Réflexions sur la Sémiologie graphique de Jacques Bertin - article ; n°3 ; vol.26, pg 741-767
28 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1971 - Volume 26 - Numéro 3 - Pages 741-767
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christian Metz
Réflexions sur la "Sémiologie graphique" de Jacques Bertin
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 3-4, 1971. pp. 741-767.
Citer ce document / Cite this document :
Metz Christian. Réflexions sur la "Sémiologie graphique" de Jacques Bertin. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
26e année, N. 3-4, 1971. pp. 741-767.
doi : 10.3406/ahess.1971.422441
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1971_num_26_3_422441Réflexions
sur la " Sémiologie graphique "
de Jacques Bertin *
7. - L'information et sa représentation graphique. Les notions d'in
variant, de composante et de variable.
(Pages 8-9 et 16-18.)
Considérons tels ou tels graphiques de type courant, comme ceux qui repré
sentent visuellement les fluctuations du cours d'une action en bourse, dans l'une
ou l'autre capitale et pendant une période donnée; les différents jours de cotation
seront portés en abscisse (ainsi, de gauche à droite : 12 août 1967, 13 août 1967, etc.),
et les cotes chiffrées en ordonnée : sur la feuille de papier, le point correspondant à
« 120 F » occupera une position plus haute que « 100 F », « 50 F » sera encore
au-dessous, etc.
Ce que Jacques Bertin appelle information, c'est le contenu que doit transmettre
le graphique; dans notre exemple, l'information peut se résumer comme suit : « Cours
de l'action X en bourse de Paris, du 1er au 30 août 1967, la seule cote retenue pour
chaque journée étant le cours de fermeture du marché au comptant. » Toutes ces
précisions sont nécessaires, car un autre graphique — mais qui justement aurait été
un autre, et c'est ici que commencent les problèmes de « langage » — pouvait indi
quer en plus (ou exclusivement) le cours atteint chaque jour à 10 heures et/ou à
11 heures, etc., pouvait indiquer aussi (ou exclusivement) les cours du marché à
terme, etc.
L'information que l'on confie ainsi au code graphique est susceptible de se
communiquer dans un autre langage, et notamment dans une langue naturelle :
c'est même ce qui vient d'avoir lieu à l'instant, puisque l'information du graphique
a été définie par une suite de mots français.
• Jacques Bertin, La Sémiologie graphique, Gauthier-Villars-Mouton, Paris, 1967.
TU ET IMAGES TEXTES
Toute information, continue Jacques Bertin, peut être analysée en un certain
nombre d'éléments nettement distincts les uns des autres (= éléments discrets,
comme on dirait en théorie sémiologique) : il y a d'un côté un « invariant », de l'autre
une ou plusieurs « composante^) ». L'invariant est la partie de l'information (ou
l'ensemble de ses parties) qui, comme son nom l'indique, demeure fixe sur toute
l'étendue du graphique considéré; dans notre exemple, l'invariant comportait lui-
même plusieurs sous-éléments : Action X (puisqu'en aucun point du graphique, il
n'est question d'une autre action), Bourse de Paris (puisque le cours de l'action X
à Londres, Amsterdam, etc., n'est indiqué nulle part), Dernier du jour et lui
seul, Marché au comptant et lui seul. Quant aux composantes, elles se définissent
par rapport à l'invariant et par opposition avec lui : ce sont les autres éléments de
l'information, ceux qui varient à l'intérieur du graphique; ainsi des variations de
date (12 août, 13 août, etc.) et de cote chiffrée (100 F, 120 F, etc.) : l'exemple choisi
consistait en une information à deux composantes. On dira donc, pour finir, que
l'information est la somme de l'invariant et des composantes.
L'information — qui, bien que Jacques Bertin n'emploie pas ces termes, cor
respond dans le langage graphique au plan des signifiés (« plan du contenu » chez
Louis Hjelmslev) — se décompose de la sorte en un certain nombre de paramètres;
il en va de même pour la représentation graphique de cette information {plan des
signifiants, « plan de l'expression » chez Hjelmslev). L'auteur donne aux différents
paramètres proprement graphiques le nom de variables visuelles (ou variables tout
court), pour éviter la confusion avec les composantes, qui intéressent le contenu
seul; le graphique pris en exemple jouait sur deux axes de variations perceptives,
la variation de gauche à droite (horizontalité) et la variation de haut en bas (verti
calité) : c'était donc un graphique à deux variables.
On notera que chacune des variables a été « affectée » à la représentation d'une
composante : l'horizontal (abscisse) renvoie aux dates ; le vertical (ordonnée), aux
cotes chiffrées. Ainsi, le code graphique offre un phénomène de correspondance bi-
univoque — sauf dans deux cas précis et importants, dont on parlera plus loin —
entre Г « ensemble » formé par les variables d'une figure et celui que forment les
composantes de l'information confiée à cette figure.
En revanche, aucune variable visuelle ne se trouve affectée à l'invariant de l'info
rmation : ce dernier n'est pas un paramètre, mais une donnée fixe que le lecteur
doit simplement connaître une fois pour toutes, sous peine de ne même pas
comprendre de quoi il s'agit dans le graphique : de quelle action, dans quelle
bourse, etc. ? (C'est le problème de Y identification externe, p. 140). Le but véritable
du graphique n'est pas de nous communiquer cette partie de l'information, qui a
bien plutôt statut préjudiciel, mais de nous informer, au contraire, des variations
qui se produisent à l'intérieur de ce cadre fixe : le cours de cette action, dans cette
bourse, comment a-t-il évolué au fil des jours ?
Au fond, pour Jacques Bertin, l'invariant s'oppose aux composantes comme
ce dont on parle à ce que Von dit (c'est un rapport qui n'est pas sans évoquer celui
du sujet et du prédicat dans les langues). Mais quoi qu'il en soit de cette interpré
tation, il reste que l'invariant est la seule partie de l'information qui ne « mobilise »
pas de variation visuelle : cela revient à constater que le graphique, en tant que
message d'un « langage » spécifique, ne traite pas à proprement parler de l'inva
riant; renonciation de l'invariant est un « préalable » nécessaire, mais on en confie
le soin au titre du graphique (pp. 19-21 et 140), c'est-à-dire à un code non graphique,
la langue (le graphique sera intitulé, par exemple : « Action X, Bourse de Paris, Dern
ier cours du jour au comptant, août 1967 »).
742 LA « SÉMIOLOGIE GRAPHIQUE » С METZ
Remarquons à ce propos que le titre, s'il veut être complet, annonce aussi les
composantes (ici : variations de cotes et de dates); mais il les seulement,
et le graphique lui-même les reprendra en charge par le jeu de ses variables visuelles,
alors qu'en matière d'invariant le titre (c'est-à-dire le recours à la langue) n'annonce
pas l'information, mais la contient toute entière : plus rien dans le graphique ne
viendra la reprendre.
2. - Les variations internes de chaque paramètre. Notions de
gueur et de palier.
(Pages 9 et 33.)
Chaque composante et chaque variable — c'est-à-dire chaque paramètre du
signifiant ou du signifié — comportent un certain nombre de degrés discrets (= dis
continus), nombre qui est toujours fixe pour un graphique donné. Si une figure
recourt à la couleur, elle emploiera forcément 3 tons, ou 6, ou 4, etc.; si un di
agramme du Ministère de l'Agriculture traite de la répartition des animaux de ferme
sous tel ou tel rapport, il faudra bien qu'il distingue, dans la composante « Ani
maux », un nombre fixe de catégories ! trois, par exemple : « Bovins/Ovins/Caprins »).
Pour désigner les différentes positions que chaque graphique découpe sur chaque
paramètre, l'auteur de la Sémiologie graphique n'emploie pas le terme de « degrés
discrets », qui aurait pourtant été adéquat, et de plus assez commode pour faciliter
les discussions avec les chercheurs de diverses autres disciplines; il remarque (pp. 9
et 33) que l'on peut parler, selon les cas, ď « éléments », de « catégories », de
« classes » ou de « paliers »; c'est ce dernier mot que, pour sa part, il emploie le plus
souvent (et qui nous semble en effet le plus heureux de tous ceux qu'il propose, car
il peut s'appliqu

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