Quo vadis Africa ? La stratégie de développement de la Banque mondiale vue par le Japon - article ; n°150 ; vol.38, pg 311-330
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Description

Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 150 - Pages 311-330
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Susumu Watanabe
Quo vadis Africa ? La stratégie de développement de la Banque
mondiale vue par le Japon
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°150. pp. 311-330.
Citer ce document / Cite this document :
Watanabe Susumu. Quo vadis Africa ? La stratégie de développement de la Banque mondiale vue par le Japon. In: Tiers-
Monde. 1997, tome 38 n°150. pp. 311-330.
doi : 10.3406/tiers.1997.5173
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_150_5173QUO VADIS, AFRICA?
LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT
DE LA BANQUE MONDIALE
VUE PAR LE JAPON
par Susumu Watanabe1
Je me propose dans cet article d'analyser le «Consensus de
Washington» d'un point de vue asiatique. Lorsqu'elle m'a contacté
pour rédiger cet article, la rédactrice en chef de la Revue Tiers Monde
m'a fait remarquer que les Japonais semblaient très critiques vis-à-vis
des politiques de développement de Washington. Cette impression lui
avait probablement été laissée par une controverse récente entre le gou
vernement japonais et la Banque mondiale (appelée « la Banque » dans
la suite du document) concernant sa philosophie de l'ajustement struc
turel et, plus généralement, de son approche libérale. C'est pourquoi je
commencerai par rappeler la teneur de ce « Consensus » (sect. 1) et l'ob
jet de la controverse (sect. 2). Je montrerai que le problème central
concerne le rôle de l'Etat dans la stratégie de développement écono
mique. Les Japonais reprochent à la Banque son attitude négative. En
revanche, ils sont plutôt d'accord avec le volet de stabilisation à court
terme du « Consensus » tel que parrainé par le fmi. De mon propre avis,
le rattrapage des pays en développement, surtout s'ils visent un dévelop
pement indépendant, nécessite une intervention active des pouvoirs
publics (sect. 3). Il s'agit là d'une évidence que nous enseigne l'histoire
(sect. 4). Le problème des défaillances du marché est manifestement
aussi grave que celui de la défaillance des pouvoirs publics, notamment
dans les premières phases du développement (sect. 5). L'approche
retenue par la Banque présente un défaut majeur : elle n'établit aucune
distinction entre différents stades de développement, modes de dévelop-
1 . Professeur d'économie, Université internationale de Tokyo, Kawagoe-shi, Japon.
Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, n° 150, avril-juin 1997 312 Susumu Watanabe
pement et types d'intervention publique. «L'approche libérale» et la
« stratégie de développement tiré par les exportations » qu'elle préconise
sont peut-être adaptées aux économies à revenu intermédiaire, qui
dépendent lourdement des investissements étrangers directs, mais pas
aux économies de semi-subsistance d'Afrique subsaharienne, qui aspi
rent à des modes de développement plus indépendants. Ces économies
ont besoin d'un modèle qui leur soit propre (sect. 6).
« LE CONSENSUS DE WASHINGTON »
D'après la Banque, « l'approche libérale » est le fruit d'un consensus
«auquel sont parvenus les économistes» au fil des vingt dernières
années « quant à la meilleure politique de développement économique à
suivre» (bm, 1993, p. 85; Id., 1991, p. 1). Selon cette approche, l'État
devrait moins intervenir dans la gestion du secteur productif et concent
rer ses interventions pour garantir un niveau d'investissement suffisant
dans les ressources humaines, un climat concurrentiel pour les entre
prises, l'ouverture aux échanges et aux investissements internationaux,
et une gestion macro-économique stable. Au-delà de ces domaines de
compétence, l'État « risque de faire plutôt pire que mieux », car toute
tentative de substitution aux mécanismes du marché dans l'allocation
des ressources diminue la concurrence et généralise les comportements
de rent-seeking, ou recherche de rente (bm, 1993, p. 84-85; Id., 1991,
p. 9-11). Les politiques qui traduisent concrètement cette approche se
résument en dix points - les dix grandes réformes économiques impos
ées aux pays latino-américains par le gouvernement des États-Unis et
les institutions financières de Washington. C'est ce que Williamson
(1993 et 1994) désigne sous le terme de «Consensus de Washington» :
1 / discipline budgétaire ;
2 / réorientation des dépenses publiques, la priorité étant donnée aux
secteurs à haut rendement économique et à ceux susceptibles
d'améliorer la distribution des revenus (notamment la santé, l'édu
cation et les infrastructures) ;
3 / réforme fiscale, comprenant l'élargissement de l'assiette de l'impôt
et la réduction des taux d'imposition marginaux ;
4 / adoption d'un taux de change uniforme et compétitif;
5 / sécurité des droits de propriété ;
6 / libéralisation financière ;
7 / des échanges ; Quo vadis, Africa? 313
8 / suppression et des barrières à l'investissement direct étranger et des
formes de discrimination à rencontre des entreprises étrangères ;
9 / privatisation des entreprises publiques ; et
10 / suppression des obstacles à l'entrée de nouvelles entreprises et à la
concurrence.
Ce Consensus est censé s'inspirer des expériences réussies des pays
est-asiatiques (вм, 1993, p. 85). Or si les politiques mises en œuvre par
ces pays ont respecté le schéma de stabilisation prôné par le FMI (corre
spondant aux cinq premiers points de la liste), en revanche les politiques
coréennes et taiwanaises se sont fréquemment écartées des recommand
ations qui constituent le volet « ajustement structurel » (cinq derniers
points). Ce n'est pas le cas des pays d'Amérique latine qui se sont rap
idement plies aux conditions imposées par la Banque mondiale et le FMI
et sont allés beaucoup plus loin dans la mise en œuvre de l'ajustement
structurel que les pays d'Asie de l'Est (Rodrik, 1996). Ghai (1994)
attribue, entre autres, le zèle des pays latino-américains à la gravité de la
crise qu'ils traversaient et aux pressions exercées par l'étranger et par les
lobbies nationaux favorables à la libéralisation. Comme nous le verrons
plus loin, c'est sans doute là ce qui explique qu'ils aient mis en œuvre
des stratégies de développement « dépendantes ».
II - LE POINT DE VUE DU GOUVERNEMENT JAPONAIS
A en croire ce qui se publie, le gouvernement japonais est plus ou
moins d'accord avec les politiques de stabilisation imposées par
Washington et admet également que l'ajustement structurel est souvent
nécessaire au développement économique à long terme. Et de fait il a
largement contribué aux prêts de structurel, à hauteur de
775 milliards de yens (environ 7 milliards de dollars au taux actuel) en
août 1996. Ceci dit, il pense que, sur ce point comme sur celui de la stra
tégie de développement à long terme, la politique de la Banque pourrait
être nettement améliorée (oecf, 1992).
C'est en 1989 que le Japon a exprimé son mécontentement pour la
première fois. L'objet du litige était un programme de prêt «en deux
temps», en vertu duquel le Japon accordait aux gouvernements des
pays en développement des crédits en yens à long terme et à faible taux
d'intérêt dans le cadre de programmes de financement ciblés sur certains
secteurs. La Banque a demandé au Japon de renoncer à un projet
concernant les Philippines, au motif que les crédits bonifiés pouvaient 314 Susumu Watanabe
fausser le marché et encourager la corruption. Le gouvernement japo
nais a protesté, car sa propre expérience contredisait le point de vue de
la Banque et ces prêts « en deux temps » constituaient l'un des princ
ipaux vecteurs de I'apd (aide publique au développement) japonaise. La
Banque n'est pas cohérente lorsqu'elle dénonce les crédits bonifiés tout
en encourageant certaines formes gratuites de financement du dévelop
pement dont les effets de distorsion sont théoriquement plus graves
encore. De plus, la corruption n'est pas liée aux seuls prêts bonifiés1.
Finalement, le différend a été réglé de la manière suivante : à l'avenir,
les prêts devraient être accordés au t

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