Recherches et enquêtes démogéographiques : les migrations françaises vers le Nouveau Monde aux XIXe et XXe siècles - article ; n°1 ; vol.2, pg 53-70
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Recherches et enquêtes démogéographiques : les migrations françaises vers le Nouveau Monde aux XIXe et XXe siècles - article ; n°1 ; vol.2, pg 53-70

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 53-70
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abel Chatelain
Recherches et enquêtes démogéographiques : les migrations
françaises vers le Nouveau Monde aux XIXe et XXe siècles
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 1, 1947. pp. 53-70.
Citer ce document / Cite this document :
Chatelain Abel. Recherches et enquêtes démogéographiques : les migrations françaises vers le Nouveau Monde aux XIXe et
XXe siècles. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 1, 1947. pp. 53-70.
doi : 10.3406/ahess.1947.3260
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1947_num_2_1_3260Recherches et enquêtes démogéographiques
LES MIGRATIONS FRANÇAISES
vers le Nouveau Monde aux XIXe et XXe siècles
De tous les peuples d'Europe, la France est un de ceux qui émigrent
le moins1. Raisons sentimentales sans doute, certainement aussi raisons
•matérielles. Le Français trouve chez lui des ressources suffisantes pour
assurer sa subsistance. S'il est obligé de gagner sa vie hors de son lieu
d'origine, son choix se porte sur des régions françaises plus favorisées,
ou, le plus souvent encore, sur les grandes agglomérations urbaines et
les zones industrielles ; de là, le grand exode des campagnes vers les villes.
Ces migrations intérieures importantes n'ont pas encore été étudiées dans
leur ensemble ; elles méritent pourtant qu'on s'y arrête et qu'on en fasse
un jour la synthèse, après avoir entrepris recherches et enquêtes démo
géographiques assez complètes. Dans la présente analyse, nous nous en
tiendrons à un sujet moins complexe, mais pour lequel encore beaucoup
de problèmes se posent : l'émigration vers l'Amérique. Il ne s'agit pas
de faire simplement de la démographie telle que l'entendent la Statistique
générale de la France et les économistes, mais de la démogéographie. Au
lieu de la sécheresse des chiffres, \l est plus intéressant de rechercher
d'où viennent les emigrants et vers quels lieux ils se dirigent ; quels
motifs les ont guidés et comment a été assurée la liaison entre les régions
de migrations3.
1. Cf Gonnard, Essai sur l'histoire de l'émigration, Paris, 1927, 368 p. in-8°; —
L'Emigration française (Questions diplomatiques et sociales), Paris, 1907,
p. 1&5-1ОД. Dans le premier Essai, p. 371, l'auteur cherche à corriger la réputa
tion faite à la France d'être un pays de très faible émigration. Il se plaint du
manque de statistiques officielles précises et, par recoupement, arrive à une
moyenne annuelle de i5 000 emigrants pour le début du xxe siècle. Dans la
seconde étude, l'auteur complète les statistiques annuelles des emigrants français
parues au Journal Officiel du 6 août 1876 pour la période 1865-1874 (moyenne
annuelle : plus de & ооо). Il nous donne la statistique annuelle des départs depuis
1875 (minimum : 2 S67 en 1876 ; maximum : 3i 354 en 18(89). — Voir aussi :
Chaxjdkze (О.), L'émigration, intervention des pouvoirs publics au xixe s. (Paris,
1898, 385 p.). — March (L.), Rapport du directeur de la Statistique Générale de
la France sur le nombre-des Français à l'étranger et sur les institutions qui leur
viennent en aide (Bull. Stat. Gén. de la France, t. IV, fasc. II, janv. igii5,
p. 131-200). — Statistique Générale de la France : Français et fran
çaises à l'étranger en 19З0 (Recens. 19З1. Enquêtes annexes In-80, Paris, ig35). —
Bunle (H.), L'immigration française aux Etats-Unis (Bull. Stat. Gén. France,
T. XIV, fasc. II, janv. 1926, p. 199-222) ; — du même : Mouvements migratoires
entre la France et l'étranger (iServ. Nat. des Stat., Etudes démogr., n° 4, 122 p.,
p. ig43). — Wiixcox, International Migrations ((New York, 19З1, 2 vol.) et publi
cations du B. I. T.
2. Au sujet de la démogéographie, voir Abel Châtelain, Démographie et démo
géographie (R. de Géogr. régionale, Lyon, Etudes Rhod., iç>45, p. 301-204). .
54 ANNALES
La France n'a pas connu de poussées démographiques comparables à
celles des autres pays d'Europe ; elle n'a donc pas pu laisser échapper
vers les diverses régions du monde un surcroît considérable de popul
ation. Néanmoins, l'émigration française présente un grand intérêt
pour l'analyse des phénomènes migratoires. Gomment se fait-il, en effet,
que le Français n'ait pas toujours été attiré vers notre Empire colonial
aux possessions les plus variées, l'émigrant étant assuré de trouver du
travail, une organisation rappelant celle de la Métropole, l'usage d'une
langue familière et des compatriotes ? N'est-il pas étrange que la propa
gande faite autour de l'Algérie, dans la seconde moitié du xixe siècle,
n'ait pas toujours eu les résultats escomptés, et que beaucoup d'émi-
grants aient préféré à l'Afrique du Nord proche les pays plus lointains
— et particulièrement le Nouveau Monde ? des* Avant le xixe siècle, l'Amérique a pu attirer mais en Français,
nombre toujours réduit ; il s'agissait d'un peuplement colonial dans des
possessions françaises, particulièrement au Canada et aux Antilles. Ces
groupements ont pu se développer grâce à une forte natalité, comme
nous pouvons le constater aujourd'hui au Canada. Mais un tel phénomène
démographique français est presque unique, et les autres migrations
françaises vers le Nouveau Monde n'ont laissé que des traces trop souvent
superficielles. A défaut d'une étude complète (elle ne pourrait d'ailleurs
guère l'être, vu l'insuffisance des documents), nous pouvons essayer de
réunir des données intéressantes et trop peu connues, en attendant des
recherches plus approfondies dans les archives officielles ou privées, ou
des enquêtes auprès des personnes qui ont conservé le souvenir des
départs ou des retours d'émigrants.
Quelles régions françaises ont alimenté ces migrations de l'époque
contemporaine vers le Nouveau Monde ? Quatre essentiellement, si l'on
retient les renseignements recueillis jusqu'alors : le Pays basque, les
Alpes, la Bretagne et l 'AIsace-Lojjraine, régions ou pauvres ou surpeup
lées.
Le Pays basque1 vient certainement en tête ; il a fourni les plus gros
contingents par rapport à la population de la région d'origine. Il est
pourtant bien difficile de donner des chiffres précis sur cette émigration
i. L'émigration basque a été une des plue étudiées : Barberen (P.), Emigrat
ion basco-béarnaise, Pau, 1886, 18 p. — Barrbre (В.), Emigration [basque] à Mont
evideo et à Buenos-Ayres, Pau, 1842, 5i p., in-8°. — Cola t Goïti (J.), L'émigratvasco-navarraise (trad, de l'espagnol), Pau, 1886, 16З p. Préf. d'A Planté. —
Daireaux (E.), La colonie française de Buenos-Ayres (Revue des Deux-Mondes,
i5 oct. 1884, p. 879-907). — Etchkverry (L ), L'émigration des Basques en Améri
que, (La Réforme Sociale, a6 série, 1886, p. 49<>-5i4) ; — du même, L émigration des
Basses-Pyrénées pendant 60 ans (Mémoire, xxj* session pour l'avancement des
sciences, 1*893*, p. 363-364 et 1892**, Pau, p. 1092-1104). — Lepebvre (Th.), Les
modes de vie dans les Pyrénées Atlantiques Orientales (th Lettres, Paris, i^33,
surtout p. 696-708). — Lhanve (P.), L'émigration basque, histoire, économie, psy
chologie, Paris, 1910, З60 p.; — duv même, La France rayonnante, Argentine, Chili,
Uruguay, 19З0, Paris, 19З1, 142 p. — Planté (A), De l'émigration des pays bas
ques (xxie session. Avancement des se, 1892*, p. З69-З60). — Reclus (E.), Les Bas
ques. Un peuple qui s'en va (Revue des Deux-Mondes, i5 mars 1867, p. 3i3-34o). LES MIGRATIONS FRANÇAISES 55
lointaine temporaire ou définitive. Non seulement les ports français d'em
barquement, particulièrement Bordeaux et Bayonne, n'ont pas toujours
tenu à jour les statistiques des départs, et, dans celles-ci, sont d'ailleurs
mêlés emigrants et simples voyageurs, mais il a toujours existé une forte
émigration clandestine par l'Espagne, beaucoup de Basques espagnols
venant aussi s'embarquer en France. Etcheverry1 parvient à dénombrer
près de 80 000 passeports pour la période 18З2-1891, en soixante ans ;
cela, sans compter les départs clandestins très nombreux. L'émigration
basque, par

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents