Revue générale sur l agnosie.  - article ; n°1 ; vol.6, pg 74-143
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Revue générale sur l'agnosie. - article ; n°1 ; vol.6, pg 74-143

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Description

L'année psychologique - Année 1899 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 74-143
70 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Ed. Claparède
Revue générale sur l'agnosie.
In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 74-143.
Citer ce document / Cite this document :
Claparède Ed. Revue générale sur l'agnosie. In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 74-143.
doi : 10.3406/psy.1899.3111
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1899_num_6_1_3111II
REVUE GÉNÉRALE SUR L'AGNOSIE
CÉCITÉ PSYCHIQUE, ETC.
La grande majorité des travaux concernant la cécité psy
chique nous viennent de l'Allemagne ; il semble que les clini
ciens des autres pays négligent de rechercher cette affection.
L'étude en présente cependant un grand intérêt tant pour la
pathologie que pour la psychologie. Les cas de cécité psychique
paraissent extrêmement rares ; il est difficile de dire s'ils le
sont en réalité, ou si leur rareté provient seulement de ce qu'on
ne les recherche pas, la question de l'aphasie absorbant tout
particulièrement l'attention i.
Remarquons dès maintenant que, pour être convenablement
étudiée, l'agnosie doit se trouver à l'état pur, et non compli
quée de démence, d'aphasie ou de troubles sensoriels périphé
riques. On comprend que cette condition soit rarement
réalisable.
Nous n'avons pas l'intention de faire ici le rapport détaillé
de tous les faits connus jusqu'ici. Nous voulons surtout poser
la question, et voir quels sont les points déjà résolus, quels
sont ceux à résoudre, surtout au point de vue psychologique.
(Les chiffres gras indiqués entre parenthèses à la suite des
noms d'auteurs renvoient à l'index bibliographique; le numéro
des pages est précédé de la lettre p.)
Historique. — Le fait que certains malades, tout en ayant
conservé leur vision brute, sont incapables de reconnaître les
(1) Ces lignes étaient écrites lorsqu'à paru, on décembre 1899, une thèse
de Lyon (Nodet, Les Agnoscies, la cécité psychique en particulier. Paris,
Alcan), qui est le premier travail d'ensemble en français sur la question.
L'apparition de l'étude très complète et très claire de Nodet, où l'on trouve
résumées un grand nombre d'observations de divers auteurs, nous a per
mis de réduire beaucoup les proportions de notre revue générale. — Nous
maintenons l'orthographe Agnosie (au lieu d'Agnoscie proposé par Nodet),
d'abord pour nous conformer à celle de Freud qui est le créateur du terme,
ensuit;?, dans l'intérêt des simplifications orthographiques et euphoniques. ED. CLAPARÈDE. REVUE GÉNÉRALE SUR l'AGNOSIE 75
objets ou de se les rappeler mentalement a été déjà signalé
en 1868 par Quaglino . En 1870, Finkelnburg rapporte les
observations de plusieurs malades : l'un ne reconnaissait plus
ni les personnes ni les lieux ; l'autre ne comprenait plus le lan
gage parlé ; un troisième confondait les touches du piano et ne
pouvait plus faire de musique ; le quatrième embrouillait les
pièces de monnaie ; le cinquième enfin ne comprenait plus les
symboles du culte, ni les formes conventionnelles de la poli
tesse. Finkelnburg désigna tous ces phénomènes sous le nom
à'asymbolie. En 1873, Gogol, dans sa thèse (Breslau), mentionn
ait le cas d'un individu qui avait perdu la signification des
objets usuels : il mangeait son savon, urinait dans son pot à
eau, etc. L'année suivante, Wernicke (163) définissait ainsi
l'asymbolie : méconnaissance de la signification d'un objet,
d'une action, et cela, par disparition des images essentielles
pour la conception de cet objet. Deux ans après (1876) Spamer
élargit de nouveau ce terme d'asymbolie, qu'il applique à tous
les troubles de la reconnaissance des symboles (mots, chiffres,
formules, symboles religieux, etc.), mais non aux troubles de
la reconnaissance des objets. Néanmoins, les auteurs qui sui
vent ont reconnu la nécessité de ne pas confondre les troubles
du langage avec ceux de la compréhension des objets.
C'est à cette époque qu'eurent lieu les fameuses expériences
de Munk, qui permirent à ce physiologiste d'établir que chez
le chien et le singe, le lobe occipital est en rapport avec le sens
de la vue, le lobe temporal avec l'ouïe. Il remarqua bientôt que
deux cas se présentaient : lorsqu'il enlevait l'écorce grise sur
toute l'étendue de la sphère visuelle, l'animal devenait complè
tement aveugle de l'œil opposé (Rindenblindheit, cécité corti-
ticale) et ne pouvait faire un pas, si on lui bouchait l'œil sain,
sans se heurter aux obstacles. — Si l'on borne l'extirpa
tion, au contraire, à une petite région circulaire située près
de la pointe des lobes occipitaux, le chien peut se promener
librement et sans gêne, sans se heurter à aucun objet;
accumule-t-on des obstacles sur son passage, il les évite sans
broncher ou les franchit sans maladresse. Mais il ne va plus
chercher, comme jadis, dans les coins de la chambre où il trou
vait sa nourriture ; la vue du fouet, qui précédemment le fai
sait fuir, le laisse indifférent; il ne reconnaît plus les aliments
à moins qu'il ne les sente. En un mot, le chien voit, mais il ne
reconnaît pas ce qu'il voit. Munk a appelé cet état Seelen
blindheit, cécité psychique. L'animal est revenu en quelque MÉMOIRES ORIGINAUX 76
sorte, à sa plus tendre enfance : il lui faut réapprendre à con
naître ce qu'il voit. Au bout de trois à cinq semaines, en effet,
ces troubles disparaissent, le chien s'est rééduqué peu à peu.
Munk a admis que la région corticale enlevée dans cette expé
rience était le siège de la plupart des images commémoratives
acquises et que les troubles observés sont dus à la perte de la
mémoire visuelle des objets.
Ces expériences ont été très discutées et critiquées, notam
ment par Mauthner (101), qui rattache le trouble de reconnais
sance à l'amblyopie par perte de la vision centrale ; par Goltz
le fameux adversaire des localisations cérébrales, qui l'explique
par la faiblesse perceptive générale ; et par Ferrier, qui locali
sait les centres optiques dans le girus angulaire (pli courbe).
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ces longues dis
cussions, qui portent surtout sur des questions d'interprétation.
C'est une chose bien délicate, en effet, d'apprécier les troubles
manifestés par les animaux. Les expériences de Crouigneau
(en 1884), de Richet (1889 et 1892) et celles toutes récentes de
Demoor (37) parlent en faveur de l'explication de Munk.
Ces travaux de laboratoire attirèrent l'attention des clini
ciens, et les cas de troubles de la reconnaissance des objets
commencent à être signalés un peu partout: en Allemagne, par
Fürstner, Wilbrand, Wernicke, Stenger, Kussmaul; en France,
par Chauffard, Charcot, Crouigneau, Bernhéim, Badal ; en Amér
ique, par Amidon et Allen Starr ; ce dernier réserve plus spé
cialement le nom d'apraxie à la perte de la compréhension de
l'emploi des objets, de la manière de s'en servir. Cependant,
ces troubles sont généralement étudiés parallèlement à ceux
du langage, auxquels ils sont souvent associés, et il en résulte
une certaine confusion.
Plus récemment, un grand nombre d'observations de cécité
psychique ou phénomènes similaires (troubles d'orientation,
défaut de localisation dans l'espace, perte de la perception des
formes, etc.) ont été publiées, notamment par les élèves de
l'école de Breslau : en 1889 Freund décrivait et dénommait l'apha
sie optique, d'ailleurs observée avant lui ; l'année suivante, Lis-
sauer publiait sa fameuse observation, la plus complète que
nous possédions sur la cécité psychique, et, en 1895, Hahn
rapportait les résultats de l'examen du cerveau du malade de
Lissauer ; Sachs, dans ses Vortrage (133) expose des vues ori
ginales sur les causes de l'asymbolie et combat celles de Wil
brand ; Heilbronner en 1897, Bonhœffer, Fœrster, Gaupp, ED. CLAPARÈDE. — REVUE GÉNÉRALE SUR l'aGNOSIE 77
"Wernicke lui-même ont publié des mémoires sur ces questions.
A Erlangen, une thèse est consacrée par Rabus, en 1895, au
sujet qui nous occupe. Mentionnons encore, parmi les travaux

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