Qu est-ce que le développement durable ? - article ; n°1 ; vol.78, pg 81-91
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Qu'est-ce que le développement durable ? - article ; n°1 ; vol.78, pg 81-91

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique - Année 2003 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 81-91
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Hervé L'Huillier
Qu'est-ce que le développement durable ?
In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°78, 2003. pp. 81-91.
Citer ce document / Cite this document :
L'Huillier Hervé. Qu'est-ce que le développement durable ?. In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°78,
2003. pp. 81-91.
doi : 10.3406/chris.2003.2441
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_2003_num_78_1_2441Qu'est-ce que
le développement durable?
Hervé L'Huillier*
Le Développement durable est partout. En quelques années, un concept
sous-jacent depuis plus de trente ans, a, non seulement pris forme, mais sur
tout attiré à lui des pans entiers des activités humaines qu'il oblige à considér
er d'un œil nouveau. La logique qui permet de relier les uns aux autres tous
les éléments qui se revendiquent comme constituants du Développement
durable n'est pas évidente. C'est pourquoi la synthèse qui est tentée ci-des
sous espère rendre le service de faire comprendre dans sa cohérence et dans
ses liens essentiels un mouvement qui n'ambitionne rien de moins que de
proposer une autre vision de la croissance et de l'activité économique.
Le bilan discutable de trente ans
de croissance économique mondiale
Revenons il y a trente ans
Pour bien comprendre le mouvement du développement durable, il est
utile de remonter à la fin des années 1960. L'économie occidentale vit alors
une troisième décennie de croissance dynamique, essentiellement fondée sur
une accélération rapide de la production industrielle et le développement pro
gressif de la consommation de masse. Dès cette époque, les termes de pollut
ion, d'environnement, d'écologie apparaissent dans les préoccupations des
milieux scientifiques, politiques et économiques, souci qui est matérialisé par
la reconnaissance d'un problème d'« éco-développement » de la planète au
sommet de Stockholm en 1972.
Parallèlement, les puissances occidentales ont renoncé à leurs empires
coloniaux : nombre de pays éprouvent alors des difficultés à rester intégrés
aux courants du commerce mondial; beaucoup ne parviennent pas à créer les
structures étatiques de nature à favoriser leur activité économique ; beaucoup
également connaissent des pratiques de gestion opaques et voient se dévelop
per une culture de corruption. C'est l'époque où les grandes institutions mond
iales commencent à se préoccuper des conditions politiques de la
* Hervé l'Huillier est vice-président d'Évangile et Société
81 Hervé L'Huillier
croissance ; l'époque aussi où l'Église publie Populorum progressio (1967)
pour stigmatiser l'insuffisante aide des pays développés en faveur d'un déve
loppement humain intégral dans les pays du Tiers-Monde.
Dans le même temps, la croissance démographique alarme une partie du
monde scientifique. Les économistes constatent la consommation inexorable
des ressources de la planète. En 1970, le monde a devant lui moins de trente
ans de production de pétrole et chaque année qui passe enlève plus d'un an
de réserves. Le Club de Rome est à l'origine d'une réflexion radicale qui
appelle à un changement de paradigme; le souci de la durée impose la
fameuse « croissance zéro », favorisant l'émergence de l'écologisme militant.
Interrogé en 1969, Fernand Braudel déclare: « Accepter la longue durée,
c'est se prêter à un changement de style, d'attitude, à un renversement de
pensée, à une nouvelle conception du social ».
Tous les ingrédients du Développement durable sont rassemblés là, en
quelques années de prise de conscience cruciale, et qui pourtant, de bilan en
bilan et de sommet en sommet, va mettre près de trente ans à prendre forme.
Un bilan discutable
Atteintes à la planète
Incontestablement les modes de production et de transport ont fait durant
ces trente dernières années des progrès considérables que de nombreux
exemples peuvent prouver. Pourtant, pour une grande partie de l'opinion, ce
sont surtout les atteintes à l'environnement qui prédominent. Atteintes qui
peuvent s'articuler autour de quelques thèmes majeurs :
un thème d'environnement global qui met en péril l'écosystème
général sous les noms d'effet de serre, de réchauffement de la planète, de
destruction de la couche d'ozone, toutes réalités qui ne font pas l'unanimité
des scientifiques quant à leurs effets, mais qui diffusent la peur que l'activité
humaine parvenue à un niveau élevé serait au final destructrice pour
l'homme lui-même;
le thème de méthodes de production, de transport et de consommation,
contribuant à la destruction des écosystèmes locaux ou régionaux, avec
progressivement la disparition de ressources animales et végétales, qui met
en péril l'activité humaine dans de nombreux endroits de la planète, thème
entretenu par les alertes sur les nombreuses espèces en voie de disparition,
par la mobilisation pour la biodiversité, par les campagnes pour la maîtrise
des déchets ;
le thème de l'exploitation excessive des ressources finies non renouvel
ables, utilisées par notre génération sans souci de leur économie de très long
82 que le développement durable? Qu'est-ce
terme, thème directement à l'origine du souci nouveau de chercher à ne pas
pénaliser les générations futures ;
le thème des risques inhérents aux processus industriels, commerciaux,
logistiques, qui se traduisent par des accidents ou des catastrophes qui vien
nent accroître et révéler la dégradation progressive, souvent peu visible, des
écosystèmes et se traduisent par des menaces directes sur la vie.
Des facteurs d'inégalité et de mépris de l'homme
Le concept même de développement, tel qu'il s'est imposé au moment du
Premier Choc pétrolier, aboutit à une déception en ce sens que, s'il a permis
à de nouveaux pays d'émerger et de s'intégrer au commerce mondial, au glo
bal en revanche les inégalités se sont accrues et la richesse des pays les plus
favorisés s'est parfois construite sur de nombreux reculs en matière d'exi
gence au regard de la dignité des hommes et des peuples.
en tendance, en effet, l'écart de richesse entre les mieux favorisés et les
plus malheureux des pays de la planète s'accroît et le nombre d'hommes
vivant avec moins d'un dollar par jour ou dans des conditions de mal- ou dé
nutrition dépasse largement le milliard, mettant en évidence une insatisfai
sante redistribution du développement ;
ce dernier s'est trop souvent accompagné de formes diverses d'exploitation
des hommes, comme si nombre d'entreprises avaient trouvé dans l'absence
de standards sociaux des pays candidats aux délocalisations les moyens de
reconstituer des marges écrasées par la hausse des prix des matières pre
mières, tout en mettant à profit des pratiques et des structures sociales tradi
tionnelles de ces pays: travail des enfants et des vieillards, absence de
contrats de travail, mépris de la sécurité industrielle, refus de dialogue
social, salaires écrasés, etc.
il s'est aussi accompagné par un considérable mouvement migratoire, qui
a vu les travailleurs et leurs familles, ou sans leurs familles, s'agglutiner dans
les zones d'activité, sites industriels, ports, villes, voire tenter de rejoindre en
masse les pays les plus riches ; cela se traduit par les grandes concentrations
foireuses dans les grandes villes pour constituer ce qu'on a pu appeler les
pseudopoles du Tiers-Monde, les ghettoïsations et les errances d'immigrés
dans les pays de l'OCDE, et à la base la destruction des structures collectives
pour de nombreux peuples ;
depuis une quinzaine d'années et de manière accélérée maintenant, cette
inégalité de développement se trouve alimentée par un autre support : la rup
ture numérique, qui interdit l'accès au savoir et à l'information à de nomb
reux pays tout simplement parce que la mondialisation de la culture est
massivement entre les mains du commerce occidental.
83 Hervé L'Huillier
Urgences et men

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents