Réflexions sur le problème des Peul - article ; n°2 ; vol.20, pg 153-192
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1950 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 153-192
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ch. Monteil
Réflexions sur le problème des Peul
In: Journal de la Société des Africanistes. 1950, tome 20 fascicule 2. pp. 153-192.
Citer ce document / Cite this document :
Monteil Ch. Réflexions sur le problème des Peul. In: Journal de la Société des Africanistes. 1950, tome 20 fascicule 2. pp. 153-
192.
doi : 10.3406/jafr.1950.2606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1950_num_20_2_2606RÉFLEXIONS SUR LE PROBLÈME DES PEULS
PAR
Charles MONTE IL
Avec Charles Monteil (1871-1949), membre de la Société des Afri
canistes depuis 1932, disparaît l'un des doyens des Africanistes.
Il avait débuté à la Côte-d' Ivoire, en 1894, avec la célèbre « Colonne de
Kong », commandée par son frère, le Colonel Monteil. Administrateur
des Colonies au Soudan (Médine etDjenné), jusqu'en 1903, le reste de
sa carrière, qu'il effectua en France, ne lui fit pas oublier l'Afrique.
C'est au continent noir, à ses peuples, à son histoire, à ses langues, à ses
coutumes, que ses recherches et ses réflexions sont consacrées. Plusieurs
fois lauréat de l'Institut de France, ses œuvres les plus connues sont la
« Monographie de Djenné », les Khassonké, les Bambara, les « Empires
du Mali », le Coton, la Divination chez les Noirs, la Langue des Bozos
et la Langue Azer.
Parmi la masse de travaux en préparation que laisse Charles Monteil,
et dont une partie au moins pourra sans doute être publiée, il faut citer
les « Réflexions sur le Problème des Peuls », « Juifs et Judaïsés », la
« Géographie ancienne du Soudan », « Etudes de dialectologie comparée ».
et surtout une étude d'ensemble sur les « Soninké »,,dont au moins la
« Légende du Wagadou » paraîtra vraisemblablement dans un proche
avenir (N. D. L. R.). SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES |54
SOMMAIRE
Note liminaire.
Introduction. — Les Rouges et les Noirs.
Chapitre premier. — Les Peuls Rouges :
"1. Origine. — 2. Généralités. — 3. Traits physiques et moraux.
Genre de vie. — 4. La coutume peule (pulâku). — 5. L'endogamie. —
6. Mariage des impubères. — 7. Le mariage des pubères (le gerewol).
— 8. Le droit de fuite (detuki). — 9. Paganisme.
Conclusion.
Chapitre II. — Les Peuls Noirs :
1. Les pactes d'alliance (le dendirâgal). — 2. Les dendirâbe des
Peuls Rouges. — 3. Le rôle politico-religieux des Peuls Noirs.
Conclusion.
Chapitre III. — La langue des Peuls :
1. Quelques traits typiques du peul. — 2. La recherche de la racine.
3. Les noms de la vache et du cheval. — 4. Le nom du berger peul
nomade. — 5. L'ordre des mots.
Conclusion.
Annexe. — Des noms de collectivités (anthroponymes et toponymes).
Conclusion d'ensemble.
Annexes. — 1. Combien y a-t-il de Peuls ? — 2. Note sur la transcription.
Bibliographie.
NOTE LIMINAIRE
Mon père est mort, le 20 avril 1949, avant ďavoir pu rédiger
complètement ses réflexions sur le problème peul.
Seul, le chapitre premier, « Les Peuls Rouges », était dactylograp
hié. Le reste était, soit assez avancé (l'Introduction, la Conclusion,
les Peuls Noirs), soit (la Langue) resté au stade des notes jetées sur
de nombreux papiers.
Ayant eu le privilège de participer aux travaux de mon père pen
dant les six derniers mois de sa vie, et, du reste, tenu, depuis toujours,
par ses soins affectueux, au courant de ses recherches, je me suis
borné à mettre, dans Tordre voulu, et sous leur forme correcte, les
passages laissés inachevés par Charles Monteil.
J'espère n'avoir jamais trahi sa pensée. Mais je souhaite que l'on
veuille bien tenir compte des conditions d'exécution de la présente
étude, c'est-à-dire : rendre à mon père ce qui lui revient — la fermeté
de son dessein — et n'imputer qu'à moi les inévitables imperfections
et les possibles erreurs.
Vincent Monteil. RÉFLEXIONS SUR LE PROBLÈME DES PEULS 155
Introduction
« LES ROUGES ET LES NOIRS »
Une des plus importantes dénominations collectives est celle qui
a pour point de départ la couleur dé la peau des individus.
Cest ainsi que, pour les auteurs européens ou arabes (et pour leurs
élèves lettrés), les populations du Soudan Occidental se répartissent
en « blancs » et « noirs ». Les « blancs » sont les Européens, les Arabes,
les Berbères, les Juifs, les Maures et certains Peuls. Les « noirs » sont
les Wolofs, les Sérères, certains autres Peuls, les Sarakolé, les Mandé
et les Songhay.
Les Noirs voient cette question tout autrement. A leurs yeux, les
hommes se classent en deux catégories : les « Rouges » et les « Noirs ».
Pour eux, sont « rouges », non seulement les Européens, les Arabes,,
les Berbères, les Juifs, les Maures, mais encore certains Soudanais
qui nous paraissent comme de purs « nègres ».
Cela tient au fait que la coloration n'est pas seule en cause. D'autres
considérations, sociales, notamment, interviennent : des « peaux-
noires » sont traités de « rouges », parce qu'il s'agit d'affranchis,
de clients, d'optants divers, qui sont agrégés à des formations de
« Rouges ».
Aussi, faut-il bien prendre garde de ne pas traduire « rouge » par
« blanc », puisque les vocables soudanais et leur contenu ne recouvrent
aucunement les nôtres.
Faute d'avoir observé cette précaution, les auteurs de vocabulaires,
les ethnographes, les historiens, ont commis de regrettables erreurs.
Delafosse s'est trompé, de la sorte, en voyant (1912, p. 23) la dés
ignation d'un* élément ethnique étranger au Soudan Occidental, dans
l'expression « race blanche » employée, par l'auteur arabisé du
Tarikh Es-Soudan (1900, p. 18), pour distinguer les Kayamaga
fondateurs de Ghana. Il faut lire, sous la plume de cet arabisé, le
mot « blanc » comme équivalent au mot « rouge » appliqué à un él
ément ethnique du Soudan Occidental. C'est ce que suggère l'auteur
du Tarikh El-Fettach (1914, p. 78), qui considère les Kayamaga
comme de provenance « berbère » (suba).
* * *
Les « blancs » par excellence — les Européens — sont appelés
« rouges » par les Soudanais. Ceux-ci emploient aussi des expressions,
plus ou moins flatteuses (« hommes rouges », « païens rouges », « ba- ' SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 156
bouins rouges »), dont Tune est celle, assez singulière, de « les oreilles
rouges ».
« Le rouge » se dit en peul : bodêdyo, pi. wodêbe ;
« L'homme rouge » se dit : en mandingue : mogo ule ; en soninké :
sara kule ; en bambara : ma ble ; en songhay : boro tyirey.
Voici les expressions peuls du Fouta-Djallon pour « les païens
rouges » — heferbe wodêbe — et « les mauvais petits babouins rouges »
— koy kulahoy bodehoy (Vieillard, 1937, p. 245, v. XLIX et p. 242,
v. XXIX).
Quant aux « oreilles rouges », ce surnom se retrouve au moins en
peul, en sérère et en wolof.
En peul de la Volta (Crémer, 1923, p. 46) : wodyo пойти, pi. wodyo
nopibe (au Fouta sénégalais, Foreille est nofru, nofuru, pi. noppi,
ap. Gaden) ; en sérère (Monod, in litt., 24 février 1949) : nof yek nat
pi. yal nof yek vênê (« l'oreille » est nof) ;
En wolof (Monod, in litt, 24 février 1949) : пора bu xonxâ, pi. пора
yu xonxâ (de пора, « oreille »), et, en wolof (Lébou) : xonxa пора, pi. ai
xonxa пора (Monod, in litt., 19 avril 1949). Tout récemment, Dia Cissé
(1947, p. 72), parle, dans ce sens, d'un « esclave des oreilles rouges »
et A. Sadji écrit que Samory avait « résisté aux « Oreilles Rouges »
pendant vingt ans » (1936, p. 171).
* *
« Rouges », aussi, sont les « Pourognes » ou « Pourougnes », terme
wolof (puru-ny, poro-ny) qui désigne les Maures et les métis de Maures
du Bas-Sénégal.
Les Soninké se tiennent eux-mêmes pour des « rouges » (voir
Tautain, 1885, Adam, 1904, Arnaud, 1911, p. 145) ; ils disent, ďun des
leurs, s'il est pur : soninka dumbe : « c'est un Soninké rouge ». D'où
leur nom de Sarakolé : sara kule, « l'homme (homo) rouge ». C'est donc
à tort que Delafosse (1901, p. 271) a traduit par

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