Quinze années d évolution de deux communes populaires du Sichuan : un exemple de croissance bloquée - article ; n°86 ; vol.22, pg 421-439
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Quinze années d'évolution de deux communes populaires du Sichuan : un exemple de croissance bloquée - article ; n°86 ; vol.22, pg 421-439

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1981 - Volume 22 - Numéro 86 - Pages 421-439
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Lefebvre
Quinze années d'évolution de deux communes populaires du
Sichuan : un exemple de croissance bloquée
In: Tiers-Monde. 1981, tome 22 n°86. pp. 421-439.
Citer ce document / Cite this document :
Lefebvre Alain. Quinze années d'évolution de deux communes populaires du Sichuan : un exemple de croissance bloquée. In:
Tiers-Monde. 1981, tome 22 n°86. pp. 421-439.
doi : 10.3406/tiers.1981.4032
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1981_num_22_86_4032ANNÉES D'ÉVOLUTION i5
DE DEUX COMMUNES POPULAIRES
DU SICHUAN :
UN EXEMPLE DE CROISSANCE BLOQUÉE
par Alain Lefebvre*
On dispose aujourd'hui en Occident d'assez nombreux éléments pour une
connaissance convenable des zones agricoles avancées de la Chine : après les
voyages d'agronomes, de géographes ou d'économistes dont les témoignages
peuvent être corroborés par les multiples visites de communes populaires des
circuits organisés, il est possible de dresser un tableau assez véridique de la
situation actuelle dans les communes riches et des causes des écarts qui séparent
celles-ci des unités arriérées1. Cependant, faute de données historiques suffi
santes, il est très difficile de retracer avec quelque précision l'évolution de ces
communes, la dynamique de leur croissance et éventuellement du blocage de
cette croissance. D'autre part, seule une étude diachronique année par année de
certaines unités rurales pourrait permettre de vérifier sur le terrain les effets de
la politique rurale des autorités centrales et de ses infléchissements successifs.
Un voyage d'une huitaine de jours en septembre 1978 dans le district de
Guanghan au Sichuan a permis de recueillir l'essentiel des données économiques
de deux communes populaires sur quatorze années consécutives de 1963 à 1977.
Certaines de ces données ont déjà été publiées dans le cadre d'une monographie
de ce district2. On s'efforcera ici de suivre de façon plus systématique l'évolu
tion des deux communes Chengjiao et Sanxing. L'étude en parallèle de deux
grandes unités rurales voisines ne permet évidemment aucune généralisation à
l'ensemble de la Chine, ni même à l'ensemble des régions avancées; elle offre
néanmoins l'avantage de relativiser l'influence de certains facteurs purement
locaux.
Chengjiao et Sanxing sont situées à l'extrémité nord-est de la riche plaine
de Chengdu : région au paysage agricole superbe, la monotonie du relief étant
compensée par l'abondance de la verdure, le charme des petits hameaux dis-
* Université Toulouse - Le Mirail.
1. Voit par exemple dans cette même revue l'excellent article de A. Guichaoua, Le su
rpeuplement des campagnes chinoises, l'exemple de la commune populaire de Wantou,
Tiers Monde, t. XX, n° 80, octobre-décembre 1979.
2. A. Lefebvre, Le district de Guanghan au Sichuan. Matériaux pour l'étude de l'économie
rurale chinoise. Travaux de l'Université de Toulouse - Le Mirail, Série A, t. X, 1979.
Revue Tiers Monde, t. XXII, n° 86, Avril-Juin 1981 Illustration non autorisée à la diffusion EVOLUTION DE DEUX COMMUNES 423
simulés sous les bosquets de bambous, l'aspect luxuriant renforcé par l'omni
présence de l'eau. Rien ne manque à ce tableau idyllique, pas même une popul
ation extraordinairement nombreuse qui doit se partager les parts forcément
mesurées du gâteau : 42 500 habitants à Chengjiao en 1977 qui occupaient
3 066 hectares de terres cultivées (720 m2 par personne); 13 396 personnes
habitaient alors Sanxing sur 1 071 ha cultivés (800 m2 par tête). Le revenu
agricole distribué par habitant atteignait 104 yuans en 1977 à Sanxing, 99 yuans
à Chengjiao. A ces sommes il faut ajouter le revenu distribué par les unités
collectives agricoles, artisanales ou industrielles de l'échelon commune ou
brigade : environ 13 yuans par tête à Sanxing, 22 yuans à Chengjiao,
située à la périphérie immédiate du chef-lieu du district, et qui possède de ce
fait un nombre plus important d'ateliers artisanaux ou industriels. Il faut ajouter
également le revenu des activités familiales.
Ces chiffres indiquent un niveau de vie fort bas. Dans la Chine de 1977 ce
sont cependant des revenus satisfaisants, puisque la moyenne du revenu col
lectif par tête pour l'ensemble du pays n'était alors que de 65 yuans (somme des
revenus des trois échelons équipe, brigade, commune).
Néanmoins Chengjiao et Sanxing ne peuvent être considérées à proprement
parler comme des unités pilotes. D'autres communes populaires, situées dans
les banlieues des grandes villes, dans des bassins riches ou dans des zones de
culture moins intensive ont des revenus par habitant nettement plus élevés.
En réalité ces deux unités comme d'ailleurs l'ensemble du district de Guanghan
reflètent assez bien la situation incertaine de nombreuses régions rurales avan
cées de la Chine actuelle : grâce à des conditions naturelles très favorables et un
soin extrême apporté aux cultures, la production et les revenus actuels y sont
nettement supérieurs à la moyenne chinoise; cependant la pression démogra
phique jointe à l'apparition de rendements décroissants condamne cette agri
culture intensive à la stagnation. Un autre type de développement économique
doit être envisagé qui ne pourra pas reposer exclusivement sur les activités
agricoles.
Le commentaire qui suit est élaboré à partir des tableaux synthétiques
d'évolution des deux communes. Ces tableaux indiquent année par année pour
l'ensemble des équipes constituant chacune de ces communes les principales
données relatives à la population (nombre de familles, population totale, nombre
total de travailleurs), à la production des différentes denrées (avec surfaces et
rendements), à la répartition en nature des céréales selon les utilisateurs (Etat,
collectivité, familles) et enfin à la répartition en argent du revenu agricole global
selon le destinataire final (frais de production — impôts — fonds d'accumul
ation et fonds de bien-être de la collectivité — distribution aux membres des
équipes)8. Dans ces tableaux l'activité économique des échelons brigades et
communes n'est pas prise en compte. On commentera celle-ci séparément à
l'aide des données — malheureusement moins systématiques, fournies par les
responsables de deux communes. Enfin — en l'absence d'informations suff
isantes — on ne tiendra pas compte des activités rurales complémentaires réa
lisées dans le cadre familial. S'agissant d'une région — le Sichuan — où les
activités rurales familiales (surtout production et vente de légumes, élevage de
3. Pour une analyse détaillée des tableaux d'évolution des communes, voir Li district de
Guangban au Sicbuan déjà cité. ALAIN LEFEBVRE 424
porcs ou de volailles, artisanat) ont toujours conservé une place assez import
ante, l'impasse n'est pas négligeable puisqu'on laisse dans l'ombre de 20
à 30 % de l'activité économique totale des ruraux. Néanmoins la relative cons
tance de ce pourcentage tout au long de la période étudiée incite à penser que
les variations de l'économie collective constituent un bon indicateur du mou
vement d'ensemble.
LA POPULATION
Halte à la croissance ?
A Chengjiao l'augmentation de la population a été de 44,8 % en quatorze
ans avec des taux de progression annuels variant de 2 à 4 %. Les taux sont
particulièrement élevés de 1968 à 1970. Un ralentissement notable intervient
à partir de 1974. A Sanxing l'évolution est comparable : la population y a aug
menté de 63 % en quatorze ans; les taux les plus élevés se situant en 1964- 196 5
et de 1968 à 1970. Le ralentissement, plus progressif qu'à Chengjiao, a com
mencé dès 1971. En l'absence de données sur la structure par âges dans ces
deux communes, l'évolution constatée doit être interprétée avec prudence : il
est à craindre en particulier que la très forte poussée démographique des
années 1963 à 1970 ne se traduise, ici comme dans l'ensemble de la Chine, par
une remontée de la natalité dans les prochaines années, avec l'arrivée à l'&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents