Quelques formes contemporaines du Panthéisme - article ; n°16 ; vol.4, pg 375-385
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Revue néo-scolastique - Année 1897 - Volume 4 - Numéro 16 - Pages 375-385
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Publié le 01 janvier 1897
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Langue Français

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Maurice De Wulf
Quelques formes contemporaines du Panthéisme
In: Revue néo-scolastique. 4° année, N°16, 1897. pp. 375-385.
Citer ce document / Cite this document :
De Wulf Maurice. Quelques formes contemporaines du Panthéisme. In: Revue néo-scolastique. 4° année, N°16, 1897. pp. 375-
385.
doi : 10.3406/phlou.1897.1574
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1897_num_4_16_1574XX.
Quelques formes contemporaines du Panthéisme.
Le mouvement philosophique de ces derniers mois est
marqué de trois faits dont la coïncidence mérite d'être signa
lée : la mort de M. Vacherot, membre de l'Académie des
sciences morales et politiques, la publication du dernier
ouvrage de M. Paul Janet, professeur de philosophie à la
Sorbonne, et la retraite de M. Tiberghien, professeur à l'Uni
versité de Bruxelles.
* * *
On se souvient de cette synthèse hybride dans laquelle
Krause, un des disciples les plus originaux de Schelling, avait
essayé de fusionner la théorie panthéiste de l'unité de sub
stance et la doctrine théiste de la personnalité divine. Le
système nouveau fut baptisé du nom de panenthéisme.
Suivant Krause, les choses finies sont des étapes du processus
divin, des vibrations de l'infinie Substance ; elles ont la vie et
le mouvement dans le sein de la Réalité Absolue. Néanmoins
l'Être Suprême est conscient de lui-même dans son auto
contemplation ; il est doué des attributs de la personnalité.
' Le Krausisme a eu ses heures de célébrité. Ses disciples
ont vaillamment combattu pour la doctrine nouvelle, dans cette
mêlée des idées panthéistiques que Victor Cousin appelle
quelque part « la guerre civile du panthéisme » . Que de fois
se sont-ils réclamés de la profonde parole de l'Apôtre : In ipso
vivimus, movemur et sumus, essayant ainsi d'élever leur sys
tème philosophique à la hauteur d'une explication rationnelle
du christianisme. 376 M. DE WULF.
Même en dehors de l'Allemagne, le Krausisme eut quelques
adhérents : en Espagne, Sanz del Rio introduisit les idées du
maître ; en Belgique, à l'Université de Bruxelles, M. Ahrens,
et jusqu'en ces jours derniers M. Tiberghien défendirent
courageusement la forme pure du panenthéisme.
Mais entre-temps, les idées marchaient, et le panthéisme
allemand se renouvelait sous des formes plus brillantes. La
théorie de l'identité de l'être et de la pensée (Identitâtslohrc)
fut reprise par Hegel ; chez Schleiermachcr elle servit de
base à une transposition bizarre de l'idéalisme sur le terrain
religieux. Schelling lui-même fit subir à ses idées une évolu
tion nouvelle : on a appelé cette forme do sa philosophie la
« Doctrine de la Liberté » , et elle ne tarda pas à faire place à
une cinquième manière, connue sous le nom de « Philosophie
de la mythologie et de la Révélation ». Puis surgirent les
systèmes de Eschenmayer, de Franz von Baader, de Herbart
et de Schopenhauer, qui tous ont contribué à démoder rapide
ment la formule du Krausisme.
Mais si la formule a vécu, le mot a survécu. On l'a trouvé
joli et le voilà relancé dans la circulation par M. Paul Janet,
le distingué professeur de philosophie de la Sorbonno.
M. Paul Janet se déclare « panenthéiste » non plus à la
manière de Krause, mais suivant un mode sui generis. La
filiation intellectuelle qui le rallie à Cousin et à l'école éclec
tique d'une part, et d'autre part les concessions qu'il fait aux
idées de M. Vacherot avec qui il a eu de fréquents échanges
d'idées, expliquent jusqu'à un certain point ce regain de faveur
que M. Janet donne aux doctrines panthéistiques. Déjà il
s'était ouvert à ce sujet dans un article paru dans la Revue
des Deux Mondes^) en 1885. Aujourd'hui qu'il édite les leçons
professées à la Faculté des lettres de Paris de 1888 à 1894,
1) lr juin 1885, p. 575 et 552. QUELQUES FORMES CONTEMPORAINES DU PANTHÉISME. 397
il célèbre à nouveau dans un appendice aux Principes de.
Métaphysique et de Psychologie x) la glorification du panent-
théisme.
« Ce livre est en quelque sorte, si j'ose dire, mon testament
philosophique » écrit M. Janet dans sa préface 2). Et à la
dernière page, lorsqu'il résume ses pensers sur Dieu et sur
les rapports de Dieu avec le fini, il évoque encore cette image
du mourant dictant ses volontés suprêmes : l'ouvrage en effet
se termine sur un chapitre intitulé Le Testament d'un Philo
sophe.
Il est vrai qu'il y parle d'un de ses contemporains, écrivant
comme lui-même au déclin de sa carrière, et que la mort a
déjà frappé depuis le moment où M. Janet a fini son
livre. Il s'agit du «nouveau spiritualisme » de M. Vacherot, de
sa dernière manière de philosopher; mais M. Janet nous
renseigne à la fois sur ses propres convictions en même temps
qu'il admire ce philosophe « sincère qui, s'interrogeant une
dernière fois, s'est moins préoccupé de faire valoir ses pensées
personnelles que de chercher par où il pourrait se rapprocher
des philosophes qu'il paraissait contredire » 3).
#
* *
Aussi bien ces paroles trahissent le secret de ces variations
qui caractérisent l'éclectisme français contemporain. Parents
d'idées par leur alliance commune avec Cousin, MM. Vacherot
et Janet se sont mutuellement influencés sur plus d'un point
de leur système. Si M. Vacherot, dans son dernier ouvrage,
a fait une addition notable à ses doctrines antérieures, en fai
sant place à la théorie des causes finales, M. Janet y a gran
dement contribué; lui-même nous en avertit, « non sans une
petite vanité » 4); d'autre part, M. Vacherot a influencé
M. Janet dans la rédaction de ce codicille, où il vient tester
en faveur du panenthéisme.
1) Paris, Delagrave. 2 vol. 1897.
s) T. I, p. vi.
&) T. II, p. 616.
<) T. II, p. 599. 378 M. DE "WULP.
Pour comprendre « la dernière volonté » du professeur de
la Sorbonne, il ne sera pas inutile peut-être de le suivre quel
ques instants dans l'étude critique qu'il consacre à son collègue
de l'Académie ').
Il y a une triple phase dans l'histoire du panthéisme de
M. Vacherot. La première se reflète dans Y Histoire de l'École
d'Alexandrie (1846-1851). On y reconnaît la théorie de
Cousin : la compénétration de Dieu et du monde, l'unité de la
substance, l'implication de l'individuel dans l'universel, l'ép
anouissement de l'Être divin dans des manifestations finies
suivant un processus de progrès continu.
Ce monisme était relativement simpliste. Absorbé princ
ipalement par ses recherches historiques, l'auteur s'était moins
étudié à scruter ses pensées personnelles qu'à traduire celles
des autres. Il n'en est pas de même dans son second ouvrage
La méthaphysique et la science 2), dont la portée est purement
spéculative. M. Vacherot imprime à ses idées une évolution
caractéristique et on n'a pas de peine à reconnaître qu'il a
subi, comme tant d'autres de ses contemporains, l'infiltration
de l'idéalisme de Kant.
Rien de plus étrange que ce second panthéisme de
M. Vacherot, qu'on a appelé un panthéisme idéaliste. L'auteur
distingue dans les régions métaphysiques, des notions que la
plupart de ses prédécesseurs avaient jugées convertibles, et à
bon droit, à savoir : l'infini et l'absolu d'une part, le parfait
d'autre part 3). Dogmatique en ce qui concerne la réalité
objective, extramentale de Yabsolu, M. Vacherot est idéaliste,
subjectiviste, en ce qui concerne celle du parfait. — Le parfait
seul, écrit-il, mérite le nom de Dieu, car Dieu n'est ni l'infini,
1) T. II, p. 577 et suiv.
2) 1858, 2 vol. ; 1863, 3 vol.
3) T. II, p. 585. FORMES CONTEMPORAINES DU PANTHÉISME. 379 QUELQUES
ni l'absolu. Or, le parfait est incompatible avec l'existence, il
en fait abstraction par nature. Le parfait « est un modèle que
nous construisons avec les éléments de la réalité. Par exemple,
la réalit

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