Remarques sur le marché de la viande de bœuf - article ; n°5 ; vol.14, pg 773-791
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Description

Revue économique - Année 1963 - Volume 14 - Numéro 5 - Pages 773-791
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Sébastien
Remarques sur le marché de la viande de bœuf
In: Revue économique. Volume 14, n°5, 1963. pp. 773-791.
Citer ce document / Cite this document :
Sébastien Jean. Remarques sur le marché de la viande de bœuf. In: Revue économique. Volume 14, n°5, 1963. pp. 773-791.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1963_num_14_5_407578r/s
REMARQUES
SUR LE MARCHE DE LA VIANDE DE BŒUF
Tel est le foisonnement des questions qui relèvent du marché de
la viande de bœuf, qu'il faut se résoudre à présenter de simples
remarques sur certaines d'entre elles et à faire ainsi de graves omiss
ions.
Cette étude a donc un objet limité : montrer, par quelques aperçus,
que ce produit pose aujourd'hui, plus que jamais, des problèmes diffi
ciles concernant l'orientation de la production agricole, la politique
européenne, le système de commercialisation et de transformation,
problèmes qui malgré certaines apparences ne semblent nullement en
voie de solution.
Il convient de rappeler le poids économique du marché de la
viande. Pour 1963, on estime que la valeur de la viande produite
par l'agriculture atteindra presque 1 400 milliards d'anciens francs,
dont plus de 800 pour la viande bovine (bœuf : 565, veau : 240 ) .
Sur un total de recettes agricoles proche de 4 300 milliards, la viande
représente donc environ un tiers, ce qui la place de loin au premier
rang des productions, et la viande bovine compte pour près du cin
quième, soit plus que les céréales et le vin réunis.
I. La viande de bœuf dans la politique agricole
C'est vers 1956-1957, au moment des travaux préparatoires du
IIIe Plan, qu'un accord assez général s'est réalisé pour que soit sens
iblement infléchie la politique de production de l'agriculture.
Jusque-là, du fait de la pénurie de guerre et d'après guerre, les
incitations portaient, comme il convenait, sur une croissance géné
rale de la production et de la productivité : tel fut le thème majeur
des deux premiers plans, pour l'agriculture plus encore peut-être
que pour l'ensemble de l'économie. Et les résultats de cette politique
ont dépassé les espérances, puisque le rythme de croissance de la 774 REVUE ECONOMIQUE
productivité du travail, mesurée d'après l'indice de volume de la
production agricole et l'indice de la population agricole active, a pu
atteindre au cours des dix dernières années un niveau proche de
7 % par an en moyenne, taux peu fréquemment dépassé dans l'i
ndustrie, supérieur au taux moyen observé pour l'ensemble de l'éc
onomie française, et, si l'on passe aux comparaisons internationales,
certainement l'un des tout premiers du monde pour le secteur agri
cole.
Il en est résulté que les incitations générales au développement
de la production agricole risquaient à la longue d'avoir des effets
dangereux, au moment où le marché mondial de plusieurs importants
produits manifestait une tendance structurelle au déséquilibre et où
les surplus s'accumulaient aux Etats-Unis.
Il fallait donc que la politique de production prenne un aspect
sélectif, en fonction des débouchés, intérieurs et extérieurs. Et les
études ont bien montré que dans cette nouvelle perspective, il con
venait d'accorder une priorité à la production de viande de bœuf, dont
la consommation intérieure jouissait d'une élasticité élevée pour un
produit alimentaire et dont les débouchés s'accroissaient rapidement
dans plusieurs grands pays.
Plus généralement, il semblait convenable de favoriser davantage
les produits animaux que les végétaux, la viande plutôt que le lait,
le bœuf plus que le porc, les céréales fourragères (orge et maïs) plus
que le blé.
C'est ainsi que la politique du IIIe Plan s'est, traduite dans les
décrets Gaillard par la fixation de prix d'objectif pour 1961, plus
ou moins attractifs, du moins exprimant des pourcentages de hausse
divers, selon ces perspectives nouvelles d'orientation de la production
agricole.
Il est difficile de porter un jugement d'ensemble sur cette poli
tique, d'autant plus que l'un de ses éléments, l'indexation, a été
abandonné au début de 1959. Il faut pourtant convenir que le succès
ne fut que partiel, puisque presque seule parmi les grands produits
de l'agriculture, la viande de bœuf n'a pas atteint l'objectif du
IIIe Plan.
Cette constatation peut d'autant plus surprendre que l'on garde
à la mémoire les difficultés du marché en 1960 et 1961, les inte
rventions dramatiques de la S.I.B.E.V. (Société d'Intervention pour
le Bétail et les Viandes) pour maintenir les prix « pas trop en dessous
du niveau de plancher» et le stockage de 100 000 tonnes par an
dans des conditions difficiles. LE MARCHE DE LA VIANDE DE BŒUF 775
Mais il faut bien saisir la signification des hausses de product
ion supérieures à 10 % enregistrées successivement en 1960 et 1961.
Elles ne marquaient nullement, comme on l'a cru, la réponse massive
des producteurs aux incitations gouvernementales ; elles n'annonç
aient en rien une expansion durable et à un rythme tendu, triomphe
redoutable de la politique inaugurée quelques années auparavant.
Tout simplement, et peut-être de manière plus redoutable encore,
elles comblaient partiellement le retard pris au cours de la période
1956-1958. Mais en réalité, comme dans la fable, le sursaut final
n'avait pas permis de toucher au but dans le temps prescrit.
C'est dans ces conditions que le IVe Plan fut élaboré ; son thème
essentiel pour l'agriculture est d'assurer la croissance du revenu des
paysans malgré une production désormais excédentaire pour la plu
part des produits. Ainsi le Plan prenait dans ce secteur une certaine
coloration sociale ; d'ailleurs l'agitation des campagnes depuis l'hiver
1959-1960 traduisait bien, avant tout, le mécontentement des agri
culteurs constatant qu'à la rapide croissance de leur productivité ne
correspondait qu'une faible progression de leurs revenus.
La politique d'orientation de la production agricole pouvait dans
ces conditions apparaître comme un peu dépassée : à quoi bon orienter
lorsque toutes les productions deviennent excédentaires ? et surtout
pourquoi accorder des incitations particulières à la production de
viande de bœuf alors que son développement semble devoir se
poursuivre et provoque déjà des difficultés sur le marché (on était
en 1961) ?
Tant du côté de l'administration que des organisations profes
sionnelles, les avis n'étaient pas unanimes. Et il fallut aux auteurs
du IVe Plan de la clairvoyance et un certain courage pour maintenir
et même accentuer le caractère prioritaire reconnu à la viande de
bœuf, puisqu'une hausse de 10 % du prix d'objectif lui a été
accordée.
Ainsi, dans les textes du plan, la politique définie et engagée
il y a sept ans environ a été parfaitement maintenue.
II. Les résultats et les perspectives de la politique de production
Et pourtant, l'examen des résultats, et surtout des perspectives
qui se dessinent pour les années prochaines, conduit à penser que
cette politique risque d'échouer. Et cela pour plusieurs raisons. 1
1

REVUE ECONOMIQUE 776
Tout d'abord, comme pour le Plan précédent, il y a tout lieu
de croire que l'objectif du IVe Plan (qui, avec 1 350 000 tonnes,
dépasse de 100 000 tonnes seulement, soit moins de 10 %, celui
du IIIe) ne sera pas atteint.
Cette affirmation peut sembler prématurée. Cependant contrai
rement à une opinion répandue, il est assez facile de prévoir l'évo
lution de la production de viande de bœuf, un, deux ou même trois
ans à l'avance. En effet, on sait que la production comprend essen
tiellement des vaches de réforme (elles représentaient jadis 60 %
de la production, probablement moins aujourd'hui), et des animaux
gras plus jeunes, dont une forte proportion est abattue vers trois ans ;
le nombre de ces animaux abattus chaque année est donc en relation
étroitement inverse à celui des jeunes veaux sacrifiés trois ans plus tôt.
Bien que les statistiques sur la structure des abattages ne permettent
pas encore de le démontrer, tout se passe comme si la production
totale de viande de bœuf évoluait de la manière suivante :

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