : il concerne les sociétés où les relations politiques se con
fondent avec l'organisation du système de parenté. Ce type n'est pas
très représenté en Afrique, en dehors de la société des Pygmées (dans
1. L'orthographe officielle fang sera désormais remplacée, sauf cas de citation, par la suivante :
far\, le -ng est donc remplacé par la vélaire -rj.
2. Alexandre et Binet. Le groupe..., p. 10 et 11. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 152
la mesure où l'on peut se contenter des données que l'on possède sur
ces Pygmées).
Type В : les sociétés de ce type sont celles où la structure par lignages
et clans sert de cadre à l'organisation politique. Il en est ainsi par
exemple des Nuer, des Tiv, des Ba-Amba, des Pahouins, etc.
Type С : ce type intéresse les sociétés où la structure par lignages et
clans d'une part, et l'organisation politique, d'autre part, sont net
tement différenciées et où les organisations étatiques apparaissent.
Les Yoruba, les Fon par exemple représentent ce type.
Les lignes qui suivent n'ont pas la prétention d'élaborer ou de sou
tenir une théorie sur le système politico-religieux des Pahouins. L'au
teur se contente de décrire un système dans lequel il a vécu pendant
très longtemps. Il s'efforce de rapporter ce que les vieillards et les
initiés lui ont expliqué. Les documents écrits utilisés ont surtout été
d'une part l'histoire des migrations des Pahouins écrite en Bulu par
Ondua Engute sous le titre Dulu bon be Afri Kara et, d'autre part,
Sociologie actuelle de l'Afrique Noire de G. Balandier ainsi que Le
Groupe dit Pahouin de P. Alexandre et J. Binet.
En dehors de ces documents écrits ou oraux, l'auteur de la présente
étude a surtout utilisé ce que révèlent les mots du vocabulaire dans
le langage familial, religieux et politique pahouin. Par conséquent
les déductions, les conclusions auxquelles aboutira l'auteur seront
la confrontation des sources orale, écrite et d'investigation linguis
tique.
Lorsqu'on étudie la société traditionnelle fayj on y découvre une
structure avec une hiérarchie pyramidale. Mais cette structure à hié
rarchie ne repose en réalité que sur des prééminences (prestiges ou
préséances). Nous avons groupé ces et les avons arb
itrairement divisées en trois catégories (pour la commodité de l'ex
posé) : prééminence biologique ; prééminence intellectuelle et rel
igieuse ; politique.
I. Prééminence biologique.
Il ne faut pas donner un sens technique au terme biologique. Par
biologique nous entendons purement et simplement souligner un carac
tère qui s'attache à la séniorité.
En effet, il n'est pas superflu de rappeler que la société 1щ ne fai
sait pas de distinction entre hommes libres et esclaves. Cela ne veut
pas dire que les Fayj étaient incapables d'établir cette discrimination.
Leur langue (nous prendrons le bulu) nous livre par exemple les
termes : SOCIALES DANS LA SOCIÉTÉ BULU ET FANG 153 PRÉÉMINENCES
nti/bdti : homme libre, seigneur, natif du clan, du village, c'est ce
natif du clan qu'on appelait тэпэ nlam.
nti et тэпэ nlam s'opposent à :
oh/bdh (ou oh /ah) : esclave domestique,
ekuljbikul : étranger au clan, au lignage 1...
etďa/bitďa : prisonnier employé comme esclave,
njinjbdjin : inconnu,
ntabd/mintabd : étranger installé chez les Fa-y),
nnsTj/ôaï/sy) : faisant un séjour temporaire.
Ainsi donc, chez les Fav), à la catégorie nti s'oppose une catégorie
comportant six statuts dont les nuances sont minimes entre deux
niveaux consécutifs de notre tableau. Mais toute personne n'appar
tenant pas à la catégorie nti devait en quelque sorte acheter sa liberté
et sa sécurité par des prestations adéquates.
Cette différenciation sociale esquissée n'était possible que pendant
les périodes, courtes d'ailleurs, de calme relatif. Le plus souvent, et
surtout pendant les hostilités intertribales, tous les gens recueillis ou
capturés s'attendaient soit à leur exécution, soit à leur intégration
pure et simple dans la société comme des ¥щ « à part entière ». Quand
il y avait des esclaves chez les Fa-/), ils n'étaient nullement des natifs
Faï), mais des étrangers à ce groupe.
Le statut individuel dans la société farj reposait sur une autre di
fférenciation sociale.
D'une part les Ьэугт (s. : пугт), c'est-à-dire les prophètes-prêtres-
savants, qu'on appelait Ьэпуа boto, les vrais gens (s. : nya moto). Tous
ces Ьэугт étaient naturellement des initiés, mvon. A l'opposé de cette
catégorie, et terme à terme, les ¥щ distinguaient les bddimi mam, ceux
qui ignorent les choses (de -dimi, ignorer, dont le radical -dim com
porte -la notion d'obscurité, de fermeture). Ce sont ces bddimi mam
qu'on appelait également Zdse bot, simples gens. Comme ils n'étaient
pas initiés, ils étaient connus sous le nom de bibis (s. : ebis)..
Les bibis comprenaient non seulement les enfants et les femmes mais
aussi les adultes non encore initiés. C'est cette sélection due à l'a
înesse, à la séniorité, qui caractérise la prééminence biologique, préé
minence qui contient en elle-même des éléments de tensions, de di
slocation de la société fa-/).
Cependant, malgré les fissions fréquentes des lignages suscitées
par les cadets, les aînés ont continué à maintenir leur prééminence,
se considérant comme proches des ancêtres dont ils détenaient les
ossements contenus dans \'еи)э1а bieti, sorte d'arche. Les aînés con-
1. Dans la pratique on dit : тэпэ bikul au sing., et bikul au plur. 154 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
firmaient également par ce biais leur prééminence intellectuelle, rel
igieuse, économique et politique.
II. Prééminence intellectuelle et religieuse.
La prééminence a trouvé son plein épanouissement
dans le système religieux inventé par les Favj. Il est peut-être préfé
rable de spécifier le terme de système religieux par la notion de mes
sianisme.
En effet, le messian

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