Recherches récentes sur les images mentales : leur rôle dans les processus de traitement perceptif et cognitif - article ; n°2 ; vol.74, pg 533-563
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Description

L'année psychologique - Année 1974 - Volume 74 - Numéro 2 - Pages 533-563
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jeanine Blanc-Garin
Recherches récentes sur les images mentales : leur rôle dans
les processus de traitement perceptif et cognitif
In: L'année psychologique. 1974 vol. 74, n°2. pp. 533-563.
Citer ce document / Cite this document :
Blanc-Garin Jeanine. Recherches récentes sur les images mentales : leur rôle dans les processus de traitement perceptif et
cognitif. In: L'année psychologique. 1974 vol. 74, n°2. pp. 533-563.
doi : 10.3406/psy.1974.28063
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1974_num_74_2_28063Année psychol.
1974, 74, 533-564
RECHERCHES RÉCENTES
SUR LES IMAGES MENTALES :
LEUR RÔLE DANS LES PROCESSUS
DE TRAITEMENT PERCEPTIF ET COGNITIF
par Jeanine Blanc-Garin
Laboratoire de Psychophysiologie de V Université de Provence1
(E.R.A. au C.N.R.S., »<> 272)
On observe, depuis quelques années, une recrudescence du nombre
de travaux psychologiques consacrés aux images mentales. Si l'intérêt
pour l'image mentale est fort ancien, l'histoire de ce concept, dans la
philosophie et la psychologie, a été « tumultueuse », selon l'expression
de Pylyshyn (1973) ; l'image, depuis le début du développement de la
psychologie scientifique, a été chargée de lourdes significations puis
s'est trouvée être l'objet de réactions violentes. Malgré ces difficultés,
le recours aux représentations imagées semble maintenant nécessaire
pour rendre compte, de façon plus satisfaisante, du fonctionnement
perceptivo-cognitif et ceci, dans des perspectives théoriques très diffé
rentes. Ce renouveau actuel des études expérimentales des images
mentales nous a paru intéressant à analyser. Le rôle de l'imagerie
comme médiateur dans l'apprentissage verbal, son efficacité par rapport
aux médiateurs linguistiques ont fait l'objet de nombreux travaux et
divers ouvrages de synthèse ou revues de question sont disponibles pour
cette approche des problèmes (entre autres : Paivio, 1971 ; Sheehan,
1972 ; Kessel, 1972 ; Pylyshyn, 1973 ; Denis, 1974) ; aussi, nous nous
attarderons moins sur ces aspects des problèmes et décrirons d'autres
recherches qui abordent l'étude des images mentales dans des pers
pectives différentes. On peut en effet se demander si tous les auteurs se
réfèrent, en fait, au même concept et reconnaissent à l'image le même
statut dans les fonctions cognitives. Nous voudrions ici indiquer les
voies multiples dans lesquelles s'engagent les recherches en ce domaine ;
à travers les problèmes posés, les méthodes utilisées, les facteurs explorés,
nous tenterons de discerner le rôle que les chercheurs attribuent aux faits
imagés, la place qu'ils leur assignent dans la chaîne des traitements
perceptivo-cognitifs.
1. 13397 Marseille Cedex 4. 534 REVUES CRITIQUES
I. — HISTORIQUE : ÉVOLUTION DES IDÉES
CONCERNANT LE CONCEPT D'IMAGE
On fait généralement remonter le concept d'image mentale jusqu'à
Platon et l'on rappelle souvent la métaphore représentant l'esprit
comme une tablette de cire sur laquelle les perceptions laissent leurs
traces qui peuvent être évoquées ultérieurement ; dès l'Antiquité,
l'image était considérée comme un élément important de la pensée.
Robert (1957) remarque que « jusqu'au milieu du xvine siècle, on a
utilisé indistinctement les mots « idée » et « image » ».
Au début du xxe siècle, l'image est encore au centre des théories de
l'Associationnisme, envisagée comme la trace résiduelle des sensations,
comme une copie des objets ; l'expression de Taine, décrivant l'esprit un polypier d'images, est restée célèbre. Les débuts de la psychol
ogie scientifique s'effectuent dans ces schémas associationnistes :
Binet (1903), Galton (1883), en particulier s'intéressent aux images.
Les noms de Külpe et de l'école de Würzbourg restent attachés à l'étude
du rôle des images dans la pensée ; leurs difficultés, les différences obte
nues entre auteurs divers, la mise en évidence d'une « pensée sans image »
ont préparé le terrain à la réaction, surgie aux Etats-Unis, avec Watson
(1913), qui rejette radicalement l'image, sur le plan théorique, en tant
que concept et fondement d'un modèle de la pensée, et sur le plan métho
dologique, l'introspection ne pouvant garantir des faits objectifs. C'est
la « révolution américaine », selon l'expression de Hebb (1960), qui
inaugure une période de « bannissement ». Cet état de fait dure jusqu'à la
fin des années 50 en Amérique ; la réaction est moins violente en Europe
et Bartlett (1932) insiste sur le rôle des images dans le processus de
mémoire. Les représentations imagées jouent également un rôle impor
tant dans le système piagétien et sont étudiées plus particulièrement
dans la Formation du symbole chez V enfant (Piaget, 1945) et La repré
sentation de V espace chez V enfant (Piaget et Inhelder, 1947), plus récem
ment dans Vintage mentale chez V enfant (Piaget et Inhelder, 1966).
La révolution américaine n'atteint pas la Russie où l'étude des images
est fortement installée dans la tradition depuis Sechenov et Pavlov
et s'insère tout naturellement dans la théorie léniniste du reflet (voir
en particulier Ananiev, 1961 ; Kabanova-Meller, 1971 ; Leontiev, 1968 ;
Lomov, 1966 ; Wekker, 1961, 1966 ; Zaporozhets, 1961). L'image n'a
jamais été suspecte et l'adjectif « mental » n'a jamais pris le sens péjo
ratif que les behavioristes américains attachent à mentalistic. Au
contraire, « le « mental » est un reflet et il émerge, dans le processus de
développement du monde organique, comme une propriété de la matière
hautement organisée » (Shorokhova, 1966) : dans les processus d'adap
tation des organismes vivants au monde extérieur, c'est l'irritabilité
qui « reflète » les stimulations externes, aux niveaux inférieurs du déve- J. BLANOGARIN 535
loppement phylogénétique ; aux stades supérieurs, le développement
des organes sensoriels spécifiques manifeste une autre forme du reflet :
la perception, l'image sont des réalités mentales, elles constituent les
réponses de l'organisme aux stimulus qui ont une fonction de signal ;
c'est en tant que régulateur de l'action que Pavlov a analysé le rôle
de l'image.
En Amérique, après «l'ostracisme» (Holt, 1964), les images reviennent
dans le champ scientifique, et par plusieurs entrées : dans certains
domaines d'études psychologiques, dans plusieurs disciplines voisines,
différents faits témoignent de la réalité des images ; Holt (1964) cite par
exemple : les hallucinations décrites par des personnes normales dans
certaines situations exceptionnelles en l'absence de stimulations variées
(vols en haute altitude, camps de concentration) et retrouvées lors
d'expériences de privations sensorielles prolongées ; la richesse des
images sensorielles rapportées lors de la prise de certaines drogues
psychotropes ; l'évocation d'images plus ou moins précises par la st
imulation de certaines zones du cerveau dans les interventions chirur
gicales chez l'homme ; la réactivité des ondes de l'E.E.G. à l'évocation
d'images visuelles aussi bien qu'à la stimulation visuelle ; enfin, les
études sur le sommeil et la place accordée aux périodes de rêve.
Ce « retour » des images au niveau des faits expérimentaux a pu
rejoindre des inquiétudes d'ordre théorique, l'insatisfaction éprouvée
par beaucoup de psychologues qui rejettent le schéma behavioriste
trop simple.
Hebb (1968), cependant, replace l'étude des images dans le cadre
néo-behavioriste : c'est une erreur de décrire l'image comme nécessai
rement introspective ; prenant l'exemple des sensations perçues « dans »
le membre fantôme des amputés, il estime que ce n'est pas le « regard
intérieur » qui accède à l'image, mais que celle-ci est une réponse à
l'environnement ; l'image-souvenir, comme la perception, peut être
étudiée sans transgresser les règles de la psychologie objective, qui
considère l

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