Progrès technique et progrès économique - article ; n°6 ; vol.12, pg 876-904
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Progrès technique et progrès économique - article ; n°6 ; vol.12, pg 876-904

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1961 - Volume 12 - Numéro 6 - Pages 876-904
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Louis-André Vincent
Progrès technique et progrès économique
In: Revue économique. Volume 12, n°6, 1961. pp. 876-904.
Citer ce document / Cite this document :
Vincent Louis-André. Progrès technique et progrès économique. In: Revue économique. Volume 12, n°6, 1961. pp. 876-904.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1961_num_12_6_407486PROGRES TECHNIQUE
ET ECONOMIQUE
Les relations entre progrès technique et progrès économique sont
complexes et ont déjà fait l'objet de maintes recherches. Nous essaierons
cependant de clarifier un certain nombre de points qui nous paraissent
essentiels et, dans ce dessein, nous commencerons par préciser le sens des
termes employés. Puis nous montrerons que toute innovation technique
constitue en même temps un progrès économique, du moins sous réserve
de diverses exceptions que nous étudierons. Seront ensuite examinés les
stimulants et les freins aux innovations techniques et à la diffusion des
techniques. Enfin nous traiterons des relations entre productivité et rentab
ilité pour achever sur les perspectives d'avenir qu'on peut entrevoir en
matière de progrès technique.
1. Quelques remarques de terminologie
Dans le domaine que nous abordons, plus qu'en tout autre, la multip
licité des sens donnés â un même terme risque beaucoup d'obscurcir les
raisonnements. C'est pourquoi il nous a semblé nécessaire de présenter,
en guise d'introduction, quelques remarques de terminologie.
Le mot progrès paraît clair en lui-même; cependant, il suppose un
but déterminé ou tout au moins une orientation générale assez bien définie.
Si deux personnes parlent de progrès en se référant implicitement à deux
objectifs différents, elles ont bien peu de chances de se comprendre.
L'accord étant fait sur le but visé ou supposé, des divergences restent pos
sibles sur le sens du mot progrès suivant qu'on envisage tel ou tel chemi
nement ; mais le débat n'en est pas moins clarifié. PROGRÈS TECHNIQUE 877 LE
Quant à l'expression progrès technique, elle est susceptible de recevoir
plusieurs définitions, parmi lesquelles il nous semble nécessaire de dis
tinguer deux grandes catégories.
a) Au sens restreint, le progrès technique s'entend d'innovations ou
de perfectionnements envisagés sous leur aspect technique. Chaque tech
nicien, dans sa spécialité, se réfère alors à un but technique : atteindre
tel résultat, mettre en œuvre tel procédé nouveau, élaborer tel produit
ou tel article nouveau. Ces objectifs sont appréciés du point de vue fonc
tionnel. Par exemple, les progrès de l'éclairage public ou des transports
ferroviaires s'apprécient par référence aux fonctions qu'ils doivent remplir,
y compris les exigences d'ordre qualitatif telles que sécurité, confort, etc.
Dans ce sens restreint, le progrès technique comporte des nuances.
En particulier, il est loisible d'englober ou non dans la technique l'orga
nisation du travail, la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement
ou de nouveaux débouchés, etc. Mais la pensée reste attachée à des objectifs
spécifiques, envisagés indépendamment les uns des autres, les moyens mis
en œuvre étant laissés dans l'ombre ou limités aux éléments techniques.
Pour bien souligner qu'aucune référence n'est faite aux objectifs d'ordre
économique, nombre d'auteurs emploient volontiers des expressions appa
rentées telles que : progrès des techniques ou de la technique, progrès ou
changements technologiques, innovations techniques, etc. C'est ce que nous
ferons généralement dans ce qui suit.
b) Au sens large, l'expression progrès technique peut être considérée
comme désignant des progrès de productivité. Dans cette acception, on ne
se réfère plus seulement à un objectif en soi, on compare expressément
cet objectif avec les moyens qui ont permis de l'obtenir, compte tenu de
la limitation générale de ces moyens. C'est ainsi que, dans l'entreprise, la
productivité est liée à la combinaison des facteurs, celle-ci dépendant à
son tour du coût de ces facteurs, c'est-à-dire de leur rareté et de leur utilité
relatives (1). Au sens large, le progrès technique a donc un aspect écono
mique essentiel. Autrement dit, la technicité passe au second plan pour
faire place à la notion à'économicité. Toutefois, c'est dans un cadre plus
ample qu'est généralement employée l'expression progrès technique au sens
large de progrès de productivité; ce cadre est la branche d'activité, la
1. On emploie parfois le mot productivité pour désigner de simples ren
dements techniques ; ce sens est évidemment laissé de côté ici. 878 REVUE ÉCONOMIQUE
nation, voire le monde entier. Dans tous les cas, on conçoit que les com
paraisons d'un résultat avec les moyens qu'il exige entraîne la comparaison
des différents résultats possibles, puisque les moyens sont toujours limités.
Le progrès technique au sens large admet, lui aussi, des variantes. Par
exemple, il peut englober, outre les progrès de productivité définis par
telle ou telle formule, les éléments qualitatifs généralement négligés au
cours des calculs. Mais la principale remarque à faire concerne la « loi »
des rendements non proportionnels : quelle que soit l'échelle envisagée,
la production ne varie généralement pas proportionnellement aux facteurs
de production. Le plus souvent, lorsque la production augmente à partir
d'un niveau assez bas, on constate d'abord une augmentation de productiv
ité, puis un palier et finalement une baisse de productivité. Ce phénomène
étant observé en dehors de tout changement d'ordre technique, il est loi
sible de le laisser en dehors de la définition, même large, du progrès
technique. On peut en dire autant des phénomènes naturels que l'homme
n'a pas maîtrisés ou pas complètement maîtrisés, par exemple l'évolution
démographique ou les conditions météorologiques influençant les récoltes.
Cependant, de nombreux auteurs considèrent comme progrès technique
(au sens large) les conséquences de ces phénomènes naturels, ainsi que les
effets de la « loi » des rendements non proportionnels. Les positions prises
à cet égard ne sont pas toujours explicitées, mais résultent clairement du
contexte (2).
En somme, on peut considérer comme équivalentes les expressions pro
grès technique (au sens large) et progrès de productivité ; mais il faut se
souvenir que la productivité peut varier du seul fait des variations de
production et, plus généralement, du fait des phénomènes naturels sur
lesquels l'homme n'a pratiquement pas de prise.
Au point où nous en sommes, une observation s'impose. Le progrès tech
nique peut être dû à une série d'innovations techniques, mais il peut aussi
résulter de la diffusion de techniques déjà connues. Ainsi, dans l'état actuel
du monde, il est certain que de très importants progrès de productivité
pourraient être obtenus, surtout dans les pays peu développés, grâce à
l'utilisation rationnelle de procédés ou d'appareils techniquement au point
2. Dans l'ouvrage que nous avons publié en 1944 sous le titre Le progrès
technique en Frmwe depuis cent ans, une désignation spéciale nous a paru
nécessaire pour caractériser le progrès technique au sens de « progrès de
productivité dus aux initiatives de l'homme ». A cette fin, nous avons
employé l'expression « progrès technique proprement dit ». LE PROGRÈS TECHNIQUE 879
depuis longtemps (pensons notamment aux techniques agricoles). Sans
doute cette diffusion exige-t-elle souvent une adaptation, sans doute se
heurte-t-elle à des difficultés tenant à l'insuffisante formation des hommes
ou à des structures sociales peu favorables. Il n'en est pas moins nécessaire
de bien distinguer Y innovation de la diffusion ou propagation des tech
niques.
On rappellera ici la théorie présentée par le professeur F. Perroux à
propos du progrès économique (3).
Même dans les nations évoluées, la lenteur de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents