Progrès et reprise dans l histoire de Michelet - article ; n°108 ; vol.30, pg 65-74
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Romantisme - Année 2000 - Volume 30 - Numéro 108 - Pages 65-74
qui s'inspire de la catégorie de l'essai. Le développement de son œuvre, par son rythme et ses ramifications, donne à lire l'ajustement de sa vision du progrès. Après 1850 l'idée que la régression constitue une modalité paradoxale, mais essentielle, du progrès devient déterminante. Toute avancée suppose une démarche réflexive qui justifie d'ailleurs le rôle de l'historien dans l'Histoire.
This article is devoted to describing the evolution of the conception of progress in Michelet's work. At the beginning of his career close to the models of the philosophy of history used by the liberal historians, Michelet, making freedom not only the goal but the motor of human progress, was led, in the second half of the century, towards an idea of evolution inspired by the category of the essay. The development of his work, in its rhythm and its growth, shows the change in his vision of progress. After 1850 the idea that regression constitutes a paradoxical, but essential, modality of progress becomes determinant. Every advance supposes a reflexive move which furthermore justifies the role of the historian in History.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Paule Petitier
Progrès et reprise dans l'histoire de Michelet
In: Romantisme, 2000, n°108. pp. 65-74.
Abstract
This article is devoted to describing the evolution of the conception of progress in Michelet's work. At the beginning of his career
close to the models of the philosophy of history used by the liberal historians, Michelet, making freedom not only the goal but the
motor of human progress, was led, in the second half of the century, towards an idea of evolution inspired by the category of the
essay. The development of his work, in its rhythm and its growth, shows the change in his vision of progress. After 1850 the idea
that regression constitutes a paradoxical, but essential, modality of progress becomes determinant. Every advance supposes a
reflexive move which furthermore justifies the role of the historian in History.
Résumé
qui s'inspire de la catégorie de l'essai. Le développement de son œuvre, par son rythme et ses ramifications, donne à lire
l'ajustement de sa vision du progrès. Après 1850 l'idée que la régression constitue une modalité paradoxale, mais essentielle, du
progrès devient déterminante. Toute avancée suppose une démarche réflexive qui justifie d'ailleurs le rôle de l'historien dans
l'Histoire.
Citer ce document / Cite this document :
Petitier Paule. Progrès et reprise dans l'histoire de Michelet. In: Romantisme, 2000, n°108. pp. 65-74.
doi : 10.3406/roman.2000.978
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_2000_num_30_108_978Paule PETITIER
Progrès et reprise dans l'histoire de Michelet
Les ambiguïtés d'une ouverture en fanfare
Au début de son œuvre historique, avec Y Introduction à l'histoire universelle,
Michelet semble écrire un hymne univoque au progrès. La révolution de 1830, balayant
les atermoiements de la décennie précédente, vient, lui semble-t-il, de délivrer le sens
ultime de l'histoire et permet d'embrasser tout le cours de celle-ci comme une évolut
ion nettement finalisée. Michelet représente le grand voyage de l'humanité depuis
l'Inde, où elle se trouvait à l'origine sous la tutelle d'une nature toute-puissante, jus
qu'à l'Occident - plus précisément la France contemporaine - où elle a signé son accès
à l'autonomie. Chaque étape de ce long chemin marque un degré d'affranchissement.
On est fort tenté de voir avant tout dans cette œuvre l'expression triomphante de
l'idéologie libérale au lendemain de Juillet. Marqué par la méthode de Guizot, Michel
et met en place une logique explicative qui rappelle la combinatoire grâce à laquelle
son aîné rend compte du progrès de la civilisation en Europe depuis la chute de l'Emp
ire romain (cours de 1828-1830). Chaque peuple, chaque moment historique apporte
son élément, chaque incomplétude appelle son correctif. La fréquence des modalisa-
teurs d'obligation («il faut», «devait») souligne la nécessité d'une évolution qui
aboutit à la société bourgeoise laïque et à l'État centralisé. La récente étude d'Arthur
Mitzman ' a pourtant révélé l'ambiguïté de cette œuvre, écrite certainement au prin
temps 1831 avec un recul plus grand qu'on ne pourrait le croire vis-à-vis des événe
ments de l'année précédente. Certes les ambitions du jeune historien le rendent encore
dépendant du milieu doctrinaire, mais la chute du gouvernement de Guizot lui permet
de laisser transparaître des positions plus radicales et d'exprimer une vision de l'his
toire personnelle.
L'avancée de l'humanité - est-il posé au début du texte - manifeste «le triomphe
progressif de la liberté» 2. Sous l'orthodoxie de cette proposition libérale se donne à
lire une prise à partie de Victor Cousin. Depuis quelques années, Michelet conteste le
fatalisme du philosophe éclectique qui met les idées hégéliennes au service d'une apo
logie du fait accompli. L' Introduction se veut donc d'abord la rectification de ce recul
intellectuel qu'est l'abandon de l'idée d'une humanité maîtresse de son histoire. De
façon plus générale, comme en témoigne un passage de Y Histoire de France de 1833 3,
Michelet ressent de la méfiance envers les philosophies de l'histoire dont il estime
qu'elles dépouillent l'homme de sa liberté morale en rattachant les faits individuels à
un dessein général inconsciemment poursuivi.
1. Michelet ou la subversion du passé. Quatre leçons au Collège de France, La Boutique de l'Histoire,
1999.
2. Introduction à l'histoire universelle, dans Œuvres complètes, Flammarion, 1972, t. II, p. 229. Les
références ultérieures à ce texte renverront toutes à cette édition.
3. Voir en particulier le passage, supprimé dans les éditions ultérieures, que l'on peut lire dans les
variantes de Y Histoire de France, dans Œuvres complètes, Flammarion, t. IV, p. 662.
ROMANTISME n° 108 (2000-2) 66 Paule Petitier
Michelet n'innove pas en faisant de la liberté le but du progrès, mais en posant
qu'elle est aussi le moteur de celui-ci, il introduit une différence, destinée à s'amplif
ier, dans sa conception et dans son écriture de l'histoire. L' Introduction affirme qu'il
y a progrès seulement dans la mesure où l'homme conquiert son indétermination et
son autonomie, c'est-à-dire sa faculté de se donner à lui-même ses lois. L'humanité
devient sujet en rejetant d'un même mouvement la tutelle de la nature et celle des
dieux, projection symétrique de l'hétéronomie naturelle. Michelet met en évidence le
progrès de cette émancipation en s 'appuyant sur la conception biologique de l'échelle
des êtres 4. L'évolution vers l'autonomie morale et politique est métaphorisée par le
développement des organismes vers un stade supérieur. La France moderne, corps
superbement constitué, occupe le sommet de cette hiérarchie. Michelet a donc partie
llement conservé dans cette œuvre la représentation du progrès comme processus à la
fois logique et naturel, dégageant graduellement un pôle d'excellence voué par sa qual
ité même à la direction de l'ensemble. Cependant, il s'établit une contradiction entre
ce dispositif de présentation du progrès et la conception de l'histoire michelettiste. En
tant qu'histoire du sujet, l'évolution peut-elle être expliquée comme un pur dévelop
pement? En enregistrant ce qui a eu lieu comme les étapes nécessaires conduisant à
l'état actuel, en ignorant les possibles et les fourvoiements, l'historien ne renie-t-il pas
la liberté? Bref, si la représentation linéaire et cumulative du progrès convient aux
processus physiques, est-elle adéquate à une histoire de la conscience ?
La place fondatrice donnée à la liberté dans Y Introduction provoque l'émergence
d'autres modèles au sein de la dynamique rectiligne du progrès. Les notions de sujet
et d'autonomie font apparaître en particulier la dimension de la réflexivité; elle
contrebalance la progression par l'idée de retour. Traducteur de Vico, Michelet était
familiarisé avec l'idée d'un devenir progressant par cycles, un corso cédant la place à
un ricorso identique dans sa forme sinon dans son contenu. L' Introduction fait se suc
céder plusieurs corsi. L'Antiquité se divise en deux cycles. Le premier, de l'Inde à la
Judée, aboutit à une séparation totale, mais stérile, de l'homme et de la nature. Il cor
respond au développement de la liberté dans la fatalité. Le ricorso commençant en
Europe, terre libre, verra l'extinction de la fatalité dans la liberté. D'autre part, l'atten
tion accordée par Michelet à la centralisation, autant qu'à un système politique, se
réfère à un modèle biologique et psychique. La centralisation renvoie à l'existence
d'un système nerveux regroupant les informations reçues par les organes sensoriels
disséminés à la périphérie de l'organisme ainsi qu'à l'instauration dans l'être d'une
instance réfléchissante, la conscience. L'insistance de Michelet sur la centralisation
correspond à l'idée que chaque stade du progrès doit être la reprise et la totalisation
au sein d'une no

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