Réflexions sur les « approches » du problème de la répartition dans les économies sous-développées - article ; n°6 ; vol.15, pg 914-941
29 pages
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Réflexions sur les « approches » du problème de la répartition dans les économies sous-développées - article ; n°6 ; vol.15, pg 914-941

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Description

Revue économique - Année 1964 - Volume 15 - Numéro 6 - Pages 914-941
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur René Gendarme
Réflexions sur les « approches » du problème de la répartition
dans les économies sous-développées
In: Revue économique. Volume 15, n°6, 1964. pp. 914-941.
Citer ce document / Cite this document :
Gendarme René. Réflexions sur les « approches » du problème de la répartition dans les économies sous-développées. In:
Revue économique. Volume 15, n°6, 1964. pp. 914-941.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1964_num_15_6_407631SUR LES "APPROCHES" REFLEXIONS
DU PROBLEME DE LA REPARTITION
DANS LES ECONOMIES SOUS-DEVELOPPEES (•)
Si le problème de la répartition des revenus dans les économies
de type capitaliste a été étudié dès la formation de l'école classique,
c'est-à-dire dès les débuts de la science économique, la question de la
répartition dans les économies sous-développées est jusqu'à présent
restée dans l'ombre. En ce qui les concerne, les auteurs se sont
penchés davantage sur l'analyse des forces de freinage de la product
ion ou sur les moyens de promouvoir le développement. Cette att
itude paraît logique à l'égard de ces types d'économies, où l'essentiel
est de produire plutôt que de répartir. A quoi bon chercher à répartir
un revenu national qui augmente lentement et soulever de nouveaux
problèmes en compliquant encore une situation déjà délicate.
Mais depuis le mouvement d'indépendance de ces pays, l'idéologie
égalitaire régnant dans les nations industrielles a pénétré l'opinion.
La séduction des expériences russe et chinoise empruntant un modèle
de répartition égalitaire a également marqué les esprits. A l'heure
actuelle, chez les masses pauvres du Tiers-Monde, la préoccupation
de la est sans doute plus virulente que le souci de pro
duction. L'indépendance devait amener un changement radical du
niveau de vie et voilà que des « frères » copiant les habitudes et
s'octroyant des revenus aussi élevés que les anciens colonisateurs
proclament qu'il faudra attendre longtemps avant de partager les
fruits du développement. Etant donné ce climat psychologique, la
priorité absolue à accorder à la production, si elle est souhaitable,
devient difficilement réalisable. Le gouvernement doit essayer de con
tenir les passions des différents groupes sociaux. Il n'est pas exclu
(*) Rapport présenté à la Conférence de l'Association internationale des
sciences économiques sur La répartition du Revenu National, Païenne, 2-9 sep
tembre 1964. ECONOMIES SOUS-DEVELOPPEES 915
que pour vaincre ces mouvements de protestation, la solution se trouve
ou dans des taux de croissance très faibles, ou dans des taux de
croissance très élevés.
Problème fondamental de la science économique, la répartition a
été différemment envisagée par les auteurs. Les classiques se sont
interrogés sur le nombre de catégories de revenus et sur leur nature,
les socialistes sur les antagonismes entre la classe riche et la classe
pauvre, les économètres sur la répartition quantitative de la masse
du revenu national entre les individus. J. Marchai, dans une approche
toute teintée de sociologie, présente une théorie des revenus, en insis
tant sur le caractère particulier et sur le comportement spécifique des
groupes sociaux qui les perçoivent.
Il n'est pas inutile de reprendre ces différentes approches en fa
isant donner l'éclairage non plus sur les économies industrialisées, mais
sur les économies sous-développées.
I. L'APPROCHE CLASSIQUE
L'approche classique est tentante, car elle concerne les économies
où l'industrialisation est à ses débuts ; les économies européennes du
xvme siècle ne possèdent-elles pas certains traits voisins de ceux des
économies insuffisamment développées d'aujourd'hui ? Depuis Smith
et Ricardo, les catégories traditionnelles de revenus sont : le salaire,
le profit, l'intérêt, la rente. Quelle est leur importance dans une éco
nomie sous-développée ? N'y a-t-il pas à côté des revenus classiques,
d'autres catégories de rémunération dont le caractère parasitaire nuit
au développement ? Sans prétendre épuiser le sujet, il y a là matière
à une première réflexion.
Contrairement aux économies industrialisées, le salaire est une
catégorie de revenu relativement peu importante dans les économies
insuffisamment développées. Que représente-t-il ? Tout dépend du
degré d'évolution de l'économie (20 à 25 % de l'ensemble des rému
nérations dans les pays d'Afrique centrale). Comme pour l'économie
observée par les auteurs classiques, on peut relever une faiblesse du
niveau des salaires dans les pays sous-développés ; cela s'explique
par plusieurs raisons :
— l'absence ou la faiblesse des syndicats ;
— la concurrence régnant sur le marché du travail par suite de la
pression démographique (armée de réserve des chômeurs); 916 REVUE ECONOMIQUE
— le recours à des investissements « capital saving » pour résoudre
le problème de l'emploi ;
• — la concurrence des produits manufacturés des pays industrialisés.
S'il existe quelques hauts salaires pour les autochtones, ils sont le
fait d'une minorité de privilégiés qui possèdent une qualification pro
fessionnelle et qui bénéficient de la rareté des effectifs disponibles.
Généralement, les hauts salaires sont attribués à des cadres étrangers,
le salaire se décompose alors en une rémunération équivalente à celle
du pays d'origine, une prime d'expatriation, une série d'avantages
en nature. Il est remarquable que le salaire des autochtones perd son
caractère individuel pour devenir familial ou tribal ; une grande
partie des cousins, arrière-cousins vivant aux dépens de celui qui a
trouvé un emploi. Mais une ambiguïté se cache sous le terme « masse
des salaires », une bonne part de ceux-ci peut concerner les ouvriers
agricoles. Des études sociologiques, si elles étaient entreprises dans
les pays sous-développés, montreraient que trop souvent la situation
du salarié agricole y est proche de celle du servage ou de l'escl
avage. La législation sociale, quand elle existe, n'est pas appliquée
dans les campagnes, en sorte que le directeur ou le propriétaire de
la grande exploitation agricole y est entièrement libre du montant
de la rémunération des salariés. Parfois la rémunération se fait en
nature. Bien mieux, dans certains pays, l'usage de la monnaie dans la
rémunération est insignifiante. Au Brésil, les marchandises dont le
travailleur rural a besoin, il doit les acheter à la « grande maison »,
siège de la propriété, contre des bons du travail qui ne sont reconnus
dans aucune autre propriété. Généralement, ce salaire du rural n'a
aucun caractère de permanence, il varie dans le temps d'un mois sur
l'autre suivant la nature du travail agricole à effectuer ; il peut tomber
à une somme ridiculement faible en morte-saison, au minimum d'exis
tence, juste pour suffire à l'entretien de la force de travail future.
Quant au profit, les auteurs anciens comme les modernes ne sont
pas d'accord sur sa nature : rémunération du risque, rémunération de
la fonction d'entrepreneurs, de l'innovation, etc. Etant
donné l'incertitude des explications, on conçoit que les tentatives de
précisions données à propos des pays sous-développés soient hasar
deuses. Nous croyons qu'il faut y distinguer le profit de la très
grande firme ou grande unité internationale, de la grande ou moyenne
entreprise, de la petite entreprise.
En ce qui concerne la grande unité internationale, la présence de
profits élevés paraît s'expliquer par la difficulté d'entrer dans l'in- ECONOMIES SOUS-DEVELOPPEES 917
dustrie (cas des pétroles, des grandes plantations, des compagnies
d'import-export liées aux compagnies maritimes), ceci entraîne pour
les entrepreneurs des « quasi-rentes ». Ces profits élevés peuvent pro
curer à l'économie sous-développée des ressources importan

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