Remarques sur le groupement des langues slaves - article ; n°1 ; vol.4, pg 5-15
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Description

Revue des études slaves - Année 1924 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 5-15
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 63
Langue Français

Extrait

Nicolas Van Wijk
Remarques sur le groupement des langues slaves
In: Revue des études slaves, Tome 4, fascicule 1-2, 1924. pp. 5-15.
Citer ce document / Cite this document :
Van Wijk Nicolas. Remarques sur le groupement des langues slaves. In: Revue des études slaves, Tome 4, fascicule 1-2, 1924.
pp. 5-15.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1924_num_4_1_7299REMARQUES
SUR
LE GROUPEMENT DES LANGUES SLAVES,
PAR
N. VAN WIJK.
Dès les débuts de la slavistique le groupement des langues
slaves a posé l'un des problèmes les plus importants de cette
science. Mais, bien que celui-ci, pendant un siècle entier, ait été
étudié par les savants les plus compétents, il est encore loin
d'être résolu. Il n'est pas difficile d'énumérer les langues litt
éraires et de constater que chacune d'elles mène une existence
indépendante, mais pour le linguiste, qui n'étudie pas moins les
parlers locaux que les langues littéraires, le problème est beau
coup plus compliqué. Pour maint domaine à grandes différences
dialectales, il est difficile de décider si tous les dialectes font part
ie d'une même langue, ou s'il ne faut pas plutôt distinguer entre
deux ou plusieurs langues ayant également droit à ce même nom.
Tels sont les problèmes polonais-kachoube et macédonien-bulgare,
tous les deux singulièrement intéressants, non seulement du point
de vue slave, mais aussi du point de vue de la linguistique génér
ale. Mais dans la science slavistique, qui embrasse l'histoire des
peuples slaves et de leurs langues dès l'époque du slave commun ,
ces problèmes assez spéciaux n'occupent pas une place aussi cen
trale que la question de savoir quel a été le groupement le plus
ancien des langues slaves, immédiatement après l'époque du slave
commun ?
Il est évident que les liens de parenté enlre les différentes
langues slaves ne sont pas également étroits; on peut distinguer
quelques groupes ou familles de langues qui, à une époque
très reculée, ont été des unités plus ou moins isolées. Mais les
Revue de» Etude» tiave$, tome IV, iyuh,iasc. 1-3. N. VAK WIJK.
données que nous fournissent la linguistique et l'histoire sont
tellement insuffisantes que même le nombre de ces groupes n'est
pas établi d'une façon acceptable pour tous les savants. Générale
ment on distingue trois groupes : le groupe oriental ou russe
(grand-russe, petit-russe, blanc-russe), le méridional com
prenant le slovène, le serbo- croate et le bulgare (y compris le
macédonien (1)), et le groupe occidental, qui se compose des
langues léchiques (polonais, kachoube, polabe), du haut et bas-
sorabe et de la famille tchécoslovaque. Mais un savant aussi com
pétent que Leskien a supposé quatre groupes au lieu de trois (2);
la divergence du développement phonétique qu'on constate entre
le bulgare et le serbo-croate dès l'époque préhistorique l'a induit à
considérer le bulgare et le serbo -croate -slovène comme deux
groupes distincts dès la dissolution du slave commun. Dans une
monographie sur cette question (3), je crois avoir démontré qu'en
effet des données historiques aussi bien que des faits linguistiques
portent à croire qu'après leur arrivée sur la péninsule des Bal
kans les tribus bulgares ont été séparées des tribus serbo-croates
par une zone romane qui a subsisté pendant plusieurs siècles.
Mais pour une époque encore plus reculée, alors que les ancêtres
des Slaves méridionaux habitaient une patrie préhistorique, située
probablement près des Carpathes, j'admets une unité de toutes
les tribus méridionales existant séparément à côté des deux autres
familles de tribus slaves. Ce sont en premier lieu les groupes
phonétiques ra, la, rë, le (de or, ol, er, el, au commencement
du mot aussi bien qu'à l'intérieur) et la désinence -ç (de -ens)
qui rendent vraisemblable cette unité bulgare -serbo- croate -
slovène.
Ceci n'est pas le seul point litigieux dans le domaine de l'étude
du plus ancien groupement des langues slaves. En voici un autre.
Le tchèque et le slovaque ont à l'intérieur du mot les groupes ra,
la, rè, le (d'où tch. re, le, H, lé, II; slovq. re, le, rie, lie) , développés
de or, ol, er, el, tout à fait comme les langues slaves méridionales :
ce pourrait être là l'indice d'une parenté linguistique préhisto
rique, rompue à la fin du ixe siècle par l'invasion des Magyars;
M Sur le macédonien, M. Belić, dans son livre La Macédoine (Paris , 1917),
a émis une autre opinion à laquelle je ne puis me rallier.
(2) A. Leskien, Die Declination im slav. -lit. und germ. (1876), p. хт, Gram-
matik der terbo-kroat. Sprache, I (19ti), pp. xxviii et suiv.
W N. van Wijk , Taalkundige en historische gegeven» betrejfende de oudste betrek-
hingen tustchen Serven en Bułgar en, Amsterdam, З REMARQUES SUR LE GROUPEMENT DES LANGUES SLAVES. 7
mais cette hypothèse ne peut être ni prouvée ni réfutée. Ce qui est
sur, c'est qu'après l'arrivée des Magyars il n'a existé aucun con
tact direct entre les Slaves de l'Ouest et ceux du Sud; et, au
moins dès le début du xe siècle, il faut admettre le développement
indépendant de chacun de ces groupes. Quant aux Slaves de l'Est,
nous constatons que toutes les langues et tous les dialectes russes
ont subi une telle quantité de changements communs, qui n'ont
eu lieu dans aucune des langues slaves limitrophes, qu'il est im
possible de douter d'une période de développement isolé du
domaine russe entier. Voici les principaux de ces traits communs
des dialectes russes : i° le polnoglasie ou vocalisme plein (городъ,
берегъ, голосъ, молоко); 2° о- de e- au commencement du
3° и de о (рука); h° 'a de ç (пять); 5° o, e de mot (озеро);
tous 6° ú (b/), les jers ъг, non ы (d'où supprimés plus tard (лобъ, ol, or, ленъ, <r) de доска, /, /', ŕ, отчество); г (^рлмъ,
волкъ, горбъ, верба); 7° č, (ctjž de tj, ht, dj (ворочу, ночь,
межа); 8° la prononciation іе^ de la voyelle slave è; o/ la
voyelle г de сидеть , дитя ^.
De ce que nous venons de dire, il s'ensuit que la division des
langues slaves en trois groupes est juste, au moins pour une cer
taine période. Le russe s'est développé pendant quelques siècles
indépendamment des autres langues slaves. Cette période, anté
rieure à la différenciation régionale qui donnera plus tard nais
sance à trois langues distinctes (grand-russe, petit-russe, blanc-
russe), a duré jusqu'au xe siècle^, c'est-à-dire jusqu'à l'époque
où les relations directes entre les Slaves méridionaux et occiden
taux avaient cessé. Gomme vers ce môme temps les tribus bulgares
n'étaient plus les voisines directes des tribus serbo- croates, on
peut aussi distinguer pour cette époque quatre groupes de Slaves
t1) Cette prononciation s'est maintenue jusqu'à présent dans quelques dialectes
du grand-russe et du petit-russe; voir Durnovo-Sokolov-Ušakov, Опытъ діалекто-
логической карты русскаго языка въ Европі, pp. зЗ, дз (rem. 6 1), úo et 66.
Autrefois cette même prononciation doit avoir existé aussi dans les autres parlers ,
qui ont à présent t (petit-russe ęt grand-russe septentrional) ou e (blanc-russe et
grand-russe méridional). Voir Šachmatov, Изслідованіе о двиыскихъ грамо-
тахъ xv віка, pp. 83 et suiv. _ _ _ ^,
W Ces formes se sont développées de »iedieti, dietia par assimilation. Cette
opinion, émise par M. Fortunatov (Kuhns Zeitschrift, XXXVI, pp. 5o et suiv.,
rem.) me paraît plus vraisemblable que celles de M. Šachmatov (Очеркъ древн-вй-
шаго періода исторіи русскаго языка, pp. ii5 et 6uiv.) et de M. Meyer (His-
toritche Grammatik der russischen Sprache, í, p. 6o) qui supposent que é est devenu
ť devant ť.
(s) La langue des textes russes du xi* siècle est encore un « russe commun » à peu
près sans différences régionales. VAN WIJK. N.
au lieu de trois. Mais comme le bulgare et le serbo-croate-slovène
ont gardé les traces évidentes d'une période d'unité antérieure à
la bipartition, on ne commet aucune faute en considérant toutes
ces tribus comme les membres d'un groupe slave méridional. En
malière de linguistique, 

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