Problèmes d assimilation d une minorité : les Mozarabes de Tolède (de 1085 à la fin du XIIIe siècle) - article ; n°2 ; vol.25, pg 351-390
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Problèmes d'assimilation d'une minorité : les Mozarabes de Tolède (de 1085 à la fin du XIIIe siècle) - article ; n°2 ; vol.25, pg 351-390

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 351-390
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Reyna Pastor Togneri
Problèmes d'assimilation d'une minorité : les Mozarabes de
Tolède (de 1085 à la fin du XIIIe siècle)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 351-390.
Citer ce document / Cite this document :
Togneri Reyna Pastor. Problèmes d'assimilation d'une minorité : les Mozarabes de Tolède (de 1085 à la fin du XIIIe siècle). In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 351-390.
doi : 10.3406/ahess.1970.422222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_2_422222ENQUÊTE EN COURS
PROBLÈMES D'ASSIMILATION D'UNE MINORITÉ
Les Mozarabes de Tolède
(de 1085 à la fin du XIIIe siècle)
toujours de recherches. Mozarabes, Le problème l'historiographie Mudéjares, des minorités espagnole, Mauresques, — religieuses, et elle Juifs, a ethniques consacré Français, ou à ethnico-religieuses a ce préoccupé sujet de longues depuis —
En ce qui concerne la minorité mozarabe, R. Menéndez Pidal et Steiger
ont étudié particulièrement les aspects linguistiques; Stern, Garcia Gomez,
Cantera, D. Alonso et R. Menéndez Pidal, les aspects littéraires. Ces derniers
auteurs se sont surtout occupés de sa lyrique. Les études strictement historiques
de Simonet г et de de Las Cagigas 2 ont avant tout envisagé le problème religieux
de cette minorité : les persécutions ou la tolérance sous la domination musul
mane, l'histoire de ses saints, l'organisation de son Église, etc., et aussi les con
troverses qui se sont produites au moment où les Mozarabes ont dû abandonner
le rite de Tolède et adopter celui de Rome, une fois cette minorité incorporée
au monde chrétien.
D'ailleurs, l'historiographie consacrée aux Mozarabes a toujours un parti-
pris, ou louangeur ou dénigrant. On les considère, soit comme « les seuls représen
tants de l'ancienne Espagne, de ses traditions, de sa noblesse, de sa gloire » 3,
soit comme « une minorité anémiée par cinq siècles de servitude » 4. Cette diver
gence des historiens remonte à plusieurs siècles. Ainsi, le P. Burriel 5 avait loué
les Mozarabes parce qu'ils avaient conservé leur religion «au milieu des Maures»,
1. J. F. SIMONET, Historia de los mozarabes de Espaňa. Madrid, 1897-1903.
2. I. DE LAS CAGIGAS, Los mozarabes, Madrid, 1947.
3. SIMONET, op. cit.. p. 685.
4. C. SANCHEZ ALBORNOZ, Espaňa, un enigma histórico. t. I, p. 183.
5. BURRIEL, Memories de las Santas Justa y Rufina, p. 78.
351
Annales (25* année, mars-avril 1970, n" 2) 5 ENQUÊTE EN COURS
tandis qu'un dominicain 1 du XVIe siècle écrivait un traité intitulé : « A propos de
l'origine des rustres qu'on appelle de vieux chrétiens », c'est-à-dire sur les Mozar
abes, qu'il ne se fait pas faute de dénigrer.
Dans un travail plus récent, A. Gonzalez Palencia 2 a rassemblé en une admir
able collection — la seule dans son genre — presque tous les documents origi
naires des Mozarabes de Tolède 3. Tous ces documents — soigneusement traduits,
sont postérieurs, à une seule exception près, à la reconquête de Tolède. Leur
publication est précédée d'un volume préliminaire où l'auteur aborde, d'une
façon descriptive, divers sujets concernant la ville de Tolède, les différents endroits
de la province, les communautés, les institutions, etc.
La présente étude a été envisagée sur la base de cette collection exceptionn
elle, à laquelle se sont ajoutées d'autres séries documentaires 4 et les fonds cor
respondants de l'Archivo de la cathédrale de Tolède 5 et de l'Archivo histórico
nacionál 6 ; elle a été conçue dans la conviction qu'il y a encore beaucoup à dire
à propos de la « mozarabie » de Tolède — la plus importante de toutes — surtout
si on l'aborde à partir d'une problématique différente.
Tout d'abord, il nous a fallu mettre en relief certains traits différentiels de
cette minorité. En effet, la mozarabie de Tolède n'est pas une minorité comme les
autres dans le royaume de Castille. Non seulement elle est la plus nombreuse,
mais encore son histoire, à partir de la reconquête, se présente comme tout à
fait particulière et unique.
1. Fray Agustin SALUCIO, « Del origen de los villanos que se llaman cristianos viejos ».
Traité publié par Francisco Lopez Estrada. Deux traités des XVIe et XVIIe siècles à propos des
Mozarabes. Al-Andalús, vol. XVI, 1951, fasc. 2, pp. 336 et suiv.
2. A. GONZALEZ PALENCIA, Los mozarabes de Toledo en los sïglos XII y XIII, Madrid, 1 930.
3. La collection se compose de 1 175 documents, dont plus de 750 sont des actes d'achat-
vente; le reste se répartit en donations, échanges, recensements, prêts, mises en gage, affe
rmages, tutelles, dépôts, chartes de mariages, testaments, etc. ; 3 documents se rapportent au
XIe siècle, 411 au XIIe, 753 au XIIIe (plus de 400 aux trente premières années de ce siècle) et 6
au XIVe. Ces documents proviennent en général de l'Archivo de la cathédrale de Tolède et sont
déposés aujourd'hui à l'Archivo Histórico Nacionál de Madrid. On y a joint quelques documents
provenant du couvent de San Clémente de Tolède et de San Nicolas. Quatorze d'entre eux
viennent de l'Archivo de l'Hôtel de Ville de Tolède.
4. Surtout : Tomas MUŇOZ y ROMERO, Colección de fueros municipales y cartas pueblas
de los reinos de Castilla, Leon, Corona de Aragon y Navána; P. RASSOW, Die urkunden Kaiser
Alfons VII von Spanien; J. GONZALEZ, Regesta de Fernando II; Idem, El reino de Castilla en
la época de Alfonso У III; M. DE MANUEL, Documentes para la vida de Fernando el Santo;
R. MENÉNDEZ PIDAL, Documentos linguisticos de Espana; J. CEPEDA ADAN, Notas para el
estudio de la repoblación de la zona del Tajo y Huerta de Valdecarâbanos, Université de Valla-
dolid, Estudios y documentos 7, 1955; J. F. RIVERA RECIO, La /g/es/a de Toledo en el siglo XII;
E. DE HINOJOSA, Documentos para la historia de las instituciones en Leon y Castilla, etc.
5. Nous avons eu l'occasion de consulter les documents chrétiens de l'Archivo de la cathé
drale, surtout ceux du XIIe siècle et du début du XIIIe, et de lire les transcriptions qu'a faites le
Père F. RIVERA RECIO pour sa collection, à paraître prochainement. Nous le remercions vive
ment de son inappréciable collaboration. Les actes d'achat-vente chrétiens sont moins de 20
pour le XIIe siècle et la première moitié du XIIIe. 30 documents environ parmi ceux qu'on a consul
tés sont des donations, soit du roi à l'Église, soit de particuliers à l'Église.
6. Dans l'Archivo Histórico Nacionál, nous avons consulté notamment les documents
de la fin du XIIIe siècle et du commencement du XIVe appartenant surtout au monastère de
San Clémente (Liasses 2998, 2999), au monastère de Santa Maria la Real (Liasses 3071-
3070), aux Dominicains de Santa Maria la Real (Liasses 3071, 2, 3, 4, 5, 6, 7) et 17 liasses envi
ron appartenant aux fonds de plusieurs monastères.
352 MOZARABES DE TOLÈDE R. PASTOR DE TOGNERI LES
Les Mozarabes de Tolède furent incorporés en masse au monde chrétien
roman par un droit de conquête. C'est dire que cette incorporation n'a pas été
volontaire de leur part — quoiqu'il ait existé en son sein un parti « collaboration-
niste » — du moins si on la compare à l'attitude des petits contingents de chré
tiens qui, à partir de la deuxième moitié du IXe siècle, avaient quitté l'Espagne
musulmane pour rejoindre l'Espagne chrétienne.
Les Mozarabes de Tolède ont changé de seigneurs sans quitter leurs terres,
c'est-à-dire qu'ils sont restés in situ, contrairement à ces emigrants qui arrivèrent,
par exemple, à Léon, dépourvus de biens et riches seulement de leur habileté
artisanale. Ces derniers s'étaient installés, en général, dans des villes déjà anciennes
ou bien dans celles qui étaient en train de se former, tandis que les Mozarabes de
la province de Tolède n'étaient que pour une faible part établis dans les villes :
c'étaient, pour la plupart, des paysans, ce qu'on n'a guère fait remarquer jusqu'à
présent.
D'ailleurs, les Mozarabes de Tolède furent les derniers chrétiens à s'incor
porer au royaume de Cast

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