Protection et change : deux armes complémentaires - article ; n°6 ; vol.33, pg 1024-1041

Gérard Lafay

Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 6 - Pages 1024-1041
Protectionism and exchange rate : two complementary weapons
Gérard Lafay
Theory of protectionism and theonj of exchange rate are, very often, dissociated in international economics. The first one is dependent on real approach, and the second one on monetary approach. In terms of economic policy, protectionism and exchange rate have to be studied together : both contribute to settle domestic price Systems linkage conditions.
However, those both instruments, which have specific purpose have to be used for specific policies : exchange rate have to make macroeconomic choices consistent, whereas protection have to contribute to selective industrial policies.
Toutefois, ces deux instruments doivent être spécialisés dans leur utilisation, de façon à réserver à chacun d'entre eux la fonction pour laquelle il est, par nature, le mieux adapté : le change doit ainsi assurer la compatibilité des choix macro­économiques, tandis que la protection doit être mise au service de la sélectivité des politiques industrielles.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Gérard Lafay
Protection et change : deux armes complémentaires
In: Revue économique. Volume 33, n°6, 1982. pp. 1024-1041.
Abstract
Protectionism and exchange rate : two complementary weapons
Gérard Lafay
Theory of protectionism and theonj of exchange rate are, very often, dissociated in international economics. The first one is
dependent on real approach, and the second one on monetary approach. In terms of economic policy, protectionism and
exchange rate have to be studied together : both contribute to settle domestic price Systems linkage conditions.
However, those both instruments, which have specific purpose have to be used for specific policies : exchange rate have to make
macroeconomic choices consistent, whereas protection have to contribute to selective industrial policies.
Résumé
Toutefois, ces deux instruments doivent être spécialisés dans leur utilisation, de façon à réserver à chacun d'entre eux la fonction
pour laquelle il est, par nature, le mieux adapté : le change doit ainsi assurer la compatibilité des choix macro-économiques,
tandis que la protection doit être mise au service de la sélectivité des politiques industrielles.
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Lafay Gérard. Protection et change : deux armes complémentaires. In: Revue économique. Volume 33, n°6, 1982. pp. 1024-
1041.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_6_408696PROTECTION ET CHANGE :
DEUX ARMES COMPLÉMENTAIRES
La théorie de la protection et la théorie du change sont, le plus
souvent, dissociées dans l'analyse de l'économie internationale.
La première relève, en effet, de l'approche réelle, et la seconde
de l'approche monétaire. Sans doute a-t-on remarqué qu'une dépré
ciation du change de 10 % était équivalente, du point de vue du com
merce international, à l'application d'un droit de douane uniforme
de 10 % à l'importation, accompagnée d'une subvention à l'exportation
de même taux 1. Il n'en demeure pas moins que toutes les conséquenc
es de cette équivalence formelle n'ont pas été tirées.
Pour la politique économique, protection douanière et taux de
change doivent être analysés de façon concomitante, car ces instr
uments contribuent tous deux à déterminer les conditions de passage
entre les systèmes de prix nationaux : selon qu'il est sous-évalué ou
sur-évalué, le taux de change d'une monnaie peut soit procurer à
l'économie nationale une forme efficace de protection, soit au contraire
favoriser la pénétration des produits étrangers sur le marché intérieur.
Toutefois, ces deux instruments doivent être spécialisés dans leur utili
sation, de façon à réserver à chacun d'entre eux la fonction pour
laquelle il est, par. nature, le mieux adapté : le change doit ainsi
assurer la compatibilité des choix macroéconomiques, tandis que la
protection doit être mise au service de la sélectivité des politiques
industrielles.
1. Voir notamment R. Caves et R. Jones [1981], t. II, p. 79. On peut égale
ment rappeler la dévaluation déguisée, réalisée en France en 1957 par le gouver
nement Gaillard, sous le nom d'opération 20%.
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Revue économique — N" 6, novembre 1982. LA PROTECTION PAR LE CHANGÉ
Combien dérisoires sont apparus les efforts menés dans le cadre
des négociations commerciales multilatérales (Tokyo - Round) pour
abaisser indéfiniment les barrières douanières. Compte tenu de la
faiblesse des taux de protection dans les pays industriels, au début
des années 1970, les quelques points gagnés en pourcentage supplé
mentaire — par des formules plus ou moins sophistiquées 2 — étaient
sans commune mesure avec les variations de taux de change qui, à
la même époque, modifiaient complètement les conditions relatives
de compétitivité. Depuis le flottement généralisé des monnaies, le
niveau auquel se situe chaque taux de change a désormais une impor
tance décisive, qui se traduit par des conséquences différentes selon
le mode de fixation des prix.
Protection et change en régime d'unicité des prix
En économie internationale, l'hypothèse la plus couramment retenue
est celle de l'unicité du prix d'un produit donné à l'échelle mondiale.
En fonction des taux de change respectifs, et en l'absence de toute
protection, les prix convertis dans la même unité monétaire tendent
alors à s'égaliser, aussi bien à l'intérieur des différents marchés natio
naux que pour les diverses transactions internationales.
Dans un tel régime d'unicité des prix, on a, par définition, parité
de pouvoir d'achat 3. Cette parité s'applique pour chacune des monn
aies entre les différents marchés, et simultanément entre les différen
tes monnaies pour des unités équivalentes (selon la conversion aux
taux de change courants). De cette façon, le taux de change concrétise
le principe ricardien de l'avantage comparatif.
L'échange entre deux pays ayant des niveaux différents de product
ivité n'est en effet possible que si l'avantage comparatif se substitue
à l'avantage absolu. Rappelons ici que le taux de change va permettre
de compenser les différences de niveau de développement entre les
pays, puisque les salaires — convertis dans une unité monétaire de
référence — vont être d'autant plus élevés que la productivité moyenne
2. Cf. H. F. Henner et G. Lafay [1980].
3. Cf. G. Cassel [1923].
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du pays est plus forte. L'unicité des prix, après conversion par le taux
de change, repousse par conséquent Vavantage absolu dans le domaine
de la productivité physique : dans l'échange international, la valori
sation des flux ne laisse subsister que le seul avantage comparatif.
L'unicité des prix n'exclut pas cependant la possibilité d'une pro
tection par le change. Les prix sont égalisés, mais les coûts salariaux
unitaires ne le sont pas nécessairement ; un taux de change sous-
évalué i— par rapport à une norme moyenne d'égalisation des coûts
salariaux unitaires • — peut ainsi favoriser la rentabilité des activités
nationales. De ce point de vue, son effet est identique à celui que peut
exercer une protection générale de l'ensemble des secteurs, qui élève
de façon uniforme les prix nationaux par rapport aux prix mondiaux
convertis en monnaie nationale.
Protection et change en régime de différenciation des prix
Le principe de parité de pouvoir d'achat des monnaies (PPA) ne
correspond qu'à une schématisation très grossière de la réalité. Sans
doute peut-on remarquer que des disparités cumulatives ne peuvent
se prolonger indéfiniment, en raison de l'existence de «forces de
rappel », au premier rang desquelles figure l'investissement internatio
nal. Mais après conversion par les taux de change respectifs, les prix
observés sur les différents marchés peuvent diverger fortement et dura
blement, comme l'ont montré notamment les travaux de Kravis 4.
Tel est d'abord, à l'évidence, le cas des « produits non échangés »,
puisque ceux-ci ne sont pas soumis à la concurrence internationale.
Mais une PPA réduite aux seuls « produits échangés », selon l'analyse
de Balassa5, n'est guère plus probante. Car si une nette tendance à
l'égalisation apparaît pour les matières premières, la différenciation
prédomine pour la majeure partie des produits manufacturés. Le
graphique 1 illustre ainsi les disparités de prix dans l'industrie manuf
acturière pour les cinq grands pays occidentaux, après conversion dans
la même unité monétaire.
4. Cf. I. B. Kravis, A. Heston, R. Summers [1978], ainsi que I. B. Kravis et
R. Lipsey [1978].
5. Cf. B. Balassa [1964].
1026 :
Allemagne fédérale
. Royaume- Uni
Japon
Etats- Uni«
63 64 65 66 67 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79
Source La lettre du CEPJl, 18, octobre 1981.
Graphique 1. Niveaux moyens des prix des produits manufacturés
(Base 100 : Etats-Unis pour chaque année)
La théorie d'Armington 6 fournit une explication de la divergence
des prix à l'exportation des différents pays, fondée sur la différencia
tion des