Problèmes de méthodes. Les migrations de la population - article ; n°1 ; vol.14, pg 1-17
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Description

Revue économique - Année 1963 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 1-17
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Abel Chatelain
Problèmes de méthodes. Les migrations de la population
In: Revue économique. Volume 14, n°1, 1963. pp. 1-17.
Citer ce document / Cite this document :
Chatelain Abel. Problèmes de méthodes. Les migrations de la population. In: Revue économique. Volume 14, n°1, 1963. pp. 1-
17.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1963_num_14_1_407541\
LES MIGRATIONS PROBLEMES DE DE METHODES POPULATION
II existe une abondante littérature sur les migrations de la population :
ouvrages polémiques, mais aussi analyses scientifiques dues aux démog
raphes, aux historiens, aux économistes, aux géographes ou aux sociologues.
Notre but, dans cet article, n'est pas de comparer les résultats obtenus par
les diverses disciplines, mais de nous arrêter sur les problèmes de méthodes,
car pour des phénomènes aussi complexes, les manières de les aborder
sont essentielles si l'on veut donner plus de solidité à l'analyse.
La mobilité est un des caractères de l'homme. Mais cette possibilité
de déplacement reste très variable selon les races, les milieux sociaux et
les civilisations. Il peut aussi varier dans le temps et dans l'espace. Or,
dans la migration, il y a toujours un phénomène collectif qui crée une
mentalité. Celle-ci peut d'ailleurs rapidement évoluer. Il devient ainsi
difficile de saisir dans leur complexité toutes les composantes d'une migrat
ion humaine, car, si les données matérielles et économiques tiennent une
grande place, les facteurs psychologiques et sociologiques n'en sont pas
moins importants.
Trois grands problèmes ont toujours retenu notre attention : comment
classer les migrations ? comment les expliquer ? comment évoluent-elles ?
I. Un classement des migrations selon la durée est préférable
Une classification très sommaire a toujours prévalu : on distingue géné
ralement les migrations intérieures d'une nation et les migrations inter
nationales. Cette vue politique, liée souvent à l'importance des déplace
ments dans l'espace, n'est pas sans inconvénient. Elle cache trop les carac
tères communs à toutes les migrations humaines et les frontières politiques
sont des limites trop variables et facilement franchissables malgré tous
les obstacles qu'on peut y placer.
Revue Economique — N° î, 1963 1 REVUE ECONOMIQUE
Nous croyons donc préférable une division qui reposerait sur la durée
de la migration. A cette durée sont liés des caractères propres à chaque
type : rythme de vie, mentalité, organisation familiale et sociale, ressources
obtenues, etc. ne sont pas toujours identiques.
La gamme est variée des migrations selon la durée. Si les agglomér
ations urbaines et les régions, industrielles connaissent les migrations
alternantes quotidiennes de travail, elles ne peuvent se passer dans la vie
moderne trépidante des migrations hebdomadaires de détente et de loisir
des uns de semaine. On a mesuré l'intensité de ces migrations à Paris :
la gare Saint-Lazare dans le premier cas et les entrées des autoroutes de
l'Ouest ou du Sud dans le second cas sont devenues d'excellents postes
d'observation pour l'établissement de statistiques. Le migrant banlieusard
parisien a retenu beaucoup plus l'attention que le « migrant du dimanche »;
il y a pourtant pour ce dernier, des aspects économiques et sociaux qu'il
conviendrait d'approfondir. Où vont régulièrement les Parisiens en fin de
semaine ? Comment sont géographiquement distribuées les propriétés de
week-end, les locations ou les établissements de séjours ?
Les migrations saisonnières ont d'abord intéressé les campagnes, car
les nuances du climat imposaient un rythme de travail. Il y avait des
périodes de « presse » et par conséquent un appel de surcroît de main-
d'œuvre. Les migrations de moisson au siècle dernier, les migrations des
travaux de la betterave sucrière et les migrations de vendanges encore à
notre époque, sont des migrations de travail non négligeables. Ces mêmes
migrations de travail ont pu compter aussi pour la ville dans certaines
branches d'activité : l'industrie du bâtiment pendant longtemps n'aurait pu
vivre et se développer sans l'important contingent des migrations tem
poraires saisonnières. Mais si de nos jours les agglomérations urbaines et
les régions industrielles exigent une permanence du travailleur et ne peu
vent guère utiliser les migrants saisonniers, ces mêmes milieux économiques
et sociaux connaissent les migrations saisonnières de détente et de loisirs :
août vide l'usine et partiellement la ville, tandis que les vacances d'hiver
permettent des migrations de classes sociales plus aisées. Là encore travail
et loisirs ont engendré des rythmes saisonniers de migrations humaines qui
ont fini par créer des mentalités et des civilisations.
A partir du moment où la durée de la migration dépasse l'année, elle
devient essentiellement une migration de travail; les migrations de loisirs
sont nécessairement limitées. Plus rares sont les migrations polyannuelles,
si on les compare aux saisonnières. Elles intéressent pourtant encore aujour- MIGRATIONS DE POPULATION
d'hui les Italiens et des Nord-Africains qui, par économie, ne reviennent
pas chaque année dans leur région d'origine.
Au xxe siècle, la migration viagère semble avoir pris le relais de la
migration saisonnière du xixe siècle. Au lieu de quitter son pays d'origine
pour quelques mois, le migrant s'absente durant toute la vie active, c'est-à-
dire en général de la vingtième année jusque vers soixante ans; la retraite
étant prise dans la région d'origine. La conservation et l'entretien régulier
de la maison familiale et des biens paternels est souvent un signe d'une
migration viagère pour celui qui a quitté le village afin de gagner sa
vie en d'autres lieux. Sans doute la migration viagère permet de s'assurer
une retraite ou des revenus sûrs, de se maintenir dans un emploi. Mais
si généralement on la constate de la campagne vers les villes, elle apparaît
aussi sous d'autres formes avec les migrations lointaines : Corse dans les
pays d'outre-mer, bergers basques en Amérique, Suisses spécialisés dans le
tourisme au Canada ou aux Etats-Unis. Si les gains sont plus rapidement
acquis ou si la retraite est plus vite obtenue, alors la migration viagère
devient plus courte. L'on peut voir ainsi dans les villages corses, des
retraités de quarante ans, anciens militaires ou fonctionnaires coloniaux qui
procurent à certaines communes les plus gros revenus. D'après les données
tirées du fichier électoral, les régions françaises les plus remarquables par
leurs migrations viagères sont la Bourgogne, les pays de la Loire moyenne,
la Bretagne occidentale et les pays de bordure entre Massif Central et
Bassin Aquitain.
Nous ne pouvons confondre ces migrations viagères, qui ne perdent
pas de vue les pays d'origine, avec les simples migrations de retraités,
lesquels s'installent dans des régions nouvelles pour eux. Aussi, ces régions
de migrations de retraités (départements autour de l'agglomération pari
sienne comme l'Yonne, Midi provençal et Côte d'Azur) sont-elles diffé
rentes de celles des migrations viagères. Les deux sortes de migrations
contribuent d'ailleurs à accentuer le vieillissement de la population de cer
tains départements.
La distinction de migrations viagères et <le retraités permet de penser
que les migrations définitives sont beaucoup plus réduites qu'on ne l'admet
d'habitude. Est-on sûr que le rural quittant son village à vingt ans est
un migrant définitif ? De même est-on certain que le nouveau venu installé
à la ville est un migrant définitif ? La mobilité de l'homme est grande
durant toute sa vie et chaque âge peut avoir sa migration dans notre civi
lisation moderne. La migration définitive est liée à un certain nombre de REVUE ÉCONOMIQUE
facteurs qu'il conviendrait de rechercher: santé physique, possession de
biens à gérer personnellement, liens familiaux, refus de dépaysement, etc.
Mais les circonstances peuvent rapidement changer une migration que l'on
croyait définitive. Sur le plan d'une vie d'homme ou même de plusieurs
générations, la migration définitive peut ne plus l'&

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