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Publié par | BULLETINS_ET_MEMOIRES_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0 |
Publié le | 01 janvier 1995 |
Nombre de lectures | 15 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Michel Cot
André Garcia
Résistance constitutionnelle au paludisme : synthèse des
hypothèses physiopathologiques
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 7 fascicule 1-2, 1995. pp. 3-
19.
Abstract
Summary. — Malaria is responsible for high morbidity and mortality in human populations, thus likely to have selected genes
conferring some kind of resistance to individuals. This hypothesis has been confirmed by the observation of high rates of
haemoglobin or red cell abnormalities in highly endemic areas and more recently by the use of specific genetic epidemiology
methods which allow to study associations between genetic markers and clinical or biological phenotypes. The last few years
were characterized by the failure of malaria control methods : vector control, chemotherapy or vaccine. The understanding of
mechanisms underlying constitutional protection against malaria appears critical in order to elaborate new therapies or vaccines.
Various pathophysiological hypotheses have been raised since the 1950s, concerning mainly érythrocytopathies and HLA
antigens. Their critical analysis allows us to conclude on future research possibilities.
Résumé
Résumé. — Responsable d'une forte mortalité et morbidité dans les populations humaines, le paludisme a pu sélectionner des
gènes conférant une résistance aux individus qui en sont porteurs. Différentes méthodes ont permis de confirmer cette
hypothèse, notamment la constatation de corrélations géographiques entre la répartition de l'affection et certaines anomalies de
l'hémoglobine ou des érythrocytes et plus récemment le recours aux techniques de Г epidemiologie génétique qui permettent
d'étudier l'association entre des marqueurs génétiques et des phénotypes cliniques ou biologiques. Durant la dernière décennie,
l'échec des méthodes classiques de lutte contre le paludisme est devenu préoccupant : lutte anti-vectorielle, chimiothérapie et
récemment vaccination. La compréhension des mécanismes responsables de la tolérance constitutionnelle au paludisme est à
cet égard particulièrement importante, car elle est susceptible de déboucher sur des solutions originales en matière de traitement
et de vaccination. En effectuant l'analyse critique des principales hypothèses physiopathologiques proposées depuis les années
1950, concernant notamment les érythrocytopathies et les antigènes du complexe HLA, nous avons tenté de dégager quelques
perspectives d'avenir pour la recherche sur la résistance constitutionnelle au paludisme.
Citer ce document / Cite this document :
Cot Michel, Garcia André. Résistance constitutionnelle au paludisme : synthèse des hypothèses physiopathologiques. In:
Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 7 fascicule 1-2, 1995. pp. 3-19.
doi : 10.3406/bmsap.1995.2404
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1995_num_7_1_2404Bull, et Mém. de la Société d'Anthropologie de Paris, n.s. t. 7, 1995, 1-2, p 3-20.
RESISTANCE CONSTITUTIONNELLE
AU PALUDISME : SYNTHESE DES HYPOTHESES
PHYSIOPATHOLOGIQUES
Michel Cot1, André Garcia2
Résumé. — Responsable d'une forte mortalité et morbidité dans les populations humaines, le
paludisme a pu sélectionner des gènes conférant une résistance aux individus qui en sont porteurs.
Différentes méthodes ont permis de confirmer cette hypothèse, notamment la constatation de
corrélations géographiques entre la répartition de l'affection et certaines anomalies de l'hémoglobine
ou des érythrocytes et plus récemment le recours aux techniques de Г epidemiologie génétique qui
permettent d'étudier l'association entre des marqueurs génétiques et des phénotypes cliniques ou
biologiques. Durant la dernière décennie, l'échec des méthodes classiques de lutte contre le paludisme
est devenu préoccupant : lutte anti-vectorielle, chimiothérapie et récemment vaccination. La
compréhension des mécanismes responsables de la tolérance constitutionnelle au paludisme est à
cet égard particulièrement importante, car elle est susceptible de déboucher sur des solutions
originales en matière de traitement et de vaccination. En effectuant l'analyse critique des principales
hypothèses physiopathologiques proposées depuis les années 1950, concernant notamment les
érythrocytopathies et les antigènes du complexe HLA, nous avons tenté de dégager quelques
perspectives d'avenir pour la recherche sur la résistance constitutionnelle au paludisme.
Mots-clés : paludisme, résistance constitutionnelle, epidemiologie génétique, érythrocytopathies,
antigènes HLA.
CONSTITUTIONAL RESISTANCE TO MALARIA: REVIEW OF PATHOPHYSIOLOGICAL HYPOTHESES
Summary. — Malaria is responsible for high morbidity and mortality in human populations,
thus likely to have selected genes conferring some kind of resistance to individuals. This hypothesis
has been confirmed by the observation of high rates of haemoglobin or red cell abnormalities in
highly endemic areas and more recently by the use of specific genetic epidemiology methods which
allow to study associations between genetic markers and clinical or biological phenotypes. The last
few years were characterized by the failure of malaria control methods : vector control, chemotherapy
or vaccine. The understanding of mechanisms underlying constitutional protection against malaria
appears critical in order to elaborate new therapies or vaccines. Various pathophysiological hypotheses
have been raised since the 1950s, concerning mainly érythrocytopathies and HLA antigens. Their
critical analysis allows us to conclude on future research possibilities.
Key words: malaria, constitutional resistance, genetic epidemiology, érythrocytopathies, HLA
antigens
1. ORSTOM, 213, rue La Fayette, 75480, Paris Cedex 10
2.213, rue La 10 et INSERM U. 436, 91 , Bd de l'Hôpital, 75634, Paris
Cedex 13. MICHEL COT, ANDRÉ GARCIA
INTRODUCTION
La survie de chaque espèce, animale ou végétale, à des agressions microbiennes, dépend
en partie de l'existence de certaines formes de résistances. Il en existe deux types: la
résistance naturelle ou constitutionnelle et la résistance acquise (Rumyantsev, 1992). La
première est liée à un processus physiologique entraînant une impossibilité de l'agent
infectieux à pénétrer ou à se développer dans l'hôte. Elle ne nécessite pas de contact
préalable entre l'hôte et le micro-organisme et implique des mécanismes très divers pouvant
inclure des processus immuns non spécifiques tels que Г activation macrophagique. La
résistance acquise est très étroitement dépendante du système immunitaire et nécessite un
premier contact entre l'hôte et l'agent infectieux. Le paludisme, qui pose un problème de
santé publique majeur à l'échelle mondiale (deux milliards de sujets exposés et deux à
trois millions de décès annuels chez les enfants d'après les estimations de l'OMS),
détermine ces deux types de résistances.
La résistance naturelle au paludisme a été démontrée chez l'animal par des méthodes
expérimentales qui ont permis d'isoler certaines lignées de rongeurs résistantes à l'infection
par les plasmodies. Cette variabilité de susceptibilité à l'infection a été mise en évidence
secondairement à une infection primaire (Stevenson et al, 1984 ; Stevenson et Skamene,
1985), mais aussi en réponse à certaines protéines vaccinales (Spitalny et Nussenzweig,
1973). Les études qui ont tenté de localiser le (ou les) gène(s) responsable(s) de cette
résistance naturelle au paludisme chez l'animal ont donné des résultats discordants
(Hoffmann étal, 1984 ; Wunderlich étal, 1988), même si l'implication du système H-2
de la souris (équivalent du système HLA chez l'homme) semble importante dans ce contrôle
(Good et al, 1988; Chang et al, 1994). Quoi qu'il en soit, un gène responsable de la
résistance naturelle à certaines infections par des micro-organismes intra-cellulaires, parmi
lesquels Leishmania donovani, a été récemment isolé sur le chromosome 1 de la souris,
confirmant l'existence d'un contrôle génétique de cette résistance (Vidal et al, 1993).
L'homologue de ce gène (Natural resistant-associated macrophage protein ou Nramp)
vient d'être mis en évidence sur le chromosome 2 de l'homme (Cellier et al, 1994) s