Projet pragmatique et projet radical chez Keynes : la portée du chapitre 17 de la Théorie générale.  - article ; n°4 ; vol.48, pg 937-964
29 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Projet pragmatique et projet radical chez Keynes : la portée du chapitre 17 de la Théorie générale. - article ; n°4 ; vol.48, pg 937-964

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
29 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1997 - Volume 48 - Numéro 4 - Pages 937-964
Projet pragmatique et projet radical chez Keynes. La portée du chapitre 17 de la Théorie générale
Notre objet sera, au travers d'une tentative d'articulation de trois lectures critiques successivement opérées par Kaldor [1961], Benetti [1985] et Deleplace [1988], des développements menés par Keynes dans le chapitre 17 de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, d'éclairer sous un jour nouveau l'ambiguïté et la portée de ce chapitre. Nous analyserons la position qu'y développe Keynes comme résultant de la tension, également perceptible dans le reste de son ouvrage, entre un projet fondamentalement « radical » et une démarche essentiellement « pragmatique », que nous tenterons tous les deux de mieux qualifier. Concluant à l'impossible conciliation de ces deux stratégies, nous tâcherons d'en tirer des enseignements pour la théorie monétaire.
Pragmatic plan and radical plan in keynes : the import of chapter 17 of general theory
The purpose of this paper will be, through an attempt to link together three critical readings, successively operated by Kaldor [1961], Benetti [1985] and Deleplace [1988], of the chapter 17 of Keynes 'General Theory, to set a new light on the ambiguity and the import of that chapter.
We will analyse the position that Keynes takes in it as resulting of the tension, also perceptible in the rest of the book, between two strategies, one pragmatic and the other radical, which we will attempt to better qualify.
To conclude, we will show that these two strategies seems to be logically irreconcilable, and we therefore will attempt to draw lessons from it for monetary theory.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Christophe Lavialle
Projet pragmatique et projet radical chez Keynes : la portée du
chapitre 17 de la "Théorie générale".
In: Revue économique. Volume 48, n°4, 1997. pp. 937-964.
Résumé
Projet pragmatique et projet radical chez Keynes. La portée du chapitre 17 de la Théorie générale
Notre objet sera, au travers d'une tentative d'articulation de trois lectures critiques successivement opérées par Kaldor [1961],
Benetti [1985] et Deleplace [1988], des développements menés par Keynes dans le chapitre 17 de la Théorie générale de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, d'éclairer sous un jour nouveau l'ambiguïté et la portée de ce chapitre. Nous analyserons la
position qu'y développe Keynes comme résultant de la tension, également perceptible dans le reste de son ouvrage, entre un
projet fondamentalement « radical » et une démarche essentiellement « pragmatique », que nous tenterons tous les deux de
mieux qualifier. Concluant à l'impossible conciliation de ces deux stratégies, nous tâcherons d'en tirer des enseignements pour la
théorie monétaire.
Abstract
Pragmatic plan and radical plan in keynes : the import of chapter 17 of general theory
The purpose of this paper will be, through an attempt to link together three critical readings, successively operated by Kaldor
[1961], Benetti [1985] and Deleplace [1988], of the chapter 17 of Keynes 'General Theory, to set a new light on the ambiguity and
the import of that chapter.
We will analyse the position that Keynes takes in it as resulting of the tension, also perceptible in the rest of the book, between
two strategies, one pragmatic and the other radical, which we will attempt to better qualify.
To conclude, we will show that these two strategies seems to be logically irreconcilable, and we therefore will attempt to draw
lessons from it for monetary theory.
Citer ce document / Cite this document :
Lavialle Christophe. Projet pragmatique et projet radical chez Keynes : la portée du chapitre 17 de la "Théorie générale". In:
Revue économique. Volume 48, n°4, 1997. pp. 937-964.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1997_num_48_4_409923Projet pragmatique
et projet radical chez Keynes
La portée du chapitre 17 de la Théorie générale
Christophe Lavialle*
Notre objet sera, au travers d'une tentative d'articulation de trois lectures crit
iques successivement opérées par Kaldor [1961], Benetti [1985] et Deleplace
[1988], des développements menés par Keynes dans le chapitre 17 de la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, d'éclairer sous un jour nouveau
l'ambiguïté et la portée de ce chapitre. Nous analyserons la position qu'y déve
loppe Keynes comme résultant de la tension, également perceptible dans le reste
de son ouvrage, entre un projet fondamentalement « radical » et une démarche
essentiellement « pragmatique », que nous tenterons tous les deux de mieux qual
ifier. Concluant à l'impossible conciliation de ces deux stratégies, nous tâcherons
d'en tirer des enseignements pour la théorie monétaire.
PRAGMATIC PLAN AND RADICAL PLAN IN KEYNES : THE IMPORT OF
CHAPTER 17 OF GENERAL THEORY
The purpose of this paper will be, through an attempt to link together three cri
tical readings, successively operated by Kaldor [1961], Benetti [1985] and Dele-
place [1988], of the chapter 17 of Keynes 'General Theory, to set a new light on the
ambiguity and the import of that chapter.
We will analyse the position that Keynes takes in it as resulting of the tension,
also perceptible in the rest of the book, between two strategies, one pragmatic and
the other radical, which we will attempt to better qualify.
To conclude, we will show that these two strategies seems to be logically irr
econcilable, and we therefore will attempt to draw lessons from it for monetary
theory.
Classification JEL : E, E4, B22
* Université d'Orléans et Institut Orléanais de finance (LED-iof, UMR CNRS 6586),
rue de Blois, BP 6749, 45064 Orléans Cedex 2. E-mail : Christophe lavialle@univ.orleans.fr.
Je remercie, selon l'usage, l'ensemble des personnes qui ont bien voulu me faire part de
leurs réactions à une première version de cet article. Ma gratitude va en particulier à
Ghislain Deleplace, Marcello Messori, ainsi qu'à l'ensemble des participants aux jour
nées d'étude « Circulation et demande effective » organisées à l'Hôtel de la Monnaie les
1 1 et 12 mai 1995, conjointement par le GDR Monnaie et Financement (atelier « Histoire
de la pensée et des pratiques monétaires »), l'Association Jacques-Cœur pour l'Histoire
des pensées et pratiques et l'équipe Pensée économique et histoire de l'Uni
versité Paris VIII. Le débat que la présentation de ce travail y suscita, et qu'anima en par
ticulier Jan Kregel, fut un puissant stimulant. Que les deux rapporteurs anonymes de la
Revue, enfin, soient également remerciés. Bien entendu, et selon la formule consacrée, la
responsabilité des insuffisances et des erreurs qui demeurent dans cet article m'incombe
entièrement, et les propos qui y sont développés n'engagent que moi.
937
Revue économique — vol. 48, N° 4, juillet 1997, p. 937-964. Revue économique
INTRODUCTION
On considère parfois que le projet « radical » de Keynes, dont la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie n'aurait été finalement que
l'élément « pragmatique », visait à établir les fondements d'une théorie de
l'économie monétaire de production3.
Si l'on admet cette qualification du projet de Keynes, on est alors amené à
observer que, dans la Théorie générale, une démonstration essentielle doit être
celle que mène Keynes dans le chapitre 17, où il tâche d'expliquer pourquoi
c'est bien le taux d'intérêt de la monnaie qui va fixer le niveau d'investissement,
et donc de revenu et d'emploi, et agir de la sorte en tant que norme sociale4.
Or il se trouve que ce chapitre, censé donc asseoir définitivement l'aspect
monétaire de la construction keynésienne (en démontrant que c'est bien néces
sairement la monnaie qui est au point de départ de l'analyse, et que l'intelligence
du processus de formation des grandeurs économiques procède nécessairement
d'une approche monétaire de l'activité économique), est précisément celui qui
est, de ce point de vue, le plus ambigu. Keynes y insiste en effet sur le fait que
n'importe quelle richesse peut en fait jouer le rôle dévolu tout au long de
l'ouvrage à la monnaie dans la limitation du niveau d'activité. C'est cette ambi
guïté que nous rappellerons dans un premier paragraphe de la section II.
1. Keynes [1936].
2. Une des justifications aujourd'hui les plus répandues de l'ambiguïté de la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, et de l'abondante littérature interpréta
tive qui en a découlé, consiste à souligner, à la suite de Favereau ([1985] et [1988]) que
cet ouvrage, dans sa version finalement publiée, trahit la tension entre deux stratégies
intellectuelles qu'aurait successivement ou simultanément poursuivies John Maynard
Keynes au cours de sa rédaction, le « projet radical » et le « projet pragmatique ». La
démarche pragmatique aurait consisté pour Keynes, dont l'objectif prioritaire était un
objectif de persuasion politique, à accepter la théorie économique standard (à l'époque la
micro-économie marshallienne) comme le langage dans lequel les propositions théori
ques, y compris les moins orthodoxes, devaient être énoncées, pour avoir une chance
d'être acceptées. La démarche radicale, au contraire, aurait consisté à s'attaquer aux
choix méthodologiques fondamentaux opérés par l'orthodoxie marshallienne, et à tâcher
de reconstruire la théorie économique sur des bases renouvelées.
3. C'est, par exemple, l'avis des auteurs regroupés autour du Journal of Post Keyne-
sian Economies : « La théorie keynésienne a pour prémisse la proposition selon laquelle
il n'est pas admissible, d'un point de vue logique, de commencer l'explication du compor
tement d'une économie du type de la nôtre par l'étude d'une économie abstraite &q

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents